Dans toutes les démocraties du monde, les avis et critiques de l’opposition, de la société civile et des médias dans leur ensemble, constituent les fondements d’un système démocratique et garantissent l’équilibre des forces en présence.
Avec le système présidentiel dans lequel évolue la plupart des Etats africains, la constitution donne un large pouvoir au chef de l’Etat et le rend de fait, « tout puissant ». Dans tous les pays du monde où ce régime est en vigueur, la dictature s’est confortablement installée au mépris de la démocratie, à l’exception peut-être des Etats-Unis d’Amérique. Ce régime présidentiel impose en théorie, selon les constitutions, une séparation stricte des pouvoirs exécutifs, législatifs et judiciaires afin de permettre un équilibre des rapports de force. Ce qui n’est pas toujours le cas dans la réalité, notamment en Afrique. De manière générale, partout sur le continent, le chef d’état règne de manière absolue sur toutes les institutions du pays et sans réel contre-pouvoir crédible. Cette réalité pose de fait la question de la pertinence de ce régime avec toutes les dérives que cela peut comporter. Jusqu’à présent, partout sur le continent (y compris dans les autres dictatures), l’exécutif ne subit aucun contrôle ni du parlement, ni d’une quelconque institution chargée de vérifier les comptes publics ou les services de l’Etat (si elle existe déjà), ni du conseil constitutionnel dont la mission est de vérifier la conformité des lois au regard de la constitution. La moindre critique fondée et objective envers l’exécutif sur le continent fait planer une menace d’emprisonnement à défaut du pire. On se souvient encore des journalistes qui ont été jetés en prison pour avoir simplement dénoncé des évidences. Et bien d’autres encore, qui ont dû quitter leur pays pour sauver leur vie.
Un pouvoir sans opposition politique visible et crédible est une dictature. Cela fragilise et discrédite de fait l’Etat et la démocratie qu’il incarne ou souhaite incarner. Une opposition forte et responsable est un signe de bonne santé d’une démocratie. Le chef de l’Etat a même tout intérêt à favoriser sa représentativité, son importance et lui donner toute sa place dans le jeu démocratique afin que son pouvoir soit crédible. De la même manière, la société civile et les médias ont un rôle déterminant à jouer dans l’émergence et la construction d’un Etat démocratique avec des institutions fortes et indépendantes. Mais, cela suppose une indépendance réelle et totale des médias y compris des médias d’Etat afin qu’ils soient crédibles vis-à-vis de la population. On peut saluer par exemple le courage de la Radio Télévision Ivoirienne (RTI), qui dans l’analyse du discours de vœux du Président de la République de Côte d’Ivoire à la nation, s’est demandée jusqu’où peut aller le président de la République dans son souhait de mettre en place des conditions pour favoriser l’émancipation des femmes ? Ce média d’Etat s’est aussi demandé si le chef de l’Etat peut également réaliser son souhait de 30% de représentativité de femme au gouvernement dans son désir de voir la femme jouer un rôle important dans cette nouvelle Côte d’Ivoire qu’il souhaite reconstruire avec elles. En faisant simplement leur métier de journaliste, ce média a également précisé que la gestion des FRCI reste la principale problématique du chef d’Etat en dépit des nombreuses réalisations faites en sept mois de pouvoir.
Si les médias d’Etat ne peuvent pas émettre des critiques, des avis ou des réserves sur les politiques, communications ou actions du gouvernement sous prétexte qu’ils sont financés par l’exécutif, ces médias ne font pas alors du journalisme, mais de la communication pour le pouvoir en place. Si les médias d’Etat ne se donnent pas les moyens d’acquérir une indépendance indispensable pour faire du journalisme, émettre des critiques, ou dénoncer les erreurs ou faiblesses de l’exécutif, on ne peut pas demander aux médias engagés politiquement d’émettre des critiques objectives sur les actions du gouvernement. Pour les médias proches du pouvoir, « tout est juste et parfait ». Et pour ceux de l’opposition, « aucune action de l’exécutif n’est bonne ». Alors, cela laisse de fait, un espace pour des critiques objectives, argumentées et constructives dans un Etat qui se veut démocratique, espace que tente d’exploiter à juste titre « l’Eléphant déchainé » en Côte d’Ivoire, sur le modèle du « Canard Enchainé » en France.
