A la question de savoir pourquoi l’Ufp ne pouvait pas marcher avec l’Ajd-mr, si vous vous en étiez tenu aux seules raisons de « tactiques politiques », de « calendrier » ou de « ruse de guerre » que vous avez avancées, je me serais abstenu de toute réaction. Car même si je me refuse à ce qu’on réduise l’action de l’Ajd-mr à de vulgaires supputations, j’aurais tout à fait admis que votre parti lui, ait parfaitement le droit de dérouler de la stratégie là où nous nous efforçons de voir un principe.
Mais j’avoue maître, que j’ai beaucoup de mal avec la confusion, surtout lorsqu’elle est volontairement entretenue par un esprit qui est tout sauf confus ! En dépit de tout le respect que je dois au démocrate que vous êtes, malgré toute l’admiration que j’ai pour le raffinement intellectuel que vous incarnez, je ne peux vous laisser expliquer aussi facilement votre absence à cette marche par nos antécédents avec la majorité présidentielle. Avoir été partenaire d’une majorité, surtout de la façon inédite (avec des conditions claires et écrites) dont nous l’avons fait, ne nous condamne pas à une solidarité mécanique sur tous les sujets. Je crois d’ailleurs que nous l’avons suffisamment démontré pendant ces quelques temps où nous avons été membre de cette majorité. Notre liberté de ton a été suffisamment remarquée pour qu’on ne puisse pas nous faire, de bonne foi, le procès du suivisme aveugle. Vous ne pouvez donc pas nous faire partager, sans vraiment le dire, mais tout en le suggérant quand même, la responsabilité de la prière de Kaëdi que nous avons clairement refusé d’accompagner. Cela se sait maître, et vous devriez le savoir…
Quant au dédommagement des ayants droits, nous avons clairement dit, sans confondre ce dédommagement financier avec une résolution définitive du problème, que recevoir de l’argent (que nous estimons d’ailleurs très insuffisant au regard du préjudice subi), ne pouvait pas faire de mal à ces gens qui ne baignaient pas dans le luxe et qui sont en attente depuis plus de 20 ans. Attendre que les aspects enquête, manifestation de la vérité et jugement des auteurs de crimes soient effectifs pour qu’il y ait dédommagement, c’est un luxe que vous et moi pouvons peut-être nous permettre, mais pas les veuves et les orphelins. Ceux-là comme vous le savez, vivent dans des conditions qui, si elles émeuvent tous les militants de bonne foi, ce ne fut pas au point de susciter une solidarité financière leur permettant de patienter. C’est aussi ça la vérité, même si elle peut heurter notre fierté. Bien sûr qu’il faudra après mettre en place une commission indépendante pour faire la lumière sur ces crimes et enclencher l’aspect judiciaire. Ce n’est pas incompatible à nos yeux.
Je me rappelle d’ailleurs que ce fut à peu prêt l’argument avancé par le courant auquel vous appartenez, quand à l’époque de Taya il fut question du retour sans condition des déportés. Vous étiez compréhensifs vis-à-vis de ceux qui avaient décidé de rentrer alors qu’aucune disposition sérieuse n’était prise par l’état, parce que vous estimiez que cela faisait déjà trop longtemps qu’ils étaient de l’autre coté, et que n’étant pas à leur place, on ne pouvait pas leur reprocher de regagner leur pays…
Donc, notre participation à la majorité présidentielle et des quelques mesures isolées qui ont pu rencontrer notre adhésion ne peut pas opérer comme argument pour justifier votre absence à nos cotés pendant cette marche. Car au final, ce n’est pas notre refus de condamner le coup d’état qui a légitimé Aziz. Ce sont les accords de Dakar dont vous êtes partie prenante qui ont légitimé Aziz. Vous ne pouvez donc pas nous reprocher d’avoir cru de bonne foi qu’on pouvait faire avancer les choses en travaillant avec un président qui a été élu et que vous avez reconnu. Nous avons peut-être pêché par trop d’optimisme, mais nous en avons tiré les conséquences sans complexe. Mais cette situation ne doit pas vous sembler trop étrange ; car toute proportion gardée, vous l’avez connue. En effet maître, si on devait vous opposer à chaque fois votre fameux « dialogue processuel et consensuel » avec Taya, bien des alliances se seraient défaites. Avoir cherché une solution de sortie de crise avec Ould Taya ne vous rend pas comptable de son bilan, ni ne vous disqualifie pour trouver une solution aux problèmes que son pouvoir a générés. Ne nous faites donc pas ce procès-là maître.
La fin de votre texte est déjà plus positive, quand vous vous dites prêts à engager le dialogue avec l’Ajd-mr sur une mobilisation autour de cette question. Je regrette juste que vous n’ayez déjà pas engagé ce dialogue avec nous à l’occasion de cette initiative du 09 février. J’ai regretté aussi que les députés Bedredine et Kadaita Malik Diallo ne se soient pas associés à Kane Hamidou Baba pour nous accueillir. Car comme je le réitère ici, sans aucun esprit partisan et sectaire, ils ont fait un travail salutaire à l’assemblée nationale, et cela ne fait que rajouter à ma frustration de n’avoir pas pu compter sur leur présence.
Mais de grâce maître, si nous voulons avancer sur cette question nationale, nous devons éviter les stigmatisations, les éternelles accusations de communautarisme, et tous ces alibis faciles mis à la disposition de tous ceux-là qui, ne trouvant aucun intérêt à ce que ces questions soient soulevées, remercient à chaque fois le bon Dieu de trouver à travers votre belle plume un bouclier pour avancer masqués.
