Le quartier de Riyad, situé à la sortie de la ville de Nouakchott est l’un des plus singuliers de la capitale. En effet, situé sur un terrain plus plat, son découpage administratif est des plus efficients. C’est pour cela que ses rues semblent plus droites et son plan en damier plus net que la plupart des autres quartiers de la capitale. Riyadh, c’est aussi un quartier neuf. En effet, son existence est attestée à la fin des années 80. Il est subdivisé en postes kilométriques que les populations ont vite fait de dénommer «PK» on en compte jusqu’à 17.
Au PK 11, les jours se lèvent, s’étirent et se couchent suivant un ballet bien rythmé. Au carrefour de Bamako, un groupe de jeunes gens se dispute le terrain. Certains passent le plus clair du temps sur le bas-côté du rond-point à attendre les cars de transport en commun pour rabattre des clients et empocher quelques pièces d’argent. La chose n’est pas toujours aisée pour ces gens là car à ce niveau, les clients ne sont pas vraiment nombreux et du reste, la plupart préfèrent prendre les taxis collectifs à cent ouguiyas pour aller en ville.
Junk connexion
En revanche, d’autres sont là, oisifs, parce qu’ils n’ont strictement rien à faire. Cette catégorie d’individus est potentiellement la plus dangereuse car ils sont les plus enclins à provoquer la gent féminine par les insanités qu’ils profèrent à leur endroit mais aussi à agresser les piétons solitaires. Ces gens, on les appelle « Junk». Une autre appellation crée par nos compatriotes. Un junk, ça a un profil et une attitude. Il est généralement âgé d’un peu plus d’une dizaine d’années. Son look porte sur des très grands pantalons de type jean’s qu’il laisse délibérément descendre en dessous du postérieur. Sa démarche est tout aussi caractéristique. Il l’effectue en roulant des épaules et en balançant exagérément les bras de la même façon que les manchots. Ils évoluent assez souvent en bandes ou traînent à côté des standards musicaux où ils se saoulent de musique pendant des heures s’ils n’écument pas les rues à l’affût de femmes esseulées à se mettre sous la dent. Ce tableau pessimiste n’est heureusement pas le reflet exclusif de la réalité de ce quartier de la banlieue de Nouakchott. En effet, à Riyadh, il existe aussi une jeunesse consciente. Elle est incarnée par des adolescents qui ont misé sur le pari de l’école et de l’instruction. Ils voient loin et dressent un regard étonnant de réalisme sur leur cité. Ils s’appellent, Cheikh Tourad,Youba, Mohamed, Adama, Alioune, Brahim, Aicha Koriya, Fatimetou, Aichetou, Mariem et bien d’autres.
La positive attitude
Selon Aicha Koriya Mint Sévir, le fait de résider à Riyadh présente surtout des avantages : « Nous sommes bien ici. Il n’y a pas beaucoup de problèmes à Riyadh. C’est tranquille, c’est la meilleure moughataa. Nous avons beaucoup d’équipements, l’eau et l’électricité, l’éducation que demander de plus ? » L’adolescente part d’un rire pour appuyer ses propos. Alioune Niang lui, ne semble pas partager l’optimisme d’Aicha Koriya : « notre quartier est très éloigné de la capitale, c’est pour cette raison que les prix des produits coûtent plus cher. De plus, le banditisme sévit ici. Tenez, regardez ces junks, ils font la loi ici. Ils s’attaquent aux filles et aux personnes solitaires. » Alioune pointe du doigt deux jeunes gens qui passent en sifflotant, cigarette au bec. Brahim, ado, pense que bien des jeunes de Riyadh vivent un malaise et cherchent coûte que coûte à s’identifier stars de la musique, du sport et du cinéma que leur renvoient la télévision. « Vous en voyez qui passent leur temps à emprunter des pantalons par ci, des chaussures par là, des tee-shirts à droite, des ceintures à gauche. C’est l’effet de la pauvreté et de l’ignorance qui se conjugue ici. S’ils avaient été à l’école, ils allaient apprendre à savoir ce qu’ils veulent. Les jeunes doivent plus penser à, développer Riyadh qu’à chercher de l’argent pour aller à des soirées dansantes. » Pendant que les avis s’exposent, les discussions s’animent, de véritables joutes s’engagent entre ces jeunes gens. La fougue de la jeunesse aidant, chacun s’évertue à