"Je suis noir, et forcément ça se voit. Du coup les Noirs que je croise à Paris m’appellent «mon frère». Le sommes-nous vraiment? Qu’ont en commun un Antillais, un Sénégalais, et un Noir né dans le Xème arrondissement, sinon la couleur à laquelle ils se plaignent d’être constamment réduits? J’oublie évidemment la généalogie qu’ils se sont forgée, celle du malheur et de l’humiliation – traite négrière, colonisation, conditions de vie des immigrés...
Car par-delà la peau, ce qui les réunit, ce sont leurs sanglots. Je ne conteste pas les souffrances qu’ont subies et que subissent encore les Noirs. Je conteste la tendance à ériger ces souffrances en signes d’identité. Je suis né au Congo Brazzaville, j’ai étudié en France, j’enseigne désormais en Californie. Je suis noir, muni d’un passeport français et d’une carte verte. Qui suis-je? J’aurais bien du mal à le dire. Mais je refuse de me définir par les larmes et le ressentiment." (A.M.)
Éditions Fayard, 2012
Source: Alain Mabanckou
Car par-delà la peau, ce qui les réunit, ce sont leurs sanglots. Je ne conteste pas les souffrances qu’ont subies et que subissent encore les Noirs. Je conteste la tendance à ériger ces souffrances en signes d’identité. Je suis né au Congo Brazzaville, j’ai étudié en France, j’enseigne désormais en Californie. Je suis noir, muni d’un passeport français et d’une carte verte. Qui suis-je? J’aurais bien du mal à le dire. Mais je refuse de me définir par les larmes et le ressentiment." (A.M.)
Éditions Fayard, 2012
Source: Alain Mabanckou