Militant politique et des Droits de l’Homme, Président du Groupe de Réflexion et d’Echanges sur la Mauritanie (GREM) et ancien Directeur de l’Association pour la Promotion du Soninké en France (APS) dont il animait les émissions sur les bandes FM, Monsieur Diagana est ce qu’on peut appeler un intellectuel engagé dont l’esprit d’indépendance rend rétif à la logique et à la discipline des appareils.
L’entregent de Monsieur Diagana et ses contributions politiques et intellectuelles n’ont pourtant jamais fait défaut à l’opposition au régime de Ould Taya et ses analyses n’ont pas fait toujours que des heureux dans son propre camp ; le rejet du conformisme et l’aversion de la complaisance restent le credo de ce fils du Fuuta.
Sans nul doute qu’il faudra compter avec ce trublion et tribun surprenant dont les compagnons de Fac moquaient la faconde et la rhétorique combatives très appréciées dans ces moments de revendications estudiantines.
On vous connaît très engagé dans la promotion de la culture, notamment pour avoir été directeur de l'APS : Association pour la promotion du Soninké en France. La culture, entre passions et conflits n'en finit pas de susciter les velléités hégémoniques des peuples. Comment concilier diversité culturelle et harmonie nationale ?
Il est regrettable de constater en effet que ce qui aurait dû n’être qu’une passerelle permettant aux peuples de communiquer, d’échanger, de s’enrichir les uns les autres, soit aujourd’hui instrumentalisé et chargé d’idéologie au point de devenir l’arme qui flatte l’ego et ravive les velléités expansionnistes et hégémoniques ici et là.
Réné Maran dans Batoualah assimilait la civilisation (occidentale) à « un incendie qui ravage tout sur son passage », « une force qui prime le droit », « non un flambeau, mais un incendie qui consume tout ce à quoi il touche ». Que d’horreurs commises en son nom ! Lorsqu’une culture ou une civilisation…essaie de se poser par l’affrontement et par le mépris des autres, elle débouche sur la dérive agressive du sentiment national qu’est le nationalisme.
Le XIX siècle a vu en Europe l’émergence de mouvements nationaux qui soutenaient qu’à un Etat doivent correspondre des frontières accueillant une nation, en un mot, un peuple ayant en commun une langue, une culture et manifestant la volonté de vivre ensemble. Cette situation a pu conduire à des abominations. C’est pour conjurer cela qu’il me parait essentiel de militer en faveur d’échanges et d’un dialogue multiculturel permettant aux uns et aux autres de mieux se connaître pour mieux se comprendre et mieux vivre ensemble.
Dans une entité telle que la nôtre qui présente des populations qui ne partagent ni la même langue ni les mêmes référents culturels la question sociale ne se posera que dans le respect de la différence. La diversité ne fait peur que quand on n’a pas confiance en soi. Autrement elle est source d’enrichissement. J’ai donc dirigé quelques années cette structure qui ne s’occupait pas d’ailleurs que de culture mais aussi d’accès aux droits. Le montage des projets, les négociations avec les institutionnels et les différents partenaires…tout cela est exaltant et enrichissant mais usant.
Venons en à l'actualité politique. Comment expliquez-vous l'échec de l'opposition sur l'ensemble des élections qui ont marqué le processus de la transition en Mauritanie ?
Je suppose que vous faites allusion à l’ancienne opposition au régime déchu ? Je n’appliquerais pas à son cheminement le qualificatif échec. Il s’agissait bien d’une première participation véritable à une compétition libre et démocratique. Elle fait donc l’apprentissage de la démocratie avec ses tâtonnements, ses essais, ses rectifications…La classe politique a montré sa maturité et son sens des responsabilités malgré les longues années de traumatisme dont nous sortons. Je crois qu’au second tour, le candidat qui incarnait l’opposition au système déchu n’a pas su « faire son trou » et se distinguer de son adversaire. Il a voulu jouer sur le même registre –voulait-il rassurer les militaires et les anciens dignitaires ?- et à ce jeu-là il ne pouvait que perdre.
Ajoutez-y sa malheureuse sortie sur Jeune Afrique qui lui a probablement aliéné les voix de la Vallée et vous aurez quelques éléments de réponse à ce que vous appelez l’échec de l’opposition. Aujourd’hui la vision manichéenne a heureusement vécue et il n’y a plus un camp qui incarne la vertu face à un autre qui incarne le vice. Chacun, où qu’il soit, peut et doit s’atteler à oeuvrer pour le mieux-être des mauritaniennes et des mauritaniens.
Après la transition, le retour à une situation "'institutionnelle normale". Les récentes nominations des ministres et des secrétaires généraux tranchent avec les voeux du pouvoir d'impulser une véritable unité nationale. Peut on imaginer un retour à la case départ ?