imposer ses positions. De chaudes empoignades en perspective ! Fatimétou Mint Souleymane confie : « Ici, il y’a deux catégories de personnes : celles qui pensent à leur avenir et celles qui ne pensent qu’au banditisme. Je pense que nous devons nous occuper du développement de Riyadh. Il nous faut plus promouvoir la culture. Il est nécessaire de créer des associations sportives et culturelles. Les garçons doivent être mieux canalisés et les filles doivent être encouragées à aller plus loin dans les études. Ce n’est pas la peine d’envoyer filles à l’école si elles ne poursuivent pas leurs études.» La jeunesse de Riyadh est comme toutes la jeunesse du pays sujette à des difficultés innombrables. C’est un euphémisme que d’avancer une telle boutade. Toutefois, prendre conscience effectivement des freins au développement d’une cité, les lister et proposer des ébauches de solutions ne sont pas évidemment l’apanage de notre jeunesse en général. Mais cela, eux le font. C’est pourquoi, à la question de savoir : que voulez-vous pour surmonter vos difficultés ? Ils répondent en chœur : «avancer!». En fait, ils prônent la lutte. Lutter contre le chômage selon Youba Ould Yakhoub, lutter contre l’analphabétisme, de l’avis d’Aichettou Mint Mohamed Abdallahi, lutter pour trouver du travail, le respect et la paix estime Aicha Koriya, lutter pour un avenir meilleur pense Brahim Ould Alioune, lutte pour réaliser les rêves des parents espère Mohamed Ould Mahmoud, lutter pour avancer lance Adama Sileye. Quant à l’avenir, ces jeunes âmes sont simplement philosophes. C’est Brahim qui résume la situation. «C’est simple. Si on fait des études, on aura un bon travail de même que si on apprend un métier. C’est pareil. Mais si on se contente de flâner entre les quartiers, on finira par devenir junk et notre avenir sera la drogue et la violence.» Ainsi va la vie à Riyadh. Le moins que l’on puisse penser est que l’instruction est très certainement la meilleure arme qui puisse tenir un enfant pour affronter le combat de la vie. C’est en tout cas ce que nous enseigne, ces adolescents.
Biri N’diaye
Tahalil Hebdo
Au PK 11, les jours se lèvent, s’étirent et se couchent suivant un ballet bien rythmé. Au carrefour de Bamako, un groupe de jeunes gens se dispute le terrain. Certains passent le plus clair du temps sur le bas-côté du rond-point à attendre les cars de transport en commun pour rabattre des clients et empocher quelques pièces d’argent. La chose n’est pas toujours aisée pour ces gens là car à ce niveau, les clients ne sont pas vraiment nombreux et du reste, la plupart préfèrent prendre les taxis collectifs à cent ouguiyas pour aller en ville.
Junk connexion
En revanche, d’autres sont là, oisifs, parce qu’ils n’ont strictement rien à faire. Cette catégorie d’individus est potentiellement la plus dangereuse car ils sont les plus enclins à provoquer la gent féminine par les insanités qu’ils profèrent à leur endroit mais aussi à agresser les piétons solitaires. Ces gens, on les appelle « Junk». Une autre appellation crée par nos compatriotes. Un junk, ça a un profil et une attitude. Il est généralement âgé d’un peu plus d’une dizaine d’années. Son look porte sur des très grands pantalons de type jean’s qu’il laisse délibérément descendre en dessous du postérieur. Sa démarche est tout aussi caractéristique. Il l’effectue en roulant des épaules et en balançant exagérément les bras de la même façon que les manchots. Ils évoluent assez souvent en bandes ou traînent à côté des standards musicaux où ils se saoulent de musique pendant des heures s’ils n’écument pas les rues à l’affût de femmes esseulées à se mettre sous la dent. Ce tableau pessimiste n’est heureusement pas le reflet exclusif de la réalité de ce quartier de la banlieue de Nouakchott. En effet, à Riyadh, il existe aussi une jeunesse consciente. Elle est incarnée par des adolescents qui ont misé sur le pari de l’école et de l’instruction. Ils voient loin et dressent un regard étonnant de réalisme sur leur cité. Ils s’appellent, Cheikh Tourad,Youba, Mohamed, Adama, Alioune, Brahim, Aicha Koriya, Fatimetou, Aichetou, Mariem et bien d’autres.
