L’ancien président, feu Moctar (Allaahoumma Aghfirlahou We Rahmahou), a intitulé son livre : « La Mauritanie, contre Vents et Marées ».
Naturellement, il avait vu juste. En effet, au lendemain de la déclaration de l’indépendance, la Mauritanie avait tout l’air d’un très vaste désert, faiblement peuplé, et dont les frontières étaient encore mal définies. Les conditions d’existence étaient des moins aisées ; et le pays manquait de tout.
Dans le même contexte, les cadres d’alors, issus de l’administration coloniale, avaient le choix entre rester et servir la toute nouvelle administration mauritanienne ou rejoindre leurs pays respectifs.
Ceux d’entre eux qui ont accepté de rester et servir la Mauritanie constituaient une exception.
C’est vrai, il fallait réellement aimer, et même beaucoup aimer ce pays pour faire le premier choix.
C’est pourquoi les noms de ceux qui ont opté de rester pour accompagner encore cette jeune administration sont tous connus des mauritaniens !
C’est pourtant cette Mauritanie là qui a fini par inspirer beaucoup de respect- en Afrique et dans le monde - et dont les avis ont été, dans bien des cas, écoutés et suivis, mais également dont la voix a pendant longtemps résonné dans les tribunes des Nations-Unies, Arabes et Africaines.
Aujourd’hui que ce pays compte tant d’intellectuels et des sommités dans bien des domaines, le seul débat qui vaille, devrait être un débat d’idées.
Aussi, les propos qui suivent constituent-ils une modeste contribution d’un néophyte en politique ; mais ils sont tout de même une invitation au combat pour le développement et pour un sursaut national, en vu d’un mieux-être !
…………………………………………………………………………………….
La force de notre exception culturelle
La Mauritanie est un pays Arabo-Berbère et négro-africain. Depuis toujours, le pays a résisté à toutes les influences et à toutes les agressions (aussi bien intérieures qu’extérieures). Notre atout majeur reste encore la religion musulmane qui constitue le ciment de l’unité nationale.
En d’autres termes, le pays devrait tirer sa force par son attachement à sa diversité raciale qui pourrait, en définitive, se définir par un même fond culturel, du fait des brassages qui se perpétuent de génération en génération.
La Mauritanie est un pays « sans frontières » ; et ceci, grâce à sa configuration au Nord comme au Sud (des populations unies par des liens séculaires et même de sang par bien des fois, et qui ont de tous les temps vécu en symbiose) : d’où son rôle de trait d’union entre le monde Arabo-Berbère et l’Afrique Noire .
Les mauritaniens, toutes communautés confondues, sont très attachés à leur terroir et acceptent d’y vivre, quelles que soient les conditions, et avec beaucoup d’humilité.
Quand les mauritaniens émigrent vers d’autres cieux, il le font avec beaucoup de regrets et « emportent » toujours avec eux leurs traditions et leur culture, et ceci, quel que soit l’endroit où ils se retrouvent.
Le mauritanien, de prime abord, discret et réservé, est réputé être un homme austère et modeste, mais il est fier et généreux. Dans son apparence souvent trompeuse, il reste malgré tout un homme d’honneur ; il accepte de tout partager, y compris sa propre demeure, pourvu que le visiteur ou l’étranger se sente comme chez lui.
Une nature austère et peu clémente
La Mauritanie est un pays spécifique aussi bien du fait de sa situation géographique que de son héritage colonial.
De par son étendue et des difficultés de contacts entre les zones de vie, le choix avait été vite fait : assurer une présence sur des points stratégiques, pour les besoins de liaison et de sécurité (cas de certaines villes), ou sur des zones d’intérêt économique.
A titre d’illustration, les villes de Zouérate et de Nouadhibou, reliées par le train le plus long et le plus lourd du monde, en constituent un exemple vivant.
Ce monstre, qui avale des kilomètres et des kilomètres de désert chaque jour, va cracher son fer dans les ventres des bateaux qui iront à leur tour alimenter des aciéries lointaines.
