Monsieur le Président,
Il y a un peu plus de six mois, vous avez été élu président de ce qui fut autrefois la Mauritanie. Vous avez hérité d’un pays à qui l’occasion de grandir et de donner toute la dimension de son génie créateur a toujours été compromise par des coups d’Etat qui ne disent pas leurs noms.
A part quelques vestiges qui disent long sur l’étendue du désastre 3 Aoûtien, qui a frappé le pays en 2005, il ne vous reste à gouverner qu’une dizaine de gazra (squat) à Nouakchott et quelques Adwabas à l’intérieur du pays, le tout habité ou plutôt hanté, par des fantômes sur lesquels plane en permanence le spectre d’une crise multiforme que rien ne saurait juguler. La famine, le chômage, la perte de repères, le trafic de drogue, la délocalisation du pouvoir politique et un Etat qui fonctionne sans budget voilà, parmi tant d’autres facteurs, les éléments qui rendent votre mandat à la fois périlleux et porteur d’incertitudes.
Régner sur des fantômes qui n’ont désormais plus le droit de rêver ou d’espérer ne semble vous indisposer outre mesure, c’est à faire penser que vous avez la fâcheuse habitude d’administrer le néant ou que vous jouez, dans un mélodrame de mauvais goût, votre rôle de Président un pistolet sur la tempe.
Dans l’esprit du mauritanien, la confusion entre vous et les militaires est telle que pour le commun des mortels, vous n’êtes que le mandataire d’un CMJD en panne d’inspiration et chez qui l’imagination et la créativité ne sont pas les premières qualités. Un CMJD qui pensait crédulement que la Mauritanie accepterait, sans rechigner, d’égrener indéfiniment son chapelet de colonels, les uns plus obscurantistes et plus sournois que les autres.
Un CMJD qui n’avait enfin pas compris qu’après le colonel Ould Taya, l’ère des hommes en kaki était bel et bien révolue et que la communauté internationale n’a ni les mêmes raisons ni les mêmes mobiles de concéder à l’armée mauritanienne le statut de facteur d’équilibre sur le sensible point de jonction entre l’orient et l’occident reconnu à l’armée turque depuis qu’elle s’est choisie de garantir la laïcité en terre d’Islam. Je ne serais cependant pas surpris qu’un Yahya Ould Ahmed El Waghef, qu’un Yahya Ould Abdel Ghahar ou encore un Yahya Ould Menkouss me disent que je n’ai rien compris et qu’en tout cas, je ne suis qu’un illustre subversif qu’il convient de ne pas écouter, avant de jurer par tous les saints que le pays, sous la direction d’on ne sait qui, marche résolument vers le progrès et le bonheur.
Cela est normal, puisque ces personnages, encore sous le choc d’une révolution de palais qui est loin d’avoir livré tous ses secrets, sont incapables de décrypter les signes avant-coureurs de l’Armageddon 3 Aoûtien qui s’abattra sur le pays ne laissant derrière lui aucun poète pour le chanter. Pas même un « Raddad Lakhbar ».
Quand je dis par ailleurs que vous avez été élu, j’exagère bien sûr. Je vous assure, monsieur le Président, que les mauritaniens, pour peu qu’ils survivent à votre « mandat », auront à l’esprit encore pour bien longtemps la façon par laquelle le CMJD vous a donné votre lettre de mission, ce cadeau empoisonné que vous n’avez d’ailleurs gardé que le temps de «nommer» un Premier Ministre pour le lui jeter sur les épaules.
Les scrutions du 11 et 25 mars furent une mascarade pire que celles auxquelles nous a habitué Ould Taya, encore que celui-là, qui ne gouvernait au nom de personne, y mettait les formes et un minimum de décence politique par la tolérance d’une opposition réelle et l’acceptation de la critique d’une presse puissante par l’incidence du système mis au point par le PRDS. Ironie du sort ou réalité amère. Je n’ai, pour ma part, rien inventé.
En effet, pour faire ses hold up électoraux, Ould Taya organisait des campagnes hautes en couleur sans commune mesure avec la terne grisaille d’une transition de circonstances dont le brumeux firmament n’a trouvé pour l’éclairer que de sombres constellations dont les plus brillantes restent le richissime Ely Ould Mohamed Vall et ses lugubres colonels et plus tard, l’astre éteint Zein Ould Zeidane et «son» piètre gouvernement.
L’échec de ce gouvernement et son incapacité de décoller dus essentiellement au pillage systématique auquel s’est livré le CMJD et le gouvernement de transition ne font plus aucun doute. Vous avez vous -mêmes reconnu cet échec devant les rescapés du PRDS, à qui vous avez demandé secours, montrant par la même occasion la nullité des prétextes avancés par vos amis pour argumenter le 3 Août.
L’échec du gouvernement n’est-il pas l’échec de Zein Ould Zeidane.qui a déçu autant qu’il a surpris, et l’échec de ce dernier est, par conséquent, votre propre échec. Dans le même ordre d’idées, votre échec est celui du CMJD dont l’échec est bien entendu celui du 3 août 2005.
Que reste-t-il donc aux mauritaniens, faire appel à Ould Taya pour terminer son mandat et organiser des élections auxquelles il ne participe pas en tant que candidat ou se résigner à attendre qu’un 1er septembre, un 14 juillet ou un 28 novembre vienne les débarrasser du 3 août et des 11 et 25 Martiens qu’il a sécrétés. Ironie du sort encore ou fait inexplicable de l’histoire des nations.
M.S.