Vous savez, même dans les démocraties les plus solides, quand le pouvoir change de mains certains postes changent de titulaires et c’est tout à fait normal. J’avoue que je ne comprends pas l’indignation de certains dirigeants de l’opposition à ce sujet. Il est dans l’intérêt du pays que l’opposition joue son rôle de contre-pouvoir et de contrôle au sein du parlement et que le gouvernement s’acquitte du mandat à lui confié par le peuple. C’est le signe d’un fonctionnement sain de la démocratie.
Ainsi, on pourra demander des comptes aux gouvernants en fin de mandat. Les nominations dont vous faites état ne sont donc pas un critère pertinent de mesure de l’unité nationale même si certaines voix se sont élevées pour déplorer à juste titre la persistance du dosage ethnique et régional dans les nominations. Je le trouve déplorable aussi. Mais Rabîndranâth Tagore nous enseigne que «Si vous fermez la porte à toutes les erreurs, la vérité restera dehors». Nourrissons le rêve que la vérité triomphe des erreurs et que le tir soit rectifié.
Quant au retour à la case départ, j’aimerais bien pouvoir dire de la Mauritanie qu’elle est sur l’autre berge et qu’elle est définitivement à l’abri des démons du passé. La configuration dans laquelle nous nous trouvons est quand même quelque peu insolite : le président et le premier ministre sont sans formation politique, le président de l’assemblée nationale appartient à un parti minoritaire…
De son côté la population commence à émettre des signes de lassitude et d’impatience devant la lenteur des mesures urgentes à prendre pour améliorer le quotidien, l’inflation bat des records, l’eau et l’électricité deviennent des denrées rares…Tous ces éléments peuvent engendrer une instabilité qui pourrait conduire à une crise institutionnelle. L’expérience a prouvé que le combat pour la démocratie ne s’achève pas avec l’organisation, fut-elle démocratique et transparente, d’une consultation électorale. Il est parfois même plus difficile de la consolider et de la sauvegarder que de la conquérir. La parenthèse Maïnassara Baré au Niger est née de difficultés de fonctionnement d’une démocratie pourtant bien née.
Au Mali et au Sénégal les élections sont contestées et dans le second cas, longtemps présenté comme la vitrine de la démocratie en Afrique, l’opposition significative sera absente des législatives. En dehors, du Cap Vert, du Bénin, du Ghana, du Niger dans une certaine mesure et du Liberia en rémission, nous ne pouvons pas dire que la démocratie est bien ancrée dans notre environnement immédiat. Nous ne sommes donc pas à l’abri d’un ressac et la gifle risque de faire très mal. Il s’agit donc d’un combat de tous les instants à tous les niveaux et nous devons rester continuellement vigilants. Pour gagner en légitimité, la démocratie doit se traduire par une amélioration des conditions de vie des populations qui y ont placé leurs espoirs.
Et quelles sont à votre avis les mesures à prendre par l’équipe au pouvoir pour améliorer la vie des mauritaniens et nous permettre de continuer à croire encore en la politique ?
Le premier ministre vient de faire sa Déclaration de Politique Générale et les orientations prises nous semblent encourageantes. Disons qu’en dehors de la question liée aux déportés et au passif humanitaire qui fait consensus, il me semble indispensable de libérer l’initiative privée et de créer un environnement économique favorable aux investissements. C’est un lieu commun, me diriez vous. Mais depuis le temps que certains gouvernements de pays en développement reprennent ce credo il y a peut être lieu de repenser nos politiques de développement. Nos pays ne doivent plus se laisser obnubiler par les investissements transcontinentaux. Une attention particulière doit être accordée aux investisseurs nationaux et l’accent devra être mis sur la coopération sous-régionale.
Nous avons un marché étroit qui ne compte guère plus de trois millions d’âmes dont plus de moitié croupit en deçà du seuil de pauvreté. Mais les investisseurs, qu’ils soient nationaux, régionaux ou transcontinentaux ne sont pas des philanthropes. Ils s’intéresseront à notre pays s’ils y rencontrent un environnement propice à l’investissement.
Plus concrètement cela signifie qu’il faudra mobiliser l’épargne privée nationale par la constitution d’un fonds de garantie auprès de la Banque Centrale par exemple pour rassurer les banques primaires et les inciter à accorder des prêts à des taux préférentiels ou supportables.
Il faudra aussi initier une politique courageuse et ambitieuse de constructions d’infrastructures. En plus de créer des emplois directs, ces équipements permettront de désenclaver par exemple certaines zones dans le pays profond.
L’enjeu est l’aménagement du territoire qui est du ressort de l’Etat. C’est aussi une manière de donner plus de consistance, de contenu et de sens à notre politique de décentralisation et de développement local qui peut être un puissant levier de réduction de la pauvreté. Lorsqu’une coopérative féminine produit par exemple de la tomate, de la viande de poulet ou des haricots verts, il faut qu’elle soit en mesure de traiter, de conditionner, de conserver et d’écouler son produit. Vous comprenez bien qu’il ne sera pas facile d’y arriver si l’approvisionnement en énergie n’est pas assuré et si les voies de communication n’existent pas.
