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Le bureau exécutif de l'AVOMM

"L'important n'est pas ce qu'on fait de nous, mais ce que nous faisons nous-mêmes de ce qu'on a fait de nous." Jean-Paul Sartre

"L'Association d'aides aux veuves et aux orphelins de mauritanie (AVOMM) qui nous rassemble, a été créée le 25/12/95 à PARIS par d'ex-militaires mauritaniens ayant fui la terreur, l'oppression, la barbarie du colonel Mawiya o/ sid'ahmed Taya ......
Ces rescapés des geôles de ould Taya, et de l'arbitraire, décidèrent, pour ne jamais oublier ce qui leur est arrivé, pour garder aussi la mémoire des centaines de martyrs, de venir en aide aux veuves, aux orphelins mais aussi d'engager le combat contre l'impunité décrétée par le pouvoir de Mauritanie."
E-mail : avommavomm@yahoo.fr

Bureau exécutif

*Ousmane SARR, président
*Demba Niang, secrétaire général
*Secrétaire général Adjt; Demba Fall
*Alousseyni SY, Chargé des relations extérieures
*Mme Rougui Dia, trésorière
*Chargé de l’organisation Mariame Diop
*adjoint Ngolo Diarra
*Mme Mireille Hamelin, chargée de la communication
*Chargé de mission Bathily Amadou Birama
Conseillers:
*Kane Harouna
*Hamdou Rabby SY










AVOMM

Sarr Mamadou, Président du FONADH : « Au-delà du rapatriement, il s’agit d’aider des milliers de personnes à refaire leur vie. »


Sarr Mamadou, Président du FONADH : « Au-delà du rapatriement, il s’agit d’aider des milliers de personnes à refaire leur vie. »
Le dossier du retour des déportés semble quelque peu en veilleuse. Qu’est-ce qui se passe ?

MMS : Effectivement plusieurs personnes se posent des questions par rapport au retard apporté au retour des réfugiés mauritaniens qui résident encore au Sénégal et au Mali dans la mesure où le Président de la République dans son message à la nation le 29 juin 2007avait pris l’engagement de régler le problème dans un délai de six mois à un an. C’est donc légitime de se poser des questions sur le retour étant donné l’absence d’informations précises provenant des autorités chargées du dossier. Quand l’information n’est pas partagée, c’est la rumeur qui s’installe dans les esprits.

Mais il faut savoir qu’après les rencontres du comité ministériel chargé du dossier avec la société civile, les partis politiques, les parlementaires ainsi que certaines personnalités d’une part et les visites effectuées au Sénégal, au Mali et l’intérieur du pays d’autre part, le comité dispose actuellement de toutes les données nécessaires susceptibles d’aider au règlement du problème en tenant compte de toutes les contributions des différents acteurs. En effet, il a pu recueillir les positions de toutes les parties concernées par ce problème.

Comme vous le savez certainement, le comité devrait faire la synthèse de toutes les contributions qui seront soumises lors des journées nationales de concertation. Ce n’est qu’après cette rencontre que le dossier connaîtra un début d’exécution. Il faudra savoir aussi que les gouvernements mauritaniens, sénégalais et le HCR doivent signer une convention de rapatriement pour que ce dernier puisse entreprendre l’opération de rapatriement à proprement parler.


D’après des sources dignes de foi, les journées de concertation devraient se tenir vers le 15 novembre 2007. Donc ce n’est qu’à partir de la fin des travaux de ces journées et les recommandations qui seront adoptées que l’opération de rapatriement pourra être envisagée dans toute sa dimension.

Il ne s’agit pas d’une opération banale de transport et même d’accueil de populations ayant vécu hors de leur pays pendant plusieurs années. Il s’agit d’aider des milliers de personnes à refaire leur vie.


On a fait état de camions du HCR en stationnement à Rosso sénégal. Qu’en est il exactement ?

