Notre combat a besoin de clarté, par Hamdou Rabby Sy

La réalité est dure. Le système est féroce. Notre peuple souffre cruellement de l’oppression, des blessures de l’humiliation, de l’injustice, de l’impunité et de l’exclusion. Le quotidien de notre peuple est infernal par la violence du système, de son administration, de sa police, de son armée, de sa gendarmerie, de ses commerçants, des agents de recouvrement des factures d’eau et d’électricité. C’est un peuple qui ne sait pas comment en finir avec ce système diabolique par sa cruauté et son inhumanité. Nos cadres, nos intellectuels, nos diplômés ont le choix entre le refus et la résistance contre le système et la résignation, l’humiliation et la complicité. D’autres, moins malheureux, matériellement et financièrement, sont obligés de faire preuve d’allégeance, afin de bénéficier de l’opportunité de rejoindre, un jour, la haute fonction publique internationale ou de circuler librement entre le pays et l’étranger. Tout ce beau monde, à l’exception des victimes impuissantes, ne facilite pas la clarté de notre combat, au nom de leurs intérêts personnels, de leur ego, voire de leur lâcheté. Le combat contre l’injustice, le racisme, l’esclavage, est un combat universel pour la démocratie, pour une société mauritanienne débarrassée de l’impunité, de l’oppression des noirs. Cette réalité est infalsifiable et n’a pas besoin de structures logiques, de configurations conceptuelles, d’entités abstraites, mais de mots simples pour signifier des maux graves et inacceptables. Ce n’est pas une question de rhétorique ou de style, mais de position politique claire et nette. Il s’agit en effet, de dénoncer, de nommer, d’énoncer ce qui relève de la politique du mal, de la haine et du déni de l’humanité d’une composante du pays.

Le combat contre l’impunité n’est pas une affaire de communautés, c’est une affaire d’humanité, de justice, de vérité et de démocratie. On ne peut pas se revendiquer des valeurs de la démocratie, de la modernité, de la justice et du respect de la dignité humaine pour tous, et être dans le ni, ni… Cette posture est intenable, elle est hypocrite. On ne peut pas relativiser la posture d’opposition contre l’injustice qui caractérise l’Etat mauritanien depuis les indépendances.

Le mensonge, les arguments fallacieux et les calculs politiques opportunistes ne peuvent pas constituer un programme politique de mobilisation. Les partenaires d’un système oppresseur peuvent être des collaborateurs efficaces, voire redoutables, mais ne gouverneront jamais. Il y a un moment, il faut arrêter de tricher avec sa conscience. Les nègres de service n’obtiendront rien, dans le contexte actuel. L’indignité et la lâcheté ne sont pas des critères de promotion. Cette époque est révolue. Avec Ould Taya, ça avait marché pendant un certain temps. Mais avec Ould Abdoul Aziz, ça ne fonctionne pas et tant mieux ! Tant pis pour les chercheurs de postes et les opportunistes.

La situation politique de la Mauritanie exige des positions claires, à défaut, d’être radicales. Les extrémismes sont du côté des continuateurs du système, de leurs alliés et des experts en cafouillage et en amalgame. Le flou artistique des opportunistes, artisans du verbiage ne trompe personne. Ils jouent avec leur avenir, en refusant d’assumer leur rôle historique, celui d’être à l’avant-garde du combat contre un système injuste, raciste, esclavagiste, sans scrupules, dans sa logique de la haine et de l’exclusion de la composante africaine noire du pays. Les lettrés au service de la défense du bourreau contre la victime ont fait ainsi le choix de la facilité, l’option de la médiocrité et de la misère morale. Le refus de l’injustice n’a pas de couleur, de religion, de tribu, de culture, d’idéologie. Il s’agit de résister contre un système inhumain et barbare, irrespectueux du devoir et du principe d’humanité. Notre combat n’est pas national, ni nationaliste, il est humain, universel et politique. Etre démocrate, progressiste, internationaliste, simplement juste, en Mauritanie, hier comme aujourd’hui, c’est combattre le système politique, dont le représentant à l’heure actuelle, s’appelle Mohamed Ould Abdoul Aziz. Notre président fait plus de preuve de solidarité avec l’extérieur, avec des agresseurs, des terroristes qu’avec ses compatriotes, à qui, il dénie le droit de vivre dignement dans leur propre pays. Le recensement en constitue une preuve la plus criante. Ce qui ne gêne pas les partenaires, les alliés, les amis et les idéologues du bourreau. La plupart des organisations politiques mauritaniennes affichent leur indifférence et leur mépris contre le combat de l’AJD/ MR et des actions du TPMN. Mieux vaut flatter le bourreau que dénoncer la politique cruelle et négationniste que mène Ould Abdoul Aziz. Certaines positions et déclarations relèvent vraiment du mépris et de l’arrogance. Tout a été essayé en matière de trahison, de lâcheté, de larbinisme, ça n’a servi à rien devant l’arrogance et la toute-puissance du système. Les chercheurs de primes s’en moquent. Ils auraient bien voulu l’aplatissement généralisé pour nous raconter leurs fadaises, leurs récits incroyables en génie de la falsification, de compromission et d’allégeance, dans le but d’imposer ainsi leur vision unilatérale et dogmatique, quelles qu’en soient les nuances rhétoriques.

Nous, nous croyons profondément à la justice, à la vérité, à la générosité et à l’humanité éternelle. Nous ne succomberons pas à la rhétorique de la facilité et n’accepterons aucun consensus avec le système. Mohamed Ould Abdoul Aziz et ses compagnons répondront comme leurs prédécesseurs devant le tribunal de l’Histoire. Les tyrans, les méchants, les profiteurs, les flatteurs et les courtisans ne peuvent pas constituer une avant-garde qui conduit le pays vers la démocratie, la justice et la vérité. Ce sont les alliés misérables d’une gouvernance injuste, désespérée, qui a plongé le pays dans une voie sans issue et a conforté le processus de négation de la citoyenneté mauritanienne de la communauté africaine noire. La politique d’Ould Abdoul Aziz est une continuation approfondie du régime d’Ould Taya et de la négation de la dimension africaine de la Mauritanie. Ceux qui s’y complaisent, en tant qu’acteurs politiques de tous les bords, sont des courtisans médiocres, dès lors qu’ils ne font pas partie des victimes impuissantes.

La tyrannie a toujours fini par céder devant les pressions des forces animées par la justice et la vérité. La faiblesse des vaincus est plus puissante que le pouvoir des injustes et des barbares. A défaut de clarté, le silence est une preuve de dignité et un devoir de respect pour les victimes.

Nous avons besoin de clarté et non de rhétorique de l’amalgame, quand il est question de mort, de souffrance, d’humiliation et du déni d’humanité et de négation de la citoyenneté. Il faut en finir avec la soumission à la politique de deux poids, deux mesures. Au diable, les fossoyeurs !

SY Hamdou Rabby
Philosophe et militant des Droits de l’Homme
Pour avomm.com