En laissant partir Konaré, l’Union africaine va se donner une présidence dévaluée qui ne fera plus d’ombre aux chefs d’Etat. Le nouveau président de l'UA sera connu en janvier.
Six candidats vont se disputer en janvier prochain la présidence de la Commission de l’Union africaine. Deux femmes, Antoinette Batumubwira du Burundi et Inonge Mbikusita-Lewanika de Zambie contre quatre hommes, Abdulai Osman Conteh de Sierra Leone, Barnabas Sibusiso Dlamini du Swaziland, Jean Ping du Gabon et Cassam Uteem de Maurice.
En janvier 2008, les chefs d'Etat et de gouvernement devront trouver un successeur au Malien Alpha Omar Konaré. La candidature un moment souhaitée de l’ancien chef d’Etat mozambicain, Joaquim Chissano, distingué en novembre du prix de la fondation Mo Ibrahim qui promeut la bonne gouvernance en Afrique, a fait long feu. Tous les candidats sont d’une pointure inférieure à Konaré.
Le président sortant n’était pas qu’un ancien chef d’Etat. Il a incarné, avec quelques rares autres, le renouveau continental. Il a aussi été un farouche partisan de l’intégration africaine. Le plus "gradé" d’entre les candidats est le Gabonais Jean Ping. Depuis 1999, il est ministre d’Etat des Affaires étrangères. Il a présidé à ce titre, la 59è assemblée générale des Nations unies en 2004. Le Swazilandais a bien été Premier ministre mais d’un monarque absolu, Mswati III, plus connu pour sa dizaine d’épouses.
Projets sans lendemain
C’est dire que l’Afrique a révisé à la baisse les ambitions de l’Union africaine. Portée, il faut le reconnaître, par le volontarisme unitaire du colonel libyen Kadhafi, l’UA a semblé pouvoir enterrer la page jaunie de l’Organisation de l’Unité africaine créée en 1963 mais qui n’a jamais su aller au-delà des déclarations d’intention politique.
Sur le plan économique, elle a accumulé les projets sans lendemain : Plan d’action de Lagos en 1980, Programme prioritaire de redressement économique en Afrique en 1985, traité instituant la Communauté économique africaine en 1991 entré en vigueur depuis 1994, Programme d’action du Caire, en 1995, Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD).
Peut être par dépit envers ses frères arabes, coupables d’avoir repoussé toutes ses propositions d’union, le colonel libyen a créé au forceps l’Union africaine. Le très administratif secrétariat général de l’OUA a du céder la place à une commission sur le modèle européen, doté d’une vraie personnalité. Pour l’incarner, Kadhafi trouve son homme. Alpha Omar Konaré, pour pouvoir parler d’égal à égal aux chefs d’Etat et incarner l’Afrique unie.
Budget réduit
Konaré ne se fait pas prier. Il multiplie les déclarations, et surtout à la place du misérable budget de moins de cent millions de dollars, il propose un vrai programme africain de 600 millions. Douche froide. Après l’avoir poliment écouté, ses anciens pairs lui coupent les ailes. Son budget est divisé par cinq. Cela ne l’empêche pas de se poser en défenseur vigilant de la démocratie, condamnant sans coup férir toute prise de pouvoir non institutionnelle, dénonçant les simulacres d’élections. C’est trop pour certains chefs d’Etat. Il est désavoué publiquement par Olesegun Obasanjo président en exercice de l’Union à propos du Togo. Bongo termine le travail en soulignant :
"Konaré, il parle, il parle..." La messe est alors dite. Konaré a compris. L’Afrique a besoin à la tête de la commission d’un grand commis, pas d’un visionnaire. Il tire la révérence avec un bilan qui n’est pas négligeable. Il a donné un visage, une voix, à l’aspiration à l’intégration. Les Etats-Unis ont deux ambassadeurs à Addis. Le second étant exclusivement pour l’UA. Il a signé un mémorandum d’entente avec l’UE.
Qui lui succédera ? Jean Ping, par le poids de Bongo et sa propre carrière sort du lot. Le soutien du Maghreb lui semble aussi acquis. Mais il y a des équilibres régionaux à respecter. L’Afrique australe ne cesse de souligner qu’elle n’a jamais occupé le poste depuis l’OUA. Mais avec deux candidats, elle part divisée. Outre la présidence de la commission, la vice-présidence est à pourvoir. Le poste semble tout destiné à l’Egypte, grand contributeur mais la décision de l’Algérie de compétir pour le commissaire à la paix et à a sécurité peut bouleverser les cartes. Une même région ne peut obtenir un poste de commissaire si elle a la présidence ou la vice-présidence.