Bocar Oumar BA
Strasbourg (France)
Source: Bocar Ba
Mais j’avoue maître, que j’ai beaucoup de mal avec la confusion, surtout lorsqu’elle est volontairement entretenue par un esprit qui est tout sauf confus ! En dépit de tout le respect que je dois au démocrate que vous êtes, malgré toute l’admiration que j’ai pour le raffinement intellectuel que vous incarnez, je ne peux vous laisser expliquer aussi facilement votre absence à cette marche par nos antécédents avec la majorité présidentielle. Avoir été partenaire d’une majorité, surtout de la façon inédite (avec des conditions claires et écrites) dont nous l’avons fait, ne nous condamne pas à une solidarité mécanique sur tous les sujets. Je crois d’ailleurs que nous l’avons suffisamment démontré pendant ces quelques temps où nous avons été membre de cette majorité. Notre liberté de ton a été suffisamment remarquée pour qu’on ne puisse pas nous faire, de bonne foi, le procès du suivisme aveugle. Vous ne pouvez donc pas nous faire partager, sans vraiment le dire, mais tout en le suggérant quand même, la responsabilité de la prière de Kaëdi que nous avons clairement refusé d’accompagner. Cela se sait maître, et vous devriez le savoir…
Quant au dédommagement des ayants droits, nous avons clairement dit, sans confondre ce dédommagement financier avec une résolution définitive du problème, que recevoir de l’argent (que nous estimons d’ailleurs très insuffisant au regard du préjudice subi), ne pouvait pas faire de mal à ces gens qui ne baignaient pas dans le luxe et qui sont en attente depuis plus de 20 ans. Attendre que les aspects enquête, manifestation de la vérité et jugement des auteurs de crimes soient effectifs pour qu’il y ait dédommagement, c’est un luxe que vous et moi pouvons peut-être nous permettre, mais pas les veuves et les orphelins. Ceux-là comme vous le savez, vivent dans des conditions qui, si elles émeuvent tous les militants de bonne foi, ce ne fut pas au point de susciter une solidarité financière leur permettant de patienter. C’est aussi ça la vérité, même si elle peut heurter notre fierté. Bien sûr qu’il faudra après mettre en place une commission indépendante pour faire la lumière sur ces crimes et enclencher l’aspect judiciaire. Ce n’est pas incompatible à nos yeux.
Je me rappelle d’ailleurs que ce fut à peu prêt l’argument avancé par le courant auquel vous appartenez, quand à l’époque de Taya il fut question du retour sans condition des déportés. Vous étiez compréhensifs vis-à-vis de ceux qui avaient décidé de rentrer alors qu’aucune disposition sérieuse n’était prise par l’état, parce que vous estimiez que cela faisait déjà trop longtemps qu’ils étaient de l’autre coté, et que n’étant pas à leur place, on ne pouvait pas leur reprocher de regagner leur pays…
Donc, notre participation à la majorité présidentielle et des quelques mesures isolées qui ont pu rencontrer notre adhésion ne peut pas opérer comme argument pour justifier votre absence à nos cotés pendant cette marche. Car au final, ce n’est pas notre refus de condamner le coup d’état qui a légitimé Aziz. Ce sont les accords de Dakar dont vous êtes partie prenante qui ont légitimé Aziz. Vous ne pouvez donc pas nous reprocher d’avoir cru de bonne foi qu’on pouvait faire avancer les choses en travaillant avec un président qui a été élu et que vous avez reconnu. Nous avons peut-être pêché par trop d’optimisme, mais nous en avons tiré les conséquences sans complexe. Mais cette situation ne doit pas vous sembler trop étrange ; car toute proportion gardée, vous l’avez connue. En effet maître, si on devait vous opposer à chaque fois votre fameux « dialogue processuel et consensuel » avec Taya, bien des alliances se seraient défaites. Avoir cherché une solution de sortie de crise avec Ould Taya ne vous rend pas comptable de son bilan, ni ne vous disqualifie pour trouver une solution aux problèmes que son pouvoir a générés. Ne nous faites donc pas ce procès-là maître.
La fin de votre texte est déjà plus positive, quand vous vous dites prêts à engager le dialogue avec l’Ajd-mr sur une mobilisation autour de cette question. Je regrette juste que vous n’ayez déjà pas engagé ce dialogue avec nous à l’occasion de cette initiative du 09 février. J’ai regretté aussi que les députés Bedredine et Kadaita Malik Diallo ne se soient pas associés à Kane Hamidou Baba pour nous accueillir. Car comme je le réitère ici, sans aucun esprit partisan et sectaire, ils ont fait un travail salutaire à l’assemblée nationale, et cela ne fait que rajouter à ma frustration de n’avoir pas pu compter sur leur présence.
Mais de grâce maître, si nous voulons avancer sur cette question nationale, nous devons éviter les stigmatisations, les éternelles accusations de communautarisme, et tous ces alibis faciles mis à la disposition de tous ceux-là qui, ne trouvant aucun intérêt à ce que ces questions soient soulevées, remercient à chaque fois le bon Dieu de trouver à travers votre belle plume un bouclier pour avancer masqués.
Bocar Oumar BA
Strasbourg (France)
Source: Bocar Ba