Le nouveau président nigerian Umaru Yar'Adua a prêté serment mardi à Abuja, succédant à Olusegun Obasanjo.
«Le peuple est désabusé parce que la direction précédente a abusé de sa confiance. Au point que, pour parler franchement, le gouvernement a perdu toute crédibilité, le sens de la responsabilité et l'autorité morale» a dit Umaru Yar'Adua à un hebdomadaire nigérian. «Mon administration sera celle des dirigeants serviteurs, le temps du leadership élitiste est terminé».
Sur la question du Delta du Niger, Umaru Yar'Adua avait déclaré que ceux qui se battent pour un meilleur partage de la manne pétrolière au profit des populations locales «ont de véritables arguments».
Umaru Yar'Adua, ancien gouverneur de l'État musulman de Katsina (nord), l'avait emporté le 21 avril avec 24,6 millions de voix, loin devant ses deux principaux rivaux: le général Muhammadu Buhari (6,6 millions) et le vice-président Atiku Abubakar (2,6 millions).
Le nouveau vice-président élu sur le «ticket présidentiel» est le gouverneur de l'État pétrolier de Bayelsa, Goodluck Jonathan (sud du pays), qui a lui aussi prêté serment.
Le président nigerian sortant a fait ses adieux lundi soir à la nation en promettant tout son soutien à son successeur Umaru Yar'Adua qui doit prêter serment mardi.
«Ce soir, je vous fais mes adieux en tant que président de ce pays durant les huit dernières années» a dit M. Obasanjo dans son discours radio-télévisé. «Demain, je remettrai le pouvoir à Umaru Yar'Adua, notre président élu à qui je m'engage à apporter mon soutien total ainsi qu'à son gouvernement», a-t-il ajouté.
Pour le nouveau président le défi et le mandat sont aussi clairs que difficiles: sortir le Nigeria et ses 140 millions d'habitants de la misère, éradiquer une corruption effrénée et ancrer définitivement le pays dans la démocratie.
«Le jour où je rencontrerai Dieu, je lui dirai: Eh bien tout n'était pas parfait mais j'ai fait de mon mieux+». Ainsi le président Obasanjo résumait-il récemment dans un entretien avec l'AFP ses huit ans à Aso Rock, le surnom de la présidence à Abuja. M. Obasanjo part à 70 ans sur un succès ambigu: mardi le Nigeria vivra certes la première transition civile depuis l'indépendance en 1960, mais au prix d'une élection (le 21 avril) généralement jugée frauduleuse à l'étranger.
Autre paradoxe: grâce à de fabuleuses richesses en pétrole et en gaz, les caisses sont pleines (plus de 46 milliards de dollars de réserves) mais les Nigérians sont toujours aussi pauvres sinon plus qu'en 1999.
Jusque là obscur gouverneur de l'État musulman de Katsina (nord), Umaru Yar'adua, 55 ans, va devoir se démarquer assez vite de son mentor s'il veut asseoir son autorité. Bien que M. Obasanjo assure se retirer pour s'occuper de son élevage de poulets, de nombreux observateurs nigérians et étrangers prédisent qu'il tirera encore beaucoup de ficelles. «J'ai du mal à croire à sa retraite», confie un diplomate à l'AFP.
M. Yar'adua hérite d'un système où se mêlent parrains politiques et hommes d'affaires dans une confusion des genres propice à une gigantesque corruption, dont le Nigeria est l'un des champions selon Transparency International.
Il devra compter avec les puissants barons du parti au pouvoir, le PDP, dont certains rêvaient de s'asseoir dans le fauteuil présidentiel mais les électeurs enont décidé autrement.
Le nouveau président a toutefois déjà fait entendre sa différence. «Le peuple est désabusé parce que la direction précédente a abusé de sa confiance. Au point que, pour parler franchement, le gouvernement a perdu toute crédibilité, le sens de la responsabilité et l'autorité morale» a-t-il reconnu à un hebdomadaire nigérian. «Mon administration sera celle des dirigeants serviteurs, le temps du leadership élitiste est terminé», a-t-il promis.
Il a également fait entendre sa différence sur la façon de traiter la question du Delta du Niger,région pétrolière du sud du pays en proie à des violences incessantes. Ceux qui se battent pour un meilleur partage de la manne pétrolière au profit des populations locales «ont de véritables arguments», disait-il à l'AFP le 31 mars.
Après avoir juré sur le coran, Yar'adua entrera à Aso Rock nimbé d'une double interrogation. Sera-t-il un président de transition «sous influence», et sera-t-il physiquement capable d'assumer cette fonction jusqu'au bout de son mandat? En pleine campagne électorale, il avait été évacué d'urgence en Allemagne pour des raisons médicales.
