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Le bureau exécutif de l'AVOMM

"L'important n'est pas ce qu'on fait de nous, mais ce que nous faisons nous-mêmes de ce qu'on a fait de nous." Jean-Paul Sartre

"L'Association d'aides aux veuves et aux orphelins de mauritanie (AVOMM) qui nous rassemble, a été créée le 25/12/95 à PARIS par d'ex-militaires mauritaniens ayant fui la terreur, l'oppression, la barbarie du colonel Mawiya o/ sid'ahmed Taya ......
Ces rescapés des geôles de ould Taya, et de l'arbitraire, décidèrent, pour ne jamais oublier ce qui leur est arrivé, pour garder aussi la mémoire des centaines de martyrs, de venir en aide aux veuves, aux orphelins mais aussi d'engager le combat contre l'impunité décrétée par le pouvoir de Mauritanie."
E-mail : avommavomm@yahoo.fr

Bureau exécutif

*Ousmane SARR, président
*Demba Niang, secrétaire général
*Secrétaire général Adjt; Demba Fall
*Alousseyni SY, Chargé des relations extérieures
*Mme Rougui Dia, trésorière
*Chargé de l’organisation Mariame Diop
*adjoint Ngolo Diarra
*Mme Mireille Hamelin, chargée de la communication
*Chargé de mission Bathily Amadou Birama
Conseillers:
*Kane Harouna
*Hamdou Rabby SY










AVOMM

Sauver Kaédi !


Boubacar Diagana - Ciré Ba
Boubacar Diagana - Ciré Ba
S’il est, en Mauritanie d’aujourd’hui, une ville dont tout le monde s’accorde à dire qu’elle recule, c’est bien Kaédi.  Pourtant, la plus grande cité du Sud, « Hier capitale du Fouta, aujourd’hui, capitale agricole de la Mauritanie » (Tène Youssouf Gueye), eut un passé historique glorieux et des atouts exceptionnels : l’implantation de la première école en Mauritanie en 1898 dans laquelle furent formés les premiers lettrés et cadres du pays, une administration structurée et d’autres infrastructures qui datent du début du siècle. Puis ce fut le début d’industrialisation avec l’installation d’une usine de tannerie et d’un abattoir frigorifique, l’ouverture de l’Ecole Nationale de Formation et de Vulgarisation Agricole (ENFVA – anciennement appelée Ecole des Cadres Ruraux puis Centre de Vulgarisation Agricole).
 
Kaédi fut la première ville dotée d’un aéroport et d’un hôpital pour toute la vallée du fleuve Sénégal, parmi les premières à avoir un collège. Kaédi fut aussi la première ville équipée d’une centrale électrique et d’un réseau d’eau potable, muni d’un réseau d’évacuation des eaux pluviales. La plupart de ces réalisations portent la signature d’un homme de carrure exceptionnelle, son nom reste gravé dans la mémoire collective : Youssouf Koïta, Député – Maire, il fit de Kaédi une vitrine et un passage obligé de Chefs d’Etats et parlementaires étrangers en visite en Mauritanie : les présidents Ahmadou Ahidjo du Cameroun en février 1967, Hamani Diori du Niger en avril 1967, Léopold Sédar Senghor du Sénégal. Kaédi a également accueilli  des délégations de parlementaires français et maliens respectivement en mai et décembre 1966. Si un édifice public à Kaédi (l’hôtel de ville pour le symbole) devait porter le nom d’une personnalité, ce devrait bien être Youssouf Koïta pour son rôle de grand bâtisseur de notre cité.
 
L’âge d’or de Kaédi s’est poursuivi jusqu’à la fin des années soixante-dix sous la houlette du richissime Député Abdoul Aziz Bâ qui mit sa fortune au service d’une jeunesse épanouie et d’une ville très dynamique sur le plan culturel, tellement dynamique que tous les artistes, sportifs (lutteurs notamment) de la sous – région venaient y chercher une consécration. L’arène N’Diyame Diéry était devenue un temple presque mythique. Cette période faste a donné à la capitale du Gorgol un rayonnement international : la ville était attractive, génératrice d’emplois dans le tertiaire, hospitalière et tolérante. Abdoul Aziz Ba (le lycée gagnerait à porter son nom) y fit venir en 1974 l’épouse du président tchadien Ngarta Tombalbaye, invitée d’honneur d’une mémorable soirée culturelle à Peyrissac. Néné Diallo, ainsi qu’on l’appelait, donna même son nom à un modèle de boucles d’oreille en or bien prisées des kaédiennes.  Nombreuses sont les familles venues d’autres régions de Mauritanie, de la sous région, du Maghreb, d’Europe ou du Liban s’y installer pour développer des activités commerciales (les familles Elyas, Laroussi Alami et Ghabli dans la mercerie et le tissu) ou culturelles et récréatives (Ali Nar, Bousfia et Chaïtou dans le commerce et salles de cinéma). La deuxième génération de ces familles venues d’ailleurs fut totalement intégrée et adoptée par Dimbé comme ses authentiques enfants. Le regretté Docteur Abdallah Chaïtou en est l’archétype. Après des études primaires et secondaires à Kaédi, et  un diplôme de médecin, il rentre s’installer dans la ville de son enfance et servit avec un amour et un professionnalisme que tout Kaédi lui reconnait au sein de l’établissement hospitalier de la ville. Mort, il fut enterré à Kaédi. La ville lui rendrait un hommage mérité en donnant son nom à l’hôpital.
 