MMS : Vous savez, dès l’annonce par le Président de la République du retour prochain de nos compatriotes encore au Sénégal et au Mali. Le HCR dans le cadre de son mandat, a pris toutes les dispositions nécessaires pour le déroulement du rapatriement dans les meilleures conditions possibles. C’est dans ce cadre, que les véhicules dont vous faites cas ont été amenés au Sénégal en provenance du Libéria pour assurer le transport des déportés au moment opportun. Mais comme je vous l’ai dit tantôt, le rapatriement ne commencera qu’après la signature de la convention entre les Etats et le HCR. Le rapatriement est une opération très complexe, donc toutes les conditions doivent être d’abord réunies pour son déroulement. Le HCR est déjà entrain d’installer ses bureaux à Rosso et Kaédi.

Quels sont, pour le FONADH, les préalables au retour des déportés ?

MMS : Le FONADH qui regroupe plusieurs organisations des droits humains, dont notamment des collectifs des victimes des événements de 1989, a toujours exigé le retour organisé dans la dignité sous l’égide du HCR et la récupération de tous les biens spoliés ou une juste indemnisation.


Pour le FONADH, il est nécessaire d’entreprendre : le recensement de tous les déportés vivant encore au Sénégal et au Mali, la mise en œuvre d’un programme de sensibilisation et d’explication en direction de l’ensemble de la communauté nationale, l’identification du lieu de résidence (ancien village ou nouveau site), la réhabilitation et la viabilisation ainsi que la mise en place d’un minimum d’infrastructures d’accueil (eau potable, santé, école, etc..), la réinstallation des personnes qui ont occupé les villages depuis l’expulsion des anciens résidents, etc..


Quelles sont les propositions du FONADH concernant les localités de réfugiés occupées par d’autres?

MMS : Le FONADH est un facilitateur, seules les victimes de la déportations doivent décider au moment de leur rapatriement dans leur pays du choix de leur site d’installation, néanmoins, le FONADH estime que ces personnes doivent rejoindre en priorité leurs villages d’origine s’ils le souhaitent. Mais comme vous le savez certainement, lors des douloureux événements de 1989, 371 villages ont été déguerpis, plusieurs ont été complètement détruits, d’autres réoccupés par des populations sur décision des autorités locales.

Il va sans dire que ces problèmes doivent être réglés au préalable pour éviter toute confusion. C’est pourquoi, il est important qu’une campagne de sensibilisation soit entreprise avant le commencement du rapatriement auprès des populations afin de décrisper l’atmosphère. Toutes les mesures idoines doivent être prises par les autorités dans ce sens, dans la mesure où elles sont les principales responsables de cette situation anachronique.

Il faut noter que les populations déportées qui sont rentrées entre 1996 et 1998 n’ont pas toutes récupéré leurs villages d’origine, suite au refus des autorités locales de les réinstaller sur leurs sites.


Quelles sont les mesures prises pour la restitution de l’état civil des déportés ?

MMS : À ma connaissance aucune mesure n’a été entreprise concernant cette question. Au moment de la déportation, toutes les pièces d’état civil ont été récupérées et détruites par les forces de sécurité, c’est dire que toutes les victimes doivent recouvrer leur citoyenneté pleine et entière. Dans la mesure où les autorités ont décidé de rétablir les victimes dans tous leurs droits, ce problème fera partie du dossier. Tous les réfugiés devront en disposer dès leur retour au pays. Des dispositions devront être prises par l’administration en vue d’un traitement rapide en faveur des victimes.


Le FONADH a entrepris une opération de recensement des employés radiés suite aux événements. Combien de personnes avez-vous recensé ? Comment évolue cette opération ?

MMS : Quand l’Association des Réfugiés Mauritaniens au Sénégal (ARMS) a décidé en 1996 d’organiser le retour des déportés, l’une des décisions de cette association était de poursuivre la lutte en Mauritanie pour le rétablissement de toutes les victimes dans leurs droits.


Donc rapidement, les responsables de cette organisation ont mis en place un collectif pour le suivi des questions en suspend, entre autres la situation des fonctionnaires et travailleurs victimes des événements de 1989 – 1991.


Le Collectif a procédé donc au recensement de cette catégorie des victimes depuis plusieurs années. Ce dossier a été transmis aux autorités de l’époque sans résultat. Le FONADH a poursuivi la réactualisation de la liste. Sans être exhaustif, le nombre de personnes recensées actuellement est de 900.


Le FONADH a entrepris aussi le recensement de toutes les victimes qui sont rentrées (paysans, éleveurs, étudiants, élèves, travailleurs du secteur privé et de l’informel etc..). Ce recensement concerne plusieurs milliers de personnes, il se poursuit toujours.


