Lettre adressée par une jeune Mauritanienne au Président de la République

Permettez-moi tout d’abord, Monsieur le Président de la République Islamique de Mauritanie, de me présenter, je suis une jeune mauritanienne, titulaire d’un double Master professionnel, trilingue, pluridisciplinaire, ressortissante des plus grandes universités du Sénégal- Maroc-Tunisie-France et je chôme.

Le chômage pour moi, ce n’est pas uniquement être privée d'emploi alors que vous en rechercher un, mais c’est aussi d’accepter par nécessité un emploi inférieur à vos ambitions, qui ne correspond pas à vos attentes professionnelles et ne répond pas à vos exigences.

Monsieur le Président, j’ai eu la chance d’être issue d’une famille aisée connue et respectable, j’ai bénéficié d’une éducation de qualité et j’ai appris de mes parents l’amour de la nation, la persévérance, la rigueur et la nécessité d’exceller dans toutes les tâches qui me sont confiées.

Après l’obtention de mes diplômes, j’ai rejoint impatiemment mon pays parce que s’installer à l’étranger malgré tous les avantages qu’il offre n’était pas une option pour moi.J’étais persuadé que je décrocherais facilement un boulot qui me plaisait dès mon retour, confiante que je disposais des qualités essentielles pour exercer mon métier, je voulais participer au développement de ma Patrie et je n'allais épargner aucun effort pour servir les intérêts de la Mauritanie au mieux de mes capacités.

J’ai essayé par tous les canaux possibles de décrocher un Job répondant à mes aspirations, j’ai accepté de faire des stages non rémunères pendant une longue période dans des structures publiques et j’ai justifié mes compétences et mon savoir-faire, j’ai envoyé des candidatures spontanées, je consultais les sites de recrutements plusieurs fois par jour, j’ai postulé aux différentes offres d’emploi (Bien que la majorité des recruteurs exigent une expérience professionnelle de plus de 4 années….), tout ça et je chôme toujours.

J’ai été recalé parfois parce que j’étais femme, parfois parce que j’appartenais à une certaine tribu (Qu’on considère à juste ou à tort qu’elle n’est pas la favorite du Président) ou tout simplement parce que je n’ai pas de « Coup de pouce », mais jamais parce que mon profil ne correspondait pas audit emploi.

Je me suis souvent posée la question, qu’est ce qu’il me faut réellement pour travailler, qu’est ce qui me manque, où se trouve la « Khoukha » et j’ai compris après Six ans de chômage, que le Fameux « Coup de pouce » est la seule condition en Mauritanie pour décrocher un travail, peu importe vos qualifications et vos compétences.

Notre Chère patrie est considérée comme étant l’un des pays les plus pauvres et les plus fortement endettés au Monde, avec un pourcentage de la population sous le seuil de la pauvreté avoisinant les 40%, un taux de chômage élevé, une déperdition scolaire au cycle primaire de presque 1 sur 2.

Les potentialités énormes de notre Pays (minière, halieutique, agricole) ne peuvent être valorisées que par l’implication effective et adéquate de l’ensemble des jeunes mauritaniens et particulièrement par ceux qui sont qualifiés, c’est la condition nécessaire pour redresser la situation et remettre la Mauritanie sur les bons rails.

Le sujet d’actualités de nos jours, est la rencontre du Président avec les jeunes Mauritaniens, c’est pour cette raison que Je vous écris aujourd’hui, Monsieur le Président, pour vous faire part et par connaissance de cause du réel problème des jeunes diplômés chômeurs mauritaniens et du chagrin qui pèse lourd sur nos cœurs, car mon cas est loin d’être unique.

Un message que j’adresse aussi aux hauts responsables de ce pays, Sachez Mesdames, Messieurs, qu’avec ces pratiques vous détruisez nos ambitions, notre jeunesse, et pire notre rêve pour une Mauritanie unie fraternelle prospère et où l’égalité et la justice règnent.

Bonne continuation à tous les jeunes qui sombrent dans le Chômage,

Que Dieu Bénisse la Mauritanie….

Fatimetou Mohamed

Source:  CRIDEM