Quelques semaines après la déclaration de politique générale du premier Ministre Zeine Ould Zeidane devant l’assemblée nationale, les déportés et réfugiés mauritaniens vivant en terres sénégalaise et malienne depuis près de deux décennies croient de plus en plus au retour chez eux. Ils prêtent un immense crédit à la volonté politique et à la bonne volonté du nouveau président, Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi, tout en restant «vigilants» face à une réalité complexe susceptible de leur poser des «lapins», au cour d’une feuille de route dont la durée prévue va officiellement de six mois à une année. En plus de ces facteurs exogènes, des «divergences» dont l’ampleur et la nature exacte entre différentes associations sont aussi signalées face à la promesse de retour vers la patrie dans des conditions dignes et organisées.
L’Association des Mauritaniens Réfugiés au Sénégal (AMRS), dirigée par Amadou Samba Bâ et l’Association des Mauritaniens Réfugiés au Mali (AMRM), sous la houlette de Cheikh Omar N’Diaye, «travaillent ensemble depuis plusieurs années. Ces deux organisations forment un collectif placé sous la responsabilité de Samba Koliyadio Diallo», selon Mustapha Touré, porte parole dudit collectif. Les différents éléments composant cette structure signalent la visite dans les camps de réfugiés de plusieurs missions officielles au niveau international et celles de d’ONG au cours des 18 derniers mois. Au rang des missionnaires, l’ambassadeur américain au Sénégal, un envoyé de la Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples (CADHP), Justice Initiative…Au cours de toutes ces missions, Mustapha Touré et ses amis soulignent avoir donné la situation réelle des populations réfugiées dans tous les domaines et l’importance de l’enjeu lié au retour vers la Mauritanie. Parlant encore au nom de cette tendance qui assure contrôler toute la situation dans les camps depuis des années, le porte parole Touré déclare: «Nous voulons un retour organisé» dans un cadre associant à la fois «la Mauritanie, le Sénégal, le Mali et l’ONU, et notre seule préoccupation est l’intérêt général des réfugiés. Nous sommes également favorables à tout contact direct avec les autorités de Nouakchott dans le cadre d’une démarche de nature à favoriser un règlement de la question dans un climat serein et dépassionné».
Au sein de ce collectif, on affirme tenir à jour toutes les naissances enregistrées dans les camps. Un argument par lequel les responsables des deux associations écartent tout risque de faire venir en Mauritanie d’éventuels faux ex réfugiés, grâce notamment à «un contrôle sérieux et organisé» qui entoure depuis très longtemps la délivrance des cartes de réfugiés. Interrogés sur le chiffre exact de la population présente dans les camps au Sénégal et au Mali, les responsables de l’ARMS et l’AMRM ne fournissent pas cependant la précision souhaitée. Ils rappellent que cette question «est très sensible».Toute démarche allant dans ce sens dérangeait fortement Nouakchott sous le régime de Maaouya Ould Sid’Ahmed Taya. Ainsi, après le recensement effectué par le HCR en 1995, les autorités sénégalaises avaient entamé une opération similaire en 2000. L’arbre des vallées fossiles est venu cacher la forêt de ce recensement qui était en réalité la source de la brouille entre Dakar et Nouakchott, juste quelques mois après l’arrivée aux commandes du président Abdoulaye Wade. Mustapha Touré rappelle par ailleurs que certaines parmi les populations réfugiées, qui étaient rentrées au pays dans le cadre d’une opération limitée à des cas individuels et qui n’a jamais eu un aval officiel et public du régime déchu le 3 août 2005, ont réintégré les camps de réfugiés.
Un certains nombre de vérifications et de recoupements permettent aujourd’hui d’établir que les nouvelles autorités ont envoyé un signal aux milieux proches des deux associations, ARMS et AMRM, dans la perspective de la mise sur les rails des promesses électorales de Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi. C’est dans ce cadre qu’elles auraient notamment sollicité l’envoi rapide d’une mission de représentants des réfugiés à Nouakchott.
Début de polémique
Face à la nouvelle réalité, l’Union des Associations des Réfugiés Mauritaniens au Sénégal (UARMS), une organisation estampillée proche des FLAM/originelles, est montée au créneau dans une déclaration publiée il y a une dizaine de jours par le quotidien sénégalais l’Observateur. Celle-ci dénonce l’attitude des responsables des deux autres associations, affirmant «qu’à la suite de la déclaration de politique générale du premier ministre mauritanien relative au retour des déportés et réfugiés dans les plus brefs délais, certains groupuscules malintentionné s et opportunistes tapis dans l’ombre cherchent à négocier le retour des déportés et réfugiés sans aucun mandat de l’ensemble de la communauté». Pour les auteurs de cette sortie, «toute négociation sans l’Union des Associations des Réfugiés Mauritaniens au Sénégal est nulle et non avenue». Par cette déclaration, l’UARMS descend en flammes Mustapha Touré et ses amis, membres de l’Association des Réfugiés Mauritaniens au Sénégal et des Mauritaniens Réfugiés au Mali, regroupés dans le cadre d’un collectif.
