Quand l’ambassade de France à Nouakchott refuse le visa au Président de l’Assemblée nationale de Mauritanie

Le fait est suffisamment singulier pour être signalé : L’ambassade de France à Nouakchott vient de refuser le visa à Monsieur Messaoud Ould Boulkheir, président du parti Alliance Populaire Progressiste (APP), président de l’Assemblée Nationale de Mauritanie et troisième personnalité de l’Etat.

Motif avancé par la mission diplomatique française pour justifier son forfait : Il faut la présence physique de Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale de Mauritanie pour apposer ses empruntes digitales sur le document ! Et comme s’il ne s’agissait pas seulement d’assumer seul un tel affront, l’ambassade de France a mobilisé ses consœurs d’Espagne et d’Allemagne pour que le Président Messaoud Ould Boulkheir se soumette à ces tracasseries dont l’incidence sur les relations diplomatiques entre la France, l’Union Européenne et la Mauritanie pourrait être gravissime au moment où, notre pays joue un rôle de premier plan pour la stabilité de la sous région.

Il importe de rappeler aux autorité françaises que depuis plusieurs mois, M. Messaoud Ould Boulkheir est porteur du dialogue inclusif entre toutes les forces politiques et la société civile pour sortir la Mauritanie de sa crise multidimensionnelle. A ce jour, cette initiative a reçu un écho sans précédent dans l'opinion publique de notre pays.
Et, pour mobiliser nos partenaires étrangers, il fut reçu par tous les chefs de mission diplomatiques accréditées dans notre pays, sauf la France, qui désigna un conseiller pour recevoir et pour s'entretenir avec le Président Messaoud. Ce qu'il refusa et l'exprima par voix de presse.

Bref! c’est en effet une attitude inexplicable de la part de l’ambassade de France à Nouakchott quand on sait que c’est la première fois que de telles conditions sont posées. Il s’agit tout simplement d’une préséance, un acharnement et d'un zèle inouï dont l’explication est à chercher ailleurs, quand on sait que des personnalités mauritaniennes de second rang n’ont pas été soumises à cette exigence fantaisiste et que les hauts responsables de l’Hexagone viennent en Mauritanie comme s’ils se déplaçaient entre deux régions françaises ou deux pays européens.

Cela arrive au moment où le président français, François Hollande, vient de décréter, depuis Dakar, la mort de la Françafrique, cette liaison inégalitaire qui lie la France à ses « colonies » et que le comportement de l’ambassade de ce pays en Mauritanie vient de restaurer dans une pratique digne d’un autre âge. Le changement tant crié par le candidat demande une mise en place de femmes et d’hommes porteurs de ce slogan attendu par les partenaires de l’hexagone.

Passe encore que l’ambassade de France refuse un simple visa d’études à de jeunes mauritaniens, au nom de la lutte contre l’immigration camouflée, mais aller jusqu’à ternir l’image de la France et prendre le risque de provoquer un incident diplomatique d’une telle ampleur, est un acte irréfléchi que ni les autorités mauritaniennes ni le Quai-d’Orsay ne doivent accepter. Alors à quand le CHANGEMENT?


Coordination du parti Alliance Populaire Progressiste (APP) de Mauritanie en Europe
Le Secrétaire Général à l'Organisation et à l'Orientation

Baba Jiddou
France