Connaissez-vous l'histoire du roi Midas?
C'est ce roi de Phrygie (VIIIème siècle avant JC) qui avait reçu de Dionysos le pouvoir de transformer tout ce qu'il touchait en or. Appelé à arbitrer un concours de musique entre le satyre Marsyas, joueur de flûte et Apollon, qui joue de la Lyre, il proclame Marsyas vainqueur, alors que les Muses, également juges, préfèrent Apollon au satyre. Pour punir cette injustice, Zeus fit pousser à Midas des oreilles d'âne. Pour dissimuler sa difformité, le roi Midas se fit coudre un bonnet spécial. Nul dans le royaume n'osait parler de sa difformité. Nul ne le voyait découvert. Mais un jour, il eût besoin des services d'un barbier, et se trouva alors dans l'obligation d'enlever son bonnet. Le service terminé, le barbier s'en alla. Il n'osa parler à personne de ce qu'il venait de voir. Mais pour se soulager la poitrine d'un si lourd secret, il alla jusqu'à l'orée du village et là, aux abords du sentier, il creusa un trou profond, s'y pencha et répéta trois fois: « Le roi Midas a des oreilles d'âne! Le roi Midas a des oreilles d'âne! Le roi Midas a des oreilles d'âne! ». Il referma le trou et s'en alla. A la saison des pluies, des roseaux poussèrent à l'endroit, et à la saison sèche, à la faveur des vents, les roseaux se frottaient entre elles et laissaient entendre bruyamment dans l'air cette terrible vérité qui faisait se boucher les oreilles les plus peureux du royaume: « Le rois Midas a des oreilles d'âne! Le roi Midas a des oreilles d'âne! Le roi Midas a des oreilles d'âne! »
Si j'ai choisi de vous conter cette légende que vous connaissez sans doute, c'est pour en conclure cette belle phrase de Thalès, fort éloquente aujourd'hui pour le cas mauritanien: « Le Temps est plus sage que toutes les choses, car il finit toujours par découvrir la vérité ». Et c'est précisément contre ce Temps, têtu et coriace que tentent de lutter ceux comme Ely Ould Mouhamed Vall et Mouhamed Ould Abdel Aziz, qui sont détenteurs des lourds secrets d'une terrible époque. Or cet entêtement à vouloir braver le temps conduit forcément à des bégaiements sémantiques.
Quand un président en exercice fait de la délation en pointant du doigt de présumés (par lui) criminels sans jamais les nommer, oubliant même au passage que c'est lui qui a le pouvoir de les remettre entre les mains de la justice, c'est qu'on est en plein bégaiement de sens. Monsieur le Président, vous ne pouvez pas jouer ainsi avec une communauté en souffrance. Vous devez aux familles de victimes la vérité qui les apaisera, et aux mauritaniens, celle qui les réconciliera. Nous n'avons que faire des bouts de phrases lâchés comme tirs d'intimidation à l'endroit de vos adversaires politiques, ni des manifestations sur commande pour gêner ou intimider votre cousin ennemi avec qui vous avez en partage la lourdeur des grands secrets de la République. La seule chose qui nous importe, c'est la vérité qui remettra la nation en dynamique de retrouvailles, donc de réconciliation. Alors, organisez la manifestation de cette vérité. Vous en avez les moyens et l'impérieuse obligation, sous peine de suspicion d'implication, ou tout au moins, de complicité!
Quand un ancien chef des renseignements explique, pour se justifier de propos qu'on lui aurait prêtés, que lors des douloureux événements de 1989, le rôle de ses services « consista uniquement au contrôle de nationalité », (entendez de ceux qui ont été déportés), pensant ainsi se dédouaner, on est là aussi en plein bégaiement de sens. Cher Ely ould Mouhamed Vall, il n'a pas certainement du vous échapper après interview, que si vous assumez le travail d'enquête de vos services, vous ne pouvez qu'en assumer et les conclusions (la négation de la mauritanité des déportés), et les conséquences directes de ces conclusions: la déportation de dizaines de milliers de mauritaniens au Sénégal et au Mali. Vous ne pouvez même pas ne pas assumer du coup, les multiples dérives qui ont vu, le long de la vallée ou j'ai grandi, des personnes destinées à la déportation finir par être violées ou exécutées. Ce à quoi vous cherchez à échapper n'est pas dupe; car il s'agit de l'Histoire. Celle-là même à laquelle vous avez demandé de présenter ses excuses à votre place... Drôle d'esquive!
L'un comme l'autre, sachez que vous ne pourrez pas éternellement fuir ce débat dont vous savez pertinemment qu'il est le seul à pouvoir refonder notre contrat républicain sur des bases saines. Chercher à le gérer par la vacuité, ne démontre rien d'autre que la pauvreté de votre vision de l'avenir de ce pays, et d’une certaine manière, votre incapacité à lire l'Histoire. Et nous savons tous ce qui arrive à ceux qui ne savent pas lire le sens de l'Histoire...
