Commissaire aux Droits de l'Homme de 2008 à 2010 dans le gouvernement mauritanien, Mohamed Lemine Ould Dadde est maintenu en prison sans jugement depuis plus d'un an. Son sort atteste la persistance d'archaïsmes et de tabous socio-ethniques.
Nul en Mauritanie n'est mieux à même de rédiger un rapport détaillé sur l'appareil judiciaire local et le système carcéral du cru que l'ancien commissaire aux droits de l'homme. Et pour cause: Mohamed Lemine Ould Dadde, 44 ans, croupit depuis près de quatorze mois dans la prison civile de Nouakchott. Réclusion au demeurant illégale à compter du 27 septembre dernier, date de l'expiration de sa détention provisoire.
Que reproche un parquet aux ordres à cet activiste libéral, hier farouche opposant au régime autocratique de Maaouiya Ould Taya (1984-2005)? Officiellement, des malversations et détournements d'un montant de 271 millions d'ouguiyas, soit 750000 euros, commis dans l'exercice de ses fonctions. Grief fantaisiste, au regard des incohérences et des à-peu-près d'un dossier d'accusation digne de figurer parmi les études des cas soumises à des étudiants en droit de première année.
Sans doute cet informaticien de formation, diplômé de Sciences-Po Paris et marié à une Française, eut-il le tort de soutenir le général Mohamed Ould Abdel Aziz, putschiste sanctifié depuis lors par les urnes, de croire à ses promesses d'ouverture mais plus encore d'accepter en septembre 2008 une mission qui lui conférait un rang ministériel. Deux ans après, il sera donc limogé par décret puis arrêté.
Engagement contre l'esclavage
Tout indique que ce noble de la tribu des Tagounanet, fils d'un notable érudit, paie avant tout son engagement résolu contre l'esclavage et autres traditions féodales, tels l'excision ou le gavage des jeunes filles promises au mariage. A l'évidence, ses initiatives en faveur des Haratine, serfs négro-africains affranchis, auront irrité une élite arabe attachée à la perpétuation d'archaïsmes socio-ethniques. Mohamed Lemine avait d'ailleurs d'emblée prêché l'exemple, rendant sa liberté à son " frère de lait " Etman, l'esclave qui, conformément aux usages maures, lui fut alloué à sa naissance. Mais voilà: dans la Mauritanie de 2011, les tabous ancestraux font de la résistance.
Le Quai d'Orsay, qui suit de près l'affaire, a fait part le 8 novembre de sa "préoccupation" et réitéré son plaidoyer en faveur du "respect de la légalité de la procédure et des droits" du proscrit. Quant à l'épouse de ce dernier, Céline Brard, elle a pu le rencontrer sur place à la Toussaint et envisage un nouveau voyage à Nouakchott fin décembre. On imagine sans peine le cadeau de Noël dont elle rêve.
Source: lexpress
Nul en Mauritanie n'est mieux à même de rédiger un rapport détaillé sur l'appareil judiciaire local et le système carcéral du cru que l'ancien commissaire aux droits de l'homme. Et pour cause: Mohamed Lemine Ould Dadde, 44 ans, croupit depuis près de quatorze mois dans la prison civile de Nouakchott. Réclusion au demeurant illégale à compter du 27 septembre dernier, date de l'expiration de sa détention provisoire.
Que reproche un parquet aux ordres à cet activiste libéral, hier farouche opposant au régime autocratique de Maaouiya Ould Taya (1984-2005)? Officiellement, des malversations et détournements d'un montant de 271 millions d'ouguiyas, soit 750000 euros, commis dans l'exercice de ses fonctions. Grief fantaisiste, au regard des incohérences et des à-peu-près d'un dossier d'accusation digne de figurer parmi les études des cas soumises à des étudiants en droit de première année.
Sans doute cet informaticien de formation, diplômé de Sciences-Po Paris et marié à une Française, eut-il le tort de soutenir le général Mohamed Ould Abdel Aziz, putschiste sanctifié depuis lors par les urnes, de croire à ses promesses d'ouverture mais plus encore d'accepter en septembre 2008 une mission qui lui conférait un rang ministériel. Deux ans après, il sera donc limogé par décret puis arrêté.
Engagement contre l'esclavage
Tout indique que ce noble de la tribu des Tagounanet, fils d'un notable érudit, paie avant tout son engagement résolu contre l'esclavage et autres traditions féodales, tels l'excision ou le gavage des jeunes filles promises au mariage. A l'évidence, ses initiatives en faveur des Haratine, serfs négro-africains affranchis, auront irrité une élite arabe attachée à la perpétuation d'archaïsmes socio-ethniques. Mohamed Lemine avait d'ailleurs d'emblée prêché l'exemple, rendant sa liberté à son " frère de lait " Etman, l'esclave qui, conformément aux usages maures, lui fut alloué à sa naissance. Mais voilà: dans la Mauritanie de 2011, les tabous ancestraux font de la résistance.
Le Quai d'Orsay, qui suit de près l'affaire, a fait part le 8 novembre de sa "préoccupation" et réitéré son plaidoyer en faveur du "respect de la légalité de la procédure et des droits" du proscrit. Quant à l'épouse de ce dernier, Céline Brard, elle a pu le rencontrer sur place à la Toussaint et envisage un nouveau voyage à Nouakchott fin décembre. On imagine sans peine le cadeau de Noël dont elle rêve.
Source: lexpress