Pour les étudiants étrangers, la France est une terre bénie. C’est une destination qui inspire le rêve et suscite toutes sortes de fantasmes. Cependant, une fois faits les premiers pas sur le sol froid de l’Hexagone, une fois passé l’émerveillement des premiers jours, c’est une toute autre réalité qui s’offre à eux. Une histoire de papiers, de droits, de travail, d’argent, parfois même d’hostilité, de racisme… mais aussi, d’enrichissement, de rencontres, d’expériences heureuses.
Carine nous raconte son histoire bleu blanc rouge… Pas toujours si rose.
Carine Kawessa a 28ans, elle vient du Burkina faso. Elle est étudiante en DEA de droit publique. L’an passé, elle a validé un master pro de droit et gouvernance territorial. Depuis toute petite, elle rêvait de venir en France. Grâce à sa tante qui voyait d’un bon œil son parcours universitaire au Burkina, elle a pu réaliser cette ambition. Mais son rêve est loin de la réalité qu’elle vit depuis trois ans. Elle s’est livrée à Afrik.com, qui présente cette semaine une série de témoignages d’étudiants africains vivant en France.
A l’obtention de mon Master au pays, comme je voulais venir finir mes études en France, ma tante parisienne a cru bon de me faire venir. Elle s’est occupée des dossiers et a envoyé des candidatures un peu partout. L’université de droit de Nancy a répondu positivement. Et me voici débarquée en France. Je suis arrivée le 27 septembre 2004, après avoir passé une semaine à Paris chez ma tante pour gérer à distance le logement, car j’étais sur liste d’attent. Je suis allée à Nancy, chez un ami avocat pendant deux jours, deux jours pendant lesquels j’ai mis la pression au CROUS pour avoir ma chambre universitaire, que j’ai finalement obtenue. Au départ, c’était très dur, j’étais déprimée, seule, sans amis. Financièrement, mes parents m’ont soutenu jusqu’à l’an passé, ils m’envoyaient presque 400 euros par mois. Cependant, c’était compliqué, mon père était à la retraite et j’ai six frères et sœurs.
Difficile de trouver du boulot quand on est noire en France
Alors, je me suis décidée à travailler pour m’assumer. Cependant, ça a été difficile de trouver ne serait-ce qu’un stage de fin de master. J’étais la seule noire de ma promo, mon prof m’avait fait comprendre que ce ne serait pas facile et il m’avait dit qu’il m’aiderait si je ne trouvais pas de stage. De la cinquantaine de demandes que j’ai formulées, une seule est revenue positive. J’ai eu un entretien au service comptabilité de la mairie de Pulnoy et j’ai commencé mon stage en juin 2006. Cette expérience a même débouché sur un remplacement qui a duré 10 mois à plein temps. Ce qui m’a aidé financièrement, mais c’était au détriment de mes études.
Trop, c’est trop
Ensuite, je suis tombée malade, j’étais déprimée et très fatiguée, trop sollicitée. J’ai dû rentrer au Burkina pour me faire soigner. Au pays, on m’a soigné par la médecine traditionnelle, avec des plantes. J’étais épuisée physiquement et mentalement, ma famille me manquait beaucoup. J’avais du mal à m’adapter, pourtant il le fallait, j’étais venue pour étudier. Il fallait que j’obtienne mon diplôme, c’était pour ça que j’étais venue.
L’injustice, difficile à encaisser
Avant de venir en France, j’étais très bonne élève, je n’ai jamais redoublé. Ma première année à Nancy s’est soldée par un échec. Ce sont deux professeurs qui m’ont mis 6 sur 30 à un oral qui m’ont empêché d’obtenir mon année. Ils m’ont clairement saquée, je ne conçois pas d’avoir une note aussi médiocre, qui plus est à l’oral. En plus, ils ne m’ont même pas répêchée alors qu’il ne me manquait que quatre points pour valider mon master. C’est ce qui a conforté cette sensation d’injustice. Je ne me suis jamais remise de cet échec, quand j’y pense, j’ai la rage au cœur.
La France, un autre mode de vie
Pourtant, je n’ai jamais vraiment ressenti le racisme en France. Jusqu’à présent, la plupart du temps je me retrouve en face de gens aimables, disponibles. Au Burkina, je côtoyais déjà des blancs, notamment le petit ami de ma sœur qui me parlait beaucoup de la France. Je savais plus ou moins à quoi m’attendre, mais ce qui m’a le plus surpris et choquée, c’est la solitude des personnes âgées. Elles sont toutes seules, elles font leurs courses seules. Cette notion française de la famille m’a vraiment troublée. J’ai même rencontré des gens qui me disaient ne pas avoir adressé la parole à leur frère depuis 20 ans. Tout cela est inconcevable d’où je viens. En Afrique, les gens sont solidaires, il n’y a rien de plus important que la famille.
Ambitions et perspectives
Même si le climat est rude et qu’il est difficile pour moi de m’adapter à ce mode de vie, la France offre plus de perspectives en terme de boulot. Alors si j’arrive à rester, c’est bien. Mais de toutes façons, j’ai bien envie de rentrer au pays. Ce que je souhaite par-dessus tout, c’est avoir une vraie expérience professionnelle avant de repartir. C’est ce qui sera déterminant pour me faire une bonne place, je mettrai en avant mon esprit d’ouverture plus grand, ayant côtoyé d’autres civilisations.