Ex-gouverneur de l'Etat musulman de Katsina (nord), Umaru Yar'Adua, 55 ans, a ainsi prêté serment sur le Coran, après des prières oecuméniques chrétiennes et musulmanes sur Eagle Square, la grande place du centre d'Abuja, en présence de nombreux chefs d'Etat africains.
La prestation de serment a été précédée par des parades militaires et des tableaux humains composés d'écoliers qui formaient les mots "unité", "paix" ou encore "démocratie pour toujours".
Vêtu d'un ample boubou blanc et coiffé du traditionnel bonnet plat du Nord, Umaru Yar'Adua, auquel a été remis un exemplaire de la Constitution, a notamment juré de ne jamais tenir compte de ses "intérêts personnels" dans sa fonction de deuxième président de la troisième République.
Homme du Nord, il est flanqué à la vice-présidence d'un homme du Sud, l'ex-gouverneur de l'Etat pétrolier de Baylesa, Goodluck Jonathan.
Dans son discours inaugural, le nouveau président a affirmé qu'il allait s'"attaquer sérieusement à la pauvreté dans le pays", durcir les lois contre la corruption, et faire progresser le secteur de la santé, notamment pour combattre le paludisme et le sida.
"On nous a demandé de faire du Nigeria un meilleur endroit. C'est avec joie que je vais m'y employer comme dirigeant et serviteur", a-t-il poursuivi avant de promettre "honnêteté, transparence et responsabilité".
Concernant enfin le richissime delta pétrolifère du Niger, d'où le pays tire 95% de ses devises mais est en proie à des violences incessantes, le nouvel élu a promis "paix et justice".
Pour le Nigeria cette investiture est historique car il s'agit de la première transition entre deux présidents civils depuis l'indépendance: en 46 ans, le pays a connu pas moins de 28 ans de régimes et dictatures militaires.
"Nous avons conduit la plus longue période démocratique et éliminé le risque de changements violents de gouvernement par des coups et contre-coups d'Etat", s'était félicité lundi soir le président sortant Olusegun Obasanjo dans un discours radio-télévisé à la Nation, après huit ans à la tête du pays.
Abuja
Source: (Cyberpresse 29/05/2007)
(M)
«Le peuple est désabusé parce que la direction précédente a abusé de sa confiance. Au point que, pour parler franchement, le gouvernement a perdu toute crédibilité, le sens de la responsabilité et l'autorité morale» a dit Umaru Yar'Adua à un hebdomadaire nigérian. «Mon administration sera celle des dirigeants serviteurs, le temps du leadership élitiste est terminé».
Sur la question du Delta du Niger, Umaru Yar'Adua avait déclaré que ceux qui se battent pour un meilleur partage de la manne pétrolière au profit des populations locales «ont de véritables arguments».
Umaru Yar'Adua, ancien gouverneur de l'État musulman de Katsina (nord), l'avait emporté le 21 avril avec 24,6 millions de voix, loin devant ses deux principaux rivaux: le général Muhammadu Buhari (6,6 millions) et le vice-président Atiku Abubakar (2,6 millions).
Le nouveau vice-président élu sur le «ticket présidentiel» est le gouverneur de l'État pétrolier de Bayelsa, Goodluck Jonathan (sud du pays), qui a lui aussi prêté serment.
Le président nigerian sortant a fait ses adieux lundi soir à la nation en promettant tout son soutien à son successeur Umaru Yar'Adua qui doit prêter serment mardi.
«Ce soir, je vous fais mes adieux en tant que président de ce pays durant les huit dernières années» a dit M. Obasanjo dans son discours radio-télévisé. «Demain, je remettrai le pouvoir à Umaru Yar'Adua, notre président élu à qui je m'engage à apporter mon soutien total ainsi qu'à son gouvernement», a-t-il ajouté.
Pour le nouveau président le défi et le mandat sont aussi clairs que difficiles: sortir le Nigeria et ses 140 millions d'habitants de la misère, éradiquer une corruption effrénée et ancrer définitivement le pays dans la démocratie.
«Le jour où je rencontrerai Dieu, je lui dirai: Eh bien tout n'était pas parfait mais j'ai fait de mon mieux+». Ainsi le président Obasanjo résumait-il récemment dans un entretien avec l'AFP ses huit ans à Aso Rock, le surnom de la présidence à Abuja. M. Obasanjo part à 70 ans sur un succès ambigu: mardi le Nigeria vivra certes la première transition civile depuis l'indépendance en 1960, mais au prix d'une élection (le 21 avril) généralement jugée frauduleuse à l'étranger.