En outre, contrairement à beaucoup de pays, la Mauritanie n’a pas bénéficié d’infrastructures, dignes de ce nom, au moment où elle recouvrait sa souveraineté : pas de ports, pas d’aéroports véritables, pas de routes (seulement des pistes), reliant les grands centres de vie ; Il n’y avait même pas de bâtiments pour recevoir la première administration mauritanienne.
Le constat était certainement amer. Mais c’étaient là des chantiers à édifier, en même temps que des défis à relever ; et dans un premier temps et à ce stade des choses, ces défis étaient au nombre de trois :
- lutter contre l’adversité de la nature ;
- lutter contre certains comportements, car archaïsme d’une part, et de très fortes traditions ancestrales d’autre part (si elles ne veulent pas s’adapter à la marche des Etats), ne riment pas avec des projets d’avenir ;
- bâtir un Etat, avec tout ce que cela comportait comme contraintes, obstacles et obligations.
Et très tôt les mauritaniens ont compris qu’ils ne devaient compter que sur leur propre force et sur leur propre génie.
Par voie de conséquence, et en dépit de l’adversité de la nature, le pays s’est imposé son propre rythme ainsi que sa propre conduite, en refusant de se faire « distraire » par tout ce qui n’est pas de son intérêt et de l’intérêt de son peuple.
Ainsi, par ce choix réaliste et raisonné, et quand bien même elle n’a pas cassé des montagnes et dévoré des mers, la Mauritanie s’est « frayé » son propre chemin. Et les résultats sont ceux que l’on observe aujourd’hui :
- un Etat parti presque du néant et qui dialogue aujourd’hui avec le Monde entier ;
- une capitale, sortie des sables et des villes entières, nées- on peut dire - de rien, et qui, aujourd’hui, dotées et équipées de technologies modernes, discutent avec le reste du Monde, sans aucun complexe ;
- des axes routiers reliant l’Est à l’Ouest, et le Sud au Nord, mettant les villes en contact direct avec la capitale et entre elles.
Pourtant, il n’y a pas là lieu de pavoiser, dira le citoyen moyen ou l’étranger qui viendrait à débarquer pour la première fois en Mauritanie.
Cependant, quand on sait qu’il fallait presque une semaine pour relier Nouakchott à Néma en voiture, et presque autant entre Nouakchott et Nouadhibou, et quand on sait surtout le nombre de disparus et de morts (du fait de la soif, d’enlisement de voitures et autres risques liés à la traversée de cette zone jugée dangereuse) sur ce dernier axe, on réalise que de grands pas, et même des pas de géant ont été faits dans ce domaine.
Et ceci est tellement vrai que nous sommes aujourd’hui tenté d’exiger de cette dernière route qu’elle nous rende nos disparus, à défaut de pouvoir nous faire ressusciter nos morts !
- des aéroports, et surtout des ports, permettant à la Mauritanie de traverser des océans pour aller s’arrimer au reste du monde, nous évitant ainsi des ruptures de charges et autres contraintes préjudiciables au transport des marchandises de grands tonnages, sachant surtout les tracasseries auxquelles le pays était soumis pour ce faire.
Un peuple tolérant et ouvert
Sur un autre plan, et dans le même ordre d’idées, nous sommes fiers aujourd’hui de constater que nos oulémas sont sollicités de partout pour aller y répandre leur savoir, avec beaucoup de modestie et d’humilité ; et ceci sans contrepartie.
Quant à la femme mauritanienne (même celle qui n’a pas eu la chance d’être scolarisée), elle s’est imposée par son dynamisme, son esprit créatif, son sens de l’anticipation et son refus d’être uniquement une femme au foyer. L’un de ses points forts est qu’elle ne retient des traditions de son milieu et de sa culture que ce qui la met en phase avec son époque. C’est ainsi que de nos jours, elle traite des affaires de toutes parts.
S’agissant de nos hommes d’affaires (banquiers et autres) et les jeunes entrepreneurs, ils rivalisent aujourd’hui d’ardeur pour se faire connaître partout, après avoir fait leurs preuves en Mauritanie.
Et, pour couronner ces efforts et cette ardeur, nos richesses naturelles (poissons, fer, pétrole et autres terres rares etc.), viennent récompenser ce vouloir faire et ce vouloir exister, pour nous amener à nous imposer aussi bien au plan national qu’international.
