La juriste Aïssatou Diagne Dème, 54 ans, est une des pionnières de la transformation des céréales, fruits et légumes au Sénégal. Depuis plus de dix ans, elle promeut le "consommer local" et rêve de gagner ce combat sur le continent à travers un projet de "Supermarché 100% Afrique".
"Il faudrait que nous, Africains, apprenions à consommer ce que nous produisons, mais surtout à commercer entre nous", déclare Mme Dème, Dakaroise qui dirige depuis 1994 une entreprise semi-industrielle de transformation agro-alimentaire, "La Maison du consommer sénégalais".
Aïssatou Diagne Dème remue le couscous, le 18 septembre 2007 à Dakar. Son usine est sise à Liberté 6 (périphérie nord). Dès les premières heures de la matinée, plusieurs dizaines de femmes et quelques hommes s'y pressent pour décortiquer, tamiser, moudre, laver, sécher, cuire des produits de culture ou de cueillette, qui sont ensuite mis dans des sachets, pots ou bouteilles, puis étiquetés et stockés avant leur distribution.
"Nous avons une gamme d'une quarantaine de produits", affirme cette femme orchestre, également salariée dans une autre société et gérante depuis 23 ans d'une institution de prévoyance maladie de front avec ses occupations d'épouse et de mère.
Dans la production, figurent de fines boulettes de mil servant à faire du "thiakry", mélange sucré de bouillie et de lait; du couscous déshydraté; des dérivés de fruits du baobab ou encore de la poudre de "bissap", sorte d'hibiscus donnant un jus rouge au goût acidulé.
"On a un marché local et un marché à l'export. Mais on exporte plus que l'on ne vend ici", explique Mme Dème, qui estampille ses produits "Kumba", en hommage à sa mère.
Sa mise élégante mais discrète tranche avec les blouses, cache-nez et bonnets qu'arborent les employés, une quarantaine de permanents, une dizaine de journaliers. Pourtant, elle ne rechigne pas à s'exposer à la vapeur du mil fumant dans d'énormes couscoussiers, pousser la porte d'un immense séchoir ou redresser une claie.
"Je suis passionnée par la transformation des produits locaux. C'est ça qui m'a amenée à investir" ce créneau, confie-t-elle.
Une passion qui a en réalité été appuyée par le contexte économique du Sénégal en 1994, au lendemain de la dévaluation de 50% du FCFA. A l'époque, Mme Dème importait de France, d'Espagne et du Maroc des vêtements pour enfants, et vendait en Arabie saoudite des articles convoyés de Turquie.
Comme "tout était devenu plus cher, je me suis dit: +je vais vraiment m'intéresser à ce qui se produit chez moi, pour ne plus avoir à sortir des devises+", d'où la naissance la même année de la Maison du consommer sénégalais, explique-t-elle.
La petite entreprise a grandi. Elle dispose de plusieurs magasins à Dakar, approvisionne différentes structures dans le pays et à travers le monde, réalisant un chiffre d'affaires d'une centaine de millions de FCFA (autour de 153.000 euros).
"En outre, comme nous avons des produits naturels, (...) on commence à intéresser un peu la grande distribution en France. Ça, on n'osait pas l'espérer il y a sept ans!", lance-t-elle en riant.
Ces dernières années, elle a lancé des expositions-ventes annuelles de différents produits du continent visant, à terme, à créer un "Supermarché 100% Afrique", sa grande ambition.
Ce projet, "c'est le volet commercialisation de nos produits. Nous pouvons vendre à notre niveau" au bénéfice de toute la chaîne, du producteur au distributeur, assure Mme Dème.
"C'est tout à fait possible d'élargir ce marché. Les Africains doivent compter d'abord sur leurs propres forces, avant d'aller frapper à des portes qui, la plupart du temps, leur sont fermées."
Source: TV5 - AFP
(M)
"Il faudrait que nous, Africains, apprenions à consommer ce que nous produisons, mais surtout à commercer entre nous", déclare Mme Dème, Dakaroise qui dirige depuis 1994 une entreprise semi-industrielle de transformation agro-alimentaire, "La Maison du consommer sénégalais".
Aïssatou Diagne Dème remue le couscous, le 18 septembre 2007 à Dakar. Son usine est sise à Liberté 6 (périphérie nord). Dès les premières heures de la matinée, plusieurs dizaines de femmes et quelques hommes s'y pressent pour décortiquer, tamiser, moudre, laver, sécher, cuire des produits de culture ou de cueillette, qui sont ensuite mis dans des sachets, pots ou bouteilles, puis étiquetés et stockés avant leur distribution.
"Nous avons une gamme d'une quarantaine de produits", affirme cette femme orchestre, également salariée dans une autre société et gérante depuis 23 ans d'une institution de prévoyance maladie de front avec ses occupations d'épouse et de mère.
Dans la production, figurent de fines boulettes de mil servant à faire du "thiakry", mélange sucré de bouillie et de lait; du couscous déshydraté; des dérivés de fruits du baobab ou encore de la poudre de "bissap", sorte d'hibiscus donnant un jus rouge au goût acidulé.
"On a un marché local et un marché à l'export. Mais on exporte plus que l'on ne vend ici", explique Mme Dème, qui estampille ses produits "Kumba", en hommage à sa mère.
Sa mise élégante mais discrète tranche avec les blouses, cache-nez et bonnets qu'arborent les employés, une quarantaine de permanents, une dizaine de journaliers. Pourtant, elle ne rechigne pas à s'exposer à la vapeur du mil fumant dans d'énormes couscoussiers, pousser la porte d'un immense séchoir ou redresser une claie.
"Je suis passionnée par la transformation des produits locaux. C'est ça qui m'a amenée à investir" ce créneau, confie-t-elle.
Une passion qui a en réalité été appuyée par le contexte économique du Sénégal en 1994, au lendemain de la dévaluation de 50% du FCFA. A l'époque, Mme Dème importait de France, d'Espagne et du Maroc des vêtements pour enfants, et vendait en Arabie saoudite des articles convoyés de Turquie.
Comme "tout était devenu plus cher, je me suis dit: +je vais vraiment m'intéresser à ce qui se produit chez moi, pour ne plus avoir à sortir des devises+", d'où la naissance la même année de la Maison du consommer sénégalais, explique-t-elle.
La petite entreprise a grandi. Elle dispose de plusieurs magasins à Dakar, approvisionne différentes structures dans le pays et à travers le monde, réalisant un chiffre d'affaires d'une centaine de millions de FCFA (autour de 153.000 euros).
"En outre, comme nous avons des produits naturels, (...) on commence à intéresser un peu la grande distribution en France. Ça, on n'osait pas l'espérer il y a sept ans!", lance-t-elle en riant.
Ces dernières années, elle a lancé des expositions-ventes annuelles de différents produits du continent visant, à terme, à créer un "Supermarché 100% Afrique", sa grande ambition.
Ce projet, "c'est le volet commercialisation de nos produits. Nous pouvons vendre à notre niveau" au bénéfice de toute la chaîne, du producteur au distributeur, assure Mme Dème.
"C'est tout à fait possible d'élargir ce marché. Les Africains doivent compter d'abord sur leurs propres forces, avant d'aller frapper à des portes qui, la plupart du temps, leur sont fermées."
Source: TV5 - AFP
(M)