Méditer la tactique pour bannir les coups de gueule[1] BASSEL
Non franchement cette fois-ci j’ai tout compris. Je pense aussi avoir toujours compris, mais je désapprouve la langue non la lame tout en concédant quelque part aussi que tout un chacun de nous a le droit de lutter comme il peut et avec ses moyens de bord. La souffrance dont je parlais n’est que cette « souffrance » symbolisée par cette têtue attitude qui nous fait, souvent oublier, que les mots restent crus tels qu’ils ont été écrits. Les mots restent sur le marbre qui les porte. Je ne dis pas et ne soutiens point qu’on ne doive pas dire « la vérité », sa « vérité » avec ces « maux » et la verve sémantique qui les soutient. Je ne demande pas que l’on devienne agneau au point d’accepter d’être dévoré par le méchant loup. Mais je m’interdis aussi d’aller au-delà du pensable et du dicible.
Non je m’insurge contre cette version hargneuse ; et peu payante, qui ôte à la lutte sa saveur intrinsèque et toute son essence. Je m’insurge et m’insurgerais toujours contre cette façon d’accuser et de manière péremptoire l’ensemble du monde. Finalement on tourne et se retourne pour voir partout que des ennemis et au finish on tombe dans la méfiance immodérée, on tombe dans les travers trop faciles de l’indexation au point de nommer les choses, leur donner un état-civil qui ne reflète point leur véritable identité. Et du coup la solitude intérieure s’empare de nous et devient le seul horizon du possible.
Et là nous nous engageons dans un véritable labyrinthe et duquel nous peinons de sortir tellement pris que nous sommes dans les remords que nous-mêmes entretenons sans vouloir le reconnaître. C’est de cela que je parle. C’est de cela que je souffre très souvent en lisant quelques interventions. Et pourtant je n’ai rien contre les personnes physiques qui prennent de leurs temps, précieux temps, pour écrire et étaler leurs « souffrances » devant des faits têtus. Je suis contre « l’auto-sentimentalisme » fait de pleurs et d’amertume incurable comme je suis contre l’auto-flagellation. C’est cela qui m’empêche de comprendre souvent.
Mais comme je l’ai dit un peu plus haut, je comprends bien que chaque individu puisse avoir sa position et sa façon de la penser par rapport à ce qui gangrène la société mauritanienne, mais je reste persuadé que cette voie n’est pas celle qui nous rendra le sourire si jamais nous le recherchons. Il est des moments de la vie qui doivent nous permettre d’avancer avec une petite torche pour éclairer nos sentiers. Et je reste persuadé que c’est cela le sens de l’exil. J’en suis convaincu d’autant plus que ceux qui alimentent les débats du Net sont d’une intelligence renversante. Je ne donne point de leçon de comportement encore une fois de plus, mais je pense qu’il faut de la retenue quelque fois. C’est important pour la suite. Nous écrivons une histoire et cette histoire doit nous permettre demain, au moment de l’interroger, de nous souvenir d’utiliser notre mémoire pour reconstruire ce qui avait été démoli. C’est notre rôle à nous qui avons eu la chance d’accéder à la petite parcelle de connaissance qui nous a été enseignée.
La lutte que nous menons est multiple, complexe et peut même créer chez nous le dépit le plus total au point d’accuser tout le monde de s’être trompé de chemin et de voie. Oui c’est vrai.
Bon pour finir, j’avoue que je suis en accord total avec le grand Oumar Diagne et ceci me hante depuis plus de 20 ans quand j’ai quitté la Mauritanie. Je pense que l’une des solutions c’est bien de penser à des assises des Noirs de tous les bords pour se dire la vérité. Puisque tout simplement je reste persuadé que nous nous mentons par rapport à la lutte (ou les luttes) et nous ne nous disons point la vérité sur les stratégies et les modalités d’union. C’est cela le problème majeur je crois. Enfin le déficit de parole est dangereux, la sincérité de la parole donnée nous échappe. C’est ma conviction. La situation que nous vivons depuis les indépendances et bien avant ne se règle pas par la hargne, même si Fall peut avoir raison. C’est une question éminemment tactique qui mérite une véritable réflexion mais pas des coups de gueule à l’emporte-pièce !
Dakar, le 01/09/2010
[1] Encore une fois le terme n’est pas utilisé ici dans son sens négatif ni offensant.