Notre diversité culturelle: un atout.
Néanmoins, ce « chemin » parcouru a connu des hauts et des bas, de même que beaucoup de nuits d’insomnies pour les premiers bâtisseurs des sentiers, et surtout pour le premier d’entre eux. Mais il faut admettre que cela s’est malgré tout fait avec beaucoup d’enthousiasme et de volontarisme, mais surtout de sang froid.
Et ce sont ces acquis et ces richesses (au propre comme au figuré) qu’il faut consolider et renforcer davantage, dans la diversité qui est la nôtre. Et cette diversité doit être plutôt un atout, qu’une source de divergence.
En cela, retenir que la Mauritanie est musulmane, arabo-berbère et négro-africaine. Pour ce faire, cultiver alors ce qui peut nous unir (en apprenant à nous apprécier les uns les autres), dans un climat apaisé.
Par ailleurs, y aurait-il lieu d’éviter et même de bannir les termes de majorité et de minorité qui pourraient évoquer dans l’esprit de certains une notion de déséquilibre, de refus ou de rejet tout court, pour ne retenir que le terme de mauritanien : plus large, plus consensuel et, surtout, plus unificateur.
Cette approche n’aura pas été faite pour occulter la réalité, mais seulement pour privilégier ce qui nous rapproche et constitue de façon durable notre force ; à savoir : transcender nos différences (que nous reconnaissons) pour nous unir autour d’un destin commun. Le devoir national nous le commande.
Bien sûr, des marginaux et de « mauvais citoyens » peuvent exister partout.
Et si par extraordinaire ils venaient nuitamment à nous visiter, cherchant à nous chuchoter à l’oreille comme on se passerait des tracts sous les boubous, et sachant manifestement que leurs intérêts ne se confondent pas toujours avec l’idéal mauritanien, ne les laissons pas alors nous détourner des objectifs dont nous sommes convaincus devoir être prioritaires pour le pays.
Ce n’est donc pas le moment de s’arrêter en si bon chemin ou de se laisser distraire : volontarisme, engagement et vigilance doivent être de rigueur.
Notre futur est entre nos mains
Forts de l’expérience que nous avons des régimes passés, c’est aujourd’hui une chance - presque unique - qui s’offre à nous : bâtir les fondements d’un Etat, débarrassé de toutes ses lourdeurs et de toutes ses incohérences, dans un climat serein.
Ce sont là des raisons suffisantes et hautement justifiées, pour « nous fondre » les uns aux autres, pour assumer notre futur commun. Ceci a plus de valeur et surtout plus d’importance que toute autre démarche qui tendrait à nous orienter vers des horizons où nous risquerions de ne pas nous reconnaître.
Désormais les différents contours du pays sont dessinés et les principaux axes bien tracés. L’enthousiasme et l’espoir sont nés dans l’esprit de chaque mauritanien. Il est alors plus que jamais permis de rêver ! Mais tout de même rêver en restant debout ; et un rêve pour un devenir meilleur pour la Mauritanie et pour les Mauritaniens.
Il faut pour cela, et obligatoirement, une certaine dose de civisme et de motivation, en chacun d’entre nous.
Cette Mauritanie qui nous a tant donné et qui nous a installés dans un certain confort (aussi bien matériel que moral) a besoin en retour de citoyens conscients de leur devoir, et prêts à porter haut leur pays.
Ce faisant, nous n’aurons peut-être pas réussi à inscrire notre nom en lettres d’or dans l’histoire de notre pays ; mais, en revanche, pourrons-nous espérer être cités un jour parmi ceux qui auront tenté de hisser ce jeune Etat parmi les nations écoutées et respectées. Nous aurons ainsi et alors la fierté de ceux qui diront avoir participé valablement et dignement, mais aussi de façon visible, aux grands débats et aux résolutions des problèmes de l’heure (santé, éducation pour tous, pauvreté, sécurité, etc.) qui interpellent aujourd’hui notre monde. Que Dieu nous entende ! Amine !!!
