Dans son édition de samedi, un quotidien mauritanien, le Rénovateur, raconte l'histoire rocambolesque d'un enfant répondant au nom de Alioune Sow, kidnappé et réduit à l'esclavage depuis 1993.
Fils d'un dénommé Sow Moussa Harouna, l'enfant avait été enlevé tout petit du domicile de ses parents dans la commune de Arafat, une banlieue de Nouakchott, avec un autre copain, dans des conditions mystérieuses. Il n'a jamais été retrouvé, en dépit d'intenses recherches.
La famille s'en remit à la volonté de Dieu, continuant toutefois à mener des investigations sur le sort de l'enfant.
Coup de théâtre ! Mercredi 2 mai dernier, les parents de l'enfant apprennent, par l'intermédiaire d'une proche résident à Aleg (270 Km à l'est de Nouakchott), la découverte d'un esclave évadé de R'Kiz, une préfecture de la région de Rosso dans le sud Ouest de la Mauritanie, venu se plaindre à la gendarmerie de la localité des sévices subis de la part des ses maîtres.
Après avoir ouvert une enquête sur l'affaire, la gendarmerie confie le jeune homme à une famille de harratins (maures noirs), en attendant de faire la lumière sur l'histoire, qui fait rapidement le tour de la ville.
Parallèlement, une dame du nom de Mariam Dembayel, à l'origine de la découverte de la nouvelle piste menant à Alioune Sow, mène sa propre enquête et trouve les premiers éléments d'identification : une ressemblance frappante du jeune homme reconverti avec l'un de ses oncles.
La famille est vite informée et se rend immédiatement à Aleg pour les besoins de la confrontation avec une autre famille des Oulad Ebery, qui prétend avoir la qualité de tutrice du jeune homme.
Plusieurs organisations de défense des droits humains et des partis politiques se trouvent actuellement dans la ville d'Aleg pour suivre l'épilogue de cette affaire qui oppose aujourd'hui la famille Sow à la famille réclamant la tutelle de l'enfant, et qui pourrait avoir une signification quant à la détermination des nouvelles autorités à éradiquer définitivement la survivance de cette pratique, estiment les observateurs.
Cette survivance des pratiques esclavagistes est régulièrement dénoncée en Mauritanie depuis plusieurs années en dépit d'une loi d'abolition adoptée en 1981 et jamais suivie d'un décret d'application.
On rappelle que le nouveau président mauritanien, Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi, avait, dans son programme électoral, pris l'engagement de combattre cette pratique et ses séquelles par une nouvelle législation pénale et des mesures d'accompagnement en faveur des victimes.
Source: Pana/via mauritanie.web