Ce choix ne sera naturellement pas le plus populaire mais gouverne-t-on pour plaire ou pour faire des choses qui marchent ? Je crois que cette orientation sera plus judicieuse que les cadeaux distribués sous forme d’augmentation de salaire qui, en plus de ne profiter qu’aux seuls fonctionnaires et d’accroître le poids de la masse salariale donc les dépenses de l’Etat, n’améliorent en rien le pouvoir d’achat : les commerçants les font suivre automatiquement d’une hausse des prix. Enfin, la crise actuelle de l’énergie montre bien qu’il y a des secteurs, dits de souveraineté ou stratégiques, qui ne doivent pas sortir du giron de l’Etat.
Nous devons sécuriser nos approvisionnements en hydrocarbures et garantir notre souveraineté énergétique en constituant des réserves stratégiques comme l’ont initié en 1975 les USA (Energy Policy and Conservation Act) et comme l’impose l’OCDE à ses membres à travers l’AIE (l’équivalent de 90 jours de consommation intérieure comme réserves). L’interruption de la Déclaration de Politique Générale du premier ministre suite à une coupure d’électricité est éloquente à ce sujet. Il est impensable qu’un pays qui aspire au développement puisse être sujet à de telles mésaventures.
Vous aviez évoqué dans une publication précédente (Nouakchott info du 27 février 2007) l’idée de créer des ensembles régionaux, pouvez-vous nous en dire davantage ?
C’était avant le premier tour de la présidentielle et le candidat devenu président l’avait évoqué lors du débat entre les deux tours. Il s’agit de la création de pôles d’excellence ou de développement régional. L’idée c’est de redéfinir le découpage territorial pour créer quatre ou cinq grands ensembles régionaux sur la base de leurs spécificités culturelles et de leurs potentialités économiques. La politique actuelle de décentralisation n’a pas de sens si nous devons nous retrouver avec des communes qui héritent de compétences sans pouvoir disposer des ressources nécessaires et de la masse critique d’activités garantissant leur viabilité.
Certaines communes sont actuellement réduites à remplir les registres d’état-civil et sont incapables de donner une quelconque impulsion à l’économie locale. C’est bien de transférer des compétences, ce serait encore mieux si on transférait également les moyens financiers ou d’étendre leurs prérogatives. Or aujourd’hui les recettes des communes sont insignifiantes et elles en sont réduites à ne compter que sur les Fonds de Développement Régional, c’est-à-dire une misère. Il faut favoriser l’intercommunalité et apprendre aux acteurs locaux à regarder ce qui se passe ailleurs ; «penser global, agir local»
Pensez-vous qu’il soit facile de financer ces investissements quand on sait que les finances de l’Etat ne sont pas au meilleur ?
La Commission Economique pour l’Afrique (Nations Unies) chiffre la croissance chez nous à 19,8% en 2006. Cette croissance ne tient certes qu’à la hausse des cours des matières premières (le pétrole et cuivre entre autres…) et non au dynamisme et à la structure de notre économie. La situation est donc fragile et nous nous devons de voir sur le long terme. Le problème n’est pas la disponibilité des financements. Il s’agit plutôt d’un problème de gouvernance. Avec une meilleure affectation, les fruits de cette croissance auraient été plus visibles. Constituer un fonds pour les générations futures est une fausse bonne idée. Le meilleur legs que l’on pourrait faire à nos enfants c’est de leur laisser des routes, des ponts, des barrages, des centrales électriques, des usines…
C’est avec de l’argent qu’on fait de l’argent. Un pays qui se contente d’exporter de la matière brute pour importer des produits manufacturés sera confronté à d’énormes difficultés à plus ou moyen long terme. Ce n’est ni un comportement responsable ni un projet viable. Il faut des unités de traitement qui produisent de la valeur donc de l’argent sur le territoire national. Cela nous permettra de réduire notre dépendance à l’étranger. Ca rejoint ce que je disais plus haut au sujet de l’investissement privé. Tout est lié.
On ne vous a pas entendu au cours du processus qui vient de s’achever en Mauritanie, pourquoi cet effacement ?
Je n’étais pas effacé. J’ai eu des échanges avec ceux qui ont bien voulu se tourner vers moi et j’ai donné mon point de vue sur les questions au sujet desquelles ils ont bien voulu me solliciter. Pour le reste, je n’ai pas jugé opportun de m’investir dans la campagne. Avec quelques amis nous observons le chemin que prennent les choses et nous réfléchissons à la forme que nous allons désormais donner à notre action politique. L’enseignement que j’en tire c’est qu’il est frustrant d’être observateur mais la précipitation peut se révéler destructrice.
