Notre pays n’a jamais été aussi près du salut. Un Président de la République, jouissant de toute la légitimité que confère une élection transparente incontestée, qui affiche clairement sa détermination à rompre avec la façon de gouverner de ses prédécesseurs.
Un Parlement ou les forces de progrès ont voie de chapitre et peuvent même savourer l’élection de l’un des leurs à la Présidence de l’Assemblée Nationale. Un Premier ministre bardé de diplômes qui ne manque pas d’ambition et de courage politiques. Des ministres plus ou moins compétents auxquels on ne peut reprocher que d’être pour la plupart issu d’un sérail dont les figures les plus emblématiques ont été sagement écartés.
Mais le gros reste à faire. Le premier Gouvernement représentatif de la Mauritanie a la lourde responsabilité de convaincre les citoyens mauritaniens que la légitimité démocratique rime avec bonne gouvernance, efficacité économique et progrès social afin d’inscrire dans la durée ce précieux joyau qui nous a été servi sur un plateau d’argent par le commandement supérieur de nos forces armées en ce jour désormais historique du 19 Avril 2007.
L’échec n’est donc pas une option tant l’enjeu est de taille. Toute tentative minime soit elle de remise en scelle des hommes et des méthodes du passé sera une nouvelle frustration pour un peuple trop longtemps meurtri dans sa chaire et son âme qui creusera encore davantage le fossé d’incompréhension et d’inimité entre les populations et ceux qui les gouvernent. Un fossé dans lequel peuvent s’incruster facilement tous ceux qui ont des agendas particuliers incompatibles avec l’avènement d’une Mauritanie forte, démocratique et prospère.
Un chantier énorme attend l’actuel Gouvernement tant il n’est pas un secteur de l’activité nationale qui ne souffre de problèmes graves, parfois complexes, le plus souvent systémiques.
A cela s’ajoute l’impatience compréhensible des populations à voir une amélioration substantielle, tant en quantité qu’en qualité, de la sécurité des biens et des personnes, de la couverture médicale, de l’éducation nationale, des infrastructures et des revenus. L’équation n’est pas facile à résoudre. Il va falloir pourtant trouver des solutions aux nombreux problèmes qui empêchent les mauritaniens de vivre dans la dignité et l’honneur et envisager l’avenir avec sérénité et optimisme. Il va falloir agir et vite car l’état de grâce est déjà a sa fin.
Pour son salut, ce pays doit s’installer rapidement et pour de bon dans une nouvelle logique de gouvernement incarnée par des hommes dont l’intégrité et l’expertise sont hors de cause, par un discours qui colle a la réalité et évite le mensonge et la langue de bois, par la fin de l’impunité, par une identification sérieuse des priorités nationales loin des intérêts d’individus et de groupes, et par une prise en charge réelle des besoins les plus essentielles des populations en terme de revenus, d’infrastructures, de santé et d’éducation.
Le Gouvernement de Zein Ould Zeidane devra être jugé sur sa capacité à traduire ces principes dans la pratique de tous les jours en combinant la persuasion par l’exemple à la fermeté de l’action. En agissant de la sorte, il pourra alors compter sur les nombreuses volontés qui n’attendent que les bons signaux pour s’engager dans cette entreprise exaltante que constitue la refondation de l’Etat mauritanien pour la reconstruction d’une Mauritanie forte, démocratique et prospère.
Des hommes dont l’intégrité et l’expertise sont hors de cause
Bien que cela figure en bonne position dans le programme du Président de la République, le choix des hommes qu’il faut buttera sur la formidable machine de résistance que constituent tous les incompétents - Dieu sait qu’ils sont nombreux - qui ont accédé et gravé les échelons de la fonction publique par les voies quasi mafieuses de cooptation, clientélisme, népotisme, falsification de diplômes et autres usages de faux.
Beaucoup de fonctionnaires actuellement en service, surtout dans la haute Fonction Publique excellent dans ces procédés incompatibles avec les principes d’égalité d’accès aux emplois de l’Etat et l’exigence de recruter des agents publics à fort potentiel de productivité et de performance.
