Liste de liens

Le bureau exécutif de l'AVOMM

"L'important n'est pas ce qu'on fait de nous, mais ce que nous faisons nous-mêmes de ce qu'on a fait de nous." Jean-Paul Sartre

"L'Association d'aides aux veuves et aux orphelins de mauritanie (AVOMM) qui nous rassemble, a été créée le 25/12/95 à PARIS par d'ex-militaires mauritaniens ayant fui la terreur, l'oppression, la barbarie du colonel Mawiya o/ sid'ahmed Taya ......
Ces rescapés des geôles de ould Taya, et de l'arbitraire, décidèrent, pour ne jamais oublier ce qui leur est arrivé, pour garder aussi la mémoire des centaines de martyrs, de venir en aide aux veuves, aux orphelins mais aussi d'engager le combat contre l'impunité décrétée par le pouvoir de Mauritanie."
E-mail : avommavomm@yahoo.fr

Bureau exécutif

*Ousmane SARR, président
*Demba Niang, secrétaire général
*Secrétaire général Adjt; Demba Fall
*Alousseyni SY, Chargé des relations extérieures
*Mme Rougui Dia, trésorière
*Chargé de l’organisation Mariame Diop
*adjoint Ngolo Diarra
*Mme Mireille Hamelin, chargée de la communication
*Chargé de mission Bathily Amadou Birama
Conseillers:
*Kane Harouna
*Hamdou Rabby SY










AVOMM

RABIAT OU DIALLO BA : La syndicaliste qui défia Conté


RABIAT OU DIALLO BA : La syndicaliste qui défia Conté
Portrait. Dolores Ibárruri Gómez, plus connue sous le nom de La Pasionaria, espagnole morte le 9 décembre 1989 aurait été certainement très fière de serrer la main à sa « camarade-sœur », La Pasionoria guinéenne de Conakry, Hadja Rabiatou Serah Diallo. Tant toutes les deux sont habitées par la même flamme pour la justice sociale, pour l’équité et pour la solidarité militante. Si Dolores, chantée par Pablo Neruda, le poète militant, Rafael Alberti, Ana Belén et tant d’autres aèdes du combat résistant, était si engagée qu’elle fut forcée à l’exil pendant des lustres dans le froid soviétique de l’époque, Rabiatou Diallo paie, dans sa chair, depuis sa Guinée natale, son bail avec le syndicalisme. Elle fut atteinte d’une balle à la jambe pendant les chaudes heures et jours guinéens qui ont ébranlé le régime du président Conté.

Passionnées et passionnantes, toutes les deux le sont assurément. Elles ont, à des intervalles dans l’espace-temps, plusieurs traits communs. Toutes les deux sont issues de familles modestes. Toutes les deux ont fait trembler les régimes en place dans leurs pays respectifs. Comme Dolores, Rabiatou est aujourd’hui un personnage mondialement connu. Ne fait-elle pas partie des 100 personnalités les plus célèbres de la planète ?

Pourtant, celle qui a été désignée avec déférence par le Codesria et l’Institut de science politique (Inep) de la Guinée-Bissau parmi les présidents de séances du Dialogue politique qu’ils ont organisé dans ce pays sur le thème : « Conflit, Citoyenneté et Reconstruction de l´Etat en Afrique », ne paie pas de mine. Petite de taille, un peu replète, bonne bourgeoise africaine, dira-t-on, Hadja Rabiatou Serah Diallo, a le visage placide et avenant. Difficile de lire la plus petite émotion, que ce soit sur cette figure à la lisière de l’austérité, malgré le malicieux-sourire dont elle n’est point avare. L’observateur attentif remarquera cependant que ses yeux pétillent d’intelligence, même s’ils irradient tout au fond de la prunelle la misère du monde, les souffrances qu’elle combat quotidiennement. Faut-il alors y trouver cette force, qui depuis le 10 janvier dernier lui permet de tenir résolument tête à Lansana Conté, son armée et ses sicaires ?

