La Tunisie accueille aujourd'hui un bureau international de la FIDH à Tunis. L'Algérie et le Maroc sont membres du Conseil des Droits de l'Homme des Nations-Unies.
Cela n'a pas empêché l'organisation non-gouvernementale Human Rights Watch de fustiger les faibles avancées de ces pays du Maghreb en matière de droits humains.
Entre "peu de progrès" en Algérie, des réformes "pas mises en pratique" au Maroc et un processus "entravé" en Tunisie, le bilan n'est pas reluisant.
Les médias toujours dans la tourmente
A des degrés différents, les médias maghrébins continuent à subir l'influence des autorités. Si les stratégies des autorités divergent, leur impact n'en reste pas moins critiquable.
Human Rights Watch fustige tout particulièrement le statu quo en Algérie, ou l'Etat continue à gérer "toute les stations de télévision et de radio". Grâce à ce monopole, les autorités enrayent les "reportages critiques" sur les sujets essentiels de sécurité, de politique étrangère et d'économie.
En Tunisie, le diagnostic est moins flagrant. Mais malgré la création de l'autorité médiatique indépendante HAICA, le pouvoir "a continué de désigner les responsables des radios et télévisions publiques".
Lire: En Tunisie, les nominations arbitraires dans les médias continuent
En bas de l'échelle, les journalistes jouent les équilibristes pour ne pas franchir des lignes rouges souvent floues: atteinte à "l'unité et l'identité nationale" en Algérie ou à "l'ordre public" en Tunisie.
Les lignes qui protègent le personnage du chef demeurent en revanche d'une clarté sans concessions. Au Maroc, le journaliste indépendant Ali Anouzla a été arrêté "en raison d'un article décrivant, et fournissant un lien indirect vers, une vidéo militante islamiste de recrutement attaquant le Roi Mohammed VI".
Lire: Le journaliste Ali Anouzla devant la justice
Côté algérien, "le mépris pour le président est un délit". Le même Président a reçu cette année le Prix national des droits de l’Homme par la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l’Homme (CNCPPDH). Laquelle est notamment composée de membres ministériels.
"Bouteflika a milité depuis longtemps pour les droits de l'Homme et des peuples, cela est un fait historique”, a justifié le président de la Commission Farouk Ksentini.
S'exprimer librement. Jusqu'à un certain point
Alors que Jabeur Mejri continue à purger sa peine de sept ans pour caricature du prophète, de nombreuses affaires ont défrayé la chronique tunisienne en 2013. La bloggeuse Olfa Riahi accusée de diffamation, le rappeur Weld El 15 condamné pour une chanson critique envers la police, le journaliste Zied El Heni détenu trois jours pour avoir critiqué l'arrestation d'un caméraman: la liste de Human Rights Watch est longue.
En Algérie, la liberté d'expression s'arrête toujours là où s'ouvrent les portes de prison. "Les délits d'expression imprègnent encore le Code pénal", fustige le rapport. Pour des "tracts, bulletins ou dépliants de nature à nuire à l'intérêt national", terme juridiquement flou, c'est jusqu'à trois ans d'emprisonnement.
Au Maroc, bien que le gouvernement ait obtenu plus de prérogatives depuis 2011, le Roi reste intouchable. Human Rights Watch rappelle ainsi que l'étudiant Abdessamad Haydour "a continué à purger une peine de trois ans de prison pour avoir insulté le roi en le traitant de 'chien', de 'meurtrier' et de 'dictateur'.
Manifs ou grèves, les mouvements collectifs font toujours peur
Beaucoup de manifestations ont eu lieu en Tunisie en 2013. Human Rights Watch ne manque toutefois pas de souligner "l'usage de la force contre des manifestants" par les forces de sécurité, rappelant les "balles réelles" du 19 mai à Intilaka et Cité Ettadhamen (un mort) et les violences policières suivant l'assassinat de Mohamed Brahmi, qui avaient causé la mort de Mohamed Belmofti à Gafsa.
Lire: La tribune de la veuve Belmofti, "Un tir à bout portant"
Même tableau dans le royaume chérifien, où la tolérance pour les manifestations contraste avec une répression occasionnelle. A noter qu'une grande manifestation en faveur de l'auto-détermination du Sahara Occidental, sujet notoirement tabou, a été autorisée. Les précédentes et les suivantes ont été interdites.
En Algérie, la répression fait place à la prévention. La manifestation n'y a pas commencé qu'elle se termine déjà. Les autorités bloquent "l'accès aux sites de manifestations prévues" et arrêtent "les organisateurs à l'avance". Particulièrement allergique aux manifestations syndicales, l'Etat algérien s'emploie à "arrêter des syndicalistes arbitrairement" pour porter sur eux des "accusations criminelles".
La protection des droits humains tels qu'établie dans les traités internationaux a été inscrite dans la Constitution tunisienne en cours, précise Human Rights Watch. Mais l'organisation relève également que "la Constitution du Maroc de 2011 a incorporé de fortes dispositions relatives aux droits humains", et qu'on en attend encore les applications dans la loi.