J’ai consacré plus de la moitié de ma vie à un idéal de justice. J’ai payé dans ma chaire mon engagement. Les circonstances nous ont plongé dans la lutte, mes amis et moi, à un âge où d’autres avaient des préoccupations plus ordinaires. Laisser passer une élection quand on ne voit pas claire parmi les choix proposés me semblait la posture la plus sage. Ce n’était nullement un manque d’intérêt. Et de toutes les façons, les actions les plus efficaces et les plus décisives que nous avons réussies se sont déroulées loin des yeux et des caméras ; peu de gens sont au courant mais notre objectif n’a jamais été d’être sous le feu des projecteurs.
Le Président Sidi Ould Cheikh Abdallahi aurait-il réellement une totale liberté d'action ?
J’imagine que vous vous faites l’écho de rumeurs reprises d’ailleurs par le candidat malheureux du second tour de la présidentielle faisant état de la présence, dans le sillage du président élu, de certains membres du CMJD qui tireraient les ficelles. Si ces faits étaient avérés ce serait catastrophique pour notre démocratie naissante. Mais je n’en sais pas davantage. J’ajoute que le président de la république tenant son mandat directement du peuple, rien ne devrait entraver sa liberté de manœuvre. Il lui incombe d’engager une réflexion sur la place de l’armée dans notre pays. Pour le bon fonctionnement de nos institutions, il ne doit pas persister de confusion dans les attributions des uns et des autres. Les militaires ont joué un rôle exceptionnel dans la situation exceptionnelle qu’était la transition. Plus tôt reviendra l’ordre constitutionnel mieux nous nous en porterons.
Le retour des réfugiés avec réparation, l'indemnisation des ayants droit de tous ceux qui ont été lâchement assassinés, l'abolition effective de l'esclavage, la réintégration ou l'indemnisation des fonctionnaires radiés constituent-ils la condition nécessaire et suffisante pour l'instauration de l'unité nationale ?
Je ne sais pas quelle va être la recette pour réaliser l’unité nationale sans rétablir les victimes dans leurs droits. On ne peut rien bâtir de durable sur le déni et l’injustice. Il est indispensable que le processus de restitution de la vérité suive son cours, qu’on fasse la lumière sur toute la chaîne des responsabilités et qu’on aménage des réparations avant de demander le pardon –que, soit dit en passant, les victimes ou leurs ayants droits sont disposés à accorder d’après ce que j’en sais- et de penser à consolider l’unité nationale en réalisant la paix des cœurs.
C’est une question de principe et de respect des engagements : la question était au cœur de la campagne électorale et le président élu avait pris l’engagement devant le peuple de résoudre le problème des réfugiés dans l’année voire dans les six mois suivant sont élection. Il est devant ses responsabilités et une occasion historique. A lui, pour paraphraser Fanon, de remplir sa mission ou de la trahir.
Quels enseignements tirer de la formidable prestation de Ibrahima Sarr ?
C’est quand même curieux qu’une quatrième position soit qualifiée de formidable ! Je crois que cela tient au fait que jamais avant lui un candidat negromauritanien n’avait atteint un tel score. Contrairement à ce qu’on a pu en dire ça et là, s’il y en a un à qui le vote identitaire n’a pas profité c’est bien Ibrahima Saar. Je ne trahirais pas un secret si je disais que les negromauritaniens étaient dispersés entre plusieurs candidats alors que l’électorat maure de Saar devait être squelettique. Notre démocratie sera renforcée si tous les mauritaniens pouvaient voter pour le candidat de leur choix sans être guidés par des considérations de naissance.
Encore une fois, la diversité ne peut que nous enrichir. Les nigériens l’ont bien compris qui ont porté à leur tête à deux reprises un homme (Tandja Mamadou) dont le père vient directement de chez nous. Une candidature Ibrahima Saar ne doit donc pas faire peur, loin s’en faut. C’est une chance pour l’expression de la diversité en Mauritanie. De plus, l’homme est un combattant sincère et intègre aussi bien au plan politique que culturel. Si mes souvenirs sont bons c’est à la suite de son intervention à l’assemblée nationale au sujet des réfugiés que son parti, Action pour le Changement avait été dissout par le régime déchu. C’est dommage que Saar ne soit pas à la représentation nationale.
Le GREM, dont vous êtes le président, nous avait habitué à ses analyses très pertinentes sur la Mauritanie en sus des contributions précieuses qu'il nous gratifiait. Le pouvoir mauritanien semble afficher une volonté feinte ou réelle de changement. Une nouvelle contribution sur la situation actuelle du pays serait la bienvenue pour nos lecteurs.
Le GREM est né dans un contexte particulier : la liberté était confisquée et il fallait créer des passerelles pour permettre aux mauritaniens de se parler et de proposer une alternative crédible. Je crois que nous y avons modestement contribué comme nous avons pu, même si nous aurions aimé en faire beaucoup plus. Aujourd’hui, si le combat n’est pas terminé il est d’une autre nature. Nous devons nous repositionner, considérer ce qui se passe chez nous et aviser. Les idées demeurent, les projets et les passions aussi. Si les circonstances le demandaient le GREM, se rappellera au bon souvenir des mauritaniens.
