Dur, dur d’être enfant en Casamance, serait-on tenté de dire. Car, outre la joie de vivre qu’ils ont perdue à cause de la situation d’insécurité qui les a vu naître et grandir, ils sont soumis aux pires formes de travail. Une situation contre laquelle les enfants dits de la guerre ont décidé de se lever.
Le cri de guerre a été lancé avant-hier lors de la causerie organisée au Cdeps de Ziguinchor par la rencontre africaine pour la défense des droits de l’homme (Raddho). Il s’est d’abord agi de faire l’état des lieux dans cette région qui, en vingt ans, est passée d’un état d’autosuffisance à un état de dépendance. Le constat est alarmant, puisque la mendicité par exemple a atteint en quelques années des proportions plus qu’inquiétantes. Il suffit de courir les rues de Ziguinchor pour s’en rendre compte. Chaque matin, en effet, ce sont des centaines de talibés qui ‘écument’ le centre ville à la recherche de quelques francs indispensables pour éviter les foudres du marabout. L’éventualité d’une correction en rentrant le soir pousse ces jeunes gens à l’agressivité et même au vol. Des talibés interpellés pour des délits, le scénario fait désormais partie du vécu des populations de la capitale du sud. Lesquelles sont d’ailleurs perturbées tous les soirs par ces enfants en quête de quelque chose à mettre sous la dent ?
Et pourtant, ces enfants étaient destinés à l’apprentissage du Coran. Pourquoi alors courent-ils les rues avec tous les risques inhérents à cette activité ? Qui sont les responsables de cette situation ? C’est à ces questions que les enfants ont tenté de trouver des éléments de réponses. L’objectif de cette réflexion est de trouver les voies et moyens de venir à bout de la mendicité et des pires formes de travail auxquels les enfants sont soumis. La seule certitude dans cette responsabilité partagée est la culpabilité des adultes. Ce que les enfants n’ont pas cessé de dénoncer. Les premiers à s’attirer les foudres sont les maîtres coraniques accusés d’utiliser ces innocents pour nourrir une famille trop nombreuse. ‘Ce n’est pas normal que les maîtres coraniques exploitent les enfants’. En faisant ce plaidoyer, R K est parti d’un constat : la souffrance que certains responsables de dahiras de son quartier infligent à ces enfants qu’il appelle : ‘mes amis.’ ‘Quand ils se lèvent à six heures, c’est pour apprendre le Coran. Le temps que les premiers rayons du soleil fassent leur apparition, les talibés se dirigent vers le quartier Escale pour ne rentrer qu’à 21 heures’, déclare-t-il . Si cet emploi du temps heurte la conscience de R K, il est moins accablant que ce qui attend le soir ‘ses’ amis qui seront soumis à l’exercice fatidique de la comptabilité. Ceux qui n’ont pas le versement journalier de 200 francs sont punis. ‘Une punition qui va de la privation de repas aux sévices corporels’, fait remarquer le jeune défenseur des talibés pour s’en désoler.
La vie infernale de ces talibés d’un quartier périphérique de Ziguinchor renseigne sur la situation des enfants de la Casamance dont certains ont dû abandonner les études pour entrer dans la vie active. Sauf que leur innocence est exploitée par certains adultes pour les soumettre aux pires formes de travail. L’instinct hégémoniste de ces adultes exploiteurs d’enfants a été d’ailleurs fortement dénoncé lors de la conférence du Cdeps. Aujourd’hui, le combat contre la mendicité et les pires formes de travail des enfants est porté par le parlement des enfants. Une structure qui veut redonner le sourire à cette couche de la société qui aura été la principale victime de la crise en Casamance. Une région où l’enfant est, hélas, devenue une source de rentrée d’argent pour les familles que les deux décennies de conflit ont fini de plonger dans l’indigence la plus totale.
Mamadou Papo MANE
Source: walffadjri
(M)
Le cri de guerre a été lancé avant-hier lors de la causerie organisée au Cdeps de Ziguinchor par la rencontre africaine pour la défense des droits de l’homme (Raddho). Il s’est d’abord agi de faire l’état des lieux dans cette région qui, en vingt ans, est passée d’un état d’autosuffisance à un état de dépendance. Le constat est alarmant, puisque la mendicité par exemple a atteint en quelques années des proportions plus qu’inquiétantes. Il suffit de courir les rues de Ziguinchor pour s’en rendre compte. Chaque matin, en effet, ce sont des centaines de talibés qui ‘écument’ le centre ville à la recherche de quelques francs indispensables pour éviter les foudres du marabout. L’éventualité d’une correction en rentrant le soir pousse ces jeunes gens à l’agressivité et même au vol. Des talibés interpellés pour des délits, le scénario fait désormais partie du vécu des populations de la capitale du sud. Lesquelles sont d’ailleurs perturbées tous les soirs par ces enfants en quête de quelque chose à mettre sous la dent ?
Et pourtant, ces enfants étaient destinés à l’apprentissage du Coran. Pourquoi alors courent-ils les rues avec tous les risques inhérents à cette activité ? Qui sont les responsables de cette situation ? C’est à ces questions que les enfants ont tenté de trouver des éléments de réponses. L’objectif de cette réflexion est de trouver les voies et moyens de venir à bout de la mendicité et des pires formes de travail auxquels les enfants sont soumis. La seule certitude dans cette responsabilité partagée est la culpabilité des adultes. Ce que les enfants n’ont pas cessé de dénoncer. Les premiers à s’attirer les foudres sont les maîtres coraniques accusés d’utiliser ces innocents pour nourrir une famille trop nombreuse. ‘Ce n’est pas normal que les maîtres coraniques exploitent les enfants’. En faisant ce plaidoyer, R K est parti d’un constat : la souffrance que certains responsables de dahiras de son quartier infligent à ces enfants qu’il appelle : ‘mes amis.’ ‘Quand ils se lèvent à six heures, c’est pour apprendre le Coran. Le temps que les premiers rayons du soleil fassent leur apparition, les talibés se dirigent vers le quartier Escale pour ne rentrer qu’à 21 heures’, déclare-t-il . Si cet emploi du temps heurte la conscience de R K, il est moins accablant que ce qui attend le soir ‘ses’ amis qui seront soumis à l’exercice fatidique de la comptabilité. Ceux qui n’ont pas le versement journalier de 200 francs sont punis. ‘Une punition qui va de la privation de repas aux sévices corporels’, fait remarquer le jeune défenseur des talibés pour s’en désoler.
La vie infernale de ces talibés d’un quartier périphérique de Ziguinchor renseigne sur la situation des enfants de la Casamance dont certains ont dû abandonner les études pour entrer dans la vie active. Sauf que leur innocence est exploitée par certains adultes pour les soumettre aux pires formes de travail. L’instinct hégémoniste de ces adultes exploiteurs d’enfants a été d’ailleurs fortement dénoncé lors de la conférence du Cdeps. Aujourd’hui, le combat contre la mendicité et les pires formes de travail des enfants est porté par le parlement des enfants. Une structure qui veut redonner le sourire à cette couche de la société qui aura été la principale victime de la crise en Casamance. Une région où l’enfant est, hélas, devenue une source de rentrée d’argent pour les familles que les deux décennies de conflit ont fini de plonger dans l’indigence la plus totale.
Mamadou Papo MANE
Source: walffadjri
(M)