Il faut souligner que des fonctionnaires et des travailleurs qui n’ont pas été déportés, mais qui ont été arbitrairement licenciés, font également partie de cette liste. Le dossier a été déjà transmis aux autorités compétentes, nous estimons au niveau du FONADH, que c’est le dossier le plus facile pour la simple raison qu’il concerne un petit groupe bien identifié.


Vous pouvez donner des précisions sur votre parcours personnel : en quelle année vous avez quitté la Mauritanie ? Dans quelles conditions ? Dans quelles conditions êtes-vous revenus ?

MMS : J’ai été déporté le 26 mai 1989, à l’époque, j’étais Directeur de la Topographie et de la Cartographie au Ministère de l’Equipement et des Transports et membre du Bureau National de l’Union des Travailleurs de Mauritanie (UTM).


Nous venions juste de terminer notre congrès, la position de l’UTM par rapport au conflit Mauritanie – Sénégal était claire. Pour la Centrale, cette crise ne concernait pas les populations des deux pays, donc il fallait assister et soutenir toutes les victimes de ces douloureux événements. C’est dans ce cadre que l’UTM, même si certains responsables ne partageaient pas ce point de vue, avait entrepris des démarches auprès des autorités afin de faire baisser la tension qui prévalait à Nouakchott. Rentré chez moi vers 20 heures, car il y’avait un couvre feu. Un instant après, un véhicule chargé de policiers est venu se garer devant ma maison à l’îlot V.

Un adjudant est rentré chez moi pour me demander de les accompagner chez feu Dieng Ousmane : inspecteur des PTT à l’époque directeur régional des PTT à Tidjikja ( Dieng Ousmane est décédé au Sénégal juste à la veille de son retour en Mauritanie). A notre arrivée à son domicile, Ousmane était absent, alors l’adjudant qui commandait le groupe m’a amené directement dans un commissariat situé dans la Médina.


A mon entrée dans les locaux de la police, j’ai été remis entre les mains d’un commissaire qui était très gêné car je le connaissais. Alors il a téléphoné à une autorité qui lui a demandé de faire venir ma famille. Quelques minutes après, toute ma famille était regroupée au commissariat.
Vers minuit, un camion de la garde est venu nous embarquer vers une destination inconnue sans ma famille, nous étions entassés comme de sardines, entourés des gardes armés et très nerveux. C’est au cours du voyage qu’on s’est rendu que nous dirigions vers Rosso, où effectivement nous sommes arrivés dans la nuit, nous avons trouvé beaucoup de personnes couchées sur le sol du commissariat. C’était un spectacle pénible des enfants qui pleuraient à cause de la faim.

Le lendemain matin nous avions été embarqués dans des pirogues pour le Sénégal. Avant la traversée, toutes les personnes ont été dépouillées de tout ceux qu’elles possédaient. Une fois arrivés au Sénégal, nous nous sommes rapidement organisés dans le cadre d’une association dénommée : Association des Réfugiés Mauritaniens au Sénégal (ARMS) qui a mené la lutte pour que les déportés recouvrent tous leurs droits dans la dignité.

En 1996, l’ARMS a décidé d’organiser l’auto – rapatriement des déportés qui le souhaitent, c’est dans ce cadre que je suis rentré en Mauritanie le 21 juin 1997. Il faut rappeler que les responsables de l’ARMS, sur accord des autorités mauritaniennes se sont rendus à trois reprises à Nouakchott pour trouver une solution au problème des déportés mais sans résultat, à cause du manque manifeste de volonté politique des autorités de l’époque.


Pour terminer, le FONADH lance un appel au gouvernement, aux partis politiques, à la société civile et à tout le peuple mauritanien dans ses différentes composantes pour que ce retour soit une réussite et un prélude au règlement de toutes les autres questions pendantes.

Le FONADH s’engage à aider, avec toute l’énergie militante qui caractérise ses membres, les autorités dans la mise en œuvre du rapatriement en collaboration avec tous les acteurs.


Propos recueillis par Khalilou Diagana

source : Nouakchott Info
Mardi 30 Octobre 2007 - 14:13
Mardi 30 Octobre 2007 - 14:20
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