La trentième édition du rallye Lisbonne-Dakar a été annulée à la veille de son départ, en raison des craintes d'attentats contre la caravane lors de son passage en Mauritanie, où quatre touristes français ont été tués fin décembre.
La société Amaury sport organisation (ASO), organisateur de la compétition, a annoncé cette décision à la mi-journée, après 24 heures de réflexion et deux mises en garde successives du porte-parole du gouvernement Laurent Wauquiez jeudi et du ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner vendredi.
Dans un communiqué, publié sur son site internet, ASO "réaffirme que le choix de la sécurité n'est pas, n'a jamais été et ne sera jamais sujet à compromis au sein du rallye Dakar".
La société organisatrice ajoute qu'elle "condamne la menace terroriste qui anéantit une année de travail, d'engagement et de passion pour tous les participants et les différents acteurs du plus grand rallye-raid au monde".
La décision semblait inéluctable, plus de 60% du parcours de l'édition 2008 ayant été programmée en Mauritanie où le rallye devait arriver du Maroc le 11 janvier pour plusieurs étapes, avant de terminer au Sénégal le 20.
Quatre touristes français ont été assassinés par balles en Mauritanie à la veille de Noël, un cinquième a été blessé gravement. La section antiterroriste du parquet de Paris a été saisie. La piste d'activistes liés à des groupes armés islamistes est privilégiée.
Dans un premier temps, les autorités mauritaniennes avaient assuré qu'elles mobiliseraient 4.000 militaires, policiers et agents privés pour assurer la sécurité du rallye et ASO avait annoncé le maintien de l'épreuve.
Le gouvernement français a ensuite fait pression pour obtenir que la société revienne sur sa décision.
OBJET DE POLÉMIQUES
"J'espère qu'il n'arrivera rien, qu'ils comprendront, c'est leur affaire, c'est une entreprise privée. Nous, en Mauritanie, nous avons eu cet incident mortel, cette famille décimée et nous voulons prévenir parce qu'il y a eu d'autres incidents d'après nos services", avait dit Bernard Kouchner vendredi matin.
Les organisateurs promettent de revenir pour une 31e édition en 2009, mais l'épreuve semble pourtant en danger en raison de la déstabilisation de la zone par le risque terroriste.
En 2004 et 2006 déjà, des étapes en Mauritanie et au Mali avaient du être neutralisées ou modifiées en raison d'alertes lancées par les services de renseignement français. Le groupe armé GSPC, devenu "Al Qaïda au Maghreb islamique", semble s'implanter dans cette partie de l'Afrique.
Créée en 1978, partie pour la première fois de Paris en 1979, l'épreuve, qui comptait cette année 570 équipages motos, camions, ou automobiles s'est internationalisée au fil des ans pour devenir le rendez-vous de célébrités, un événément aux lourds enjeux économiques, mais aussi un objet de polémique.
Plusieurs personnalités ont posé au fil des ans, sans succès, le problème de l'éthique d'une compétition sportive traversant des zones ravagées par la guerre et la misère, en faisant de surcroit fréquemment des victimes directes.
En trente ans, le rallye a été endeuillé par la mort d'une cinquantaine de personnes, dont huit enfants renversés par des concurrents, sans jamais que l'épreuve s'interrompe.
Les acteurs du rallye ont réagi vendredi en saluant avec fatalisme l'annulation. "La décision a été prise pour de bonnes raisons, mais c'est très embêtant pour nous. Ca fait des mois qu'on travaille sur ce projet. On a beaucoup d'argent engagé. On ne peut pas envisager ce qui va se passer", a dit André Dessoude, patron de l'écurie Nissan.
Daniel Bilalian, directeur des sports à France Télévisions, diffuseur de l'épreuve, a parlé de "coup dur", mais d'une décision "réfléchie".
"Je trouve (les organisateurs-NDLR) très courageux parce que ce n'est pas facile, à deux jours de l'épreuve, de tout annuler. C'est regrettable parce que c'est vrai que le Dakar, ça fait partie du patrimoine français, africain aussi", a déclaré de son côté le secrétaire d'Etat aux Sports Bernard Laporte.
Cette annulation aura des "conséquences économiques désastreuses", a-t-il cependant reconnu.
