'' la mère de toutes les batailles demeure l’inégalité entre les hommes et les femmes''
Stephen Lewis: «Parfois, je suis totalement atterré, voire désarmé, devant les ravages du sida, confie Stephen Lewis au bout du fil. Mais je ne peux pas me retirer de cette bataille. Ma colère me donne l’énergie nécessaire pour continuer.»
À 69 ans, l’ancien ambassadeur du Canada aux Nations unies et envoyé spécial de l’ONU pour le VIH-sida en Afrique se bat toujours avec la même vigueur. Il dresse avec rage la liste des malheurs qui s’abattent sans cesse sur le continent africain devant l’indifférence des pays riches.
«C’est à croire que ce qui se passe là-bas n’est jamais assez horrifiant pour susciter leur intérêt. Que leur faut-il de plus après les drames du Rwanda et du Darfour, la violence sexuelle qui sévit dans le nord de l’Ouganda et dans l’est congolais, la pandémie de VIH-sida, la pauvreté, la famine, les millions d’orphelins abandonnés à leur sort?» énumère-t-il le souffle presque court.
Celui qui est en lice pour le prix Nobel de la paix livrera son vibrant plaidoyer le 9 octobre à l’amphithéâtre Ernest-Cormier, à l’occasion du Mois des diplômés. Stephen Lewis y explorera des questions auxquelles lui-même n’a que des débuts de réponse, avoue-t-il. Comment freiner la progression du VIH-sida? Avons-nous un rôle à jouer à titre individuel? Quelles mesures le Québec et le Canada peuvent-ils adopter?
«Je ne comprends tout simplement pas l’inaction de pays comme les États-Unis et le Canada, martèle-t-il. L’un est aveuglé par sa prétendue guerre contre le terrorisme, alors que l’autre est obsédé par l’Afghanistan. Les besoins de l’Afrique deviennent marginaux et superflus à leurs yeux. Personne ne l’admettra, mais je crois que cette indifférence est attribuable au racisme latent de l’Occident.»
L’ancien diplomate est connu pour son franc-parler, qu’il ne compte surtout pas abandonner alors que le temps presse pour près de 40 millions d’Africains vivant avec le VIH. Plus de deux millions d’entre eux sont des enfants âgés de moins de 15 ans. Juste en 2006, on a recensé 4,3 millions de nouveaux cas d’infection. Jusqu’à ce jour, 25 millions de personnes dans le monde sont décédées du sida.
«Ces chiffres m’ont longtemps hypnotisé, raconte Stephen Lewis. Lorsque j’étais envoyé spécial de l’ONU pour le VIH-sida en Afrique, j’étais si dévasté par le carnage qui se déroulait sous mes yeux qu’il fallait absolument que je me concentre sur ces statistiques pour ne pas m’effondrer. Je me disais que des millions de personnes attendaient notre aide. Aujourd’hui, c’est différent. Mon combat s’est personnalisé. Je m’inquiète pour la survie de cette femme ou de cette petite fille. J’aimerais pouvoir les sauver.»
Place aux femmes
Pour Stephen Lewis, la mère de toutes les batailles demeure l’inégalité entre les hommes et les femmes. «Tout le monde est d’accord sur le fait que les femmes souffrent davantage de la pauvreté, de la famine, du VIH-sida, du trafic humain et de la violence sexuelle que les hommes. Les femmes et leurs enfants sont toujours les premières et les plus nombreuses victimes des guerres civiles. Mais, encore là, nous ne faisons rien. Pourtant, en parvenant à l’égalité entre les sexes, on résoudrait bien des problèmes.»
C’est pourquoi M. Lewis milite pour la création d’un organisme des Nations unies pour les femmes qui ferait appel à l’expertise de celles-ci. «À travers les siècles, les femmes ont fait preuve d’une force et d’un dévouement qui n’ont aucune commune mesure avec ceux des hommes. Leur aide serait sans doute la meilleure arme contre toutes les injustices qui affligent le monde.»
Stephen Lewis puise son espoir chez les femmes, mais aussi chez les 60 000 Canadiens qui ont donné plus de 25 M$ à sa fondation au cours des quatre dernières années. «Je sens dans leur générosité la volonté urgente de s’engager dans la lutte contre le VIH-sida», déclare-t-il avec émotion.
