Blessé par balles le 13 octobre dernier près de la base militaire de Tweila, le président mauritanien est encore en convalescence en France, où il a été évacué depuis le 14 octobre dernier.
L’opposition a exigé le bulletin de santé de Mohamed Ould Abdelaziz. Elle réclame, en outre, un pouvoir transitoire consensuel pour pallier «un vide constitutionnel». Devant le refus du gouvernement de répondre à ses doléances, la Coordination de l’opposition démocratique (COD) — qui est composée d’une douzaine de partis — est montée, une nouvelle fois, au créneau cette semaine pour dénoncer cet état de fait. Membre actif de la COD, M. Ould Maouloud explique les raisons qui ont amené sa formation à demander le départ du président Ould Abdelaziz.
-Cela fait maintenant plus d’un mois depuis que le président Mohamed Ould Abdelaziz s’est fait hospitaliser en France. Avez-vous des nouvelles sur son état de santé ?
A ce jour, aucune information officielle ne nous a été communiquée sur son état de santé. Depuis le 13 octobre dernier, date de sa blessure par balles, la Coordination de l’opposition démocratique (COD) n’a cessé de demander des infirmations précises et officielles. Nous avons insisté sur la nécessité de rendre public son bulletin de santé parce que se pose la question de savoir s’il y a empêchement ou non. Et si empêchement il y a, il est important que nous sachions s’il est provisoire ou définitif. La situation est telle qu’aujourd’hui nous avons le sentiment même qu’il n’y a aucune autorité capable de communiquer sur la santé du président de la République.
-Selon vous, le black-out entretenu autour de la santé du président n’est-il pas justement une manière pour lui ou son entourage de gagner du temps ?
Gagner du temps contre le destin ou par rapport à une situation politique qui était, au départ, imprévue ? Il y a probablement de cela. En fait, ceux qui sont au pouvoir veulent effectivement se donner le temps suffisant pour mettre en ordre leurs affaires et élaborer leur propre plan de gestion de la situation exceptionnelle qui a résulté de cet «accident». Cela nous le sentons. Tout le monde sait qu’ils sont en train de gagner du temps. Ils passent leur temps à distiller toutes sortes de rumeurs. L’une d’elles consiste à annoncer le retour du président à court terme. Je tiens toutefois à dire que les Mauritaniens ne sont pas dupes. Ils savent bien que la situation est grave et qu’ils ne la contrôlent pas très bien. Ce sont les médecins français de l’hôpital militaire de Percy à Paris qui connaissent la réalité. Comme je viens de vous le dire, même le gouvernement ne sait pas grand-chose. Tout le monde est logé à la même enseigne. Bien entendu, cette situation est pour nous inacceptable.
-Quelles conclusions cette gestion vous amène à tirer ?
Pour nous, si l’on n’a pas osé en parler c’est que l’état de santé du président de la République doit être suffisamment grave. Il y a vraisemblablement un empêchement qui nous commande de tirer les conclusions qui s’imposent. Pour nous, il y a une vacance du poste de président de la République. Partant de là, nous demandons l’organisation d’une transition démocratique et la mise en place d’un pouvoir de transition. Cette démarche permettra au pays de sortir de l’incertitude que vit la Mauritanie.
-A qui, en particulier, adressez-vous votre appel ?
Nous adressons notre appel à toutes les forces politiques agissantes actuellement dans le pays. Nous considérons qu’il y a une crise politique. Il y en avait déjà une avant son hospitalisation. L’opposition réclamait le départ du président de la République parce qu’il n’a pas respecté des dispositions de la Constitution. Il n’a pas réussi à organiser les élections (les législatives et les municipales) dans les délais prévus. L’Etat civil est complètement à refaire. Nous sommes dans une situation pour le moins insolite: aucune institution constitutionnelle ne fonctionne.
Le constat est valable autant pour le Parlement que pour le Conseil constitutionnel qui doit, dans une situation exceptionnelle, prononcer l’incapacité du président à gouverner. On ne nous laisse pas le choix. Le mandat du parlement est terminé depuis octobre 2011. Les élections ne peuvent pas être organisées parce que l’Etat civil n’est pas prêt. Cette situation a amené la coordination à réclamer le départ du président Mohamed Ould Abdelaziz. Avec ce qui s’est produit le 13 octobre dernier, ce sont toutes les institutions qui sont paralysées. Maintenant, nous demandons à ce que les forces politiques agissantes, c’est-à-dire ce que nous appelons l’opposition et les partisans du pouvoir à bâtir un consensus et à s’entendre sur la manière de gérer cette situation exceptionnelle que vit le pays.
-Justement, avez-vous eu un retour d’écoute des partis de la majorité ?
Nous allons établir des contacts officiels avec toutes les parties concernées. Au bout d’une semaine, nous pourrons tenir une conclusion sur la disponibilité de l’autre camp à s’engager dans la recherche d’une solution politique à l’impasse actuelle.