Source: afrik.com
(M)
Carine nous raconte son histoire bleu blanc rouge… Pas toujours si rose.
Carine Kawessa a 28ans, elle vient du Burkina faso. Elle est étudiante en DEA de droit publique. L’an passé, elle a validé un master pro de droit et gouvernance territorial. Depuis toute petite, elle rêvait de venir en France. Grâce à sa tante qui voyait d’un bon œil son parcours universitaire au Burkina, elle a pu réaliser cette ambition. Mais son rêve est loin de la réalité qu’elle vit depuis trois ans. Elle s’est livrée à Afrik.com, qui présente cette semaine une série de témoignages d’étudiants africains vivant en France.
A l’obtention de mon Master au pays, comme je voulais venir finir mes études en France, ma tante parisienne a cru bon de me faire venir. Elle s’est occupée des dossiers et a envoyé des candidatures un peu partout. L’université de droit de Nancy a répondu positivement. Et me voici débarquée en France. Je suis arrivée le 27 septembre 2004, après avoir passé une semaine à Paris chez ma tante pour gérer à distance le logement, car j’étais sur liste d’attent. Je suis allée à Nancy, chez un ami avocat pendant deux jours, deux jours pendant lesquels j’ai mis la pression au CROUS pour avoir ma chambre universitaire, que j’ai finalement obtenue. Au départ, c’était très dur, j’étais déprimée, seule, sans amis. Financièrement, mes parents m’ont soutenu jusqu’à l’an passé, ils m’envoyaient presque 400 euros par mois. Cependant, c’était compliqué, mon père était à la retraite et j’ai six frères et sœurs.
Difficile de trouver du boulot quand on est noire en France
Alors, je me suis décidée à travailler pour m’assumer. Cependant, ça a été difficile de trouver ne serait-ce qu’un stage de fin de master. J’étais la seule noire de ma promo, mon prof m’avait fait comprendre que ce ne serait pas facile et il m’avait dit qu’il m’aiderait si je ne trouvais pas de stage. De la cinquantaine de demandes que j’ai formulées, une seule est revenue positive. J’ai eu un entretien au service comptabilité de la mairie de Pulnoy et j’ai commencé mon stage en juin 2006. Cette expérience a même débouché sur un remplacement qui a duré 10 mois à plein temps. Ce qui m’a aidé financièrement, mais c’était au détriment de mes études.
Trop, c’est trop
Ensuite, je suis tombée malade, j’étais déprimée et très fatiguée, trop sollicitée. J’ai dû rentrer au Burkina pour me faire soigner. Au pays, on m’a soigné par la médecine traditionnelle, avec des plantes. J’étais épuisée physiquement et mentalement, ma famille me manquait beaucoup. J’avais du mal à m’adapter, pourtant il le fallait, j’étais venue pour étudier. Il fallait que j’obtienne mon diplôme, c’était pour ça que j’étais venue.
L’injustice, difficile à encaisser
Avant de venir en France, j’étais très bonne élève, je n’ai jamais redoublé. Ma première année à Nancy s’est soldée par un échec. Ce sont deux professeurs qui m’ont mis 6 sur 30 à un oral qui m’ont empêché d’obtenir mon année. Ils m’ont clairement saquée, je ne conçois pas d’avoir une note aussi médiocre, qui plus est à l’oral. En plus, ils ne m’ont même pas répêchée alors qu’il ne me manquait que quatre points pour valider mon master. C’est ce qui a conforté cette sensation d’injustice. Je ne me suis jamais remise de cet échec, quand j’y pense, j’ai la rage au cœur.
La France, un autre mode de vie
Pourtant, je n’ai jamais vraiment ressenti le racisme en France. Jusqu’à présent, la plupart du temps je me retrouve en face de gens aimables, disponibles. Au Burkina, je côtoyais déjà des blancs, notamment le petit ami de ma sœur qui me parlait beaucoup de la France. Je savais plus ou moins à quoi m’attendre, mais ce qui m’a le plus surpris et choquée, c’est la solitude des personnes âgées. Elles sont toutes seules, elles font leurs courses seules. Cette notion française de la famille m’a vraiment troublée. J’ai même rencontré des gens qui me disaient ne pas avoir adressé la parole à leur frère depuis 20 ans. Tout cela est inconcevable d’où je viens. En Afrique, les gens sont solidaires, il n’y a rien de plus important que la famille.
Ambitions et perspectives
Même si le climat est rude et qu’il est difficile pour moi de m’adapter à ce mode de vie, la France offre plus de perspectives en terme de boulot. Alors si j’arrive à rester, c’est bien. Mais de toutes façons, j’ai bien envie de rentrer au pays. Ce que je souhaite par-dessus tout, c’est avoir une vraie expérience professionnelle avant de repartir. C’est ce qui sera déterminant pour me faire une bonne place, je mettrai en avant mon esprit d’ouverture plus grand, ayant côtoyé d’autres civilisations.
Source: afrik.com
(M)