« Je préférerais qu’on me tue à la place des travailleurs et des pauvres jeunes », nous confia-t-elle, sur le parvis de l’hôtel Palace de la Guinée Bissau, au sortir d’une séance de la rencontre sur le Dialogue politique les 26 et 27 juin dernier pour expliquer son engagement dans les rues de Conakry pendant les heures chaudes guinéennes du début d’année. Des propos qu’elle a eu à tenir à l’intérieur même du pays sous le joug d’un régime répressif, en pleine crise sociale à fort relent politique. Boubacar Barry, l’historien et chantre de la Sénégambie qui se trouve être un parent proche n’est pas moins fier du parcours militant de sa cousine. Selon lui, « ceux qui ont suivi le chemin de cette dame diront que l’une de ses forces premières reste justement son endurance et sa détermination ». Et de poursuivre son récit en bon…historien, « aux premières années de l’indépendance - où le seul fait de travailler dans un bureau était en soi une grande conquête pour les femmes et où la plupart d’entre elles restaient à la maison, gardaient les enfants, faisaient la cuisine, Hadja Rabiatou Serah Diallo, avait opté pour l’émancipation et entrevu son destin autrement. Sa détermination fera le reste ».

En effet, secrétaire de direction à la présidence de la République dès 1966, sans relâche, elle se destine à une carrière qui la conduira aux greffes des tribunaux dans les années 80. Parallèlement, elle mène une vie syndicale intense. La syndicaliste retiendra l’attention de ses concitoyens et celle du reste du monde. Elle se fait un nom bien au-delà des frontières de son pays, où pourtant les agences de presse sont quasi-indésirables. Ses actions sur le front syndical et sa détermination le font remarquer à l’étranger par des organisations de travailleurs par-ci, ou des Ong par là. Au point qu’en 1985, l’Etat du Texas dans la lointaine Amérique en fait une citoyenne d’honneur, tandis qu’en 1988, elle est primée parmi les « cent héroïnes du monde », par une Ong américaine et en 2006, Cnv Internationale, une organisation de travailleurs néerlandaise la choisit parmi les cent femmes du monde les plus célèbres.

Modèle de courage et d’abnégation, elle l’est assurément. En mars 2006, elle avait déjà fait plier le gouvernement à l’issue d’une grève mémorable. Héroïne, elle l’est aussi pendant les moments de vérité. Au général-président, Lansana Conté qui libéra son ami, l’homme d’affaires Mamadou Sylla en l’extirpant manu-military de ses propres geôles, en affirmant que « la justice c’est moi », Hadja Rabiatou Diallo Bâ donne la réplique. Courageusement. Elle n’hésite pas à dire publiquement ce que nul n’ose clamer haut à l’intérieur du pays, mais que tout le monde se raconte en privé, « La complicité et les intérêts personnels, plus que les liens d’amitié, expliquent l’acte du général président », proclamera-t-elle publiquement. Interrogée par nos confrères de Radio France Internationale, d’une petite phrase assassine à l’encontre du président Conté, elle déclare : « Je ne peux pas choisir un individu au détriment de tout un peuple si je n’ai pas un intérêt personnel », et d’ajouter, « nous n’avons pas compris le déplacement d’un chef d’Etat vers la sûreté pour aller libérer des voleurs ».

A presque 60 ans, elle est né le 31 décembre 1949 à Manou en République de Guinée Conakry, elle n’a pas hésité un seul instant à prendre la tête des manifestants dans la capitale guinéenne. Ce qui prouve que bien plus que le verbe, il y a, dans cette dame, un engagement sans faille et un besoin intarissable d’action.

Aussi, à défaut de faire partir Conté, aura-t-elle réussi là ou tous les opposants ont échoué, faire accepter l’idée d’un Premier ministre « neutre » et de « consensus » pour gérer les affaires du pays. Elle peut déjà savourer une victoire... historique. Et tant pis si Conté, acculé, lui lance à la figure - c’est du moins ce qui se raconte à Conakry - « toi, tu es méchante ! » Alors, comme Dolores Ibárruri Gómez dont certains passages de ses discours, comme : « mieux vaut mourir debout que de vivre à genoux » ou son « ¡No pasarán ! », sont restés célèbres à jamais, les actes et les dits de Rabiatou la syndicaliste sont désormais inscrits au panthéon de l’histoire syndicale africaine. Même s’elle concilie certes difficilement sa vie de famille à celle militante, Rabiatou Diallo Bâ reste une bonne Guinéenne. Une brave Africaine.

Par Madior FALL
SUD QUOTIDIEN
4 juillet 2007

Source: sudonline

(M)

Mercredi 4 Juillet 2007 - 19:52
Mercredi 4 Juillet 2007 - 19:57
INFOS AVOMM
Accueil | Envoyer à un ami | Version imprimable | Augmenter la taille du texte | Diminuer la taille du texte


Dans la même rubrique :
1 2 3 4 5 » ... 595