-Le préjugé que vous avez par rapport aux partis de la majorité est-il favorable ou défavorable ?
Nous avons plutôt un souhait : c’est qu’ils se rendent compte de la réalité et qu’ils s’engagent avec nous dans la recherche d’une solution politique le plus tôt possible.Tout le monde doit savoir que si continuons à nous contenter d’observer la situation se détériorer, il sera après difficile d’y remédier.
-En l’absence du président Ould Abdelaziz, qui détient la réalité du pouvoir en Mauritanie ?
Le pouvoir est éclaté. Chaque partie en détient un petit bout. Seul le président de la République peut se targuer de contrôler les principaux leviers du pouvoir.Après ce qui s’est produit, certaines parties doivent certainement chercher à se tailler un espace de pouvoir plus grand. Une chose est claire : dans cette confusion, personne ne se sent responsable de répondre à nos doléances. Cela est valable autant pour le gouvernement — qui est normalement censé réagir à nos réclamations — que pour le reste des autres autorités. Nous sommes dans une situation où le pays n’est pas dirigé. C’est une vacance.
-Certains acteurs de la COD disent que c’est l’armée qui détient le pouvoir et que c’est particulièrement le chef d’état-major qui tire les ficelles. Est-ce que vous partagez cette analyse ?
Nous n’avons pas de faits concrets pour accuser ou dire de l’armée quoi que ce soit. Elle n’a pas à s’impliquer dans la crise politique. Ce n’est, par ailleurs, pas à nous de chercher à l’impliquer. Pour le moment, elle n’est pas intervenue dans le jeu politique. Nous n’avons donc pas à l’accuser.
-A l’instar de beaucoup d’autres pays africains, vous ne pouvez pas nier que les militaires ont été pendant longtemps des faiseurs de rois ?
Bien sûr qu’il faut tenir compte du rôle de l’armée. Nous devons voir ce qu’il a été dans le passé et réfléchir à ce qu’il doit être à l’avenir. L’armée a toujours eu des chefs qui n’ont pas hésité à intervenir dans le domaine de la politique. Ils ont joué le rôle de chefs politiques.
Le résultat a été catastrophique pour l’armée et pour la politique. Aujourd’hui, nous voulons que les choses changent et que l’armée s’occupe de problèmes inhérents à la sécurité et à la défense nationales. Ma remarque vaut surtout dans cette période où nous avons la crise du Mali. Nous avons beaucoup à faire pour mettre au point les capacités de défense de notre pays. Donc, nous ne voulons pas que l’armée s’implique dans cette crise. Celle-ci doit être gérée par les forces politiques.
Source: alwatan
L’opposition a exigé le bulletin de santé de Mohamed Ould Abdelaziz. Elle réclame, en outre, un pouvoir transitoire consensuel pour pallier «un vide constitutionnel». Devant le refus du gouvernement de répondre à ses doléances, la Coordination de l’opposition démocratique (COD) — qui est composée d’une douzaine de partis — est montée, une nouvelle fois, au créneau cette semaine pour dénoncer cet état de fait. Membre actif de la COD, M. Ould Maouloud explique les raisons qui ont amené sa formation à demander le départ du président Ould Abdelaziz.
-Cela fait maintenant plus d’un mois depuis que le président Mohamed Ould Abdelaziz s’est fait hospitaliser en France. Avez-vous des nouvelles sur son état de santé ?
A ce jour, aucune information officielle ne nous a été communiquée sur son état de santé. Depuis le 13 octobre dernier, date de sa blessure par balles, la Coordination de l’opposition démocratique (COD) n’a cessé de demander des infirmations précises et officielles. Nous avons insisté sur la nécessité de rendre public son bulletin de santé parce que se pose la question de savoir s’il y a empêchement ou non. Et si empêchement il y a, il est important que nous sachions s’il est provisoire ou définitif. La situation est telle qu’aujourd’hui nous avons le sentiment même qu’il n’y a aucune autorité capable de communiquer sur la santé du président de la République.
-Selon vous, le black-out entretenu autour de la santé du président n’est-il pas justement une manière pour lui ou son entourage de gagner du temps ?
Gagner du temps contre le destin ou par rapport à une situation politique qui était, au départ, imprévue ? Il y a probablement de cela. En fait, ceux qui sont au pouvoir veulent effectivement se donner le temps suffisant pour mettre en ordre leurs affaires et élaborer leur propre plan de gestion de la situation exceptionnelle qui a résulté de cet «accident». Cela nous le sentons. Tout le monde sait qu’ils sont en train de gagner du temps. Ils passent leur temps à distiller toutes sortes de rumeurs. L’une d’elles consiste à annoncer le retour du président à court terme. Je tiens toutefois à dire que les Mauritaniens ne sont pas dupes. Ils savent bien que la situation est grave et qu’ils ne la contrôlent pas très bien. Ce sont les médecins français de l’hôpital militaire de Percy à Paris qui connaissent la réalité. Comme je viens de vous le dire, même le gouvernement ne sait pas grand-chose. Tout le monde est logé à la même enseigne. Bien entendu, cette situation est pour nous inacceptable.