Source: FLAMNET
(M)
Il y a un peu plus de six mois, vous avez été élu président de ce qui fut autrefois la Mauritanie. Vous avez hérité d’un pays à qui l’occasion de grandir et de donner toute la dimension de son génie créateur a toujours été compromise par des coups d’Etat qui ne disent pas leurs noms.
A part quelques vestiges qui disent long sur l’étendue du désastre 3 Aoûtien, qui a frappé le pays en 2005, il ne vous reste à gouverner qu’une dizaine de gazra (squat) à Nouakchott et quelques Adwabas à l’intérieur du pays, le tout habité ou plutôt hanté, par des fantômes sur lesquels plane en permanence le spectre d’une crise multiforme que rien ne saurait juguler. La famine, le chômage, la perte de repères, le trafic de drogue, la délocalisation du pouvoir politique et un Etat qui fonctionne sans budget voilà, parmi tant d’autres facteurs, les éléments qui rendent votre mandat à la fois périlleux et porteur d’incertitudes.
Régner sur des fantômes qui n’ont désormais plus le droit de rêver ou d’espérer ne semble vous indisposer outre mesure, c’est à faire penser que vous avez la fâcheuse habitude d’administrer le néant ou que vous jouez, dans un mélodrame de mauvais goût, votre rôle de Président un pistolet sur la tempe.
Dans l’esprit du mauritanien, la confusion entre vous et les militaires est telle que pour le commun des mortels, vous n’êtes que le mandataire d’un CMJD en panne d’inspiration et chez qui l’imagination et la créativité ne sont pas les premières qualités. Un CMJD qui pensait crédulement que la Mauritanie accepterait, sans rechigner, d’égrener indéfiniment son chapelet de colonels, les uns plus obscurantistes et plus sournois que les autres.
Un CMJD qui n’avait enfin pas compris qu’après le colonel Ould Taya, l’ère des hommes en kaki était bel et bien révolue et que la communauté internationale n’a ni les mêmes raisons ni les mêmes mobiles de concéder à l’armée mauritanienne le statut de facteur d’équilibre sur le sensible point de jonction entre l’orient et l’occident reconnu à l’armée turque depuis qu’elle s’est choisie de garantir la laïcité en terre d’Islam. Je ne serais cependant pas surpris qu’un Yahya Ould Ahmed El Waghef, qu’un Yahya Ould Abdel Ghahar ou encore un Yahya Ould Menkouss me disent que je n’ai rien compris et qu’en tout cas, je ne suis qu’un illustre subversif qu’il convient de ne pas écouter, avant de jurer par tous les saints que le pays, sous la direction d’on ne sait qui, marche résolument vers le progrès et le bonheur.
Cela est normal, puisque ces personnages, encore sous le choc d’une révolution de palais qui est loin d’avoir livré tous ses secrets, sont incapables de décrypter les signes avant-coureurs de l’Armageddon 3 Aoûtien qui s’abattra sur le pays ne laissant derrière lui aucun poète pour le chanter. Pas même un « Raddad Lakhbar ».
Quand je dis par ailleurs que vous avez été élu, j’exagère bien sûr. Je vous assure, monsieur le Président, que les mauritaniens, pour peu qu’ils survivent à votre « mandat », auront à l’esprit encore pour bien longtemps la façon par laquelle le CMJD vous a donné votre lettre de mission, ce cadeau empoisonné que vous n’avez d’ailleurs gardé que le temps de «nommer» un Premier Ministre pour le lui jeter sur les épaules.
Les scrutions du 11 et 25 mars furent une mascarade pire que celles auxquelles nous a habitué Ould Taya, encore que celui-là, qui ne gouvernait au nom de personne, y mettait les formes et un minimum de décence politique par la tolérance d’une opposition réelle et l’acceptation de la critique d’une presse puissante par l’incidence du système mis au point par le PRDS. Ironie du sort ou réalité amère. Je n’ai, pour ma part, rien inventé.
En effet, pour faire ses hold up électoraux, Ould Taya organisait des campagnes hautes en couleur sans commune mesure avec la terne grisaille d’une transition de circonstances dont le brumeux firmament n’a trouvé pour l’éclairer que de sombres constellations dont les plus brillantes restent le richissime Ely Ould Mohamed Vall et ses lugubres colonels et plus tard, l’astre éteint Zein Ould Zeidane et «son» piètre gouvernement.
L’échec de ce gouvernement et son incapacité de décoller dus essentiellement au pillage systématique auquel s’est livré le CMJD et le gouvernement de transition ne font plus aucun doute. Vous avez vous -mêmes reconnu cet échec devant les rescapés du PRDS, à qui vous avez demandé secours, montrant par la même occasion la nullité des prétextes avancés par vos amis pour argumenter le 3 Août.
L’échec du gouvernement n’est-il pas l’échec de Zein Ould Zeidane.qui a déçu autant qu’il a surpris, et l’échec de ce dernier est, par conséquent, votre propre échec. Dans le même ordre d’idées, votre échec est celui du CMJD dont l’échec est bien entendu celui du 3 août 2005.
Que reste-t-il donc aux mauritaniens, faire appel à Ould Taya pour terminer son mandat et organiser des élections auxquelles il ne participe pas en tant que candidat ou se résigner à attendre qu’un 1er septembre, un 14 juillet ou un 28 novembre vienne les débarrasser du 3 août et des 11 et 25 Martiens qu’il a sécrétés. Ironie du sort encore ou fait inexplicable de l’histoire des nations.
M.S.
Source: FLAMNET
(M)