Ibrahima Kane, responsable au sein de l’UARMS et originaire du village de Lexeiba (Gorgol), assène une certitude dans une déclaration faite au Calame: «le collectif des deux autres associations ne représente rien. Il est constitué d’éléments isolés et sans aucune emprise réelle sur le terrain. Nous contrôlons la situation dans les camps et invitons les autorités mauritaniennes à éviter le piège et le risque de se tromper d’interlocuteurs» .
Face à ces accusations, Touré Mustapha et ses compagnons affirment leur détermination à ne pas tomber dans «les travers de la polémique stérile» devant les enjeux du retour au pays.
Quant aux autorités, qui doivent en principe avoir la capacité de mesurer la représentativité réelle de tous les protagonistes, elles semblent adopter une démarche réfléchie et prudente, jouant ainsi un exercice d’équilibrisme pour ménager tout le monde. Ce qui expliquerait le récent entretien téléphonique entre le président Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi et le leader des FLAM/originelles, Samba Thiam, établi à New York, présenté comme ayant une «proximité certaine» avec l’Union des Associations des Réfugiés Mauritaniens au Sénégal (UARMS) et l’invitation à se rendre à Nouakchott adressée par le ministère de l’intérieur aux amis de Mustapha Touré, qui affirment «refuser toute récupération politique pour permettre aux réfugiés de rester unis».
Face à ce début de polémique entre des associations qu’une vision ou divergence fondamentale ne semble pas opposer réellement, on est en droit de se poser une question importante. Pourquoi des intellectuels et leaders des différentes associations qui ont toujours activement milité pour un retour digne des réfugiés au pays, commencent-ils à se taper dessus avec une force inouïe comme des rescapés du radeau de la Méduse, alors que l’objectif commun semble se rapprocher? Des calculs politiciens et des antagonismes crypto personnels semblent parasiter les rapports entre les uns et les autres. D’où la nécessité absolue de mettre la masse silencieuse des camps à l’abri de ces querelles de positionnement dont l’inanité est d’une évidence aveuglante, comparativement à l’objectif ultime du retour dans des conditions «dignes». Les responsables de l’Association des Victimes et Orphelins de Militaires Mauritaniens (AVOMM), et en tout premier lieu Ousmane Sarr, qui viennent de conduire une mission médicale dans les camps de réfugiés en invitant le Collectif des Associations des Réfugiés Mauritaniens au Sénégal (CAREMS), semblent avoir compris l’impérieuse nécessité de maintenir l’unité dans les rangs. Ainsi, lors de son passage dans les camps, Sarr Ousmane a particulièrement insisté sur ce point.
Amadou Seck à l’occasion d’un récent passage à Dakar.
source: flamnet
L’Association des Mauritaniens Réfugiés au Sénégal (AMRS), dirigée par Amadou Samba Bâ et l’Association des Mauritaniens Réfugiés au Mali (AMRM), sous la houlette de Cheikh Omar N’Diaye, «travaillent ensemble depuis plusieurs années. Ces deux organisations forment un collectif placé sous la responsabilité de Samba Koliyadio Diallo», selon Mustapha Touré, porte parole dudit collectif. Les différents éléments composant cette structure signalent la visite dans les camps de réfugiés de plusieurs missions officielles au niveau international et celles de d’ONG au cours des 18 derniers mois. Au rang des missionnaires, l’ambassadeur américain au Sénégal, un envoyé de la Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples (CADHP), Justice Initiative…Au cours de toutes ces missions, Mustapha Touré et ses amis soulignent avoir donné la situation réelle des populations réfugiées dans tous les domaines et l’importance de l’enjeu lié au retour vers la Mauritanie. Parlant encore au nom de cette tendance qui assure contrôler toute la situation dans les camps depuis des années, le porte parole Touré déclare: «Nous voulons un retour organisé» dans un cadre associant à la fois «la Mauritanie, le Sénégal, le Mali et l’ONU, et notre seule préoccupation est l’intérêt général des réfugiés. Nous sommes également favorables à tout contact direct avec les autorités de Nouakchott dans le cadre d’une démarche de nature à favoriser un règlement de la question dans un climat serein et dépassionné».