Par Macaire Dagry
Source: Pour L'autre Afrik
Avec le système présidentiel dans lequel évolue la plupart des Etats africains, la constitution donne un large pouvoir au chef de l’Etat et le rend de fait, « tout puissant ». Dans tous les pays du monde où ce régime est en vigueur, la dictature s’est confortablement installée au mépris de la démocratie, à l’exception peut-être des Etats-Unis d’Amérique. Ce régime présidentiel impose en théorie, selon les constitutions, une séparation stricte des pouvoirs exécutifs, législatifs et judiciaires afin de permettre un équilibre des rapports de force. Ce qui n’est pas toujours le cas dans la réalité, notamment en Afrique. De manière générale, partout sur le continent, le chef d’état règne de manière absolue sur toutes les institutions du pays et sans réel contre-pouvoir crédible. Cette réalité pose de fait la question de la pertinence de ce régime avec toutes les dérives que cela peut comporter. Jusqu’à présent, partout sur le continent (y compris dans les autres dictatures), l’exécutif ne subit aucun contrôle ni du parlement, ni d’une quelconque institution chargée de vérifier les comptes publics ou les services de l’Etat (si elle existe déjà), ni du conseil constitutionnel dont la mission est de vérifier la conformité des lois au regard de la constitution. La moindre critique fondée et objective envers l’exécutif sur le continent fait planer une menace d’emprisonnement à défaut du pire. On se souvient encore des journalistes qui ont été jetés en prison pour avoir simplement dénoncé des évidences. Et bien d’autres encore, qui ont dû quitter leur pays pour sauver leur vie.
Un pouvoir sans opposition politique visible et crédible est une dictature. Cela fragilise et discrédite de fait l’Etat et la démocratie qu’il incarne ou souhaite incarner. Une opposition forte et responsable est un signe de bonne santé d’une démocratie. Le chef de l’Etat a même tout intérêt à favoriser sa représentativité, son importance et lui donner toute sa place dans le jeu démocratique afin que son pouvoir soit crédible. De la même manière, la société civile et les médias ont un rôle déterminant à jouer dans l’émergence et la construction d’un Etat démocratique avec des institutions fortes et indépendantes. Mais, cela suppose une indépendance réelle et totale des médias y compris des médias d’Etat afin qu’ils soient crédibles vis-à-vis de la population. On peut saluer par exemple le courage de la Radio Télévision Ivoirienne (RTI), qui dans l’analyse du discours de vœux du Président de la République de Côte d’Ivoire à la nation, s’est demandée jusqu’où peut aller le président de la République dans son souhait de mettre en place des conditions pour favoriser l’émancipation des femmes ? Ce média d’Etat s’est aussi demandé si le chef de l’Etat peut également réaliser son souhait de 30% de représentativité de femme au gouvernement dans son désir de voir la femme jouer un rôle important dans cette nouvelle Côte d’Ivoire qu’il souhaite reconstruire avec elles. En faisant simplement leur métier de journaliste, ce média a également précisé que la gestion des FRCI reste la principale problématique du chef d’Etat en dépit des nombreuses réalisations faites en sept mois de pouvoir.
Si les médias d’Etat ne peuvent pas émettre des critiques, des avis ou des réserves sur les politiques, communications ou actions du gouvernement sous prétexte qu’ils sont financés par l’exécutif, ces médias ne font pas alors du journalisme, mais de la communication pour le pouvoir en place. Si les médias d’Etat ne se donnent pas les moyens d’acquérir une indépendance indispensable pour faire du journalisme, émettre des critiques, ou dénoncer les erreurs ou faiblesses de l’exécutif, on ne peut pas demander aux médias engagés politiquement d’émettre des critiques objectives sur les actions du gouvernement. Pour les médias proches du pouvoir, « tout est juste et parfait ». Et pour ceux de l’opposition, « aucune action de l’exécutif n’est bonne ». Alors, cela laisse de fait, un espace pour des critiques objectives, argumentées et constructives dans un Etat qui se veut démocratique, espace que tente d’exploiter à juste titre « l’Eléphant déchainé » en Côte d’Ivoire, sur le modèle du « Canard Enchainé » en France.
Par Macaire Dagry
Source: Pour L'autre Afrik