Rencontre de la délégation du PC chinois avec le RFD : Vers une imbrication des rapports

Comme nous l’annoncions dans notre édition d’hier, une délégation de haut niveau du Parti communiste chinois est en visite dans notre pays où elle envisage de rentrer en contact avec les quatre formations politiques que sont le RFD, l’UFP, le PRDR et l’APP.

Ainsi, dès le début de la journée de ce mercredi, cette importante délégation du Département de Liaison Internationale du Parti Communiste Chinois (PCC), dirigée par Monsieur LIU Denglin, Directeur de l’Asie de l’Ouest et de l’Afrique du Nord, accompagné de l’ambassadeur de la République Populaire de Chine à Nouakchott, a été reçue par M. Ahmed Ould Daddah, Président du RFD et Chef de File de l’Opposition.

Sans se vouloir au secret des Dieux, la rencontre a été l’occasion pour les uns et pour les autres de poser les jalons d’une future coopération entre les deux partis afin d’aider au renforcement des rapports d’amitié fructueux qui unissent les deux pays depuis plus de quarante ans.

Et même si ce même langage sera tenu pour les trois autres partis politiques (APP, UFP, PRDR), il est vrai que la rencontre des responsables du PCC avec ceux du RFD, souhaitée par les chinois depuis plus d’un mois et repoussée par M. Ahmed Ould Daddah jusqu’à ce jour, est intéressante à plus d’un titre. D’abord parce que le Président de la République, M. Sidi Ould Cheikh Abdallahi n’a pas (encore) de formation politique propre comme cela était le cas avec Ould Taya dont le PRDS aurait obtenu, en son temps, un appui financier du PCC de près d’un milliard de nos chers Ouguiya.

Ensuite parce que le RFD est, incontestablement pour l’instant, le plus grand parti politique si l’on s’en tient au nombre de députés siégeant à l’Assemblée Nationale pour chaque parti, le RFD détenant à lui seul 16 députés contre 7 à l’UFP, 7 au PRDR et 5 pour l’APP.
De même, le RFD est l’une des formations politiques les plus en vue dans le pays, son président, M. Ahmed Ould Daddah étant le Chef de file de l’Opposition, conformément à la loi sur le statut de l’opposition et à la prescription constitutionnelle qui l’a nommée.
Il convient de noter que la campagne de réimplantation du Rassemblement des Forces Démocratiques, initialement prévue en juillet, devra démarrer aux alentours du 25 octobre prochain, soit une dizaine de jours après la fin du Ramadan. Avant cela, on discutera, sans aucun doute, au RFD des options qui s’offrent au parti pour l’élargissement des rangs.
Faudra-t-il alors choisir d’être un parti politique où cohabitent les tendances politiques parfois très opposées ou plutôt se prévaloir du titre de rassemblement pour rester un parti sans étiquette où le jeu est ouvert et l’adhésion est individuelle.

Pour les tenants de la première thèse, les tendances politiques sont un signe de bonne santé pour les partis politiques en ce sens que les adhésions suivent une logique de convergence d’idées, chacun étant bien conscient que son courant politique est considéré dans cette formation politique qui est ouverte à tous les Mauritaniens et englobe toutes les forces politiques du pays.

Non, ripostent les tenants de la seconde thèse, particulièrement certains compagnons de longue date qui sont convaincus que leur combat politique a été piégé par ces inconciliables courants politiques et que le RFD, bien que sorti grandi de ces épreuves doit préserver son unité qui réside dans le respect de ses sacro saints principes d’unité et solidarité, de démocratie et de justice sociale.

Une polémique interne au RFD qui devra être remportée par les derniers, le parti ayant atteint, avec la présidentielle de Mars 2007, l’un de ses objectifs les plus fondamentaux, à savoir être soutenu par près de la moitié des Mauritaniens (Ahmed Ould Daddah avait obtenu un peu plus de 47% des voix au second tour). Ce qui réconfortait sa position au Parlement où il avait deux mois plus tôt fait un raz-de-marée en s’imposant comme étant le plus grand groupe parlementaire issu d’un parti politique, loin devant les autres.

La "houdna" tire à sa fin
Certes, tout cela n’en a pas fait un parti d’opposition qui tire à boulets rouges sur le Pouvoir en place, sans doute parce que celui-ci est nouveau et qu’une "houdna" (trêve) est aux yeux des dirigeants du RFD nécessaire pour laisser une chance de réussite à cette démocratie naissance qui fait suite à une transition militaire de 19 mois.

Cela est d’autant plus vrai que ces dirigeants du RFD estiment qu’ils sont plus proches de Sidi que ses entourages issus des indépendants, des hommes de l’ancien système, des notables et autres symboles et donc qu’ils n’appuient pas tout de suite sur la gâchette et lui donneront un temps pour s’en démarquer mais que la "houdna" ne saura perdurer …
D’ici là, le RFD savoure ses victoires et se gausse d’un adversaire qui n’arrive pas à prendre forme, la majorité présidentielle devenant une coquille vide où s’égarent tous ceux qui n’adhèrent pas aux formations de l’opposition démocratique qu’il dirige.

C’est dire combien, la rencontre de la délégation du Parti communiste Chinois avec les dirigeants du RFD est une première qui risque de changer la donne par rapport au passé.
Mohamed Ould Khattatt
mmkhattatt@hotmail.com


Source: mauritanie-web
(M)