Colonel (à la retraite) DIA Elhadj Abderrahmane
Ancien SG du Ministère de la Défense
source: Colonel DIA Elhadj Abderrahmane
Naturellement, il avait vu juste. En effet, au lendemain de la déclaration de l’indépendance, la Mauritanie avait tout l’air d’un très vaste désert, faiblement peuplé, et dont les frontières étaient encore mal définies. Les conditions d’existence étaient des moins aisées ; et le pays manquait de tout.
Dans le même contexte, les cadres d’alors, issus de l’administration coloniale, avaient le choix entre rester et servir la toute nouvelle administration mauritanienne ou rejoindre leurs pays respectifs.
Ceux d’entre eux qui ont accepté de rester et servir la Mauritanie constituaient une exception.
C’est vrai, il fallait réellement aimer, et même beaucoup aimer ce pays pour faire le premier choix.
C’est pourquoi les noms de ceux qui ont opté de rester pour accompagner encore cette jeune administration sont tous connus des mauritaniens !
C’est pourtant cette Mauritanie là qui a fini par inspirer beaucoup de respect- en Afrique et dans le monde - et dont les avis ont été, dans bien des cas, écoutés et suivis, mais également dont la voix a pendant longtemps résonné dans les tribunes des Nations-Unies, Arabes et Africaines.
Aujourd’hui que ce pays compte tant d’intellectuels et des sommités dans bien des domaines, le seul débat qui vaille, devrait être un débat d’idées.
Aussi, les propos qui suivent constituent-ils une modeste contribution d’un néophyte en politique ; mais ils sont tout de même une invitation au combat pour le développement et pour un sursaut national, en vu d’un mieux-être !
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La force de notre exception culturelle
La Mauritanie est un pays Arabo-Berbère et négro-africain. Depuis toujours, le pays a résisté à toutes les influences et à toutes les agressions (aussi bien intérieures qu’extérieures). Notre atout majeur reste encore la religion musulmane qui constitue le ciment de l’unité nationale.
En d’autres termes, le pays devrait tirer sa force par son attachement à sa diversité raciale qui pourrait, en définitive, se définir par un même fond culturel, du fait des brassages qui se perpétuent de génération en génération.
La Mauritanie est un pays « sans frontières » ; et ceci, grâce à sa configuration au Nord comme au Sud (des populations unies par des liens séculaires et même de sang par bien des fois, et qui ont de tous les temps vécu en symbiose) : d’où son rôle de trait d’union entre le monde Arabo-Berbère et l’Afrique Noire .
Les mauritaniens, toutes communautés confondues, sont très attachés à leur terroir et acceptent d’y vivre, quelles que soient les conditions, et avec beaucoup d’humilité.
Quand les mauritaniens émigrent vers d’autres cieux, il le font avec beaucoup de regrets et « emportent » toujours avec eux leurs traditions et leur culture, et ceci, quel que soit l’endroit où ils se retrouvent.
Le mauritanien, de prime abord, discret et réservé, est réputé être un homme austère et modeste, mais il est fier et généreux. Dans son apparence souvent trompeuse, il reste malgré tout un homme d’honneur ; il accepte de tout partager, y compris sa propre demeure, pourvu que le visiteur ou l’étranger se sente comme chez lui.
Une nature austère et peu clémente
La Mauritanie est un pays spécifique aussi bien du fait de sa situation géographique que de son héritage colonial.
De par son étendue et des difficultés de contacts entre les zones de vie, le choix avait été vite fait : assurer une présence sur des points stratégiques, pour les besoins de liaison et de sécurité (cas de certaines villes), ou sur des zones d’intérêt économique.
A titre d’illustration, les villes de Zouérate et de Nouadhibou, reliées par le train le plus long et le plus lourd du monde, en constituent un exemple vivant.
Ce monstre, qui avale des kilomètres et des kilomètres de désert chaque jour, va cracher son fer dans les ventres des bateaux qui iront à leur tour alimenter des aciéries lointaines.
En outre, contrairement à beaucoup de pays, la Mauritanie n’a pas bénéficié d’infrastructures, dignes de ce nom, au moment où elle recouvrait sa souveraineté : pas de ports, pas d’aéroports véritables, pas de routes (seulement des pistes), reliant les grands centres de vie ; Il n’y avait même pas de bâtiments pour recevoir la première administration mauritanienne.
