Le nouveau président élu de Mauritanie, Sidi Ould Cheikh Abdallahi, a prêté serment jeudi à Nouakchott en présence de plusieurs chefs d'Etat africains, consacrant la fin d'un processus exemplaire de restitution du pouvoir aux civils après un coup d'Etat militaire en 2005.
M. Ould Abdallahi, élu le 25 mars au terme d'une transition démocratique de dix-neuf mois, a prêté serment sur le Coran devant les sept membres du Conseil constitutionnel de la République islamique au Palais des Congrès, décoré pour l'occasion aux couleurs nationales verte et jaune.
"Je m'engage à assumer les fonctions en toute fidélité et impartialité, à respecter la Constitution et à m'abstenir de toute initiative tendant à changer les dispositions concernant le mandat présidentiel", a-t-il déclaré devant le président du Conseil constitutionnel Abdoullah Ould Eli Salem.
La nouvelle Constitution, amendée par la junte et adoptée par référendum en juin 2006, est entrée en vigueur à partir de cette prestation de serment. Elle prévoit notamment un mandat présidentiel de cinq ans renouvelable une fois.
"Je déclare officiellement votre prise de fonction constitutionnelle à la présidence de la République", a annoncé dans la foulée M. Ould Eli Salem, avant de prononcer ses "voeux et félicitations" au chef de l'Etat sortant, Ely Ould Mohamed Vall.
Cette déclaration a été suivie par les 21 coups de canon accompagnant traditionnellement l'investiture présidentielle dans ce pays principalement désertique de 3,1 millions d'habitants.
Le nouveau président, élu au second tour avec plus de 53% des voix, succède au colonel Ely Ould Mohamed Vall, président du Conseil militaire pour la justice et la démocratie (CMJD), qui avait renversé le 3 août 2005 le président Maaouiya Ould Taya, aujourd'hui en exil au Qatar.
Au terme d'une dernière réunion mercredi à Nouakchott, le CMJD a rappelé "l'engagement des forces armées à servir loyalement les nouvelles institutions de l'Etat de droit".
La cérémonie de jeudi a réuni six chefs d'Etat africains (Sénégal, Mali, Niger, Togo, Cap-Vert, Guinée-Bissau), le Premier ministre ivoirien Guillaume Soro, le numéro deux de la diplomatie américaine, John Negroponte, et la ministre française de la Défense, Michèle Alliot-Marie.
Cette dernière a qualifié l'évènement de "moment symbolique tout à fait remarquable".
"La France s'en réjouit particulièrement parce qu'elle est attachée à toutes ces valeurs qui nous sont communes: liberté, égalité et, bien sûr, démocratie", a-t-elle confié à la radio nationale.
De hauts responsables du Maroc, d'Algérie, du Togo et de la Gambie, ainsi qu'un envoyé du président palestinien Mahmoud Abbas étaient également présents.
M. Ould Abdallahi est le premier président démocratiquement élu depuis l'indépendance de la Mauritanie en 1960, ses prédécesseurs étaient jusque-là arrivés au pouvoir par des coups d'Etat, se faisant ensuite réélire lors de scrutins entachés de fraudes.
Cet ancien ministre de 70 ans rentré au pays en 2003 après quatorze ans passés au Niger comme conseiller économique, se donne comme priorité de bâtir un Etat de droit et promet de renforcer l'unité nationale de son pays exposé à des problèmes ethniques et socio-économiques.
Il doit prononcer un discours de politique générale dans la foulée de son investiture. La cérémonie doit être clôturée avec des tirs de feux d'artifice.
Source : edicom