Les Négro-Mauritaniens, qui ont été déportés ou qui fui leur pays à la suite du conflit interethnique de 1989, seraient les bienvenus chez eux. Zein Ould Zeydane, le nouveau Premier ministre mauritanien, l’a annoncé jeudi aux députés. La Mauritanie s’est aussi engagé à lutter contre les pratiques esclavagistes.
Les Mauritaniens « déplacés à l’extérieur de nos frontières suite aux événements douloureux de 1989, seront parmi nous dans les plus brefs délais », a déclaré Zein Ould Zeydane, le nouveau Premier ministre mauritanien, jeudi, devant les parlementaires. Des milliers de Négro-Mauritaniens avaient été déportés par le gouvernement en place au Mali et au Sénégal à la suite de violences interethniques. Plus de 120 000 selon iAbolish, l’organisation non-gouvernementale américaine de lutte contre l’esclavage.
Ces heurts avaient même conduit à la rupture des relations diplomatiques entre la Mauritanie et le Sénégal où des Mauritaniens avaient été également tués en représailles. Le nombre exact des personnes qui seront concernées reste encore inconnu, de même que les modalités de leur rapatriement. Le Chef du gouvernement mauritanien a seulement précisé qu’il serait fait « conformément a un plan approprié qui sera défini par le gouvernement en concertation avec les partis politiques, les organisations de la société civile et les organismes des Nations-Unies ». L’annonce fait suite, à la lettre de mission qui lui a été confiée par le nouvellement investi président mauritanien, Sidi Ould Cheikh Abdallahi. Ce dernier souhaite « panser les plaies du passé » en fixant comme objectif à Zein Ould Zeydane, notamment, le renforcement « du dispositif de lutte contre les pratiques de l’esclavage et ses séquelles », a-t-il indiqué dans une lettre de mission remise mardi dernier à son Premier ministre.
Autre temps, autres mœurs ?
« Résoudre (le) problème (des déportés) de façon définitive en six mois, voire un an » était l’une des promesses de campagne du président. Tout comme semblait l’afficher son prédécesseur à la tête de l’Etat mauritanien, le colonel Ely Ould Mouhamed Vall, président du Comité militaire pour la justice et la démocratie (CMJD). Dans un entretien accordé à la télévision sénégalaise, quelques mois après son putsch de 2005, il avait prôné, « l’unité nationale » en affirmant que les « Négro-Mauritaniens peuvent rentrer chez eux » et que « tous les Mauritaniens (étaient) les bienvenus en Mauritanie ». Pourtant, en décembre 2006, notait encore Ibrahim Abou Sall, le secrétaire général de la section Europe de l’Ouest des Forces de libération africaine de la Mauritanie (FLAM, aile originelle), « aujourd’hui, on dénie le droit (aux Négro-Mauritaniens) de revenir dans leur pays ». Le responsable du Flam, dont le mouvement milite pour une Mauritanie « non raciale et anti-esclavagiste », dénonçait aussi « la volonté d’assurer une pureté arabe à la Mauritanie ». Une arabisation de la société mauritanienne qui poussait de plus en plus de jeunes Mauritanniens d’origine africaine à s’exiler.
De fait, bien qu’ayant aboli l’esclavage depuis 1981 et permis à des Negro-Mauritaniens d’accéder (depuis 1984) à des postes gouvernementaux, les pratiques et relents esclavagistes restent encore profondément ancrées dans la société mauritanienne. Notamment à cause du manque de volonté politique. Dans un rapport publié, en novembre 2002, l’organisation de lutte pour les droits de l’homme, Amnesty International, regrettait qu’en dépit de l’abolition de l’esclavage et de son interdiction dans la Constitution mauritanienne, « aucune mesure concrète ne semble avoir été prise pour faire passer cette abolition dans les faits ». Les récentes déclarations des autorités mauritaniennes serait-elle le signe d’une révolution au sommet de l’Etat mauritanien. Celle qui conduira, peut-être enfin, les anciens maîtres maures à considérer leurs anciens esclaves africains, les harratines qui représentent près de 80% de la population mauritanienne, comme leurs égaux. Une révolution qui passe aussi par le développement économique, l’une des missions assignées à Zein Ould Zeydane, au moment où les Mauritaniens se plaignent de la cherté de la vie.
