Des Mauritaniens se sont rendus à Gaza pour témoigner leur solidarité fraternelle avec les Palestiniens soumis à un impitoyable embargo israélien. C’est un geste qui donne espoir aux défenseurs des droits humains et à tous ceux qui œuvrent pour la Paix entre les peuples.
En se rendant sur un territoire situé à des milliers de kilomètres de Nouakchott, les Mauritaniens ont montré que l’indignation devant l’injustice s’affranchit des frontières étatiques. Parmi eux, l’érudit Mohamed El Hacen Ould Dedew qui passe pour un modèle aux yeux des réformateurs musulmans et de la formation politique de la même obédience Tawassoul.
Et comme toujours c’est le cas quand il s’agit de la Palestine, la politique intérieure Mauritanie s’est très vite invitée dans le débat : Pourquoi donc aller aussi loin pour montrer sa solidarité avec des humains maltraités quand on ne s’est pas donné la peine de faire quelques kilomètres pour se rendre à Inal où des Mauritaniens musulmans noirs ont été soumis aux pires sévices avant d’être pendus sans procès en 1990 ? C’est l’interrogation qui revient souvent sur les lèvres d’une frange de Mauritaniens qui désespèrent de voir leur cause endossée par une masse de compatriotes. Et c’est bien dommage d’en arriver à une concurrence mémorielle sur des cas qui méritent tous les deux une mobilisation qui échappe aux calculs politiciens. Parce qu’en principe dans nos cœurs, il y a de la place pour les deux; au point de nous faire faire l’économie d’une sélection. Gaza et Inal ne s’excluent pas. Ils participent d’une même logique. Dans les deux cas c’est ce qu’il y a de plus bestial dans l’humain qui s’exprime. C’est l’Humanité qui est touchée dans ce qu’elle a de plus essentiel : la condition d’humain.
Nul doute donc que les pèlerins de Gaza gagneraient en crédibilité s’ils se montraient un peu plus sensibles aux souffrances endurées par les familles des victimes d’Inal (ou Jreïda, Sorimallé, Azlatt...) que pour le blocus de Gaza. Plus personne ne les soupçonnerait alors de poursuivre un agenda à sensibilité variable. Sur place, en Palestine, ils auraient alors discuté avec Mohamed Dahlan et Djibril Rajoub, deux sécurocrates palestiniens qui ont fait leurs classes en Mauritanie et dont les noms ont été cités dans au moins le meurtre d’un détenu aux débuts des années 1990 dans un commissariat de Tevragh Zeina (Nouakchott).
Sur la route de Gaza, à l’aller comme au retour, nos pèlerins ont certainement survolé Inal où s’étaient rendus des enfants qui cherchent juste à savoir où ont été enterrés leurs pères lâchement assassinés et cachés sous terre par leurs frères d’armes. Ils étaient musulmans et Mauritaniens. Des frères donc. Comme ceux de Palestine. Paradoxalement, la si lointaine et si proche Palestine reste un baromètre pertinent de l’Etat des relations identitaires en Mauritanie : le jour où des noirs de Mauritanie, victimes d’Inal ou non, manifesteront –massivement- en faveur de leurs frères Palestiniens, la marche vers la paix des cœurs aura franchi une étape cruciale.
Abdoulaye Diagana
Source: Kassataya
En se rendant sur un territoire situé à des milliers de kilomètres de Nouakchott, les Mauritaniens ont montré que l’indignation devant l’injustice s’affranchit des frontières étatiques. Parmi eux, l’érudit Mohamed El Hacen Ould Dedew qui passe pour un modèle aux yeux des réformateurs musulmans et de la formation politique de la même obédience Tawassoul.
Et comme toujours c’est le cas quand il s’agit de la Palestine, la politique intérieure Mauritanie s’est très vite invitée dans le débat : Pourquoi donc aller aussi loin pour montrer sa solidarité avec des humains maltraités quand on ne s’est pas donné la peine de faire quelques kilomètres pour se rendre à Inal où des Mauritaniens musulmans noirs ont été soumis aux pires sévices avant d’être pendus sans procès en 1990 ? C’est l’interrogation qui revient souvent sur les lèvres d’une frange de Mauritaniens qui désespèrent de voir leur cause endossée par une masse de compatriotes. Et c’est bien dommage d’en arriver à une concurrence mémorielle sur des cas qui méritent tous les deux une mobilisation qui échappe aux calculs politiciens. Parce qu’en principe dans nos cœurs, il y a de la place pour les deux; au point de nous faire faire l’économie d’une sélection. Gaza et Inal ne s’excluent pas. Ils participent d’une même logique. Dans les deux cas c’est ce qu’il y a de plus bestial dans l’humain qui s’exprime. C’est l’Humanité qui est touchée dans ce qu’elle a de plus essentiel : la condition d’humain.
Nul doute donc que les pèlerins de Gaza gagneraient en crédibilité s’ils se montraient un peu plus sensibles aux souffrances endurées par les familles des victimes d’Inal (ou Jreïda, Sorimallé, Azlatt...) que pour le blocus de Gaza. Plus personne ne les soupçonnerait alors de poursuivre un agenda à sensibilité variable. Sur place, en Palestine, ils auraient alors discuté avec Mohamed Dahlan et Djibril Rajoub, deux sécurocrates palestiniens qui ont fait leurs classes en Mauritanie et dont les noms ont été cités dans au moins le meurtre d’un détenu aux débuts des années 1990 dans un commissariat de Tevragh Zeina (Nouakchott).
Sur la route de Gaza, à l’aller comme au retour, nos pèlerins ont certainement survolé Inal où s’étaient rendus des enfants qui cherchent juste à savoir où ont été enterrés leurs pères lâchement assassinés et cachés sous terre par leurs frères d’armes. Ils étaient musulmans et Mauritaniens. Des frères donc. Comme ceux de Palestine. Paradoxalement, la si lointaine et si proche Palestine reste un baromètre pertinent de l’Etat des relations identitaires en Mauritanie : le jour où des noirs de Mauritanie, victimes d’Inal ou non, manifesteront –massivement- en faveur de leurs frères Palestiniens, la marche vers la paix des cœurs aura franchi une étape cruciale.
Abdoulaye Diagana
Source: Kassataya