Encore merci à Monsieur DIAGANA Abdoulaye d'avoir bien voulu répondre aux questions de l'OCVIDH
Propos recueillis par Mamadou Saïdou SY et Almouda KEBE
Webmaster : Abibou DRAME
OCVIDH Juin 2007
Tous droits réservés
source : OCVIDH VIA CRIDEM
L’entregent de Monsieur Diagana et ses contributions politiques et intellectuelles n’ont pourtant jamais fait défaut à l’opposition au régime de Ould Taya et ses analyses n’ont pas fait toujours que des heureux dans son propre camp ; le rejet du conformisme et l’aversion de la complaisance restent le credo de ce fils du Fuuta.
Sans nul doute qu’il faudra compter avec ce trublion et tribun surprenant dont les compagnons de Fac moquaient la faconde et la rhétorique combatives très appréciées dans ces moments de revendications estudiantines.
On vous connaît très engagé dans la promotion de la culture, notamment pour avoir été directeur de l'APS : Association pour la promotion du Soninké en France. La culture, entre passions et conflits n'en finit pas de susciter les velléités hégémoniques des peuples. Comment concilier diversité culturelle et harmonie nationale ?
Il est regrettable de constater en effet que ce qui aurait dû n’être qu’une passerelle permettant aux peuples de communiquer, d’échanger, de s’enrichir les uns les autres, soit aujourd’hui instrumentalisé et chargé d’idéologie au point de devenir l’arme qui flatte l’ego et ravive les velléités expansionnistes et hégémoniques ici et là.
Réné Maran dans Batoualah assimilait la civilisation (occidentale) à « un incendie qui ravage tout sur son passage », « une force qui prime le droit », « non un flambeau, mais un incendie qui consume tout ce à quoi il touche ». Que d’horreurs commises en son nom ! Lorsqu’une culture ou une civilisation…essaie de se poser par l’affrontement et par le mépris des autres, elle débouche sur la dérive agressive du sentiment national qu’est le nationalisme.
Le XIX siècle a vu en Europe l’émergence de mouvements nationaux qui soutenaient qu’à un Etat doivent correspondre des frontières accueillant une nation, en un mot, un peuple ayant en commun une langue, une culture et manifestant la volonté de vivre ensemble. Cette situation a pu conduire à des abominations. C’est pour conjurer cela qu’il me parait essentiel de militer en faveur d’échanges et d’un dialogue multiculturel permettant aux uns et aux autres de mieux se connaître pour mieux se comprendre et mieux vivre ensemble.
Dans une entité telle que la nôtre qui présente des populations qui ne partagent ni la même langue ni les mêmes référents culturels la question sociale ne se posera que dans le respect de la différence. La diversité ne fait peur que quand on n’a pas confiance en soi. Autrement elle est source d’enrichissement. J’ai donc dirigé quelques années cette structure qui ne s’occupait pas d’ailleurs que de culture mais aussi d’accès aux droits. Le montage des projets, les négociations avec les institutionnels et les différents partenaires…tout cela est exaltant et enrichissant mais usant.
Venons en à l'actualité politique. Comment expliquez-vous l'échec de l'opposition sur l'ensemble des élections qui ont marqué le processus de la transition en Mauritanie ?
Je suppose que vous faites allusion à l’ancienne opposition au régime déchu ? Je n’appliquerais pas à son cheminement le qualificatif échec. Il s’agissait bien d’une première participation véritable à une compétition libre et démocratique. Elle fait donc l’apprentissage de la démocratie avec ses tâtonnements, ses essais, ses rectifications…La classe politique a montré sa maturité et son sens des responsabilités malgré les longues années de traumatisme dont nous sortons. Je crois qu’au second tour, le candidat qui incarnait l’opposition au système déchu n’a pas su « faire son trou » et se distinguer de son adversaire. Il a voulu jouer sur le même registre –voulait-il rassurer les militaires et les anciens dignitaires ?- et à ce jeu-là il ne pouvait que perdre.
Ajoutez-y sa malheureuse sortie sur Jeune Afrique qui lui a probablement aliéné les voix de la Vallée et vous aurez quelques éléments de réponse à ce que vous appelez l’échec de l’opposition. Aujourd’hui la vision manichéenne a heureusement vécue et il n’y a plus un camp qui incarne la vertu face à un autre qui incarne le vice. Chacun, où qu’il soit, peut et doit s’atteler à oeuvrer pour le mieux-être des mauritaniennes et des mauritaniens.
Après la transition, le retour à une situation "'institutionnelle normale". Les récentes nominations des ministres et des secrétaires généraux tranchent avec les voeux du pouvoir d'impulser une véritable unité nationale. Peut on imaginer un retour à la case départ ?
Vous savez, même dans les démocraties les plus solides, quand le pouvoir change de mains certains postes changent de titulaires et c’est tout à fait normal. J’avoue que je ne comprends pas l’indignation de certains dirigeants de l’opposition à ce sujet. Il est dans l’intérêt du pays que l’opposition joue son rôle de contre-pouvoir et de contrôle au sein du parlement et que le gouvernement s’acquitte du mandat à lui confié par le peuple. C’est le signe d’un fonctionnement sain de la démocratie.