L’ancien diplomate retrouve également confiance en l’être humain chaque fois qu’il visite le continent africain. «J’ai rencontré là-bas des gens d’un courage exceptionnel et d’une gentillesse exemplaire… Nous devrions tous nous en inspirer», dit-il.
Source: FORUM
(M)
À 69 ans, l’ancien ambassadeur du Canada aux Nations unies et envoyé spécial de l’ONU pour le VIH-sida en Afrique se bat toujours avec la même vigueur. Il dresse avec rage la liste des malheurs qui s’abattent sans cesse sur le continent africain devant l’indifférence des pays riches.
«C’est à croire que ce qui se passe là-bas n’est jamais assez horrifiant pour susciter leur intérêt. Que leur faut-il de plus après les drames du Rwanda et du Darfour, la violence sexuelle qui sévit dans le nord de l’Ouganda et dans l’est congolais, la pandémie de VIH-sida, la pauvreté, la famine, les millions d’orphelins abandonnés à leur sort?» énumère-t-il le souffle presque court.
Celui qui est en lice pour le prix Nobel de la paix livrera son vibrant plaidoyer le 9 octobre à l’amphithéâtre Ernest-Cormier, à l’occasion du Mois des diplômés. Stephen Lewis y explorera des questions auxquelles lui-même n’a que des débuts de réponse, avoue-t-il. Comment freiner la progression du VIH-sida? Avons-nous un rôle à jouer à titre individuel? Quelles mesures le Québec et le Canada peuvent-ils adopter?
«Je ne comprends tout simplement pas l’inaction de pays comme les États-Unis et le Canada, martèle-t-il. L’un est aveuglé par sa prétendue guerre contre le terrorisme, alors que l’autre est obsédé par l’Afghanistan. Les besoins de l’Afrique deviennent marginaux et superflus à leurs yeux. Personne ne l’admettra, mais je crois que cette indifférence est attribuable au racisme latent de l’Occident.»
L’ancien diplomate est connu pour son franc-parler, qu’il ne compte surtout pas abandonner alors que le temps presse pour près de 40 millions d’Africains vivant avec le VIH. Plus de deux millions d’entre eux sont des enfants âgés de moins de 15 ans. Juste en 2006, on a recensé 4,3 millions de nouveaux cas d’infection. Jusqu’à ce jour, 25 millions de personnes dans le monde sont décédées du sida.
«Ces chiffres m’ont longtemps hypnotisé, raconte Stephen Lewis. Lorsque j’étais envoyé spécial de l’ONU pour le VIH-sida en Afrique, j’étais si dévasté par le carnage qui se déroulait sous mes yeux qu’il fallait absolument que je me concentre sur ces statistiques pour ne pas m’effondrer. Je me disais que des millions de personnes attendaient notre aide. Aujourd’hui, c’est différent. Mon combat s’est personnalisé. Je m’inquiète pour la survie de cette femme ou de cette petite fille. J’aimerais pouvoir les sauver.»
Place aux femmes
Pour Stephen Lewis, la mère de toutes les batailles demeure l’inégalité entre les hommes et les femmes. «Tout le monde est d’accord sur le fait que les femmes souffrent davantage de la pauvreté, de la famine, du VIH-sida, du trafic humain et de la violence sexuelle que les hommes. Les femmes et leurs enfants sont toujours les premières et les plus nombreuses victimes des guerres civiles. Mais, encore là, nous ne faisons rien. Pourtant, en parvenant à l’égalité entre les sexes, on résoudrait bien des problèmes.»
C’est pourquoi M. Lewis milite pour la création d’un organisme des Nations unies pour les femmes qui ferait appel à l’expertise de celles-ci. «À travers les siècles, les femmes ont fait preuve d’une force et d’un dévouement qui n’ont aucune commune mesure avec ceux des hommes. Leur aide serait sans doute la meilleure arme contre toutes les injustices qui affligent le monde.»
Stephen Lewis puise son espoir chez les femmes, mais aussi chez les 60 000 Canadiens qui ont donné plus de 25 M$ à sa fondation au cours des quatre dernières années. «Je sens dans leur générosité la volonté urgente de s’engager dans la lutte contre le VIH-sida», déclare-t-il avec émotion.
L’ancien diplomate retrouve également confiance en l’être humain chaque fois qu’il visite le continent africain. «J’ai rencontré là-bas des gens d’un courage exceptionnel et d’une gentillesse exemplaire… Nous devrions tous nous en inspirer», dit-il.
Source: FORUM
(M)