Thierry Lévêque, Gilles Trequesser
Source: REUTERS
(M)
La société Amaury sport organisation (ASO), organisateur de la compétition, a annoncé cette décision à la mi-journée, après 24 heures de réflexion et deux mises en garde successives du porte-parole du gouvernement Laurent Wauquiez jeudi et du ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner vendredi.
Dans un communiqué, publié sur son site internet, ASO "réaffirme que le choix de la sécurité n'est pas, n'a jamais été et ne sera jamais sujet à compromis au sein du rallye Dakar".
La société organisatrice ajoute qu'elle "condamne la menace terroriste qui anéantit une année de travail, d'engagement et de passion pour tous les participants et les différents acteurs du plus grand rallye-raid au monde".
La décision semblait inéluctable, plus de 60% du parcours de l'édition 2008 ayant été programmée en Mauritanie où le rallye devait arriver du Maroc le 11 janvier pour plusieurs étapes, avant de terminer au Sénégal le 20.
Quatre touristes français ont été assassinés par balles en Mauritanie à la veille de Noël, un cinquième a été blessé gravement. La section antiterroriste du parquet de Paris a été saisie. La piste d'activistes liés à des groupes armés islamistes est privilégiée.
Dans un premier temps, les autorités mauritaniennes avaient assuré qu'elles mobiliseraient 4.000 militaires, policiers et agents privés pour assurer la sécurité du rallye et ASO avait annoncé le maintien de l'épreuve.
Le gouvernement français a ensuite fait pression pour obtenir que la société revienne sur sa décision.
OBJET DE POLÉMIQUES
"J'espère qu'il n'arrivera rien, qu'ils comprendront, c'est leur affaire, c'est une entreprise privée. Nous, en Mauritanie, nous avons eu cet incident mortel, cette famille décimée et nous voulons prévenir parce qu'il y a eu d'autres incidents d'après nos services", avait dit Bernard Kouchner vendredi matin.
Les organisateurs promettent de revenir pour une 31e édition en 2009, mais l'épreuve semble pourtant en danger en raison de la déstabilisation de la zone par le risque terroriste.
En 2004 et 2006 déjà, des étapes en Mauritanie et au Mali avaient du être neutralisées ou modifiées en raison d'alertes lancées par les services de renseignement français. Le groupe armé GSPC, devenu "Al Qaïda au Maghreb islamique", semble s'implanter dans cette partie de l'Afrique.
Créée en 1978, partie pour la première fois de Paris en 1979, l'épreuve, qui comptait cette année 570 équipages motos, camions, ou automobiles s'est internationalisée au fil des ans pour devenir le rendez-vous de célébrités, un événément aux lourds enjeux économiques, mais aussi un objet de polémique.
Plusieurs personnalités ont posé au fil des ans, sans succès, le problème de l'éthique d'une compétition sportive traversant des zones ravagées par la guerre et la misère, en faisant de surcroit fréquemment des victimes directes.
En trente ans, le rallye a été endeuillé par la mort d'une cinquantaine de personnes, dont huit enfants renversés par des concurrents, sans jamais que l'épreuve s'interrompe.
Les acteurs du rallye ont réagi vendredi en saluant avec fatalisme l'annulation. "La décision a été prise pour de bonnes raisons, mais c'est très embêtant pour nous. Ca fait des mois qu'on travaille sur ce projet. On a beaucoup d'argent engagé. On ne peut pas envisager ce qui va se passer", a dit André Dessoude, patron de l'écurie Nissan.
Daniel Bilalian, directeur des sports à France Télévisions, diffuseur de l'épreuve, a parlé de "coup dur", mais d'une décision "réfléchie".
"Je trouve (les organisateurs-NDLR) très courageux parce que ce n'est pas facile, à deux jours de l'épreuve, de tout annuler. C'est regrettable parce que c'est vrai que le Dakar, ça fait partie du patrimoine français, africain aussi", a déclaré de son côté le secrétaire d'Etat aux Sports Bernard Laporte.
Cette annulation aura des "conséquences économiques désastreuses", a-t-il cependant reconnu.
Thierry Lévêque, Gilles Trequesser
Source: REUTERS
(M)