Le constat était certainement amer. Mais c’étaient là des chantiers à édifier, en même temps que des défis à relever ; et dans un premier temps et à ce stade des choses, ces défis étaient au nombre de trois :
- lutter contre l’adversité de la nature ;
- lutter contre certains comportements, car archaïsme d’une part, et de très fortes traditions ancestrales d’autre part (si elles ne veulent pas s’adapter à la marche des Etats), ne riment pas avec des projets d’avenir ;
- bâtir un Etat, avec tout ce que cela comportait comme contraintes, obstacles et obligations.
Et très tôt les mauritaniens ont compris qu’ils ne devaient compter que sur leur propre force et sur leur propre génie.
Par voie de conséquence, et en dépit de l’adversité de la nature, le pays s’est imposé son propre rythme ainsi que sa propre conduite, en refusant de se faire « distraire » par tout ce qui n’est pas de son intérêt et de l’intérêt de son peuple.
Ainsi, par ce choix réaliste et raisonné, et quand bien même elle n’a pas cassé des montagnes et dévoré des mers, la Mauritanie s’est « frayé » son propre chemin. Et les résultats sont ceux que l’on observe aujourd’hui :
- un Etat parti presque du néant et qui dialogue aujourd’hui avec le Monde entier ;
- une capitale, sortie des sables et des villes entières, nées- on peut dire - de rien, et qui, aujourd’hui, dotées et équipées de technologies modernes, discutent avec le reste du Monde, sans aucun complexe ;
- des axes routiers reliant l’Est à l’Ouest, et le Sud au Nord, mettant les villes en contact direct avec la capitale et entre elles.
Pourtant, il n’y a pas là lieu de pavoiser, dira le citoyen moyen ou l’étranger qui viendrait à débarquer pour la première fois en Mauritanie.
Cependant, quand on sait qu’il fallait presque une semaine pour relier Nouakchott à Néma en voiture, et presque autant entre Nouakchott et Nouadhibou, et quand on sait surtout le nombre de disparus et de morts (du fait de la soif, d’enlisement de voitures et autres risques liés à la traversée de cette zone jugée dangereuse) sur ce dernier axe, on réalise que de grands pas, et même des pas de géant ont été faits dans ce domaine.
Et ceci est tellement vrai que nous sommes aujourd’hui tenté d’exiger de cette dernière route qu’elle nous rende nos disparus, à défaut de pouvoir nous faire ressusciter nos morts !
- des aéroports, et surtout des ports, permettant à la Mauritanie de traverser des océans pour aller s’arrimer au reste du monde, nous évitant ainsi des ruptures de charges et autres contraintes préjudiciables au transport des marchandises de grands tonnages, sachant surtout les tracasseries auxquelles le pays était soumis pour ce faire.
Un peuple tolérant et ouvert
Sur un autre plan, et dans le même ordre d’idées, nous sommes fiers aujourd’hui de constater que nos oulémas sont sollicités de partout pour aller y répandre leur savoir, avec beaucoup de modestie et d’humilité ; et ceci sans contrepartie.
Quant à la femme mauritanienne (même celle qui n’a pas eu la chance d’être scolarisée), elle s’est imposée par son dynamisme, son esprit créatif, son sens de l’anticipation et son refus d’être uniquement une femme au foyer. L’un de ses points forts est qu’elle ne retient des traditions de son milieu et de sa culture que ce qui la met en phase avec son époque. C’est ainsi que de nos jours, elle traite des affaires de toutes parts.
S’agissant de nos hommes d’affaires (banquiers et autres) et les jeunes entrepreneurs, ils rivalisent aujourd’hui d’ardeur pour se faire connaître partout, après avoir fait leurs preuves en Mauritanie.
Et, pour couronner ces efforts et cette ardeur, nos richesses naturelles (poissons, fer, pétrole et autres terres rares etc.), viennent récompenser ce vouloir faire et ce vouloir exister, pour nous amener à nous imposer aussi bien au plan national qu’international.
