«Les relations hommes-femmes, c'est la même chose dans l'islam que partout dans le monde. Les hommes s'en foutent, et les femmes prennent tout trop à coeur», a glissé Ibtissem Triki, originaire de la Tunisie.
Que ce soit avec humour, tristesse ou détermination, tous avaient un point à apporter. Des dizaines de musulmans se sont rendus à l'Université du Québec à Montréal hier pour participer à un forum de la commission Bouchard-Taylor sur les pratiques d'accommodement. Et pour donner LEUR point de vue sur l'impasse actuelle.
La plénière organisée par l'Institut du Nouveau Monde avait pour titre «Qui sont les Québécois musulmans?» Quelque 225 participants ont répondu à l'appel, en grande majorité de confession islamique. «Des musulmans ordinaires que l'on n'entend pas sur les tribunes», selon Marie-Ève Rouette, coordonnatrice de l'organisation du forum.
Les participants étaient divisés en neuf groupes. Ils ont discuté toute la journée dans des salles de classe autour de deux thèmes: l'islam et la laïcité, et l'islam et les femmes.
Même si plusieurs musulmans étaient sur la défensive, leurs échanges avec les Québécois d'origine et autres groupes ethniques se sont faits dans le respect. Seule escarmouche, un homme âgé d'origine belge venu annoncer l'apocalypse si l'on permettait aux femmes de porter le voile. Il a été exclu de la journée.
Quelques consensus
Malgré la pluralité des points de vue, quelques consensus sont ressortis en fin de journée. En premier lieu, une forte volonté d'intégration. «Le Québec doit s'adapter à nous, mais c'est surtout nous qui devons nous adapter au Québec. Je suis prête à faire tous les sacrifices pour que mes enfants n'aient pas à se justifier et soient considérés comme des citoyens à part entière», a dit Rabia Chaouchi.
Ensuite, la laïcité de l'État n'est pas vue comme un frein à la pratique de la religion, mais pourrait le devenir si on interdisait les symboles religieux dans l'espace public. La nécessité d'ouvrir le marché de l'emploi a été soulignée à maintes reprises.
Les participants ont déploré la mauvaise perception des femmes musulmanes aux yeux des Québécois. «Je ne suis pas soumise à personne, sauf à mon dieu», a tenu à dire Wafa, qui a quitté le Maroc pour étudier au Québec.
Autre consensus: la communauté est mal représentée dans l'espace public. Les médias en ont pris pour leur rhume, hier. «Il y a une indigestion par rapport aux mêmes personnes. Moi, je ne me retrouve pas dans l'imam Saïd Jaziri», a dit Rafika Mesli, gestionnaire dans le domaine des communications d'origine algérienne.
Les coprésidents «impressionnés»
Les coprésidents de la Commission se sont dits impressionnés de la qualité des interventions entendues. Une qualité que Charles Taylor n'a pas retrouvée au cours des dernières semaines.
«Certaines choses dites au sein de ce débat ont fait beaucoup de mal, a-t-il convenu. Ce n'est pas encore un véritable dialogue parce que ces gens ne connaissent pas les autres intervenants dans la société dont ils parlent souvent de façon méprisante. Aujourd'hui, c'est un début. Les gens se parlent ensemble.»
Il s'agissait du deuxième forum national organisé par l'Institut du Nouveau Monde pour enrichir le débat de la commission Bouchard-Taylor. Le prochain aura lieu le 25 novembre et portera sur l'intégration des immigrants. Après les quatre plénières prévues, un rapport sera remis à la Commission.
Catherine Handfield
La Presse
Source: cyberpresse
(M)
Que ce soit avec humour, tristesse ou détermination, tous avaient un point à apporter. Des dizaines de musulmans se sont rendus à l'Université du Québec à Montréal hier pour participer à un forum de la commission Bouchard-Taylor sur les pratiques d'accommodement. Et pour donner LEUR point de vue sur l'impasse actuelle.
La plénière organisée par l'Institut du Nouveau Monde avait pour titre «Qui sont les Québécois musulmans?» Quelque 225 participants ont répondu à l'appel, en grande majorité de confession islamique. «Des musulmans ordinaires que l'on n'entend pas sur les tribunes», selon Marie-Ève Rouette, coordonnatrice de l'organisation du forum.
Les participants étaient divisés en neuf groupes. Ils ont discuté toute la journée dans des salles de classe autour de deux thèmes: l'islam et la laïcité, et l'islam et les femmes.
Même si plusieurs musulmans étaient sur la défensive, leurs échanges avec les Québécois d'origine et autres groupes ethniques se sont faits dans le respect. Seule escarmouche, un homme âgé d'origine belge venu annoncer l'apocalypse si l'on permettait aux femmes de porter le voile. Il a été exclu de la journée.
Quelques consensus
Malgré la pluralité des points de vue, quelques consensus sont ressortis en fin de journée. En premier lieu, une forte volonté d'intégration. «Le Québec doit s'adapter à nous, mais c'est surtout nous qui devons nous adapter au Québec. Je suis prête à faire tous les sacrifices pour que mes enfants n'aient pas à se justifier et soient considérés comme des citoyens à part entière», a dit Rabia Chaouchi.
Ensuite, la laïcité de l'État n'est pas vue comme un frein à la pratique de la religion, mais pourrait le devenir si on interdisait les symboles religieux dans l'espace public. La nécessité d'ouvrir le marché de l'emploi a été soulignée à maintes reprises.
Les participants ont déploré la mauvaise perception des femmes musulmanes aux yeux des Québécois. «Je ne suis pas soumise à personne, sauf à mon dieu», a tenu à dire Wafa, qui a quitté le Maroc pour étudier au Québec.
Autre consensus: la communauté est mal représentée dans l'espace public. Les médias en ont pris pour leur rhume, hier. «Il y a une indigestion par rapport aux mêmes personnes. Moi, je ne me retrouve pas dans l'imam Saïd Jaziri», a dit Rafika Mesli, gestionnaire dans le domaine des communications d'origine algérienne.
Les coprésidents «impressionnés»
Les coprésidents de la Commission se sont dits impressionnés de la qualité des interventions entendues. Une qualité que Charles Taylor n'a pas retrouvée au cours des dernières semaines.
«Certaines choses dites au sein de ce débat ont fait beaucoup de mal, a-t-il convenu. Ce n'est pas encore un véritable dialogue parce que ces gens ne connaissent pas les autres intervenants dans la société dont ils parlent souvent de façon méprisante. Aujourd'hui, c'est un début. Les gens se parlent ensemble.»
Il s'agissait du deuxième forum national organisé par l'Institut du Nouveau Monde pour enrichir le débat de la commission Bouchard-Taylor. Le prochain aura lieu le 25 novembre et portera sur l'intégration des immigrants. Après les quatre plénières prévues, un rapport sera remis à la Commission.
Catherine Handfield
La Presse
Source: cyberpresse
(M)