En réponse à une réprimande de son père, il a promis de cesser de porter atteinte à la Jamahiriya par ses sorties médiatiques
Seif el Islam Kadhafi aurait été rappelé à l’ordre par son père après avoir déclaré à la chaîne Al Jazeera que les soignants bulgares ont été torturés en Libye. Il a fait profil bas et s’en tire bien, dans la mesure où la loi libyenne préconise la prison contre les citoyens qui font « circuler des informations mensongères ou exagérées », portant ainsi atteinte à la « réputation » de la Libye.
Trop c’est trop. Après les dernières sorties médiatiques de Seif el Islam Kadhafi, Mouammar, Guide de la Révolution, aurait pris sa plume pour rappeler son fils à de meilleurs sentiments. En moins de trois semaines, le fils gâté a expliqué au journal Le Monde comment la Libye a négocié armes et centrales nucléaires avec la France pour relâcher les infirmières bulgares, il a confirmé à Newsweek à quel « jeu immoral » fait de « chantage » les parties en présence se sont livrées, avant de terminer en apothéose auprès d’Al Jazeera. Devant la chaîne qatarie, Seif el Islam a déclaré que les soignants retenus pendant huit ans en prison ont bien été « torturés », notamment « à l’électricité ».
C’est ce dernier épisode qui a fâché les caciques de Tripoli. Selon le site d’opposition Libya Today, Mouammar Kadhafi a « conseill[é] » à son fils, dans une lettre, « d’arrêter de faire le jeu des criminels et des ennemis de la Libye et de répandre des rumeurs qui peuvent être utilisées contre la Jamahiriya » - « l’Etat des masses », qui selon le Guide de la Révolution est la seule vraie démocratie au monde.
Seif el Islam, un dissident ?
« Des rumeurs (...) utilisées contre la Jamahiriya ». C’est justement là que le bas blesse. Car la loi libyenne préconise l’emprisonnement de tout « ressortissant libyen qui depuis l’étranger fait circuler des informations ou des rumeurs mensongères ou exagérées, créant le trouble sur la situation interne de la Libye de manière dommageable pour sa réputation et portant atteinte à la confiance nationale ». Elle permet même de punir les familles de dissidents…
Or, Tripoli s’en est toujours tenu à la position de sa justice, qui a jugé les soignants bulgares coupables d’avoir sciemment inoculé le sida à des enfants qui ont séjourné à la fin des années 1990 à l’hôpital de Benghazi. Une culpabilité que Seif el Islam conteste depuis longtemps. De la même façon, les autorités libyennes, qui ont pris de nombreuses précautions pour éviter des poursuites judiciaires internationales lorsqu’elles ont rendu les soignants à la Bulgarie, nient avoir torturé ces derniers.
« En Libye, le pouvoir n’a jamais appartenu au peuple »
Selon Libya Today, Seif el Islam aurait promis à son père « de ne plus faire de déclarations de cette sorte ». Ce n’est pourtant pas la première fois que le président de la Fondation Kadhafi, sorte de ministère des Affaires étrangères et des bons offices libyens, se permet des sorties fracassantes de ce type. L’une des dernières, le 20 août 2006, a même été télévisée en Libye. Seif el Islam s’exprimait devant 5 000 personnes, à Syrte, à l’occasion de la « Fête de la jeunesse ». « En Libye, le pouvoir n’a jamais appartenu au peuple, contrairement à la démocratie dont nous rêvions. Sinon comment expliquer que des gens soient arrêtés et malmenés sans motifs ? » avait-il interrogé, appelant à « sortir de l’étape de la Révolution pour entrer dans celle d’un Etat ».
Quelques jours plus tard, à l’occasion de l’anniversaire du renversement de la monarchie, Mouammar Kadhafi, principal acteur de cette chute, a confirmé que « le peuple libyen a déjà le pouvoir »… tout en appelant au soutien des réformes préconisées par son fils, notamment celle qui appelle au retour d’un Etat constitutionnel où les prérogatives des institutions seraient définies.
Un « super-citoyen »
« Le fait est que Seif el Islam n’est pas un simple citoyen. C’est même un super-citoyen, s’amuse Mohamed Abdul Malik, président à Londres de l’organisation Libya Watch. Et quand les super-citoyens, c’est à dire les officiels libyens, parlent au monde, ils le font avec un visage. Quand ils parlent aux Libyens, ils le font avec un autre », explique-t-il, rappelant les déclarations contradictoires entre l’ex-Premier ministre et le ministre des Affaires étrangères libyens sur la responsabilité de Tripoli dans l’attentat de Lockerbie.
Quant au caractère illisible de la diplomatie et de la politique libyenne : « Les Libyens eux-mêmes ne comprennent pas la politique libyenne », rassure-t-il. « C’est très bien, ce que Seif el Islam peut dire sur la démocratie, sur les droits de l’homme, sur la nécessité d’une Constitution… mais nous voulons la stabilité ». S’il y a un seul trait caractéristique de la politique de Mouammar Kadhafi, ajoute-t-il, « c’est qu’elle est faite de virages à 180 degrés ».
