Des citoyens mauritaniens expatriés aux Etats Unis ont porté plaintes contre Maaouya Ould Sid Ahmed Taya. Cette plainte intervient après celle reçue par la justice belge et la condamnation de Ely ould Da h par la cour d’assises du Gard de Nime (France). La justice pénale internationale s’acharne-t-elle contre la Mauritanie ?
Le premier juillet 2005, suite à une plainte de citoyens mauritaniens vivant en France, la cour d’assises du Gard de Nîmes condamne, par contumace, pour acte de tortures dans son pays, le capitaine Mauritanien, Ely Ould Dah, à dix ans de réclusion criminelle.
En mai 2006, la justice belge juge recevable une plainte "pour crimes de tortures et crimes contre l’humanité " contre Maaouya Ould Sid Ahmed Taya, déchu de la présidence de la République par le coup d’Etat du 05 août 2005. Auteur de la plainte : l’association des veuves et orphelins des militaires mauritaniens, victimes de la répression du régime de Ould Taya. (AVOMM).
Mercredi 23 mai 2007, des mauritaniens résidant aux Etats Unis portent plainte contre Ould Taya pour crimes contre l’humanité, tortures et crimes de déportations. La plainte est prise en charge par une ONG dénommée " Réfugee Défense Alliance".
Il est fort peu probable que Maaouya Oud Sid Ahmed Taya soit extradé de son refuge qatari vers les Etats Unis ou la Belgique. Mais comme Ely Ould Dah, un autre mauritanien pourrait se faire prendre par la justice d’un de ces Etats. La raison de ces plaintes, ce sont les 28 pendus d’Inal, les fosses communes de Sory Malé et d’ailleurs, les centaines d’exécutions extrajudiciaires, les déportations massives de mauritaniens vers le Mali et le Sénégal…Toutes ces atrocités sont ce qu’on appelle aujourd’hui le passif humanitaire.
Pendant toute la période de Ould Taya, ceux qui osaient, de l’intérieur ou de l’extérieur, demander réparation étaient étiquetés "ennemis de la nation toujours prompts à salir l’image du pays. " Les autorités démocratiquement élues comprendront peut être que les ennemis de la Nation, ce sont les auteurs d’acte inhumains et dégradants. L’espoir né du départ de Ould Taya et des promesses de démocratisation s’est vite dissipé. Le CMJD a renvoyé le dossier à l’après-transition.
Les veuves et orphelins des victimes des actes de tortures et d’exécutions extrajudiciaires ont continué, comme au temps de Ould Taya, à se réunir au siège du Forum national des Organisations défenseurs des droits de l’Homme (FONADH) pour pleurer. En vain, ils ont réclamé que justice soit faite, que l’Etat leur dise où ont été enterrés leurs maris, pères, frères…..
Tant qu’on ne le leur dira pas, la justice pénale internationale sera une épée de damoclès. Elle planera sur Maaouya Ould Sid Ahmed Taya et sur tous ceux qui ont ordonné ou mis la main à l’horreur du passif humanitaire.
Abou Grhaib ne nous dédouane pas
Avec Abou Ghraib, Guantanamo, la peine capitale…. Les Etats Unis ne sont pas un excellent exemple de la promotion du respect des droits de l’Homme. Seulement, on ne peut pas se prévaloir des saloperies des autres pour justifier nos crimes. Si la justice mauritanienne juge recevable une plainte contre Ould Taya ou tout autre présumé auteur de violation de la dignité humaine en relation avec le passif humanitaire, les mauritaniens de la diaspora vont, peut être, faire l’économie des plaintes extra-territoriales .
Les défenseurs des droits de l’Homme membres du FONADH ont appuyé l’initiative populaire pour la libération des mauritaniens séquestrés à Guantanamo. Ils Ont semble-t-il été entendu par les autorités. Ces mêmes associations du FONADH, depuis plus de 15 ans, demandent le règlement de la question du passif humanitaire. Après le régime de Ould Taya, après celui des colonels du CMJD, les autorités démocratiquement élus vont peut être les entendre. Autrement, une plainte sera reçue par la justice d’un autre pays.
Khalilou Diagana
[Khalioubi@yahoo. fr]mail:Khalioubi@yahoo. fr