CEREMONIE - Solennité, allégeance et atmosphère pesante : Tous les honneurs à… l’empereur Wade
LE QUOTIDIEN
Il ne restait que le Coran ou la Bible pour que la cérémonie boucle sa solennité. Le corps diplomatique, les institutions de la République et la Magistrature ont été conviés pour être des témoins de la prestation de serment des ministres devant Me Wade. Une cérémonie à l’atmosphère pesante, aux allures d’une tyrannie presque monarchique.
«Monsieur le Premier ministre, messieurs les ministres d’Etat, messieurs les ministres, je vous invite à vous lever.» Ainsi, la voie tremblante de la secrétaire générale du gouvernement annonce le début de la prestation de serment des membres du gouvernement. Les ministres, disposés en deux blocs séparés à gauche de la Salle des banquets de la Présidence de la République, s’éjectent de leurs chaises, ajustent leurs vêtements et se tiennent droit comme des poteaux sur leurs jambes. Un silence pesant envahi la salle sous le regard attentif du chef de l’Etat. Me Wade trône majestueusement sur un fauteuil tapissé en blanc et orné de bois rouge. Il fait face à l’entrée principale de la salle. Derrière le chef de l’Etat, se dresse un mât qui supporte le drapeau national. Et à sa droite, sont installés un autel et une petite table basse.
Les regards des ministres sont tournés vers la secrétaire générale du gouvernement qui poursuit son speech : «Je donne lecture du serment que vous aurez à prononcer tout à l’heure.» L’ambiance devient plus mortelle au fur et à mesure que les mots de la dame résonnent dans les baffles installés aux quatre coins de la salle. Sa lecture du serment terminée au bout de quelques petites minutes, la secrétaire générale du gouvernement donne la prochaine séquence de la cérémonie : «Monsieur le Premier ministre, messieurs les ministres d’Etat, messieurs les ministres, je vous invite à lever collectivement la main droite et à déclarer : «Je le jure.» Le bataillon du Premier ministre, Cheikh Hadjibou Soumaré, qui se tient devant, s’exécute. Les paumes des membres du gouvernement sont exhibées. Le mouvement visuel est accompagné d’un concert de voix. Les unes rauques et les autres aiguës, elles entonnent en chœur : «Je le jure». Dernier ordre de la secrétaire du gouvernement : «Vous venez apposer votre signature sur le document qui valide votre serment ! Vous saluez le président de la République avant de vous retirer !» Le Premier ministre passe le premier et se tient debout à côté du chef de l’Etat. Et les autres ministres de griffonner une double signature, à l’appel de leurs noms, sur des documents posés sur la table à droite de Me Wade à qui ils serrent la main respectueusement. De cet exercice, la secrétaire générale, jusque-là préposée au micro, n’est pas épargnée. Elle s’annonce après un long échange entre Wade et son protocole, et quitte la salle. Me Wade salue l’assemblée. La séance est terminée sous des applaudissements.
La Salle des banquets de la Présidence de la République a été aménagée pour l’évènement. Le tapis rouge qui dessine le chemin des invités sent le neuf. Et l’air frais de la climatisation embaume la salle disposée pour la circonstance exceptionnelle, en une sorte de demi-cercle. Les membres du corps diplomatique accrédité au Sénégal, invités à cette cérémonie de prestation de serment, occupent une partie à droite de la salle. Pendant que l’autre partie est réservée au bureau de l’Assemblée nationale conduite par son tout nouveau président, Macky Sall, confortablement assis sur sa chaise. Le désormais ex-Premier ministre discute aisément avec la présidente du Conseil constitutionnel, Mireille Ndiaye.
Juste derrière ces personnalités, se dresse la rangée des autres magistrats comme Abdou Bame Guèye de la Cour des Comptes, l’ancien procureur Abdoulaye Gaye et d’autres personnes qui forment la crème de la famille judiciaire. Les ministres leur font face, en deux blocs, derrière lesquels sont installés les journalistes et les autres invités composés des membres du service privé. Il est dix-sept heures passées de plus d’une demi-heure, quand le protocole annonce l’arrivée du président de la République. Les honneurs lui sont rendus dans une salle où tout le monde se tient debout. Me Wade, dans son costume sombre, s’élance vers l’autel, prononce son discours et s’installe sur son trône. A peine les applaudissements, qui lui sont gratifiés, estompés que le Premier ministre est annoncé au micro. Il revient sur le bilan de Wade après son premier septennat et fait des engagements au nom de l’équipe gouvernementale. Avant que la secrétaire générale du gouvernement ne passe aux séquences qui forment la prestation de serment.
Serment
Je jure fidélité, loyauté et dévouement au président de la République, qui, en vertu des pouvoirs à lui conférés par la Constitution, m’a gratifié de sa confiance et m’a confié des responsabilité s au sein du Gouvernement.
Je jure de ne révéler à quiconque, même à mes proches, les secrets dont je serais amené à être le dépositaire dans le cadre de mes fonctions, et notamment la substance des délibérations du Conseil des ministres ou des Conseils ministériels. Ce serment me lie même après la cessation de mes fonctions.
Je jure de faire un usage respectueux des deniers publics et biens de l’Etat dont j’aurai la responsabilité et de servir la Nation avec désintérêt et dévouement.
Ndiaga NDIAYE