Autre paradoxe: grâce à de fabuleuses richesses en pétrole et en gaz, les caisses sont pleines (plus de 46 milliards de dollars de réserves) mais les Nigérians sont toujours aussi pauvres sinon plus qu'en 1999.
Jusque là obscur gouverneur de l'État musulman de Katsina (nord), Umaru Yar'adua, 55 ans, va devoir se démarquer assez vite de son mentor s'il veut asseoir son autorité. Bien que M. Obasanjo assure se retirer pour s'occuper de son élevage de poulets, de nombreux observateurs nigérians et étrangers prédisent qu'il tirera encore beaucoup de ficelles. «J'ai du mal à croire à sa retraite», confie un diplomate à l'AFP.
M. Yar'adua hérite d'un système où se mêlent parrains politiques et hommes d'affaires dans une confusion des genres propice à une gigantesque corruption, dont le Nigeria est l'un des champions selon Transparency International.
Il devra compter avec les puissants barons du parti au pouvoir, le PDP, dont certains rêvaient de s'asseoir dans le fauteuil présidentiel mais les électeurs enont décidé autrement.
Le nouveau président a toutefois déjà fait entendre sa différence. «Le peuple est désabusé parce que la direction précédente a abusé de sa confiance. Au point que, pour parler franchement, le gouvernement a perdu toute crédibilité, le sens de la responsabilité et l'autorité morale» a-t-il reconnu à un hebdomadaire nigérian. «Mon administration sera celle des dirigeants serviteurs, le temps du leadership élitiste est terminé», a-t-il promis.
Il a également fait entendre sa différence sur la façon de traiter la question du Delta du Niger,région pétrolière du sud du pays en proie à des violences incessantes. Ceux qui se battent pour un meilleur partage de la manne pétrolière au profit des populations locales «ont de véritables arguments», disait-il à l'AFP le 31 mars.
Après avoir juré sur le coran, Yar'adua entrera à Aso Rock nimbé d'une double interrogation. Sera-t-il un président de transition «sous influence», et sera-t-il physiquement capable d'assumer cette fonction jusqu'au bout de son mandat? En pleine campagne électorale, il avait été évacué d'urgence en Allemagne pour des raisons médicales.
Ex-gouverneur de l'Etat musulman de Katsina (nord), Umaru Yar'Adua, 55 ans, a ainsi prêté serment sur le Coran, après des prières oecuméniques chrétiennes et musulmanes sur Eagle Square, la grande place du centre d'Abuja, en présence de nombreux chefs d'Etat africains.
La prestation de serment a été précédée par des parades militaires et des tableaux humains composés d'écoliers qui formaient les mots "unité", "paix" ou encore "démocratie pour toujours".
Vêtu d'un ample boubou blanc et coiffé du traditionnel bonnet plat du Nord, Umaru Yar'Adua, auquel a été remis un exemplaire de la Constitution, a notamment juré de ne jamais tenir compte de ses "intérêts personnels" dans sa fonction de deuxième président de la troisième République.
Homme du Nord, il est flanqué à la vice-présidence d'un homme du Sud, l'ex-gouverneur de l'Etat pétrolier de Baylesa, Goodluck Jonathan.
Dans son discours inaugural, le nouveau président a affirmé qu'il allait s'"attaquer sérieusement à la pauvreté dans le pays", durcir les lois contre la corruption, et faire progresser le secteur de la santé, notamment pour combattre le paludisme et le sida.
"On nous a demandé de faire du Nigeria un meilleur endroit. C'est avec joie que je vais m'y employer comme dirigeant et serviteur", a-t-il poursuivi avant de promettre "honnêteté, transparence et responsabilité".
Concernant enfin le richissime delta pétrolifère du Niger, d'où le pays tire 95% de ses devises mais est en proie à des violences incessantes, le nouvel élu a promis "paix et justice".
Pour le Nigeria cette investiture est historique car il s'agit de la première transition entre deux présidents civils depuis l'indépendance: en 46 ans, le pays a connu pas moins de 28 ans de régimes et dictatures militaires.
"Nous avons conduit la plus longue période démocratique et éliminé le risque de changements violents de gouvernement par des coups et contre-coups d'Etat", s'était félicité lundi soir le président sortant Olusegun Obasanjo dans un discours radio-télévisé à la Nation, après huit ans à la tête du pays.
Abuja
Source: (Cyberpresse 29/05/2007)
(M)