Jacques Chirac part, et ce n'est pas Simone Gbagbo qui s'en plaindra: pour la première dame de Côte d'Ivoire, le président français restera cette "araignée de l'ombre" qui a tout fait pour renverser son mari et, avec ses "réseaux", donner d'elle l'image d'un "monstre".
Dans les salons de la résidence présidentielle d'Abidjan, Mme Gbagbo affiche un sourire qui tranche avec l'image martiale de militante acharnée de la cause patriotique ivoirienne, regard fixe, maxillaires serrées et formules choc, que l'histoire récente a retenu d'elle.
L'heure est aux réjouissances, tant pour le président Laurent Gbagbo, plus que jamais au pouvoir après avoir fait la paix avec la rébellion, que pour son épouse, dont l'autobiographie, Paroles d'honneur, tirée à 6.000 exemplaires et rapidement épuisée à Abidjan, en est à sa deuxième édition.
Cerise sur le gâteau, la "France chiraquienne", sur laquelle la première dame tire à l'arme lourde, rend son dernier souffle.
"Jamais je n'aurais pensé écrire un livre un jour. Mais beaucoup de choses se sont accumulées sur moi, sur mon mari ces dernières années, beaucoup de calomnies auxquelles je devais répondre", explique-t-elle à l'AFP.
"D'autre part, Chirac est en train de partir, et les choses devaient être dites avant son départ", souligne Simone Ehivet Gbagbo, 57 ans.
Moteur de l'identité ivoirienne pour ses partisans, outil de conquête et de conservation du pouvoir pour ses détracteurs, sa dénonciation du colonialisme français remonte aux "années de lutte" où, étudiante puis professeur, elle combat le régime autoritaire de Félix Houphouët-Boigny, fidèle relais de Paris.
Elle y rencontre Laurent Gbagbo et fait comme lui l'expérience de la prison, en 1992, après avoir été battue par les soldats et reste dix-huit jours à l'hôpital: "J'ai pris une bonne dérouillée".
La prison fait office de révélation -- "J'y ai rencontré Dieu" -- et la foi va prendre une place prépondérante dans sa vie.
Laurent Gbagbo est élu président en 2000. "Dieu l'a voulu. Il cherchait quelqu'un, Laurent était la personne désignée", dit-elle.
Mais en voulant affranchir son pays de la tutelle coloniale française, "il est devenu le cauchemar de Jacques Chirac" et l'a payé au prix fort, estime son épouse, fidèle à son image de "dure" du régime.
Derrière chaque soubresaut de l'histoire ivoirienne de l'après 2000, et notamment la tentative de coup d'Etat rebelle de 2002 qui a coupé le pays en deux, Simone Gbagbo décèle le complot des "araignées de l'ombre" menées par "la France de Jacques Chirac" qui "mériterait d'être jugée sur la scène internationale" pour ses actes en Côte d'Ivoire.
Cette pensée l'amène à s'interroger sur la réalité du bombardement de l'armée ivoirienne qui a tué neuf soldats français en novembre 2004 -- "Les corps, je ne les ai pas vus" -- ou de l'enlèvement du journaliste franco-canadien Guy-André Kieffer -- "Je me demande s'il a été enlevé un jour".
Elle se dit surtout "blessée" par les médias internationaux qui l'ont "diabolisée", rappelant avoir gagné "tous ses procès" contre ceux qui accusaient le couple présidentiel d'être lié à des "escadrons de la mort".
La plupart des crimes de ces années de crise, et notamment le meurtres de centaines d'opposants et d'étrangers, sont restés inexpliqués. "Dans une guerre, il y a toujours des morts. Mais pourquoi m'attribuer cette responsabilité, sans preuve, et faire de moi un monstre?".
Aujourd'hui, Simone Gbagbo dit souhaiter de "nouvelles relations" avec la France. Mais elle prévient Nicolas Sarkozy qu'il sera "le bienvenu s'il ne soutient pas les rebelles, mais très malvenu sinon", avec ce sourire qui ne la quitte plus en ces temps de promotion littéraire.
