D'anciens étudiants de l'université anglaise d'Oxford ayant côtoyé Benazir Bhutto dans les années 70, se sont souvenus vendredi d'une jeune femme «drôle et fougueuse», dont le destin politique fut déterminé par l'exécution de son père au Pakistan.
Avec sa petite voiture de sport jaune MG et les fêtes mémorables qu'elle donnait, celle qui était alors surnommée «Pinkie» était une figure de l'université d'Oxford. Et lorsqu'en 1976 elle devint la première femme d'origine asiatique à être élue à la tête de la prestigieuse Union des étudiants d'Oxford, qui organise des débats avec des personnalités, Benazir Bhutto attira l'attention des médias du monde entier.
Alan Duncan, l'un des responsables du parti conservateur, était son «directeur de campagne» au moment de son élection à la tête de l'Oxford Union, et leur amitié s'est poursuivie après l'université. Il y a quelques jours encore, ils avaient échangé des courriers électroniques, le député lui promettant de lui rendre visite lorsqu'elle redeviendrait premier ministre.
«Elle était drôle et fougueuse, elle avait une très forte personnalité», s'est-il souvenu à l'occasion d'un entretien à l'AFP. «Elle venait de (l'université américaine d') Harvard donc elle était un peu plus âgée que les autres, elle était très déterminée».
Etudiante en politique, philosophie et économie à partir de 1973 au Lady Margaret Hall d'Oxford, Benazir Bhutto était «très charismatique», témoigne l'une de ses anciennes amies, Victoria Schofield.
«Nous étions une bande d'étudiants des années 70, débraillés et pas très riches... et il y avait cette femme exotique qui conduisait une voiture de sport alors que la plupart d'entre nous avions un simple vélo», a-t-elle raconté à l'AFP. «Elle aimait l'Union mais elle aimait aussi sortir et rencontrer des gens, elle aimait les fêtes et porter de jolies robes».
Lorsque le père de Benazir, Zulfiqar Ali Bhutto, qui était premier ministre, a été renversé en 1977, quelques semaines après l'élection de sa fille à la présidence de l'Oxford Union, une vague d'indignation et de mobilisation s'est emparée des étudiants comme des enseignants de l'université.
«Tout au long de l'année où elle a été présidente, il y a eu des campagnes, des réunions à Oxford», s'est rappelé Alan Duncan.
Mais c'est la mort de son père, pendu en 1979, qui a véritablement accéléré le destin politique de Benazir Bhutto, assure-t-il.
«Ce n'était pas une femme politique née, elle avait toujours voulu être diplomate, mais l'histoire et un drame personnel l'ont poussée dans une autre direction», témoigne un autre ancien ami, Tariq Ali, dans les colonnes du Guardian. «La mort de son père l'a transformée».
L'Oxford Union a annoncé vendredi qu'il organiserait un débat à la mémoire de Benazir Bhutto le 17 janvier prochain.
Source: cyberpresse
(M)