Les enjeux de l’élection présidentielle par Oumar Bass

A deux semaines du démarrage de la campagne électorale pour la présidentielle de Juin 2014, il est nécessaire de se pencher sur le profil des différents candidats (au moins les 4 les  plus connus) leurs chances de réussite et le discours qu'ils devraient tenir pour séduire un électorat peu sensibilisé.
 
Dans notre analyse nous devons faire preuve d'une objectivité totale et rester impartial. Pour cela nous savons que le président sortant Ould Abdel Aziz part favoris pour de multiples raisons même si certains se permettent encore de rêver. Avec les moyens de l'Etat: ressources humaines et matérielles, l'appui de l'administration locale, des hommes d'affaires, de membres des chefferies traditionnelles, des partis de la majorité comme l'UDP, le Sursaut..., et peut être une CENI qui ne sera pas tout à fait neutre Aziz en campagne depuis des mois devrait l'emporter dès le premier tour, peut être en dépassant les 65%. Le président sortant va sans aucun doute étaler son bilan contesté ou non et insistera sur sa volonté de faire confiance aux jeunes.
 
Ibrahima Moktar Sarr qui sera à sa troisième participation doit avoir le courage de se présenter comme le défenseur de la cause négro-mauritanienne en se présentant comme le porte-parole légitime. Il va poser la question des langues lui qui est un homme de culture, il va parler du passif humanitaire lui qui est victime des arrestations et rescapé de Walata qui a vu ses camarades mourir, surtout il fait partie de la communauté victime. Il sera le mieux placé pour parler sans réserve des terres spoliées de sa communauté par les maures et les hratins. Son électorat, il doit le puiser dans la vallée, les quartiers populaires de Nouakchott et surtout les fortes communautés noires des villes comme Nouadibhou et Zoueratt. Il bénéficiera d'un vote identitaire qui reste encore un phénomène répandu  dans notre pays. Il aura un atout de taille, le vote d'une partie de la diaspora. Aura-t-il le courage de se servir de la fibre communautaire pour engranger le maximum possible des voix de la communauté? Ou se présentera-t-il comme le rassembleur même s'il sait que ce n'est pas évident que les maures et les hratins voteront pour lui?
 
Qu'on le veuille ou non Biram sera vu comme le candidat de la cause hratin et son discours sera naturellement dominé par la question de l'esclavage et l'identité hratin. Qui sont censés voter pour lui en majorité? Les hratins, mais seulement cette communauté sera profondément divisée et son électorat effrité. L’influence de la tribu va beaucoup jouer surtout dans la Mauritanie profonde où le chef de tribu est vénéré comme un demi-Dieu. Un autre aspect non négligeable, de gros calibres de la cause hratin comme les leaders historiques Messoud ould Boulkheir et Samory ould Bey sont partisans du boycott, donc leurs militants sont censés s'abstenir de voter. Des membres de cette communauté partisans du régime comme Ould Boilil draineront leurs électeurs vers le candidat au pouvoir, Boilil qui est du Trarza et assez implanté dans la région peut handicaper Biram dans cette localité. Biram va bénéficier du soutien d'éléments négro-mauritaniens mais ces derniers feront-ils le poids? Biram qui avait violemment critiqué ceux qui ont participé aux législatives et municipales de 2013 a décidé finalement d’être candidat et il aura l'occasion de connaitre son réel poids.
 
Boidiel Ould Houmeid dont le fief est le Trarza, (ce n'est pas un hasard si la mairie de Rosso est contrôlée par son parti le Wiam qui a défait le candidat de l'UPR) est issu du milieu féodal et se revendique arabe. Après les municipales et législatives de 2013, son parti est devenu la troisième force politique du pays après l'UPR et TAWASSOUL. Dans le Trarza il peut mettre n'importe quel candidat en difficulté, lui aussi perturbera le candidat Biram dont la base devrait être le Trarza. Son objectif sera certainement de se retrouver à la deuxième place même s'il n y aura pas un second tour.
 
Il est important de se demander si le boycott de l'opposition aura un impact sur le taux de participation. Il est également logique de se poser une question sur les signatures obtenues par nos candidats et dont le nombre de conseillers était très insuffisant, ne peut-on pas imaginer un deal et leur éventuelle participation dans le gouvernement d' après élection du général Aziz qui cherchera à pacifier son second mandat, un gouvernement à qui on donnera une apparence d'un gouvernement d'union nationale.
 
BASS OUMAR
CINCINNATI-OHIO.
U.S.A
 
Source:  Bass Oumar