Source: jeune afrique
(M)
Dans les salons de la résidence présidentielle d'Abidjan, Mme Gbagbo affiche un sourire qui tranche avec l'image martiale de militante acharnée de la cause patriotique ivoirienne, regard fixe, maxillaires serrées et formules choc, que l'histoire récente a retenu d'elle.
L'heure est aux réjouissances, tant pour le président Laurent Gbagbo, plus que jamais au pouvoir après avoir fait la paix avec la rébellion, que pour son épouse, dont l'autobiographie, Paroles d'honneur, tirée à 6.000 exemplaires et rapidement épuisée à Abidjan, en est à sa deuxième édition.
Cerise sur le gâteau, la "France chiraquienne", sur laquelle la première dame tire à l'arme lourde, rend son dernier souffle.
"Jamais je n'aurais pensé écrire un livre un jour. Mais beaucoup de choses se sont accumulées sur moi, sur mon mari ces dernières années, beaucoup de calomnies auxquelles je devais répondre", explique-t-elle à l'AFP.
"D'autre part, Chirac est en train de partir, et les choses devaient être dites avant son départ", souligne Simone Ehivet Gbagbo, 57 ans.
Moteur de l'identité ivoirienne pour ses partisans, outil de conquête et de conservation du pouvoir pour ses détracteurs, sa dénonciation du colonialisme français remonte aux "années de lutte" où, étudiante puis professeur, elle combat le régime autoritaire de Félix Houphouët-Boigny, fidèle relais de Paris.
Elle y rencontre Laurent Gbagbo et fait comme lui l'expérience de la prison, en 1992, après avoir été battue par les soldats et reste dix-huit jours à l'hôpital: "J'ai pris une bonne dérouillée".
La prison fait office de révélation -- "J'y ai rencontré Dieu" -- et la foi va prendre une place prépondérante dans sa vie.
Laurent Gbagbo est élu président en 2000. "Dieu l'a voulu. Il cherchait quelqu'un, Laurent était la personne désignée", dit-elle.
Mais en voulant affranchir son pays de la tutelle coloniale française, "il est devenu le cauchemar de Jacques Chirac" et l'a payé au prix fort, estime son épouse, fidèle à son image de "dure" du régime.
Derrière chaque soubresaut de l'histoire ivoirienne de l'après 2000, et notamment la tentative de coup d'Etat rebelle de 2002 qui a coupé le pays en deux, Simone Gbagbo décèle le complot des "araignées de l'ombre" menées par "la France de Jacques Chirac" qui "mériterait d'être jugée sur la scène internationale" pour ses actes en Côte d'Ivoire.
Cette pensée l'amène à s'interroger sur la réalité du bombardement de l'armée ivoirienne qui a tué neuf soldats français en novembre 2004 -- "Les corps, je ne les ai pas vus" -- ou de l'enlèvement du journaliste franco-canadien Guy-André Kieffer -- "Je me demande s'il a été enlevé un jour".
Elle se dit surtout "blessée" par les médias internationaux qui l'ont "diabolisée", rappelant avoir gagné "tous ses procès" contre ceux qui accusaient le couple présidentiel d'être lié à des "escadrons de la mort".
La plupart des crimes de ces années de crise, et notamment le meurtres de centaines d'opposants et d'étrangers, sont restés inexpliqués. "Dans une guerre, il y a toujours des morts. Mais pourquoi m'attribuer cette responsabilité, sans preuve, et faire de moi un monstre?".
Aujourd'hui, Simone Gbagbo dit souhaiter de "nouvelles relations" avec la France. Mais elle prévient Nicolas Sarkozy qu'il sera "le bienvenu s'il ne soutient pas les rebelles, mais très malvenu sinon", avec ce sourire qui ne la quitte plus en ces temps de promotion littéraire.
Source: jeune afrique
(M)