Génocide biométrique
Je me limiterai dans l’évocation du terme de « génocide biométrique » et de ce qu’elle pourrait engendrer comme réactions de stupéfaction, tant le mot même de génocide est historiquement chargé, et pour le cas mauritanien, sujet à controverse. Je m’efforcerai donc de justifier la pertinence de ce terme dans la qualification du projet qui sous-tend cette opération d’enrôlement, et ce particulièrement en Europe.
Je me limiterai dans l’évocation du terme de « génocide biométrique » et de ce qu’elle pourrait engendrer comme réactions de stupéfaction, tant le mot même de génocide est historiquement chargé, et pour le cas mauritanien, sujet à controverse. Je m’efforcerai donc de justifier la pertinence de ce terme dans la qualification du projet qui sous-tend cette opération d’enrôlement, et ce particulièrement en Europe.
Ainsi donc, parler de génocide biométrique en lieu et place de ce que l’administration consulaire semble réduire à de simples difficultés techniques peut paraitre choquant aux yeux du non averti. Mais le faisceau de convergences de critères d’enrôlement, tous plus incohérents les uns que les autres, cache mal une tentative d’exclusion de citoyens ciblés sur la base de leurs seules extractions ethniques.
En effet, l’exigence de présenter une carte de séjour posée aux mauritaniens de France en est la plus éclatante manifestation. Que cache donc cette exigence ? Une volonté de débusquer ceux parmi les mauritaniens d’Europe qui seraient réfugiés politiques ; car l’on sait que cette mention est inscrite sur les cartes de résident. Sinon, comment comprendre que sur le territoire mauritanien que constitue l’ambassade de Mauritanie, de par son statut d’exterritorialité, les autorités mauritaniennes demandent à des mauritaniens des papiers français… ? Comment comprendre cela si ce n’est dans l’optique d’un projet d’identification des opposants politiques pour les exclure du champ de la nationalité ? Comment comprendre autrement que l’on aille jusqu’à piétiner notre propre souveraineté en demandant à nos citoyens des papiers d’un pays étranger, fut-il leur pays hôte ? La farce devient plus burlesque lorsque découvrant le statut de réfugié de l’intéressé, les autorités affirment ne reconnaitre comme réfugiés que ceux ayant une carte du HCR, et d’ajouter que tous ceux-là sont déjà rentrés en Mauritanie. C’est très fort de café !
Examinons là aussi la flagrante contradiction des autorités mauritaniennes. Dans la même demande on affirme ne reconnaitre que des papiers délivrés par la République française, pour ensuite, quand ça n’arrange plus, les rejeter exactement pour la même raison. On exige la carte de séjour délivrée par la France car elle seule serait valable, mais on rejette le statut de réfugié reconnu par la France, qui est d’ailleurs la seule raison d’être de cette carte de séjour que l’on exige. Par ailleurs on affirme ne reconnaitre que les réfugiés reconnus comme tels par le HCR, et l’on ignore ceux reconnus par l’OFPRA qui pourtant, tire sa légitimité de la même source juridique que le HCR : la fameuse convention de Genève.
Quand un état est prêt à aller aussi loin dans le ridicule argumentaire, c’est rarement pour le simple plaisir de se donner en spectacle. C’est souvent que le projet porté ou sous-entendu, comme c’est le cas ici, est de la plus haute importance dans la stratégie des gouvernants. Et comme jusque-là, la seule conséquence visible de cette opération telle qu’elle est actuellement menée, est l’exclusion de la plupart des negro-mauritaniens d’Europe et surtout, leur transformation certaine en apatrides, l’intention génocidaire ne peut souffrir d’aucun doute. Tout laisse penser qu’après avoir manqué de peu le projet de génocide des années 86-90, le système cherche à se rattraper dans l’élimination symbolique, autrement plus efficace, en ce qu’elle paraitrait moins violente et susciterait du coup moins de remous au plan international. Face à une telle violence symbolique, et face à l’entêtement du pouvoir, en dépit de ses promesses mille fois trahies, quelle attitude doit avoir la diaspora ? Il me semble que la lutte que nous avons à mener est complexe, elle exige donc de nous une souplesse dans l’adaptation nécessaire des nos outils de combat aux différentes brèches qui pourraient s’offrir à nous. Notre lutte doit être déterminée et multiforme. Elle ne peut pas se résumer aux seules manifestations, qui sont par ailleurs un moyen de pression utile et incontournable. Il nous faut élargir notre stratégie à des hypothèses plus politiques et à plus long terme, si nous voulons nous ouvrir d’autres champs de possibilités.
Bocar Oumar BA,
Secrétaire national de l’AJD/MR chargé de la diaspora.
Secrétaire national de l’AJD/MR chargé de la diaspora.
Remarque : cette intervention n’ayant pas fait l’objet d’une rédaction préalable, il nous a fallu la réécrire en nous souvenant simplement de ses axes principaux. Qu’on nous pardonne les éventuels manques ou inexactitudes dans la formulation des phrases.
Source: AJD/MR
Source: AJD/MR