Par Falila Gbadamassi
Source : AFRIK.COM
(M)
Crédit photo : L’hebdomadaire du Burkina
Les Mauritaniens « déplacés à l’extérieur de nos frontières suite aux événements douloureux de 1989, seront parmi nous dans les plus brefs délais », a déclaré Zein Ould Zeydane, le nouveau Premier ministre mauritanien, jeudi, devant les parlementaires. Des milliers de Négro-Mauritaniens avaient été déportés par le gouvernement en place au Mali et au Sénégal à la suite de violences interethniques. Plus de 120 000 selon iAbolish, l’organisation non-gouvernementale américaine de lutte contre l’esclavage.
Ces heurts avaient même conduit à la rupture des relations diplomatiques entre la Mauritanie et le Sénégal où des Mauritaniens avaient été également tués en représailles. Le nombre exact des personnes qui seront concernées reste encore inconnu, de même que les modalités de leur rapatriement. Le Chef du gouvernement mauritanien a seulement précisé qu’il serait fait « conformément a un plan approprié qui sera défini par le gouvernement en concertation avec les partis politiques, les organisations de la société civile et les organismes des Nations-Unies ». L’annonce fait suite, à la lettre de mission qui lui a été confiée par le nouvellement investi président mauritanien, Sidi Ould Cheikh Abdallahi. Ce dernier souhaite « panser les plaies du passé » en fixant comme objectif à Zein Ould Zeydane, notamment, le renforcement « du dispositif de lutte contre les pratiques de l’esclavage et ses séquelles », a-t-il indiqué dans une lettre de mission remise mardi dernier à son Premier ministre.
Autre temps, autres mœurs ?
« Résoudre (le) problème (des déportés) de façon définitive en six mois, voire un an » était l’une des promesses de campagne du président. Tout comme semblait l’afficher son prédécesseur à la tête de l’Etat mauritanien, le colonel Ely Ould Mouhamed Vall, président du Comité militaire pour la justice et la démocratie (CMJD). Dans un entretien accordé à la télévision sénégalaise, quelques mois après son putsch de 2005, il avait prôné, « l’unité nationale » en affirmant que les « Négro-Mauritaniens peuvent rentrer chez eux » et que « tous les Mauritaniens (étaient) les bienvenus en Mauritanie ». Pourtant, en décembre 2006, notait encore Ibrahim Abou Sall, le secrétaire général de la section Europe de l’Ouest des Forces de libération africaine de la Mauritanie (FLAM, aile originelle), « aujourd’hui, on dénie le droit (aux Négro-Mauritaniens) de revenir dans leur pays ». Le responsable du Flam, dont le mouvement milite pour une Mauritanie « non raciale et anti-esclavagiste », dénonçait aussi « la volonté d’assurer une pureté arabe à la Mauritanie ». Une arabisation de la société mauritanienne qui poussait de plus en plus de jeunes Mauritanniens d’origine africaine à s’exiler.
De fait, bien qu’ayant aboli l’esclavage depuis 1981 et permis à des Negro-Mauritaniens d’accéder (depuis 1984) à des postes gouvernementaux, les pratiques et relents esclavagistes restent encore profondément ancrées dans la société mauritanienne. Notamment à cause du manque de volonté politique. Dans un rapport publié, en novembre 2002, l’organisation de lutte pour les droits de l’homme, Amnesty International, regrettait qu’en dépit de l’abolition de l’esclavage et de son interdiction dans la Constitution mauritanienne, « aucune mesure concrète ne semble avoir été prise pour faire passer cette abolition dans les faits ». Les récentes déclarations des autorités mauritaniennes serait-elle le signe d’une révolution au sommet de l’Etat mauritanien. Celle qui conduira, peut-être enfin, les anciens maîtres maures à considérer leurs anciens esclaves africains, les harratines qui représentent près de 80% de la population mauritanienne, comme leurs égaux. Une révolution qui passe aussi par le développement économique, l’une des missions assignées à Zein Ould Zeydane, au moment où les Mauritaniens se plaignent de la cherté de la vie.
Par Falila Gbadamassi
Source : AFRIK.COM
(M)
Crédit photo : L’hebdomadaire du Burkina