Chérif Elvalide Sèye
Source: grioo
(M)
Six candidats vont se disputer en janvier prochain la présidence de la Commission de l’Union africaine. Deux femmes, Antoinette Batumubwira du Burundi et Inonge Mbikusita-Lewanika de Zambie contre quatre hommes, Abdulai Osman Conteh de Sierra Leone, Barnabas Sibusiso Dlamini du Swaziland, Jean Ping du Gabon et Cassam Uteem de Maurice.
En janvier 2008, les chefs d'Etat et de gouvernement devront trouver un successeur au Malien Alpha Omar Konaré. La candidature un moment souhaitée de l’ancien chef d’Etat mozambicain, Joaquim Chissano, distingué en novembre du prix de la fondation Mo Ibrahim qui promeut la bonne gouvernance en Afrique, a fait long feu. Tous les candidats sont d’une pointure inférieure à Konaré.
Le président sortant n’était pas qu’un ancien chef d’Etat. Il a incarné, avec quelques rares autres, le renouveau continental. Il a aussi été un farouche partisan de l’intégration africaine. Le plus "gradé" d’entre les candidats est le Gabonais Jean Ping. Depuis 1999, il est ministre d’Etat des Affaires étrangères. Il a présidé à ce titre, la 59è assemblée générale des Nations unies en 2004. Le Swazilandais a bien été Premier ministre mais d’un monarque absolu, Mswati III, plus connu pour sa dizaine d’épouses.
Projets sans lendemain
C’est dire que l’Afrique a révisé à la baisse les ambitions de l’Union africaine. Portée, il faut le reconnaître, par le volontarisme unitaire du colonel libyen Kadhafi, l’UA a semblé pouvoir enterrer la page jaunie de l’Organisation de l’Unité africaine créée en 1963 mais qui n’a jamais su aller au-delà des déclarations d’intention politique.
Sur le plan économique, elle a accumulé les projets sans lendemain : Plan d’action de Lagos en 1980, Programme prioritaire de redressement économique en Afrique en 1985, traité instituant la Communauté économique africaine en 1991 entré en vigueur depuis 1994, Programme d’action du Caire, en 1995, Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD).
Peut être par dépit envers ses frères arabes, coupables d’avoir repoussé toutes ses propositions d’union, le colonel libyen a créé au forceps l’Union africaine. Le très administratif secrétariat général de l’OUA a du céder la place à une commission sur le modèle européen, doté d’une vraie personnalité. Pour l’incarner, Kadhafi trouve son homme. Alpha Omar Konaré, pour pouvoir parler d’égal à égal aux chefs d’Etat et incarner l’Afrique unie.
Budget réduit
Konaré ne se fait pas prier. Il multiplie les déclarations, et surtout à la place du misérable budget de moins de cent millions de dollars, il propose un vrai programme africain de 600 millions. Douche froide. Après l’avoir poliment écouté, ses anciens pairs lui coupent les ailes. Son budget est divisé par cinq. Cela ne l’empêche pas de se poser en défenseur vigilant de la démocratie, condamnant sans coup férir toute prise de pouvoir non institutionnelle, dénonçant les simulacres d’élections. C’est trop pour certains chefs d’Etat. Il est désavoué publiquement par Olesegun Obasanjo président en exercice de l’Union à propos du Togo. Bongo termine le travail en soulignant :
"Konaré, il parle, il parle..." La messe est alors dite. Konaré a compris. L’Afrique a besoin à la tête de la commission d’un grand commis, pas d’un visionnaire. Il tire la révérence avec un bilan qui n’est pas négligeable. Il a donné un visage, une voix, à l’aspiration à l’intégration. Les Etats-Unis ont deux ambassadeurs à Addis. Le second étant exclusivement pour l’UA. Il a signé un mémorandum d’entente avec l’UE.
Qui lui succédera ? Jean Ping, par le poids de Bongo et sa propre carrière sort du lot. Le soutien du Maghreb lui semble aussi acquis. Mais il y a des équilibres régionaux à respecter. L’Afrique australe ne cesse de souligner qu’elle n’a jamais occupé le poste depuis l’OUA. Mais avec deux candidats, elle part divisée. Outre la présidence de la commission, la vice-présidence est à pourvoir. Le poste semble tout destiné à l’Egypte, grand contributeur mais la décision de l’Algérie de compétir pour le commissaire à la paix et à a sécurité peut bouleverser les cartes. Une même région ne peut obtenir un poste de commissaire si elle a la présidence ou la vice-présidence.
Chérif Elvalide Sèye
Source: grioo
(M)