-Quelles conclusions cette gestion vous amène à tirer ?
Pour nous, si l’on n’a pas osé en parler c’est que l’état de santé du président de la République doit être suffisamment grave. Il y a vraisemblablement un empêchement qui nous commande de tirer les conclusions qui s’imposent. Pour nous, il y a une vacance du poste de président de la République. Partant de là, nous demandons l’organisation d’une transition démocratique et la mise en place d’un pouvoir de transition. Cette démarche permettra au pays de sortir de l’incertitude que vit la Mauritanie.
-A qui, en particulier, adressez-vous votre appel ?
Nous adressons notre appel à toutes les forces politiques agissantes actuellement dans le pays. Nous considérons qu’il y a une crise politique. Il y en avait déjà une avant son hospitalisation. L’opposition réclamait le départ du président de la République parce qu’il n’a pas respecté des dispositions de la Constitution. Il n’a pas réussi à organiser les élections (les législatives et les municipales) dans les délais prévus. L’Etat civil est complètement à refaire. Nous sommes dans une situation pour le moins insolite: aucune institution constitutionnelle ne fonctionne.
Le constat est valable autant pour le Parlement que pour le Conseil constitutionnel qui doit, dans une situation exceptionnelle, prononcer l’incapacité du président à gouverner. On ne nous laisse pas le choix. Le mandat du parlement est terminé depuis octobre 2011. Les élections ne peuvent pas être organisées parce que l’Etat civil n’est pas prêt. Cette situation a amené la coordination à réclamer le départ du président Mohamed Ould Abdelaziz. Avec ce qui s’est produit le 13 octobre dernier, ce sont toutes les institutions qui sont paralysées. Maintenant, nous demandons à ce que les forces politiques agissantes, c’est-à-dire ce que nous appelons l’opposition et les partisans du pouvoir à bâtir un consensus et à s’entendre sur la manière de gérer cette situation exceptionnelle que vit le pays.
-Justement, avez-vous eu un retour d’écoute des partis de la majorité ?
Nous allons établir des contacts officiels avec toutes les parties concernées. Au bout d’une semaine, nous pourrons tenir une conclusion sur la disponibilité de l’autre camp à s’engager dans la recherche d’une solution politique à l’impasse actuelle.
-Le préjugé que vous avez par rapport aux partis de la majorité est-il favorable ou défavorable ?
Nous avons plutôt un souhait : c’est qu’ils se rendent compte de la réalité et qu’ils s’engagent avec nous dans la recherche d’une solution politique le plus tôt possible.Tout le monde doit savoir que si continuons à nous contenter d’observer la situation se détériorer, il sera après difficile d’y remédier.
-En l’absence du président Ould Abdelaziz, qui détient la réalité du pouvoir en Mauritanie ?
Le pouvoir est éclaté. Chaque partie en détient un petit bout. Seul le président de la République peut se targuer de contrôler les principaux leviers du pouvoir.Après ce qui s’est produit, certaines parties doivent certainement chercher à se tailler un espace de pouvoir plus grand. Une chose est claire : dans cette confusion, personne ne se sent responsable de répondre à nos doléances. Cela est valable autant pour le gouvernement — qui est normalement censé réagir à nos réclamations — que pour le reste des autres autorités. Nous sommes dans une situation où le pays n’est pas dirigé. C’est une vacance.
-Certains acteurs de la COD disent que c’est l’armée qui détient le pouvoir et que c’est particulièrement le chef d’état-major qui tire les ficelles. Est-ce que vous partagez cette analyse ?
Nous n’avons pas de faits concrets pour accuser ou dire de l’armée quoi que ce soit. Elle n’a pas à s’impliquer dans la crise politique. Ce n’est, par ailleurs, pas à nous de chercher à l’impliquer. Pour le moment, elle n’est pas intervenue dans le jeu politique. Nous n’avons donc pas à l’accuser.
-A l’instar de beaucoup d’autres pays africains, vous ne pouvez pas nier que les militaires ont été pendant longtemps des faiseurs de rois ?
Bien sûr qu’il faut tenir compte du rôle de l’armée. Nous devons voir ce qu’il a été dans le passé et réfléchir à ce qu’il doit être à l’avenir. L’armée a toujours eu des chefs qui n’ont pas hésité à intervenir dans le domaine de la politique. Ils ont joué le rôle de chefs politiques.
Le résultat a été catastrophique pour l’armée et pour la politique. Aujourd’hui, nous voulons que les choses changent et que l’armée s’occupe de problèmes inhérents à la sécurité et à la défense nationales. Ma remarque vaut surtout dans cette période où nous avons la crise du Mali. Nous avons beaucoup à faire pour mettre au point les capacités de défense de notre pays. Donc, nous ne voulons pas que l’armée s’implique dans cette crise. Celle-ci doit être gérée par les forces politiques.
Source: alwatan