Au sein de ce collectif, on affirme tenir à jour toutes les naissances enregistrées dans les camps. Un argument par lequel les responsables des deux associations écartent tout risque de faire venir en Mauritanie d’éventuels faux ex réfugiés, grâce notamment à «un contrôle sérieux et organisé» qui entoure depuis très longtemps la délivrance des cartes de réfugiés. Interrogés sur le chiffre exact de la population présente dans les camps au Sénégal et au Mali, les responsables de l’ARMS et l’AMRM ne fournissent pas cependant la précision souhaitée. Ils rappellent que cette question «est très sensible».Toute démarche allant dans ce sens dérangeait fortement Nouakchott sous le régime de Maaouya Ould Sid’Ahmed Taya. Ainsi, après le recensement effectué par le HCR en 1995, les autorités sénégalaises avaient entamé une opération similaire en 2000. L’arbre des vallées fossiles est venu cacher la forêt de ce recensement qui était en réalité la source de la brouille entre Dakar et Nouakchott, juste quelques mois après l’arrivée aux commandes du président Abdoulaye Wade. Mustapha Touré rappelle par ailleurs que certaines parmi les populations réfugiées, qui étaient rentrées au pays dans le cadre d’une opération limitée à des cas individuels et qui n’a jamais eu un aval officiel et public du régime déchu le 3 août 2005, ont réintégré les camps de réfugiés.
Un certains nombre de vérifications et de recoupements permettent aujourd’hui d’établir que les nouvelles autorités ont envoyé un signal aux milieux proches des deux associations, ARMS et AMRM, dans la perspective de la mise sur les rails des promesses électorales de Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi. C’est dans ce cadre qu’elles auraient notamment sollicité l’envoi rapide d’une mission de représentants des réfugiés à Nouakchott.
Début de polémique
Face à la nouvelle réalité, l’Union des Associations des Réfugiés Mauritaniens au Sénégal (UARMS), une organisation estampillée proche des FLAM/originelles, est montée au créneau dans une déclaration publiée il y a une dizaine de jours par le quotidien sénégalais l’Observateur. Celle-ci dénonce l’attitude des responsables des deux autres associations, affirmant «qu’à la suite de la déclaration de politique générale du premier ministre mauritanien relative au retour des déportés et réfugiés dans les plus brefs délais, certains groupuscules malintentionné s et opportunistes tapis dans l’ombre cherchent à négocier le retour des déportés et réfugiés sans aucun mandat de l’ensemble de la communauté». Pour les auteurs de cette sortie, «toute négociation sans l’Union des Associations des Réfugiés Mauritaniens au Sénégal est nulle et non avenue». Par cette déclaration, l’UARMS descend en flammes Mustapha Touré et ses amis, membres de l’Association des Réfugiés Mauritaniens au Sénégal et des Mauritaniens Réfugiés au Mali, regroupés dans le cadre d’un collectif.
Ibrahima Kane, responsable au sein de l’UARMS et originaire du village de Lexeiba (Gorgol), assène une certitude dans une déclaration faite au Calame: «le collectif des deux autres associations ne représente rien. Il est constitué d’éléments isolés et sans aucune emprise réelle sur le terrain. Nous contrôlons la situation dans les camps et invitons les autorités mauritaniennes à éviter le piège et le risque de se tromper d’interlocuteurs» .
Face à ces accusations, Touré Mustapha et ses compagnons affirment leur détermination à ne pas tomber dans «les travers de la polémique stérile» devant les enjeux du retour au pays.
Quant aux autorités, qui doivent en principe avoir la capacité de mesurer la représentativité réelle de tous les protagonistes, elles semblent adopter une démarche réfléchie et prudente, jouant ainsi un exercice d’équilibrisme pour ménager tout le monde. Ce qui expliquerait le récent entretien téléphonique entre le président Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi et le leader des FLAM/originelles, Samba Thiam, établi à New York, présenté comme ayant une «proximité certaine» avec l’Union des Associations des Réfugiés Mauritaniens au Sénégal (UARMS) et l’invitation à se rendre à Nouakchott adressée par le ministère de l’intérieur aux amis de Mustapha Touré, qui affirment «refuser toute récupération politique pour permettre aux réfugiés de rester unis».
Face à ce début de polémique entre des associations qu’une vision ou divergence fondamentale ne semble pas opposer réellement, on est en droit de se poser une question importante. Pourquoi des intellectuels et leaders des différentes associations qui ont toujours activement milité pour un retour digne des réfugiés au pays, commencent-ils à se taper dessus avec une force inouïe comme des rescapés du radeau de la Méduse, alors que l’objectif commun semble se rapprocher? Des calculs politiciens et des antagonismes crypto personnels semblent parasiter les rapports entre les uns et les autres. D’où la nécessité absolue de mettre la masse silencieuse des camps à l’abri de ces querelles de positionnement dont l’inanité est d’une évidence aveuglante, comparativement à l’objectif ultime du retour dans des conditions «dignes». Les responsables de l’Association des Victimes et Orphelins de Militaires Mauritaniens (AVOMM), et en tout premier lieu Ousmane Sarr, qui viennent de conduire une mission médicale dans les camps de réfugiés en invitant le Collectif des Associations des Réfugiés Mauritaniens au Sénégal (CAREMS), semblent avoir compris l’impérieuse nécessité de maintenir l’unité dans les rangs. Ainsi, lors de son passage dans les camps, Sarr Ousmane a particulièrement insisté sur ce point.
Amadou Seck à l’occasion d’un récent passage à Dakar.
source: flamnet