Bocar Oumar BA
Source: Bocar Oumar Ba
C'est ce roi de Phrygie (VIIIème siècle avant JC) qui avait reçu de Dionysos le pouvoir de transformer tout ce qu'il touchait en or. Appelé à arbitrer un concours de musique entre le satyre Marsyas, joueur de flûte et Apollon, qui joue de la Lyre, il proclame Marsyas vainqueur, alors que les Muses, également juges, préfèrent Apollon au satyre. Pour punir cette injustice, Zeus fit pousser à Midas des oreilles d'âne. Pour dissimuler sa difformité, le roi Midas se fit coudre un bonnet spécial. Nul dans le royaume n'osait parler de sa difformité. Nul ne le voyait découvert. Mais un jour, il eût besoin des services d'un barbier, et se trouva alors dans l'obligation d'enlever son bonnet. Le service terminé, le barbier s'en alla. Il n'osa parler à personne de ce qu'il venait de voir. Mais pour se soulager la poitrine d'un si lourd secret, il alla jusqu'à l'orée du village et là, aux abords du sentier, il creusa un trou profond, s'y pencha et répéta trois fois: « Le roi Midas a des oreilles d'âne! Le roi Midas a des oreilles d'âne! Le roi Midas a des oreilles d'âne! ». Il referma le trou et s'en alla. A la saison des pluies, des roseaux poussèrent à l'endroit, et à la saison sèche, à la faveur des vents, les roseaux se frottaient entre elles et laissaient entendre bruyamment dans l'air cette terrible vérité qui faisait se boucher les oreilles les plus peureux du royaume: « Le rois Midas a des oreilles d'âne! Le roi Midas a des oreilles d'âne! Le roi Midas a des oreilles d'âne! »
Si j'ai choisi de vous conter cette légende que vous connaissez sans doute, c'est pour en conclure cette belle phrase de Thalès, fort éloquente aujourd'hui pour le cas mauritanien: « Le Temps est plus sage que toutes les choses, car il finit toujours par découvrir la vérité ». Et c'est précisément contre ce Temps, têtu et coriace que tentent de lutter ceux comme Ely Ould Mouhamed Vall et Mouhamed Ould Abdel Aziz, qui sont détenteurs des lourds secrets d'une terrible époque. Or cet entêtement à vouloir braver le temps conduit forcément à des bégaiements sémantiques.
Quand un président en exercice fait de la délation en pointant du doigt de présumés (par lui) criminels sans jamais les nommer, oubliant même au passage que c'est lui qui a le pouvoir de les remettre entre les mains de la justice, c'est qu'on est en plein bégaiement de sens. Monsieur le Président, vous ne pouvez pas jouer ainsi avec une communauté en souffrance. Vous devez aux familles de victimes la vérité qui les apaisera, et aux mauritaniens, celle qui les réconciliera. Nous n'avons que faire des bouts de phrases lâchés comme tirs d'intimidation à l'endroit de vos adversaires politiques, ni des manifestations sur commande pour gêner ou intimider votre cousin ennemi avec qui vous avez en partage la lourdeur des grands secrets de la République. La seule chose qui nous importe, c'est la vérité qui remettra la nation en dynamique de retrouvailles, donc de réconciliation. Alors, organisez la manifestation de cette vérité. Vous en avez les moyens et l'impérieuse obligation, sous peine de suspicion d'implication, ou tout au moins, de complicité!
Quand un ancien chef des renseignements explique, pour se justifier de propos qu'on lui aurait prêtés, que lors des douloureux événements de 1989, le rôle de ses services « consista uniquement au contrôle de nationalité », (entendez de ceux qui ont été déportés), pensant ainsi se dédouaner, on est là aussi en plein bégaiement de sens. Cher Ely ould Mouhamed Vall, il n'a pas certainement du vous échapper après interview, que si vous assumez le travail d'enquête de vos services, vous ne pouvez qu'en assumer et les conclusions (la négation de la mauritanité des déportés), et les conséquences directes de ces conclusions: la déportation de dizaines de milliers de mauritaniens au Sénégal et au Mali. Vous ne pouvez même pas ne pas assumer du coup, les multiples dérives qui ont vu, le long de la vallée ou j'ai grandi, des personnes destinées à la déportation finir par être violées ou exécutées. Ce à quoi vous cherchez à échapper n'est pas dupe; car il s'agit de l'Histoire. Celle-là même à laquelle vous avez demandé de présenter ses excuses à votre place... Drôle d'esquive!
L'un comme l'autre, sachez que vous ne pourrez pas éternellement fuir ce débat dont vous savez pertinemment qu'il est le seul à pouvoir refonder notre contrat républicain sur des bases saines. Chercher à le gérer par la vacuité, ne démontre rien d'autre que la pauvreté de votre vision de l'avenir de ce pays, et d’une certaine manière, votre incapacité à lire l'Histoire. Et nous savons tous ce qui arrive à ceux qui ne savent pas lire le sens de l'Histoire...
Bocar Oumar BA
Source: Bocar Oumar Ba