Paradoxalement, voilà que depuis trente ans, avec la mise en place des municipalités, la ville tombe en désuétude, en déclin. Là où d’autres municipalités s’approprient l’outil et l’institution par le biais de la décentralisation pour engager des actions de développement,  Kaédi  se morfond. La ville est devenue une immense décharge à ciel ouvert, les inondations, quoique moins fréquentes, ont des conséquences de plus en plus désastreuses, en raison d’installations anarchiques de populations en zones inondables que les différentes équipes municipales ont laissé se développer quand elles ne les ont pas favorisées ;  l’école d’agriculture, fleuron de la formation professionnelle pour les cadres ruraux est en lambeaux ; le Centre National de Recherche Agronomique (CNARADA) est réduit en simple jardin des plantes ; l’aéroport qui connut encore au milieu des années quatre-vingt jusqu’à quatre vols hebdomadaires, dont deux d’Air Sénégal, n’est plus qu’une piste pour animaux errants ; le lycée, un des plus dynamiques du pays, avec au moins une semaine régionale par an et ses résultats brillants, n’est plus que l’ombre de lui-même.
 
Qu’est-ce qui pourrait bien expliquer cet état de fait ? Plusieurs raisons.
 
D’abord, la principale raison est la volonté de l’Etat, plus clairement affichée sous le régime de Maawiya Ould Sid’ Ahmed Taya, de marginaliser Kaédi catalogué ville-rebelle. L’Etat s’appliquera à étouffer la ville ; d’abord en transférant à Aleg certains services comme le Palais de justice, fermant l’ENFVA, puis soumettant la ville et ses jeunes en état d’urgence encadré par des militaires du Secteur Autonome de Kaédi (SAK) et une police répressive. Aujourd’hui encore, traumatisé par cette violence, humilié par la déportation vers le Sénégal de certains ses fils comme Baba Gallé Wone (paix en son âme), Abdoul Touré ou Habibou Niang (l’irremplaçable boulanger, paix en son âme), Kaédi reste l’épicentre de la lutte pour la justice.
 
Ensuite, les très nombreux fils de cette ville, cadres peuplant ministères et autres administrations de l’Etat à Nouakchott notamment ou vivant à l’étranger, commerçants ou hommes d’affaires hésitent, voire craignent de prendre leur responsabilité pour lui donner un autre destin.
 
Enfin, au sein même de la ville, il y a une minorité agissante, dynamique économiquement et intellectuellement, avec une forte assise culturelle et religieuse qui peine à croire en ses chances. La composante soninké a pourtant tous les atouts et sa partition à jouer avec les autres communautés pour tirer Kaédi vers le haut. Son berceau, le quartier de Gattaga, pourrait figurer dans le haut d’un classement mondial des villes, si l’on considère la densité des surdiplômés.
 
En l’absence d’une politique d’aménagement du territoire véritablement volontariste, impulsant un égal développement des contrées, cette impulsion vient souvent des femmes ou hommes qui président aux destinées des villes et des collectivités territoriales (région, département, communauté des communes).  Saint-Louis du Sénégal, capitale historique de l’Afrique de l’Ouest, a commencé à péricliter quand Dakar a été érigé capitale du Sénégal et dont le développement s’est fait au détriment de la grande cité du Nord. Il a fallu attendre plusieurs décennies pour voir les fils de  NDar se décider à prendre en main le destin de leur ville pour que celle-ci se mette à nouveau à rayonner avec le soutien de l’Etat du Sénégal, de la communauté internationale et de l’UNESCO.
 
Comme Saint-Louis du Sénégal, des initiatives et des dynamiques émergent partout dans le monde pour sauver Kaédi. Au registre de celles-ci, la page Facebook appelée « Petits souvenirs de Dimbé » créée par Bocar Oumar Ba qui explique en ces termes son initiative : « L'idée de créer ce groupe m'a été inspirée par deux photos publiées cette semaine, …. Il m'est donc apparu comme pouvant correspondre à un besoin, pour chacun d'entre nous qui a vécu dans cette merveilleuse ville de Kaédi, d'avoir envie de partager certains de ses souvenirs, histoire de reconstituer la vieille fraternité kaëdienne. Je pense qu'il pourrait aussi être intéressant de voir différentes générations partager leurs expériences de cette ville. Bien naturellement, comme son titre l'indique, il n'est ici question que de choses légères, débarrassées du poids de nos opinions politiques ou sensibilitaires de quel que ordre que ce soit, pour permettre à la seule bonne humeur de régir ici nos fraternelles relations. Je formule le vœu ardent que vos contributions (photos, blagues, histoires vécues, etc.) puissent rendre à notre cher Dimbé ses couleurs d'antan».
 