NGAIDE ABDERRAHMANE
abbaye62@yahoo.fr
Non franchement cette fois-ci j’ai tout compris. Je pense aussi avoir toujours compris, mais je désapprouve la langue non la lame tout en concédant quelque part aussi que tout un chacun de nous a le droit de lutter comme il peut et avec ses moyens de bord. La souffrance dont je parlais n’est que cette « souffrance » symbolisée par cette têtue attitude qui nous fait, souvent oublier, que les mots restent crus tels qu’ils ont été écrits. Les mots restent sur le marbre qui les porte. Je ne dis pas et ne soutiens point qu’on ne doive pas dire « la vérité », sa « vérité » avec ces « maux » et la verve sémantique qui les soutient. Je ne demande pas que l’on devienne agneau au point d’accepter d’être dévoré par le méchant loup. Mais je m’interdis aussi d’aller au-delà du pensable et du dicible.
Non je m’insurge contre cette version hargneuse ; et peu payante, qui ôte à la lutte sa saveur intrinsèque et toute son essence. Je m’insurge et m’insurgerais toujours contre cette façon d’accuser et de manière péremptoire l’ensemble du monde. Finalement on tourne et se retourne pour voir partout que des ennemis et au finish on tombe dans la méfiance immodérée, on tombe dans les travers trop faciles de l’indexation au point de nommer les choses, leur donner un état-civil qui ne reflète point leur véritable identité. Et du coup la solitude intérieure s’empare de nous et devient le seul horizon du possible.
Et là nous nous engageons dans un véritable labyrinthe et duquel nous peinons de sortir tellement pris que nous sommes dans les remords que nous-mêmes entretenons sans vouloir le reconnaître. C’est de cela que je parle. C’est de cela que je souffre très souvent en lisant quelques interventions. Et pourtant je n’ai rien contre les personnes physiques qui prennent de leurs temps, précieux temps, pour écrire et étaler leurs « souffrances » devant des faits têtus. Je suis contre « l’auto-sentimentalisme » fait de pleurs et d’amertume incurable comme je suis contre l’auto-flagellation. C’est cela qui m’empêche de comprendre souvent.
Mais comme je l’ai dit un peu plus haut, je comprends bien que chaque individu puisse avoir sa position et sa façon de la penser par rapport à ce qui gangrène la société mauritanienne, mais je reste persuadé que cette voie n’est pas celle qui nous rendra le sourire si jamais nous le recherchons. Il est des moments de la vie qui doivent nous permettre d’avancer avec une petite torche pour éclairer nos sentiers. Et je reste persuadé que c’est cela le sens de l’exil. J’en suis convaincu d’autant plus que ceux qui alimentent les débats du Net sont d’une intelligence renversante. Je ne donne point de leçon de comportement encore une fois de plus, mais je pense qu’il faut de la retenue quelque fois. C’est important pour la suite. Nous écrivons une histoire et cette histoire doit nous permettre demain, au moment de l’interroger, de nous souvenir d’utiliser notre mémoire pour reconstruire ce qui avait été démoli. C’est notre rôle à nous qui avons eu la chance d’accéder à la petite parcelle de connaissance qui nous a été enseignée.
La lutte que nous menons est multiple, complexe et peut même créer chez nous le dépit le plus total au point d’accuser tout le monde de s’être trompé de chemin et de voie. Oui c’est vrai.
Bon pour finir, j’avoue que je suis en accord total avec le grand Oumar Diagne et ceci me hante depuis plus de 20 ans quand j’ai quitté la Mauritanie. Je pense que l’une des solutions c’est bien de penser à des assises des Noirs de tous les bords pour se dire la vérité. Puisque tout simplement je reste persuadé que nous nous mentons par rapport à la lutte (ou les luttes) et nous ne nous disons point la vérité sur les stratégies et les modalités d’union. C’est cela le problème majeur je crois. Enfin le déficit de parole est dangereux, la sincérité de la parole donnée nous échappe. C’est ma conviction. La situation que nous vivons depuis les indépendances et bien avant ne se règle pas par la hargne, même si Fall peut avoir raison. C’est une question éminemment tactique qui mérite une véritable réflexion mais pas des coups de gueule à l’emporte-pièce !
Dakar, le 01/09/2010
[1] Encore une fois le terme n’est pas utilisé ici dans son sens négatif ni offensant.
NGAIDE ABDERRAHMANE
abbaye62@yahoo.fr