Pire, ces commis de circonstance, façonnées par la médiocratie des « vingt glorieuses » ne peuvent concevoir un système administratif ou ces procédés ne sont pas la règle. Souvent sans qualification et toujours enclin a la malversation, ces fonctionnaires ont tellement abusé des pouvoirs qu’offrent les charges étatiques au vu et au su de tout le monde qu’il est devenu inimaginable qu’ils puissent s’intégrer dans une administration de développement juste et équitable. Ils occupent, aujourd’hui, les hautes sphères de la hiérarchie administratives (Ambassadeurs et Directeurs Généraux) et comptent bien y rester au grand dam de tous ceux qui aspirent à une Fonction Publique professionnelle ou seuls les critères de la compétence et de l’intégrité déterminent les nominations, les promotions et la carrière des fonctionnaires.
Il ne sera pas facile de les déboulonner. On ne peut cependant imaginer un processus de changement qualitatif qui ne commencerait pas par la mise à l’écart de ces individus dont la présence dans les hautes sphères de l’Etat jette du discrédit sur l’action publique et pourrait si des verrous ne sont pas mis en place saboter le programme de reforme du Président de la République.
Tant que les nominations aux emplois de l’administration n’obéissent pas a des critères rationnels largement acceptés et respectés, les grains de la discorde continueront à germer dans les esprits et à hypothéquer l’avenir de la nation mauritanienne. Je suis sur que le Ministre de la Fonction Publique et la modernisation de l’administration et son Secrétaire Général ont des idées intéressantes dans le domaine et peuvent compter, pour la première fois, sur l’appui du Chef de l’Etat.
J’espère qu’il auront le courage et la volonté de secouer l’appareil et proposer des reformes volontaristes, loin des petites retouches, qui changent en profondeur le visage, l’esprit et le corps de la Fonction Publique mauritanienne.
Ce pays regorge de compétences qui ont été trop longtemps écartées du champs de la décision publique et qui ne cherchent pas mieux que servir l’Etat avec abnégation, savoir faire et sens de l’intérêt général. La clé de la réussite réside dans la mise en place de systèmes qui permettent de les détecter et de les motiver. Mais auparavant, il va falloir leur faire de la place en nettoyant l’écurie de toutes les planques inutiles et de tous ceux qui ne peuvent s’adapter durablement à la donne d’une administration moderne ou seuls les mieux qualifiés et les plus intègres ont vocation a servir.
Il fallait commencer par le Gouvernement. Chacun comprend que la formation du premier gouvernement de la IIIieme République est un exercice difficile compte tenu de la multiplicité des variables et l’exigence quelque peu contradictoire d’écarter les figures les plus connues du sérail qui se trouvent par ailleurs être les éléments les plus actifs de la majorité présidentielle.
Le Président de la république et son Premier ministre y ont réussi dans une grande mesure mais au prix d’une pléthore de département ministériels que ne peut justifier a priori que la volonté d’intégrer certains hommes dans l’équipe gouvernementale. Si pour la France, Sarkozy se suffit de quinze Ministres alors pour la Mauritanie, une dizaine de Ministres aurait fait l’affaire.
Un Gouvernement réduit n’est pas seulement un signal fort pour les administrations qui ont une tendance naturelle et coûteuse à la prolifération. C’est aussi une manière pragmatique de modérer l’appétit des politiques et les obliger à donner le maximum d’eux même pour rendre l’action gouvernementale plus cohérente et mieux coordonnée.
Il n’est jamais tard pour apporter les corrections appropriées et les appels de M. Mohamed Ould Mouloud a un gouvernement d’Union Nationale reste d’opportunité s’il ne procèdent pas d’un calcul politicien susceptible de remettre en scelle certains de ses collègues députés largement compromis dans la gestion du passé. Le Président de l’UFP devra expliquer ce qu’il entend par « même la majorité présidentielle n’est pas représenté au Gouvernement » et arrêter de nous paniquer avec ses scénarios catastrophes.
La Mauritanie n’est plus en crise depuis que des institutions démocratiques sont en place et une majorité confortable s’apprête a gouverner. Il reste toutefois que tendre la main aux vaincus et les inviter à rejoindre, pour ceux qui le désirent, le camp des vainqueurs est une attitude chevaleresque opportune dans ces moments de communion nationale. J’espère seulement que cet dirigeant politique qui a acquis des lettres de noblesse dans le refus de la compromission ne fait pas un écho aux « regrets » de M. Ghrini Ould Mohamed Vall qui considère lui aussi que seule l’APP et le courant du Premier ministre sont représentés dans le Gouvernement actuel.
Dans tous les cas, le Premier Gouvernement de l’ère démocratique mérite qu’on lui fasse confiance et qu’on lui donne le temps de s’affirmer et montrer ce dont il est capable. Pour le salut de la Mauritanie, je lui souhaite beaucoup de réussite.
