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Le bureau exécutif de l'AVOMM

"L'important n'est pas ce qu'on fait de nous, mais ce que nous faisons nous-mêmes de ce qu'on a fait de nous." Jean-Paul Sartre

"L'Association d'aides aux veuves et aux orphelins de mauritanie (AVOMM) qui nous rassemble, a été créée le 25/12/95 à PARIS par d'ex-militaires mauritaniens ayant fui la terreur, l'oppression, la barbarie du colonel Mawiya o/ sid'ahmed Taya ......
Ces rescapés des geôles de ould Taya, et de l'arbitraire, décidèrent, pour ne jamais oublier ce qui leur est arrivé, pour garder aussi la mémoire des centaines de martyrs, de venir en aide aux veuves, aux orphelins mais aussi d'engager le combat contre l'impunité décrétée par le pouvoir de Mauritanie."
E-mail : avommavomm@yahoo.fr

Bureau exécutif

*Ousmane SARR, président
*Demba Niang, secrétaire général
*Secrétaire général Adjt; Demba Fall
*Alousseyni SY, Chargé des relations extérieures
*Mme Rougui Dia, trésorière
*Chargé de l’organisation Mariame Diop
*adjoint Ngolo Diarra
*Mme Mireille Hamelin, chargée de la communication
*Chargé de mission Bathily Amadou Birama
Conseillers:
*Kane Harouna
*Hamdou Rabby SY










AVOMM

Quand nos charlatans tuent et mentent…


Quand nos charlatans tuent et mentent…
Le dimanche 16 juin 2007 au soir, dans une célèbre émission diffusée par une de nos chaînes de télévision à une heure de grande audience, un soi-disant ‘saltigué’ (devin et guérisseur traditionnel) a osé prétendre, entre autres fanfaronnades, avoir indirectement contribué à la mort d’une personne. On nous en a trop ou trop peu dit au cours de cette émission. Les réponses fournies à l’animatrice (haute comme 3 pommes !) étaient volontairement sibyllines et ténébreuses, histoire d’ajouter au mystère !
Si j’ai bien compris les élucubrations de ce soi-disant saltigué, une personne serait venue solliciter ses services ‘parce qu’elle désirait mourir’. A la question de l’animatrice de savoir quel fut le résultat, le Monsieur a tout bonnement révélé que la personne s’était par la suite… suicidée, ce qui, sans doute, prouvait la densité de son aura mystique! Je suis resté abasourdi par tant d’inconscience. C’est inacceptable et scandaleux que l’on se permette de dire et de faire n’importe quoi, et retourner tranquillement vaquer à ses occupations. J’ose espérer que les autorités judiciaires de ce pays s’autosaisiront (si ce n’est déjà fait) pour faire préciser à cet individu où, quand et comment les faits se sont déroulés, et lui faire payer (au moins) le prix de sa légèreté et de son inconscience, voire de sa complicité dans cette mort d’homme ! Le cas échéant, j’imagine que les associations des Droits de l’homme iront enquêter et éclairer l’opinion publique sur cette sombre affaire ! Au mieux, ce soi-disant saltigué a laissé une personne désespérée sombrer et glisser vers la mort : un cas typique de non-assistance à personne en danger…

Ce n’est hélas pas la seule dérive grave que l’on observe au Sénégal, menaçant dangereusement l’éthique, la dignité et la vie humaines. Il ne se passe pas une journée où l’on n’entende à la radio ou qu’on ne lise dans un journal une réclame de quelque ‘docteur’ ou ‘guérisseur’ (les deux mots ont la même valeur sémantique dans l’esprit des Sénégalais, tellement le premier fait aujourd’hui l’objet d’usurpation !). Toujours avec le même aplomb, un autre charlatan déclare dans une émission radiophonique être en mesure de ‘guérir toutes les maladies, y compris le sida’, dont il affirme guérir les cas graves en deux mois. Je n’ai pas à ce jour vu un seul cas de sida avéré guéri par un guérisseur. Par contre, j’ai vu et entendu un autre soi-disant saltigué affirmer (au mépris du respect que l’on doit au malade et à sa maladie, protégés par le secret médical) avoir guéri le pauvre M. S. en 1989. Quelques semaines auparavant, stagiaire dans le même service, j’avais personnellement assisté au décès, dans un tableau de profonde altération de l’état général, de M. S. à la clinique des maladies infectieuses de Fann. Les traitements efficaces dont on dispose aujourd’hui, n’existaient pas alors. En toute bonne foi et dans une démarche faite de rigueur scientifique, l’Oms avait à l’époque initié une tentative de collaboration avec le centre où exerçait notre soi-disant saltigué.

Tel autre ‘docteur’ à pignon sur rue, fait sa publicité à la télé, soigne ‘tout’ par imposition des mains, et en impose avec son armada d’’assistants’ fascinés par son pouvoir ! Et ce qui est actuellement à la mode, c’est d’enrober tout cela dans un discours explicatif émaillé d’un jargon scientifique mal digéré, glané dans des ouvrages de vulgarisation médicale, voire dans des ouvrages plus sérieux, et d’impressionner ainsi le public en faisant semblant de faire de la ‘vraie’ médecine.

Les vrais saltigués sont dépositaires d’un précieux savoir, sédiment accumulé au fil des milliers d’années qui se sont écoulées depuis l’apparition de l’homo sapiens sur terre. Ils déchiffrent les signes, codes et messages de la nature. Ils savent prédire des évènements à venir, grâce à d’étonnantes facultés issues de l’exploitation poussée de nos cinq sens… Bien entendu, il existe chez nous, comme ailleurs, des personnes dépositaires d’un savoir traditionnel efficace, sûr et fiable. Mais ces personnes sont cachées par la meute de charlatans avides d’argent facile, qui exploitent honteusement la crédulité et le désarroi des gens qui souffrent !

Et tout cela, bien sûr, en toute illégalité. La loi est claire et limpide sur les conditions d’exercice de la médecine dite moderne, allopathique. Dieu merci, le code organisant la médecine traditionnelle est aussi en gestation au Sénégal ; pourvu simplement qu’il n’offre aucune couverture à l’exercice de dérives telles que celles décrites plus haut ! Alors seulement, nous arriverons à une bonne application des soins de santé primaires, intégrant des approches multidimensionnelles de la médecine, à condition qu’elles soient ‘scientifiquement valables et socialement acceptables’. De ce point de vue, les tenants de la médecine traditionnelle devront nécessairement accepter que leurs pratiques soient analysées, et qu’eux-mêmes soient évalués et jugés….

Que les ordres professionnels (médecins, pharmaciens, juristes…) et les pouvoirs publics prennent leurs responsabilités. Je suggère aussi qu’à l’avenir, les journalistes s’imprègnent suffisamment des dispositions légales et réglementaires organisant les diverses professions, ainsi que les principes déontologiques et éthiques, avant d’inviter n’importe qui pour raconter n’importe quoi à la télé ou à la radio !

Dr Issa WONE Spécialiste de santé publique BP 12 873-Dakar
[issawone@yahoo.fr]mail: issawone@yahoo.frb

source : walfadjiri ( sénégal)
Jeudi 20 Septembre 2007 - 13:30
Jeudi 20 Septembre 2007 - 13:32
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