Liste de liens

Le bureau exécutif de l'AVOMM

"L'important n'est pas ce qu'on fait de nous, mais ce que nous faisons nous-mêmes de ce qu'on a fait de nous." Jean-Paul Sartre

"L'Association d'aides aux veuves et aux orphelins de mauritanie (AVOMM) qui nous rassemble, a été créée le 25/12/95 à PARIS par d'ex-militaires mauritaniens ayant fui la terreur, l'oppression, la barbarie du colonel Mawiya o/ sid'ahmed Taya ......
Ces rescapés des geôles de ould Taya, et de l'arbitraire, décidèrent, pour ne jamais oublier ce qui leur est arrivé, pour garder aussi la mémoire des centaines de martyrs, de venir en aide aux veuves, aux orphelins mais aussi d'engager le combat contre l'impunité décrétée par le pouvoir de Mauritanie."
E-mail : avommavomm@yahoo.fr

Bureau exécutif

*Ousmane SARR, président
*Demba Niang, secrétaire général
*Secrétaire général Adjt; Demba Fall
*Alousseyni SY, Chargé des relations extérieures
*Mme Rougui Dia, trésorière
*Chargé de l’organisation Mariame Diop
*adjoint Ngolo Diarra
*Mme Mireille Hamelin, chargée de la communication
*Chargé de mission Bathily Amadou Birama
Conseillers:
*Kane Harouna
*Hamdou Rabby SY










AVOMM

Mohamed Ould Abdel Aziz joue et perd


Mohamed Ould Abdel Aziz joue et perd
Le 19 septembre dernier, lors de la cérémonie d’investiture du nouveau président malien Ibrahim Boubacar Keïta, l’on a noté l’absence du président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz. Une absence qui soulève du côté de Nouakchott interrogations et inquiétudes, en particulier sur l’avenir des relations entre les deux pays. Auparavant, à l’occasion de son discours d’adieu le 03 septembre, le président par intérim, Dioncounda Traoré,  annonçait déjà la couleur : il a remercié, en les nommant, chacun des chefs d’Etat dont les Maliens ont pu apprécier le soutien durant l’épreuve que leur pays venait de traverser. Le nom de Mohamed Ould Abdel Aziz fut soigneusement omis et la Mauritanie n’ayant été citée qu’au titre des pays voisins abritant des Maliens déplacés à la faveur de ces troubles. Guère plus.
 
Est-ce réellement surprenant quand on sait le rôle directement joué par Nouakchott dans la déstabilisation du régime déchu et l’ambigüité de sa politique tout au long de la période de transition. En effet, sous couvert d’une lutte contre le terrorisme islamique dont il a décidé que l’épicentre se trouve en territoire malien, Mohamed Ould Abdel Aziz voulait en réalité appuyer les revendications indépendantistes des rebelles touareg visant la création dans le nord du Mali d’un Etat Azawad. Une appellation qui ne répond ni à un fondement géographique ou historique, ni à une réalité sociologique ou ethnologique.  La région est peuplée de songhaï, de peul, de bozo, de barbiches, ainsi que de touareg. Rien, aucune étude historique ou scientifique n’attribue à ces derniers une antériorité sur les autres, ni même un poids démographique particulièrement favorable. Bien au contraire. Le délaissement supposé ou réel de cette zone par le pouvoir central de Bamako ne touchait donc pas spécifiquement et exclusivement les Touareg.
 
Eloignée de tout, donc du contrôle de l’Etat central miné par la corruption, la zone est devenue au fil des années un terreau fertile pour les narcotrafiquants de différents pays frontaliers, une zone d’activités criminelles de toutes sortes, un terrain squatté aussi par des fractions djihadistes en recherche de bases d’implantation.
 
Les nouvelles autorités maliennes n’avaient pas eu besoin de tant de temps que cela pour comprendre la duplicité du jeu de Nouakchott qui d’ailleurs, n’avait pas échappé à la rue malienne et à sa classe politique : des partis politiques aux journaux, en passant par la société civile, le choix du raïs mauritanien de favoriser la partition du Mali ne faisait l’ombre d’aucun doute. Outre le fait d’héberger les éléments du Mouvement National de Libération de l’Azawad (MNLA) qui ont pignon sur rue à Nouakchott, Mohamed Ould Abdel Aziz aurait mis à contribution les généraux Hadi et Meguette, qui ont fait leurs preuves dans l’art de la répression intérieure et de la déstabilisation extérieure, pour encadrer et contrôler cette rébellion. Un journal bamakois, dans sa livraison du 7 mars 2012, rapportait ces propos jugés belliqueux du désormais ex-ministre des affaires étrangères, Hamadi Ould Hamadi, qui aurait déclaré sur RFI que « les Touareg sont une communauté ethnique (..), ils n’ont jamais attaqué un pays étranger ». Certains intellectuels mauritaniens n’hésitent pas à parler de solidarité épidermique. D’autres, proches de la ligne officielle, justifient ce soutien par la proximité ethnique.
 