Mohamed Ould Ahmed Tolba
New York
USA
Un Parlement ou les forces de progrès ont voie de chapitre et peuvent même savourer l’élection de l’un des leurs à la Présidence de l’Assemblée Nationale. Un Premier ministre bardé de diplômes qui ne manque pas d’ambition et de courage politiques. Des ministres plus ou moins compétents auxquels on ne peut reprocher que d’être pour la plupart issu d’un sérail dont les figures les plus emblématiques ont été sagement écartés.
Mais le gros reste à faire. Le premier Gouvernement représentatif de la Mauritanie a la lourde responsabilité de convaincre les citoyens mauritaniens que la légitimité démocratique rime avec bonne gouvernance, efficacité économique et progrès social afin d’inscrire dans la durée ce précieux joyau qui nous a été servi sur un plateau d’argent par le commandement supérieur de nos forces armées en ce jour désormais historique du 19 Avril 2007.
L’échec n’est donc pas une option tant l’enjeu est de taille. Toute tentative minime soit elle de remise en scelle des hommes et des méthodes du passé sera une nouvelle frustration pour un peuple trop longtemps meurtri dans sa chaire et son âme qui creusera encore davantage le fossé d’incompréhension et d’inimité entre les populations et ceux qui les gouvernent. Un fossé dans lequel peuvent s’incruster facilement tous ceux qui ont des agendas particuliers incompatibles avec l’avènement d’une Mauritanie forte, démocratique et prospère.
Un chantier énorme attend l’actuel Gouvernement tant il n’est pas un secteur de l’activité nationale qui ne souffre de problèmes graves, parfois complexes, le plus souvent systémiques.
A cela s’ajoute l’impatience compréhensible des populations à voir une amélioration substantielle, tant en quantité qu’en qualité, de la sécurité des biens et des personnes, de la couverture médicale, de l’éducation nationale, des infrastructures et des revenus. L’équation n’est pas facile à résoudre. Il va falloir pourtant trouver des solutions aux nombreux problèmes qui empêchent les mauritaniens de vivre dans la dignité et l’honneur et envisager l’avenir avec sérénité et optimisme. Il va falloir agir et vite car l’état de grâce est déjà a sa fin.
Pour son salut, ce pays doit s’installer rapidement et pour de bon dans une nouvelle logique de gouvernement incarnée par des hommes dont l’intégrité et l’expertise sont hors de cause, par un discours qui colle a la réalité et évite le mensonge et la langue de bois, par la fin de l’impunité, par une identification sérieuse des priorités nationales loin des intérêts d’individus et de groupes, et par une prise en charge réelle des besoins les plus essentielles des populations en terme de revenus, d’infrastructures, de santé et d’éducation.
Le Gouvernement de Zein Ould Zeidane devra être jugé sur sa capacité à traduire ces principes dans la pratique de tous les jours en combinant la persuasion par l’exemple à la fermeté de l’action. En agissant de la sorte, il pourra alors compter sur les nombreuses volontés qui n’attendent que les bons signaux pour s’engager dans cette entreprise exaltante que constitue la refondation de l’Etat mauritanien pour la reconstruction d’une Mauritanie forte, démocratique et prospère.
Des hommes dont l’intégrité et l’expertise sont hors de cause
Bien que cela figure en bonne position dans le programme du Président de la République, le choix des hommes qu’il faut buttera sur la formidable machine de résistance que constituent tous les incompétents - Dieu sait qu’ils sont nombreux - qui ont accédé et gravé les échelons de la fonction publique par les voies quasi mafieuses de cooptation, clientélisme, népotisme, falsification de diplômes et autres usages de faux.
Beaucoup de fonctionnaires actuellement en service, surtout dans la haute Fonction Publique excellent dans ces procédés incompatibles avec les principes d’égalité d’accès aux emplois de l’Etat et l’exigence de recruter des agents publics à fort potentiel de productivité et de performance.
Pire, ces commis de circonstance, façonnées par la médiocratie des « vingt glorieuses » ne peuvent concevoir un système administratif ou ces procédés ne sont pas la règle. Souvent sans qualification et toujours enclin a la malversation, ces fonctionnaires ont tellement abusé des pouvoirs qu’offrent les charges étatiques au vu et au su de tout le monde qu’il est devenu inimaginable qu’ils puissent s’intégrer dans une administration de développement juste et équitable. Ils occupent, aujourd’hui, les hautes sphères de la hiérarchie administratives (Ambassadeurs et Directeurs Généraux) et comptent bien y rester au grand dam de tous ceux qui aspirent à une Fonction Publique professionnelle ou seuls les critères de la compétence et de l’intégrité déterminent les nominations, les promotions et la carrière des fonctionnaires.