Source: Afrik
Seif el Islam Kadhafi aurait été rappelé à l’ordre par son père après avoir déclaré à la chaîne Al Jazeera que les soignants bulgares ont été torturés en Libye. Il a fait profil bas et s’en tire bien, dans la mesure où la loi libyenne préconise la prison contre les citoyens qui font « circuler des informations mensongères ou exagérées », portant ainsi atteinte à la « réputation » de la Libye.
Trop c’est trop. Après les dernières sorties médiatiques de Seif el Islam Kadhafi, Mouammar, Guide de la Révolution, aurait pris sa plume pour rappeler son fils à de meilleurs sentiments. En moins de trois semaines, le fils gâté a expliqué au journal Le Monde comment la Libye a négocié armes et centrales nucléaires avec la France pour relâcher les infirmières bulgares, il a confirmé à Newsweek à quel « jeu immoral » fait de « chantage » les parties en présence se sont livrées, avant de terminer en apothéose auprès d’Al Jazeera. Devant la chaîne qatarie, Seif el Islam a déclaré que les soignants retenus pendant huit ans en prison ont bien été « torturés », notamment « à l’électricité ».
C’est ce dernier épisode qui a fâché les caciques de Tripoli. Selon le site d’opposition Libya Today, Mouammar Kadhafi a « conseill[é] » à son fils, dans une lettre, « d’arrêter de faire le jeu des criminels et des ennemis de la Libye et de répandre des rumeurs qui peuvent être utilisées contre la Jamahiriya » - « l’Etat des masses », qui selon le Guide de la Révolution est la seule vraie démocratie au monde.
Seif el Islam, un dissident ?
« Des rumeurs (...) utilisées contre la Jamahiriya ». C’est justement là que le bas blesse. Car la loi libyenne préconise l’emprisonnement de tout « ressortissant libyen qui depuis l’étranger fait circuler des informations ou des rumeurs mensongères ou exagérées, créant le trouble sur la situation interne de la Libye de manière dommageable pour sa réputation et portant atteinte à la confiance nationale ». Elle permet même de punir les familles de dissidents…
Or, Tripoli s’en est toujours tenu à la position de sa justice, qui a jugé les soignants bulgares coupables d’avoir sciemment inoculé le sida à des enfants qui ont séjourné à la fin des années 1990 à l’hôpital de Benghazi. Une culpabilité que Seif el Islam conteste depuis longtemps. De la même façon, les autorités libyennes, qui ont pris de nombreuses précautions pour éviter des poursuites judiciaires internationales lorsqu’elles ont rendu les soignants à la Bulgarie, nient avoir torturé ces derniers.
« En Libye, le pouvoir n’a jamais appartenu au peuple »
Selon Libya Today, Seif el Islam aurait promis à son père « de ne plus faire de déclarations de cette sorte ». Ce n’est pourtant pas la première fois que le président de la Fondation Kadhafi, sorte de ministère des Affaires étrangères et des bons offices libyens, se permet des sorties fracassantes de ce type. L’une des dernières, le 20 août 2006, a même été télévisée en Libye. Seif el Islam s’exprimait devant 5 000 personnes, à Syrte, à l’occasion de la « Fête de la jeunesse ». « En Libye, le pouvoir n’a jamais appartenu au peuple, contrairement à la démocratie dont nous rêvions. Sinon comment expliquer que des gens soient arrêtés et malmenés sans motifs ? » avait-il interrogé, appelant à « sortir de l’étape de la Révolution pour entrer dans celle d’un Etat ».
Quelques jours plus tard, à l’occasion de l’anniversaire du renversement de la monarchie, Mouammar Kadhafi, principal acteur de cette chute, a confirmé que « le peuple libyen a déjà le pouvoir »… tout en appelant au soutien des réformes préconisées par son fils, notamment celle qui appelle au retour d’un Etat constitutionnel où les prérogatives des institutions seraient définies.
Un « super-citoyen »
« Le fait est que Seif el Islam n’est pas un simple citoyen. C’est même un super-citoyen, s’amuse Mohamed Abdul Malik, président à Londres de l’organisation Libya Watch. Et quand les super-citoyens, c’est à dire les officiels libyens, parlent au monde, ils le font avec un visage. Quand ils parlent aux Libyens, ils le font avec un autre », explique-t-il, rappelant les déclarations contradictoires entre l’ex-Premier ministre et le ministre des Affaires étrangères libyens sur la responsabilité de Tripoli dans l’attentat de Lockerbie.
Quant au caractère illisible de la diplomatie et de la politique libyenne : « Les Libyens eux-mêmes ne comprennent pas la politique libyenne », rassure-t-il. « C’est très bien, ce que Seif el Islam peut dire sur la démocratie, sur les droits de l’homme, sur la nécessité d’une Constitution… mais nous voulons la stabilité ». S’il y a un seul trait caractéristique de la politique de Mouammar Kadhafi, ajoute-t-il, « c’est qu’elle est faite de virages à 180 degrés ».
Source: Afrik