Ainsi, on pourra demander des comptes aux gouvernants en fin de mandat. Les nominations dont vous faites état ne sont donc pas un critère pertinent de mesure de l’unité nationale même si certaines voix se sont élevées pour déplorer à juste titre la persistance du dosage ethnique et régional dans les nominations. Je le trouve déplorable aussi. Mais Rabîndranâth Tagore nous enseigne que «Si vous fermez la porte à toutes les erreurs, la vérité restera dehors». Nourrissons le rêve que la vérité triomphe des erreurs et que le tir soit rectifié.
Quant au retour à la case départ, j’aimerais bien pouvoir dire de la Mauritanie qu’elle est sur l’autre berge et qu’elle est définitivement à l’abri des démons du passé. La configuration dans laquelle nous nous trouvons est quand même quelque peu insolite : le président et le premier ministre sont sans formation politique, le président de l’assemblée nationale appartient à un parti minoritaire…
De son côté la population commence à émettre des signes de lassitude et d’impatience devant la lenteur des mesures urgentes à prendre pour améliorer le quotidien, l’inflation bat des records, l’eau et l’électricité deviennent des denrées rares…Tous ces éléments peuvent engendrer une instabilité qui pourrait conduire à une crise institutionnelle. L’expérience a prouvé que le combat pour la démocratie ne s’achève pas avec l’organisation, fut-elle démocratique et transparente, d’une consultation électorale. Il est parfois même plus difficile de la consolider et de la sauvegarder que de la conquérir. La parenthèse Maïnassara Baré au Niger est née de difficultés de fonctionnement d’une démocratie pourtant bien née.
Au Mali et au Sénégal les élections sont contestées et dans le second cas, longtemps présenté comme la vitrine de la démocratie en Afrique, l’opposition significative sera absente des législatives. En dehors, du Cap Vert, du Bénin, du Ghana, du Niger dans une certaine mesure et du Liberia en rémission, nous ne pouvons pas dire que la démocratie est bien ancrée dans notre environnement immédiat. Nous ne sommes donc pas à l’abri d’un ressac et la gifle risque de faire très mal. Il s’agit donc d’un combat de tous les instants à tous les niveaux et nous devons rester continuellement vigilants. Pour gagner en légitimité, la démocratie doit se traduire par une amélioration des conditions de vie des populations qui y ont placé leurs espoirs.
Et quelles sont à votre avis les mesures à prendre par l’équipe au pouvoir pour améliorer la vie des mauritaniens et nous permettre de continuer à croire encore en la politique ?
Le premier ministre vient de faire sa Déclaration de Politique Générale et les orientations prises nous semblent encourageantes. Disons qu’en dehors de la question liée aux déportés et au passif humanitaire qui fait consensus, il me semble indispensable de libérer l’initiative privée et de créer un environnement économique favorable aux investissements. C’est un lieu commun, me diriez vous. Mais depuis le temps que certains gouvernements de pays en développement reprennent ce credo il y a peut être lieu de repenser nos politiques de développement. Nos pays ne doivent plus se laisser obnubiler par les investissements transcontinentaux. Une attention particulière doit être accordée aux investisseurs nationaux et l’accent devra être mis sur la coopération sous-régionale.
Nous avons un marché étroit qui ne compte guère plus de trois millions d’âmes dont plus de moitié croupit en deçà du seuil de pauvreté. Mais les investisseurs, qu’ils soient nationaux, régionaux ou transcontinentaux ne sont pas des philanthropes. Ils s’intéresseront à notre pays s’ils y rencontrent un environnement propice à l’investissement.
Plus concrètement cela signifie qu’il faudra mobiliser l’épargne privée nationale par la constitution d’un fonds de garantie auprès de la Banque Centrale par exemple pour rassurer les banques primaires et les inciter à accorder des prêts à des taux préférentiels ou supportables.
Il faudra aussi initier une politique courageuse et ambitieuse de constructions d’infrastructures. En plus de créer des emplois directs, ces équipements permettront de désenclaver par exemple certaines zones dans le pays profond.
L’enjeu est l’aménagement du territoire qui est du ressort de l’Etat. C’est aussi une manière de donner plus de consistance, de contenu et de sens à notre politique de décentralisation et de développement local qui peut être un puissant levier de réduction de la pauvreté. Lorsqu’une coopérative féminine produit par exemple de la tomate, de la viande de poulet ou des haricots verts, il faut qu’elle soit en mesure de traiter, de conditionner, de conserver et d’écouler son produit. Vous comprenez bien qu’il ne sera pas facile d’y arriver si l’approvisionnement en énergie n’est pas assuré et si les voies de communication n’existent pas.