Il ne sera pas facile de les déboulonner. On ne peut cependant imaginer un processus de changement qualitatif qui ne commencerait pas par la mise à l’écart de ces individus dont la présence dans les hautes sphères de l’Etat jette du discrédit sur l’action publique et pourrait si des verrous ne sont pas mis en place saboter le programme de reforme du Président de la République.
Tant que les nominations aux emplois de l’administration n’obéissent pas a des critères rationnels largement acceptés et respectés, les grains de la discorde continueront à germer dans les esprits et à hypothéquer l’avenir de la nation mauritanienne. Je suis sur que le Ministre de la Fonction Publique et la modernisation de l’administration et son Secrétaire Général ont des idées intéressantes dans le domaine et peuvent compter, pour la première fois, sur l’appui du Chef de l’Etat.
J’espère qu’il auront le courage et la volonté de secouer l’appareil et proposer des reformes volontaristes, loin des petites retouches, qui changent en profondeur le visage, l’esprit et le corps de la Fonction Publique mauritanienne.
Ce pays regorge de compétences qui ont été trop longtemps écartées du champs de la décision publique et qui ne cherchent pas mieux que servir l’Etat avec abnégation, savoir faire et sens de l’intérêt général. La clé de la réussite réside dans la mise en place de systèmes qui permettent de les détecter et de les motiver. Mais auparavant, il va falloir leur faire de la place en nettoyant l’écurie de toutes les planques inutiles et de tous ceux qui ne peuvent s’adapter durablement à la donne d’une administration moderne ou seuls les mieux qualifiés et les plus intègres ont vocation a servir.
Il fallait commencer par le Gouvernement. Chacun comprend que la formation du premier gouvernement de la IIIieme République est un exercice difficile compte tenu de la multiplicité des variables et l’exigence quelque peu contradictoire d’écarter les figures les plus connues du sérail qui se trouvent par ailleurs être les éléments les plus actifs de la majorité présidentielle.
Le Président de la république et son Premier ministre y ont réussi dans une grande mesure mais au prix d’une pléthore de département ministériels que ne peut justifier a priori que la volonté d’intégrer certains hommes dans l’équipe gouvernementale. Si pour la France, Sarkozy se suffit de quinze Ministres alors pour la Mauritanie, une dizaine de Ministres aurait fait l’affaire.
Un Gouvernement réduit n’est pas seulement un signal fort pour les administrations qui ont une tendance naturelle et coûteuse à la prolifération. C’est aussi une manière pragmatique de modérer l’appétit des politiques et les obliger à donner le maximum d’eux même pour rendre l’action gouvernementale plus cohérente et mieux coordonnée.
Il n’est jamais tard pour apporter les corrections appropriées et les appels de M. Mohamed Ould Mouloud a un gouvernement d’Union Nationale reste d’opportunité s’il ne procèdent pas d’un calcul politicien susceptible de remettre en scelle certains de ses collègues députés largement compromis dans la gestion du passé. Le Président de l’UFP devra expliquer ce qu’il entend par « même la majorité présidentielle n’est pas représenté au Gouvernement » et arrêter de nous paniquer avec ses scénarios catastrophes.
La Mauritanie n’est plus en crise depuis que des institutions démocratiques sont en place et une majorité confortable s’apprête a gouverner. Il reste toutefois que tendre la main aux vaincus et les inviter à rejoindre, pour ceux qui le désirent, le camp des vainqueurs est une attitude chevaleresque opportune dans ces moments de communion nationale. J’espère seulement que cet dirigeant politique qui a acquis des lettres de noblesse dans le refus de la compromission ne fait pas un écho aux « regrets » de M. Ghrini Ould Mohamed Vall qui considère lui aussi que seule l’APP et le courant du Premier ministre sont représentés dans le Gouvernement actuel.
Dans tous les cas, le Premier Gouvernement de l’ère démocratique mérite qu’on lui fasse confiance et qu’on lui donne le temps de s’affirmer et montrer ce dont il est capable. Pour le salut de la Mauritanie, je lui souhaite beaucoup de réussite.
Mohamed Ould Ahmed Tolba
New York
USA