Notre diversité culturelle: un atout.
Néanmoins, ce « chemin » parcouru a connu des hauts et des bas, de même que beaucoup de nuits d’insomnies pour les premiers bâtisseurs des sentiers, et surtout pour le premier d’entre eux. Mais il faut admettre que cela s’est malgré tout fait avec beaucoup d’enthousiasme et de volontarisme, mais surtout de sang froid.
Et ce sont ces acquis et ces richesses (au propre comme au figuré) qu’il faut consolider et renforcer davantage, dans la diversité qui est la nôtre. Et cette diversité doit être plutôt un atout, qu’une source de divergence.
En cela, retenir que la Mauritanie est musulmane, arabo-berbère et négro-africaine. Pour ce faire, cultiver alors ce qui peut nous unir (en apprenant à nous apprécier les uns les autres), dans un climat apaisé.
Par ailleurs, y aurait-il lieu d’éviter et même de bannir les termes de majorité et de minorité qui pourraient évoquer dans l’esprit de certains une notion de déséquilibre, de refus ou de rejet tout court, pour ne retenir que le terme de mauritanien : plus large, plus consensuel et, surtout, plus unificateur.
Cette approche n’aura pas été faite pour occulter la réalité, mais seulement pour privilégier ce qui nous rapproche et constitue de façon durable notre force ; à savoir : transcender nos différences (que nous reconnaissons) pour nous unir autour d’un destin commun. Le devoir national nous le commande.
Bien sûr, des marginaux et de « mauvais citoyens » peuvent exister partout.
Et si par extraordinaire ils venaient nuitamment à nous visiter, cherchant à nous chuchoter à l’oreille comme on se passerait des tracts sous les boubous, et sachant manifestement que leurs intérêts ne se confondent pas toujours avec l’idéal mauritanien, ne les laissons pas alors nous détourner des objectifs dont nous sommes convaincus devoir être prioritaires pour le pays.
Ce n’est donc pas le moment de s’arrêter en si bon chemin ou de se laisser distraire : volontarisme, engagement et vigilance doivent être de rigueur.
Notre futur est entre nos mains
Forts de l’expérience que nous avons des régimes passés, c’est aujourd’hui une chance - presque unique - qui s’offre à nous : bâtir les fondements d’un Etat, débarrassé de toutes ses lourdeurs et de toutes ses incohérences, dans un climat serein.
Ce sont là des raisons suffisantes et hautement justifiées, pour « nous fondre » les uns aux autres, pour assumer notre futur commun. Ceci a plus de valeur et surtout plus d’importance que toute autre démarche qui tendrait à nous orienter vers des horizons où nous risquerions de ne pas nous reconnaître.
Désormais les différents contours du pays sont dessinés et les principaux axes bien tracés. L’enthousiasme et l’espoir sont nés dans l’esprit de chaque mauritanien. Il est alors plus que jamais permis de rêver ! Mais tout de même rêver en restant debout ; et un rêve pour un devenir meilleur pour la Mauritanie et pour les Mauritaniens.
Il faut pour cela, et obligatoirement, une certaine dose de civisme et de motivation, en chacun d’entre nous.
Cette Mauritanie qui nous a tant donné et qui nous a installés dans un certain confort (aussi bien matériel que moral) a besoin en retour de citoyens conscients de leur devoir, et prêts à porter haut leur pays.
Ce faisant, nous n’aurons peut-être pas réussi à inscrire notre nom en lettres d’or dans l’histoire de notre pays ; mais, en revanche, pourrons-nous espérer être cités un jour parmi ceux qui auront tenté de hisser ce jeune Etat parmi les nations écoutées et respectées. Nous aurons ainsi et alors la fierté de ceux qui diront avoir participé valablement et dignement, mais aussi de façon visible, aux grands débats et aux résolutions des problèmes de l’heure (santé, éducation pour tous, pauvreté, sécurité, etc.) qui interpellent aujourd’hui notre monde. Que Dieu nous entende ! Amine !!!
Colonel (à la retraite) DIA Elhadj Abderrahmane
Ancien SG du Ministère de la Défense
source: Colonel DIA Elhadj Abderrahmane