Quoi qu’il en soit, en faisant de la lutte contre Al Qaeda au Sahel un objectif presque obsessionnel depuis 2010, Mohamed Ould Abdel Aziz avait revêtu un costume qui ne lui sied pas, ignorant toutefois que le contrôle du calendrier d’une telle aventure lui échappait. Plusieurs faisceaux d’indices semblent accréditer l’hypothèse d’un soutien apporté à sa démarche par le président français de l’époque, Nicolas Sarkozy, dont l’agenda était tout autre, à en croire le communiqué du président du bureau politique du MNLA, Mahmoud Ag Aghaly qui «accueille ouvertement le soutien de la France pour la recherche d’une solution durable et définitive de cette crise (reconnaissance du droit à l’autodétermination au peuple de l’Azawad) ». Ce communiqué daté du 8 février 2012 fait suite à une initiative présentée par Alain Juppé, ministre des affaires étrangères, au Sénat français le mardi 7 février 2012.
 
 
Pendant la période d’occupation du Nord du Mali, les relations entre Nouakchott et Bamako se sont considérablement dégradées. Les incursions de l’armée mauritanienne en territoire malien eurent pour conséquences de « dresser » l’armée de ce pays contre la Mauritanie et ses ressortissants : dans la nuit du 8 au 9 septembre 2012, dans la localité malienne de Diabali, l’armée malienne a tué 16 personnes à bord d’un véhicule de transport en commun, dont 12 Mauritaniens. Si l’on a évoqué côté malien un refus d’obtempérer lors d’un contrôle de voyageurs, nombreux furent les Mauritaniens qui ont cru au règlement de compte. A Fassala, village d’origine de 9 des 12 tués, on a réclamé vengeance. Durant la transition, la Mauritanie refusera, contre toute logique, de participer à la coalition internationale, arguant l’absence de mandat préalable des Nations-unies. Qu’à cela ne tienne. Une résolution des Nations-unies vote la mise en place de la Minusma. La Mauritanie accepte l’idée d’une participation, mais pose des conditions : choisir les lieux d’implantations de ses troupes, non loin de ses frontières. En réalité, il s’agit de points de cantonnements qui devaient « revenir » aux Touareg selon les termes de l’accord de Ouagadougou, signé le 18 juin 2013 entre le gouvernement malien et les mouvements de l’Azawad (MNLA et HCUA), conditions jugées inacceptables pour Bamako. Nouakchott se formalise et Mohamed Ould Abdel Aziz reçoit entre les deux tours de l’élection présidentielle malienne les principaux responsables militaires de la rébellion touareg. A quelles fins ?
 
Aujourd’hui, le Mali a retrouvé, avec l’aide et le soutien de la France de François Hollande et de pays de la sous-région, son intégrité territoriale et un fonctionnement « normal ». Le nouveau président élu, ainsi que le gouvernement qu’il a nommé, auront fort à faire. Ils devront d’abord relever le défi de préserver la souveraineté retrouvée, entre une fermeté absolue à tenir sur l’intégrité du territoire malien, un et indivisible ; et un dialogue nécessaire avec les rebelles impliquant des concessions. Celles-ci ne devraient prendre en aucun cas la forme d’un renoncement d’une quelconque partie de la souveraineté nationale. Relever un tel défi passe par la reconstruction d’une armée véritablement opérationnelle, capable de ramener définitivement la partie nord dans le giron national, par la consolidation de la démocratie et la lutte contre la corruption généralisée au sein même de cette armée défaite comme au sein de l’administration, la remise sur pied d’une économie affaiblie par dix-huit mois de conflit. Le Mali pourra compter sur le soutien de la communauté internationale et l’appui des pays amis et voisins.
 
Mohamed Ould Abdel Aziz ne fait plus partie du jeu : il a joué, il a perdu. Il apparait désormais sur le plan international comme un singleton. Au plan intérieur, il fait face à des défis multiples. L’absence de réponse rapide et adaptée aux problèmes posés par les inondations de quartiers entiers à Nouakchott l’expose à une explosion sociale certaine, à un moment où les affres de la pauvreté, du racisme et de l’esclavage deviennent de plus en plus insupportables. S’y ajoutent les difficultés de l’opération d’enrôlement et le risque de ne pas pouvoir tenir dans ce contexte des élections libres et transparentes. S’il venait à être mis en difficulté, il doit savoir qu’il ne pourra compter ni sur ses voisins du nord avec lesquels il entretient des relations exécrables (Maroc) ni ceux du sud (Afrique noire) dont les ressortissants sont soumis en Mauritanie à des tracasseries et humiliations quotidiennes qui frisent le racisme primaire.
 