Par Sandro Lutyens
Huffington Post Maghreb
VIA cridem
Cela n'a pas empêché l'organisation non-gouvernementale Human Rights Watch de fustiger les faibles avancées de ces pays du Maghreb en matière de droits humains.
Entre "peu de progrès" en Algérie, des réformes "pas mises en pratique" au Maroc et un processus "entravé" en Tunisie, le bilan n'est pas reluisant.
Les médias toujours dans la tourmente
A des degrés différents, les médias maghrébins continuent à subir l'influence des autorités. Si les stratégies des autorités divergent, leur impact n'en reste pas moins critiquable.
Human Rights Watch fustige tout particulièrement le statu quo en Algérie, ou l'Etat continue à gérer "toute les stations de télévision et de radio". Grâce à ce monopole, les autorités enrayent les "reportages critiques" sur les sujets essentiels de sécurité, de politique étrangère et d'économie.
En Tunisie, le diagnostic est moins flagrant. Mais malgré la création de l'autorité médiatique indépendante HAICA, le pouvoir "a continué de désigner les responsables des radios et télévisions publiques".
Lire: En Tunisie, les nominations arbitraires dans les médias continuent
En bas de l'échelle, les journalistes jouent les équilibristes pour ne pas franchir des lignes rouges souvent floues: atteinte à "l'unité et l'identité nationale" en Algérie ou à "l'ordre public" en Tunisie.
Les lignes qui protègent le personnage du chef demeurent en revanche d'une clarté sans concessions. Au Maroc, le journaliste indépendant Ali Anouzla a été arrêté "en raison d'un article décrivant, et fournissant un lien indirect vers, une vidéo militante islamiste de recrutement attaquant le Roi Mohammed VI".
Lire: Le journaliste Ali Anouzla devant la justice
Côté algérien, "le mépris pour le président est un délit". Le même Président a reçu cette année le Prix national des droits de l’Homme par la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l’Homme (CNCPPDH). Laquelle est notamment composée de membres ministériels.
"Bouteflika a milité depuis longtemps pour les droits de l'Homme et des peuples, cela est un fait historique”, a justifié le président de la Commission Farouk Ksentini.
S'exprimer librement. Jusqu'à un certain point
Alors que Jabeur Mejri continue à purger sa peine de sept ans pour caricature du prophète, de nombreuses affaires ont défrayé la chronique tunisienne en 2013. La bloggeuse Olfa Riahi accusée de diffamation, le rappeur Weld El 15 condamné pour une chanson critique envers la police, le journaliste Zied El Heni détenu trois jours pour avoir critiqué l'arrestation d'un caméraman: la liste de Human Rights Watch est longue.
Procès contre les journalistes: Le code pénal, un outil de répression
Weld El 15 en cavale: "On m'a volé ma jeunesse"
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Au Maroc, bien que le gouvernement ait obtenu plus de prérogatives depuis 2011, le Roi reste intouchable. Human Rights Watch rappelle ainsi que l'étudiant Abdessamad Haydour "a continué à purger une peine de trois ans de prison pour avoir insulté le roi en le traitant de 'chien', de 'meurtrier' et de 'dictateur'.
Manifs ou grèves, les mouvements collectifs font toujours peur
Beaucoup de manifestations ont eu lieu en Tunisie en 2013. Human Rights Watch ne manque toutefois pas de souligner "l'usage de la force contre des manifestants" par les forces de sécurité, rappelant les "balles réelles" du 19 mai à Intilaka et Cité Ettadhamen (un mort) et les violences policières suivant l'assassinat de Mohamed Brahmi, qui avaient causé la mort de Mohamed Belmofti à Gafsa.
Lire: La tribune de la veuve Belmofti, "Un tir à bout portant"
Même tableau dans le royaume chérifien, où la tolérance pour les manifestations contraste avec une répression occasionnelle. A noter qu'une grande manifestation en faveur de l'auto-détermination du Sahara Occidental, sujet notoirement tabou, a été autorisée. Les précédentes et les suivantes ont été interdites.
En Algérie, la répression fait place à la prévention. La manifestation n'y a pas commencé qu'elle se termine déjà. Les autorités bloquent "l'accès aux sites de manifestations prévues" et arrêtent "les organisateurs à l'avance". Particulièrement allergique aux manifestations syndicales, l'Etat algérien s'emploie à "arrêter des syndicalistes arbitrairement" pour porter sur eux des "accusations criminelles".
La protection des droits humains tels qu'établie dans les traités internationaux a été inscrite dans la Constitution tunisienne en cours, précise Human Rights Watch. Mais l'organisation relève également que "la Constitution du Maroc de 2011 a incorporé de fortes dispositions relatives aux droits humains", et qu'on en attend encore les applications dans la loi.
Par Sandro Lutyens
Huffington Post Maghreb
VIA cridem