En quelques mois, ce forum regroupe près de 1900 personnes aux profils et âges différents. Il pourrait être le portail par lequel devraient partir ou converger les nouvelles initiatives visant à sortir Kaédi de sa léthargie. La cité ocre ne peut ni ne doit plus vivre que de son passé (« So leydi men ene haalee ko golle hanki ngonnoo », était le refrain d’une célèbre chanson de la troupe de Kaédi, primée au festival national de 1974) aussi glorieux fut-il, mais se tourner résolument vers le futur en profitant de toutes ses potentialités pour construire un avenir radieux pour toutes ses filles et pour tous ces fils.
 
Boubacar Diagana et Ciré Ba – Paris
22 août 2013


Source: Ciré Ba
Vendredi 23 Août 2013 - 00:09
Vendredi 23 Août 2013 - 00:14
INFOS AVOMM
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1.Posté par Mawdo Kayhaydinadio le 23/08/2013 11:16
Merci à vous pour votre témoignage poignant et bien rédigé, j'ai eu les larmes aux yeux en revivant tous ces souvenirs qui sont réels de ma jeunesse. J'ai 62 ans et je suis de Dimbé dioro Sammé naayo et c'est pour lapremière fois que j'écrits sur internet avec l'aide de mon fils, c'est dire que vous m'avez vraiment touché. MERCI MERCI MERCCI

2.Posté par Moulaye Diou le 23/08/2013 16:11
Rien à dire! C'est bien l’état raciste et oppresseur qui est responsable de ce déclin.
Dans la perspective d'exterminé les populations du sud,il fallait utiliser tous les leviers institutionnels. En jouant sur l’aménagement du territoire, la géo-économie, la géopolitique.
Ce que vous décrivez est valable dans toutes les villes du sud.
Heureusement, à Boghé, nous avons un maire d'une dimension patriotique exceptionnelle qui transcende les clivages politique. Ba Adama Moussa a compris qu’après les constats et les préconisations, il faut......

3.Posté par Aissata le 23/08/2013 20:03
Je suis tres touchée êt je vais avoir du mal a ecrire beaucoup, je souhaite beaucoup que Kaédi se relève.J'ai beaucoup appris de vous deux je vous remercie et merci à avomm

4.Posté par Jeune de Kaédi le 23/08/2013 20:25
Analyse claire et bien posée maintenant que devons nous faire pour notre ville, la réponse doit venir de la jeunesse consciente des enjeux. J'aime votre façon d'écrire sans indexer les gens ni accuser quelqu'un. J'adhère a votre conclusion, je dis merci à avomm qui permet de lire les articles pendant plusieurs jours.

5.Posté par Daouda Diop le 24/08/2013 13:01
Merci M Ba et M Diagana.
Je connaissais en tout petit peu le passé historique de cette ville.
Mais avec cette intervention vous m'avez appris beaucoup de choses que je connaissais guère.
ceci nous fait tous de la peine comment cette capitale régionale a été délaissée par l'administration à cause de sa position géographique ou son appartenance politique et ethnique.

6.Posté par Une kaédienne fiere de sa ville le 25/08/2013 20:43
Merci et merci j'aime votre article que j'ai photocopié pour mes amis. J'espère que le site de avomm le garde longtemps. J'appelle aussi mes soeurs à participer au renouveau de Dimbé dioro.

7.Posté par kane hamidou baila le 26/08/2013 13:26 (depuis mobile)
kaedi etant le moteur du gorgol tous ses fils doivent se donner main dans la mains pour relever les defis du developpement a savoir vaincre l ignorance et la pauvrete assainirnosvilles et campagnes devlpper notre agriculture et elevage prtger envrnt

8.Posté par Madina le 26/08/2013 17:41
Merci beaucoup mes frères pour cette contribution instructive. Ce n'est pas la première fois que vous nous comblez de cette manière. La conscientisation est en bonne voie, et vivement la réalisation du réveil ou sursaut! Seydi Ba pullo et seydi Diagana Manga remme! Bon vent!!!

9.Posté par Gattaga le 26/08/2013 18:43
kane a raison il faut se donner la main sans exclure les minorités. Nos villes meurent et nous aussi avec. Merci mes jeunes frères MPakari Tidiani Diagana et Ciré Gatta Ba.

10.Posté par Sy Amadou le 28/08/2013 18:14
Merci frères

11.Posté par Thiondi le 01/09/2013 19:44
Il faut faire quelque chose il y'a urgence. Au travail et surtout faisons des propositions pour Kaédi.

12.Posté par Abou Anne le 08/09/2013 07:51
Njoken hare

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