Ciré Ba et Boubacar Diagana
Paris, le 25 septembre 2013

Source: Ba Ciré
Mercredi 25 Septembre 2013 - 14:32
Mercredi 25 Septembre 2013 - 14:38
INFOS AVOMM
Accueil | Envoyer à un ami | Version imprimable | Augmenter la taille du texte | Diminuer la taille du texte



1.Posté par N'DIAYE Aboubacry le 25/09/2013 16:07
Encore une analyse experte mais au delà de cette belle plume, il y'a une réalité que le monde n'ignore pas. notre déséquilibré président fait des mauvais choix qu'il risque de payer tôt ou tard. L'isolement d'un président dans ce monde n'est pas une solution et soutenir les Touregs n'est pas une solution. Le problème Malien devait être une préoccupation de la Mauritanie mais dans ce contexte, notre fou président a cru bon vent et a soutenu les Touregs d'où son isolement qui durera certainement longtemps.

Merci encore à nos deux frères Ciré et Boubacar. Votre plume reveille les inconscients pour notre cause.

Courage.

2.Posté par Adama NGAIDE le 25/09/2013 18:08
Pensez-vous qu'il ait perdu ?????? J'espere me tromper. Aziz va encore et encore se relever. La France le soutient.....Et dans nos pays malheureusement la force n'est pas le peuple ou les populations mais la force des gouvernants s'expliquent par les soutiens des pays occidentaux qui sont generalement soucieux d'abord de leurs interets du moment......................................................interets pas necessairement en phase avec les interets profons et evident des populations qui croupissent sous le joug de gouvernements CORROMPUS, SANGUINAIRES et DESPOTIQUES!!!!!!!

En meme temps, le manque de visibilite politique et intellectuelle, 2 valeurs motrices qui manquent CRUELLEMENT aux mauritaniens nous portent prejudice au point que je pense que la FATALITE qui nous vivons est un merite!!!!!!!!........

Avec l'espece d'opposition que nous avons conjuguee a la qualite de l'intelligensia qui est plus animee par les desirs d'avoir et non d'ETRE nous conduit la ou nous sommes avec un president qui, malgres, ses errements et ses approximations s'accrochera encore longtemps. A moins d'un miracle (Revolte spontanee et bien soutenue par.....................;Ou alors un coup d'etat emanant d'un officier eclaire, intelligent, courageux et integre........).......

3.Posté par Moustapha Sall le 25/09/2013 18:33
Bravo les frères combattants,toutes vos analyses sont justes et coherentes, aziz est bien impliqué pour la separation du mali frere. Je vous félicite pour le temps que vous prenez pour eveiller les consciences de tous les mauritaniens. Chapeau

4.Posté par Malick Ndiaye le 26/09/2013 02:58
La sournoiserie des dirigeants mauritaniens est tellement imperceptible et en déphasage, en la manière «d’une fourmi marchant sur une pierre noire dans une nuit noire», par rapport à ce qui est en général admis comme habitudes dans cette partie ouest-africaine, qu’il est très difficile aux analystes intérieurs de convaincre les autres, de ces facettes sombres et cachées de ce pays. Depuis que ce pays a commencé à s’ingérer dans les affaires intérieures du territoire malien, il n’y avait aucun doute, pour ceux connaissent bien les manières, que les ambitions du dirigeant mauritanien avec son ex-soutien Sarkozy, sous couverture de la guerre contre le terrorisme, était un complot qui ne dit pas son nom contre le territoire Mali. Certes, parmi les ténèbres ce complot, il y’avait un but de créer un nouveau territoire stratégique pour la composante à la quelle appartient le président mauritanien. L’intervention de la France au Mali fut un choc annonçant l’échec de ce complot et qui a suscité d’ailleurs un grand mécontentement de la part de certains imans qui ont belle et bien fait des prêches de protestation de prières de vendredi contre l’intervention étrangère occidentale au Mali en soutenant que cela était impropre. Ce n’est donc pas une surprise pour ceux qui connaissent très bien ce pays de la raison qui a empêché le président mauritanien de ne pas assisté à l’investiture du président malien Keita.

5.Posté par Thiam Baidy le 26/09/2013 18:21
Aziz qui aide les touaregues pour leur independance et qui refuse de nous donner nos droits

6.Posté par Moustapha Touré le 27/09/2013 14:54
Un texte remarquable qui nous informe et nous éclaire sur des enjeux et des situations inextricables, que nous avons souvent du mal à comprendre. Merci encore à Ciré et à Boubacar

7.Posté par compatriote du Mali le 28/09/2013 19:49
Mauritanien installé à Bamako, je travaille dans une institution onusienne, je remercie nos deux compatriotes Ba et Diagana qui donnent fierté aux mauritaniens vivant au Mali frère. Article mémorable et juste bien apprécié par les intellectuels bamakois

Nouveau commentaire :


Dans la même rubrique :
1 2 3 4 5 » ... 595