Ce choix ne sera naturellement pas le plus populaire mais gouverne-t-on pour plaire ou pour faire des choses qui marchent ? Je crois que cette orientation sera plus judicieuse que les cadeaux distribués sous forme d’augmentation de salaire qui, en plus de ne profiter qu’aux seuls fonctionnaires et d’accroître le poids de la masse salariale donc les dépenses de l’Etat, n’améliorent en rien le pouvoir d’achat : les commerçants les font suivre automatiquement d’une hausse des prix. Enfin, la crise actuelle de l’énergie montre bien qu’il y a des secteurs, dits de souveraineté ou stratégiques, qui ne doivent pas sortir du giron de l’Etat.
Nous devons sécuriser nos approvisionnements en hydrocarbures et garantir notre souveraineté énergétique en constituant des réserves stratégiques comme l’ont initié en 1975 les USA (Energy Policy and Conservation Act) et comme l’impose l’OCDE à ses membres à travers l’AIE (l’équivalent de 90 jours de consommation intérieure comme réserves). L’interruption de la Déclaration de Politique Générale du premier ministre suite à une coupure d’électricité est éloquente à ce sujet. Il est impensable qu’un pays qui aspire au développement puisse être sujet à de telles mésaventures.
Vous aviez évoqué dans une publication précédente (Nouakchott info du 27 février 2007) l’idée de créer des ensembles régionaux, pouvez-vous nous en dire davantage ?
C’était avant le premier tour de la présidentielle et le candidat devenu président l’avait évoqué lors du débat entre les deux tours. Il s’agit de la création de pôles d’excellence ou de développement régional. L’idée c’est de redéfinir le découpage territorial pour créer quatre ou cinq grands ensembles régionaux sur la base de leurs spécificités culturelles et de leurs potentialités économiques. La politique actuelle de décentralisation n’a pas de sens si nous devons nous retrouver avec des communes qui héritent de compétences sans pouvoir disposer des ressources nécessaires et de la masse critique d’activités garantissant leur viabilité.
Certaines communes sont actuellement réduites à remplir les registres d’état-civil et sont incapables de donner une quelconque impulsion à l’économie locale. C’est bien de transférer des compétences, ce serait encore mieux si on transférait également les moyens financiers ou d’étendre leurs prérogatives. Or aujourd’hui les recettes des communes sont insignifiantes et elles en sont réduites à ne compter que sur les Fonds de Développement Régional, c’est-à-dire une misère. Il faut favoriser l’intercommunalité et apprendre aux acteurs locaux à regarder ce qui se passe ailleurs ; «penser global, agir local»
Pensez-vous qu’il soit facile de financer ces investissements quand on sait que les finances de l’Etat ne sont pas au meilleur ?
La Commission Economique pour l’Afrique (Nations Unies) chiffre la croissance chez nous à 19,8% en 2006. Cette croissance ne tient certes qu’à la hausse des cours des matières premières (le pétrole et cuivre entre autres…) et non au dynamisme et à la structure de notre économie. La situation est donc fragile et nous nous devons de voir sur le long terme. Le problème n’est pas la disponibilité des financements. Il s’agit plutôt d’un problème de gouvernance. Avec une meilleure affectation, les fruits de cette croissance auraient été plus visibles. Constituer un fonds pour les générations futures est une fausse bonne idée. Le meilleur legs que l’on pourrait faire à nos enfants c’est de leur laisser des routes, des ponts, des barrages, des centrales électriques, des usines…
C’est avec de l’argent qu’on fait de l’argent. Un pays qui se contente d’exporter de la matière brute pour importer des produits manufacturés sera confronté à d’énormes difficultés à plus ou moyen long terme. Ce n’est ni un comportement responsable ni un projet viable. Il faut des unités de traitement qui produisent de la valeur donc de l’argent sur le territoire national. Cela nous permettra de réduire notre dépendance à l’étranger. Ca rejoint ce que je disais plus haut au sujet de l’investissement privé. Tout est lié.
On ne vous a pas entendu au cours du processus qui vient de s’achever en Mauritanie, pourquoi cet effacement ?
Je n’étais pas effacé. J’ai eu des échanges avec ceux qui ont bien voulu se tourner vers moi et j’ai donné mon point de vue sur les questions au sujet desquelles ils ont bien voulu me solliciter. Pour le reste, je n’ai pas jugé opportun de m’investir dans la campagne. Avec quelques amis nous observons le chemin que prennent les choses et nous réfléchissons à la forme que nous allons désormais donner à notre action politique. L’enseignement que j’en tire c’est qu’il est frustrant d’être observateur mais la précipitation peut se révéler destructrice.
J’ai consacré plus de la moitié de ma vie à un idéal de justice. J’ai payé dans ma chaire mon engagement. Les circonstances nous ont plongé dans la lutte, mes amis et moi, à un âge où d’autres avaient des préoccupations plus ordinaires. Laisser passer une élection quand on ne voit pas claire parmi les choix proposés me semblait la posture la plus sage. Ce n’était nullement un manque d’intérêt. Et de toutes les façons, les actions les plus efficaces et les plus décisives que nous avons réussies se sont déroulées loin des yeux et des caméras ; peu de gens sont au courant mais notre objectif n’a jamais été d’être sous le feu des projecteurs.