La positive attitude
Selon Aicha Koriya Mint Sévir, le fait de résider à Riyadh présente surtout des avantages : « Nous sommes bien ici. Il n’y a pas beaucoup de problèmes à Riyadh. C’est tranquille, c’est la meilleure moughataa. Nous avons beaucoup d’équipements, l’eau et l’électricité, l’éducation que demander de plus ? » L’adolescente part d’un rire pour appuyer ses propos. Alioune Niang lui, ne semble pas partager l’optimisme d’Aicha Koriya : « notre quartier est très éloigné de la capitale, c’est pour cette raison que les prix des produits coûtent plus cher. De plus, le banditisme sévit ici. Tenez, regardez ces junks, ils font la loi ici. Ils s’attaquent aux filles et aux personnes solitaires. » Alioune pointe du doigt deux jeunes gens qui passent en sifflotant, cigarette au bec. Brahim, ado, pense que bien des jeunes de Riyadh vivent un malaise et cherchent coûte que coûte à s’identifier stars de la musique, du sport et du cinéma que leur renvoient la télévision. « Vous en voyez qui passent leur temps à emprunter des pantalons par ci, des chaussures par là, des tee-shirts à droite, des ceintures à gauche. C’est l’effet de la pauvreté et de l’ignorance qui se conjugue ici. S’ils avaient été à l’école, ils allaient apprendre à savoir ce qu’ils veulent. Les jeunes doivent plus penser à, développer Riyadh qu’à chercher de l’argent pour aller à des soirées dansantes. » Pendant que les avis s’exposent, les discussions s’animent, de véritables joutes s’engagent entre ces jeunes gens. La fougue de la jeunesse aidant, chacun s’évertue à imposer ses positions. De chaudes empoignades en perspective ! Fatimétou Mint Souleymane confie : « Ici, il y’a deux catégories de personnes : celles qui pensent à leur avenir et celles qui ne pensent qu’au banditisme. Je pense que nous devons nous occuper du développement de Riyadh. Il nous faut plus promouvoir la culture. Il est nécessaire de créer des associations sportives et culturelles. Les garçons doivent être mieux canalisés et les filles doivent être encouragées à aller plus loin dans les études. Ce n’est pas la peine d’envoyer filles à l’école si elles ne poursuivent pas leurs études.» La jeunesse de Riyadh est comme toutes la jeunesse du pays sujette à des difficultés innombrables. C’est un euphémisme que d’avancer une telle boutade. Toutefois, prendre conscience effectivement des freins au développement d’une cité, les lister et proposer des ébauches de solutions ne sont pas évidemment l’apanage de notre jeunesse en général. Mais cela, eux le font. C’est pourquoi, à la question de savoir : que voulez-vous pour surmonter vos difficultés ? Ils répondent en chœur : «avancer!». En fait, ils prônent la lutte. Lutter contre le chômage selon Youba Ould Yakhoub, lutter contre l’analphabétisme, de l’avis d’Aichettou Mint Mohamed Abdallahi, lutter pour trouver du travail, le respect et la paix estime Aicha Koriya, lutter pour un avenir meilleur pense Brahim Ould Alioune, lutte pour réaliser les rêves des parents espère Mohamed Ould Mahmoud, lutter pour avancer lance Adama Sileye. Quant à l’avenir, ces jeunes âmes sont simplement philosophes. C’est Brahim qui résume la situation. «C’est simple. Si on fait des études, on aura un bon travail de même que si on apprend un métier. C’est pareil. Mais si on se contente de flâner entre les quartiers, on finira par devenir junk et notre avenir sera la drogue et la violence.» Ainsi va la vie à Riyadh. Le moins que l’on puisse penser est que l’instruction est très certainement la meilleure arme qui puisse tenir un enfant pour affronter le combat de la vie. C’est en tout cas ce que nous enseigne, ces adolescents.
Biri N’diaye
Tahalil Hebdo