La salle annexe de la Bourse du Travail du troisième arrondissement de Paris a servi de cadre, le samedi 2 novembre 2013 à 15 heures, à la toute première projection du film Mémoire noire, devant un public venu nombreux.
Mémoire noire retrace une page sombre de l’histoire récente de la Mauritanie au sein de l’une de ses institutions, l’armée, à travers le témoignage d’un homme, rescapé des tueries orchestrées en son sein en 1990 : Mahamadou SY, personnage principal du film.
Face à la caméra du jeune réalisateur Ousmane DIAGANA, Mahamadou SY revient, plus de vingt ans après les faits, sur les lieux qui ont vu ces crimes pour livrer un témoignage surprenant de précision et dont les détails ont ému aux larmes les spectateurs. Il y décrit en effet pendant près de 50 minutes, dans les moindres détails, les circonstances d’une effroyable histoire qui commença à Nouadhibou, où il fut arrêté le 10 novembre 1990 pour finir à Jreïda où, le 15 avril 1991, il apprit, avec ses compagnons d’infortune rescapés, qu’ils étaient enfin « libres et pardonnés ».Le récit se focalise surtout sur le camp d’Inal de sinistre mémoire qui vit, entre autres atrocités , la pendaison de 28 militaires noirs dans la nuit du 27 au 28 novembre 1990. Il a consigné le récit complet de ces évènements dans son livre « l’enfer d’Inal », paru en 2000 aux éditions L’Harmattan.
Mahamadou SY a intégré l’armée en 1978 pour se mettre au service de son pays. La plupart des militaires morts à Inal, ainsi que des centaines d’autres à travers le pays, étaient mus, comme lui, par le même sentiment.
Le grand mérite du réalisateur Ousmane DiIAGANA est d’avoir braqué ses projecteurs sur cette sombre période en vue de mettre en lumière des pratiques somme toute courantes sous toutes les dictatures, mais qui se singularisent ici par l’atrocité des tortures et surtout par le caractère incompréhensible des méthodes de « sélection » des victimes qui ont conduit à la grande purge des Noirs au sein de l’armée entre 1990 et 1992. Car, Inal n’est qu’un des lieux de ces crimes parmi d’autres comme Jreïda, Azelat, Akjoujt, où des hommes en mission de défense nationale, appartenant à différents corps de l’armée ou de la marine ont été assassinés et hâtivement mis en terre, gardant avec eux, dans le secret de leur tombe, ce qu’ils avaient entendu et vécu avant leur ultime moment.
La projection du film a été suivie d’un diaporama présentant ces militaires, avec leur nom, prénom, date et lieu de naissance, leur corps d’attachement, le lieu de leur arrestation et de leur exécution et, dans certains cas, le nom de leur bourreau.
Si le livre ne répond pas aux multiples interrogations que soulève Mahamadou Sy, notamment sur les raisons profondes et véritables du crime, le film et le diaporama qui l’a suivi font apparaître en filigrane le nom et/ou l’image des bourreaux dont certains ont encore des responsabilités dans l’appareil de l’Etat mauritanien.
C’est principalement pour que ces crimes ne restent pas impunis, qu’un comité Inal a été mis en place pour notamment poursuivre le travail de devoir de mémoire et faire en sorte que les bourreaux soient connus et, si possible, poursuivis pour les forfaits qu’ils ont commis.
Paris le,09 novembre 2013
Boubacar DIAGANA
Vice Président du Comité Inal
Source: ODH
Mémoire noire retrace une page sombre de l’histoire récente de la Mauritanie au sein de l’une de ses institutions, l’armée, à travers le témoignage d’un homme, rescapé des tueries orchestrées en son sein en 1990 : Mahamadou SY, personnage principal du film.
Face à la caméra du jeune réalisateur Ousmane DIAGANA, Mahamadou SY revient, plus de vingt ans après les faits, sur les lieux qui ont vu ces crimes pour livrer un témoignage surprenant de précision et dont les détails ont ému aux larmes les spectateurs. Il y décrit en effet pendant près de 50 minutes, dans les moindres détails, les circonstances d’une effroyable histoire qui commença à Nouadhibou, où il fut arrêté le 10 novembre 1990 pour finir à Jreïda où, le 15 avril 1991, il apprit, avec ses compagnons d’infortune rescapés, qu’ils étaient enfin « libres et pardonnés ».Le récit se focalise surtout sur le camp d’Inal de sinistre mémoire qui vit, entre autres atrocités , la pendaison de 28 militaires noirs dans la nuit du 27 au 28 novembre 1990. Il a consigné le récit complet de ces évènements dans son livre « l’enfer d’Inal », paru en 2000 aux éditions L’Harmattan.
Mahamadou SY a intégré l’armée en 1978 pour se mettre au service de son pays. La plupart des militaires morts à Inal, ainsi que des centaines d’autres à travers le pays, étaient mus, comme lui, par le même sentiment.
Le grand mérite du réalisateur Ousmane DiIAGANA est d’avoir braqué ses projecteurs sur cette sombre période en vue de mettre en lumière des pratiques somme toute courantes sous toutes les dictatures, mais qui se singularisent ici par l’atrocité des tortures et surtout par le caractère incompréhensible des méthodes de « sélection » des victimes qui ont conduit à la grande purge des Noirs au sein de l’armée entre 1990 et 1992. Car, Inal n’est qu’un des lieux de ces crimes parmi d’autres comme Jreïda, Azelat, Akjoujt, où des hommes en mission de défense nationale, appartenant à différents corps de l’armée ou de la marine ont été assassinés et hâtivement mis en terre, gardant avec eux, dans le secret de leur tombe, ce qu’ils avaient entendu et vécu avant leur ultime moment.
La projection du film a été suivie d’un diaporama présentant ces militaires, avec leur nom, prénom, date et lieu de naissance, leur corps d’attachement, le lieu de leur arrestation et de leur exécution et, dans certains cas, le nom de leur bourreau.
Si le livre ne répond pas aux multiples interrogations que soulève Mahamadou Sy, notamment sur les raisons profondes et véritables du crime, le film et le diaporama qui l’a suivi font apparaître en filigrane le nom et/ou l’image des bourreaux dont certains ont encore des responsabilités dans l’appareil de l’Etat mauritanien.
C’est principalement pour que ces crimes ne restent pas impunis, qu’un comité Inal a été mis en place pour notamment poursuivre le travail de devoir de mémoire et faire en sorte que les bourreaux soient connus et, si possible, poursuivis pour les forfaits qu’ils ont commis.
Paris le,09 novembre 2013
Boubacar DIAGANA
Vice Président du Comité Inal
Source: ODH