Le Président Sidi Ould Cheikh Abdallahi aurait-il réellement une totale liberté d'action ?
J’imagine que vous vous faites l’écho de rumeurs reprises d’ailleurs par le candidat malheureux du second tour de la présidentielle faisant état de la présence, dans le sillage du président élu, de certains membres du CMJD qui tireraient les ficelles. Si ces faits étaient avérés ce serait catastrophique pour notre démocratie naissante. Mais je n’en sais pas davantage. J’ajoute que le président de la république tenant son mandat directement du peuple, rien ne devrait entraver sa liberté de manœuvre. Il lui incombe d’engager une réflexion sur la place de l’armée dans notre pays. Pour le bon fonctionnement de nos institutions, il ne doit pas persister de confusion dans les attributions des uns et des autres. Les militaires ont joué un rôle exceptionnel dans la situation exceptionnelle qu’était la transition. Plus tôt reviendra l’ordre constitutionnel mieux nous nous en porterons.
Le retour des réfugiés avec réparation, l'indemnisation des ayants droit de tous ceux qui ont été lâchement assassinés, l'abolition effective de l'esclavage, la réintégration ou l'indemnisation des fonctionnaires radiés constituent-ils la condition nécessaire et suffisante pour l'instauration de l'unité nationale ?
Je ne sais pas quelle va être la recette pour réaliser l’unité nationale sans rétablir les victimes dans leurs droits. On ne peut rien bâtir de durable sur le déni et l’injustice. Il est indispensable que le processus de restitution de la vérité suive son cours, qu’on fasse la lumière sur toute la chaîne des responsabilités et qu’on aménage des réparations avant de demander le pardon –que, soit dit en passant, les victimes ou leurs ayants droits sont disposés à accorder d’après ce que j’en sais- et de penser à consolider l’unité nationale en réalisant la paix des cœurs.
C’est une question de principe et de respect des engagements : la question était au cœur de la campagne électorale et le président élu avait pris l’engagement devant le peuple de résoudre le problème des réfugiés dans l’année voire dans les six mois suivant sont élection. Il est devant ses responsabilités et une occasion historique. A lui, pour paraphraser Fanon, de remplir sa mission ou de la trahir.
Quels enseignements tirer de la formidable prestation de Ibrahima Sarr ?
C’est quand même curieux qu’une quatrième position soit qualifiée de formidable ! Je crois que cela tient au fait que jamais avant lui un candidat negromauritanien n’avait atteint un tel score. Contrairement à ce qu’on a pu en dire ça et là, s’il y en a un à qui le vote identitaire n’a pas profité c’est bien Ibrahima Saar. Je ne trahirais pas un secret si je disais que les negromauritaniens étaient dispersés entre plusieurs candidats alors que l’électorat maure de Saar devait être squelettique. Notre démocratie sera renforcée si tous les mauritaniens pouvaient voter pour le candidat de leur choix sans être guidés par des considérations de naissance.
Encore une fois, la diversité ne peut que nous enrichir. Les nigériens l’ont bien compris qui ont porté à leur tête à deux reprises un homme (Tandja Mamadou) dont le père vient directement de chez nous. Une candidature Ibrahima Saar ne doit donc pas faire peur, loin s’en faut. C’est une chance pour l’expression de la diversité en Mauritanie. De plus, l’homme est un combattant sincère et intègre aussi bien au plan politique que culturel. Si mes souvenirs sont bons c’est à la suite de son intervention à l’assemblée nationale au sujet des réfugiés que son parti, Action pour le Changement avait été dissout par le régime déchu. C’est dommage que Saar ne soit pas à la représentation nationale.
Le GREM, dont vous êtes le président, nous avait habitué à ses analyses très pertinentes sur la Mauritanie en sus des contributions précieuses qu'il nous gratifiait. Le pouvoir mauritanien semble afficher une volonté feinte ou réelle de changement. Une nouvelle contribution sur la situation actuelle du pays serait la bienvenue pour nos lecteurs.
Le GREM est né dans un contexte particulier : la liberté était confisquée et il fallait créer des passerelles pour permettre aux mauritaniens de se parler et de proposer une alternative crédible. Je crois que nous y avons modestement contribué comme nous avons pu, même si nous aurions aimé en faire beaucoup plus. Aujourd’hui, si le combat n’est pas terminé il est d’une autre nature. Nous devons nous repositionner, considérer ce qui se passe chez nous et aviser. Les idées demeurent, les projets et les passions aussi. Si les circonstances le demandaient le GREM, se rappellera au bon souvenir des mauritaniens.
Encore merci à Monsieur DIAGANA Abdoulaye d'avoir bien voulu répondre aux questions de l'OCVIDH
Propos recueillis par Mamadou Saïdou SY et Almouda KEBE
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