Selon une source proche de la Commission chargée de l’organisation des Etats généraux de l’Education, les assises sur l’enseignement mauritanien devraient se tenir dans la seconde moitié du mois d’octobre 2012. Soit deux semaines après l’ouverture de la nouvelle année scolaire. Autant dire que les résultats de cette importante réflexion pourraient ne pas être d’un grand secours pour mettre en œuvre les réformes proposées avant la prochaine ouverture des classes ! En attendant, et en vue d’aider à bien caler les débats, l’ONG Mauritanie Perspectives (qui se veut un Observatoire du Suivi Citoyen du CSLP III) a consacré son deuxième « Mercredi de MP » (26 septembre 2012) à cette délicate problématique de l’éducation en Mauritanie.
Ouvrant les débats de ce Think Tank mauritanien, le président de Mauritanie Perspectives, Abdel Aziz Ould Dahi, a d’abord évoqué la nécessité du débat en tant que diagnostic qui traduit le fait qu’il y a aujourd’hui « une quasi-unanimité autour du fait que notre système éducatif ne va pas au mieux ». Et de le président de MP de souligner que la mise en place récente d’une Commission nationale chargée des Etats généraux de l’Education et de la Formation « est une nouvelle tentative des autorités visant à améliorer la performance du secteur. Mais comme toujours, la question qui est posée n’est pas « quel est le problème ? » mais celle du « comment faire ? »
Plusieurs réformes ont déjà été menées en Mauritanie mais elles ne sont jamais allées à l’essentiel, c’est-à-dire à la recherche de la qualité (donc de la lutte contre la baisse des niveaux) ou à ce que le nouveau pouvoir de Mohamed Ould Abdel Aziz appelle l’adaptation de la formation aux besoins du marché. Toutes les réformes passées – et peut être celle qu’on s’apprête à lancer – se sont focalisées sur la question des langues, avec en filigrane, la prédominance de l’arabe sur le français ou la recherche d’un compromis pour leur « cohabitation ».
Une question que beaucoup des participants au débat de MP ont trouvé sans réelle importance puisque ce qui compte, après tout, c’est le résultat et ce qui va être fait dans la pratique. Surtout quand on sait que les défenseurs de l’arabisation du système sont les premiers à envoyer leurs progénitures à l’école française ou, à défaut, au Petit centre ou dans un établissement tenu par un étranger ! Une manière comme une autre de contribuer à la baisse de qualité de l’enseignement public où seuls les enfants des pauvres sont obligés d’y aller. L’ancienne ministre de l’Education nationale, Nebghouha Mint Mohamed Vall, dont l’action au cours de la Transition militaire 2005-2007 a été saluée par tous les présents, a même souligné un risque de troubles sociaux, à moyen et long termes, avec cette école à deux vitesses : le privé pour certains, et le public pour d’autres (essentiellement les Haratines).
Pour elle, tout le mal de l’éducation vient de l’éparpillement des efforts, traduit par celui de l’existence de milliers de localités qui veulent toutes avoir leurs écoles, leurs centres de santé et leurs services d’eau et d’électricité. Pour cette ancienne ministre, c’est donc un problème de mauvaise gestion des ressources financières et humaines, avec des ramifications politiques évidentes, qui explique tout le mal-être du système éducatif mauritanien.
Tenir compte de la spécificité de l’éducation
Tous les participants ont tenu également à souligner la spécificité de l’éducation par rapport aux autres secteurs. Mint Mohamed Vall dira que l’erreur du médecin, bien que pouvant entraîner la mort du patient, n’a rien à voir avec les défauts et manque de scrupules d’un enseignant qui mettent en péril l’avenir de 50 enfants.
Cette caractéristique propre, qui fait que l’éducation agit positivement ou négativement sur tous les autres secteurs, rend la responsabilité encore plus grande quant à la gestion, dans tous ses aspects, des ressources (financières et humaines), qui lui sont allouées. Surtout que l’Education accapare le presque le quart du budget de l’Etat et les deux tiers des fonctionnaires et agents de l’Etat. On se mettrait donc dans de bonnes prédispositions si on arrive, lors des prochains Etats généraux de l’éducation, à en place un projet de (bonne) gestion pour tendre vers la qualité.
Pour le Dr Hawba, ancien doyen de la faculté des Sciences et Techniques de l’Université de Nouakchott, les EGE ne doivent pas privilégier la production de documents (car le système éducatif mauritanien est déjà le mieux et le plus étudié dans le monde) mais donner une vision à long terme pour atteindre la qualité. C’est donc bien une question de pertinence des choix dans la conduite de ces programmes, donc de stabilité. Mais aussi d’adaptation de la formation aux besoins du marché.
Plus de moyens et plus d’équité
L’Etat doit mettre les moyens qu’il faut mais aussi faire preuve d’équité pour motiver les enseignants. Le parallèle a été fait, dans ce domaine, entre ce que gagne un professeur, assurant 6 heures de cours par semaine dans un établissement privé, pour 100.000 UM, et un autre trainant une ancienneté de 25 ans et ne gagnant que 120.000 UM pour 18 heures de cours assuré dans un établissement public. L’injustice des promotions au sein de l’éducation, souvent liées au clientélisme politique a aussi été vue comme l’une des causes du mal-être des enseignants. Une plus grande attention doit être accordée aux cycles primaire et secondaire, au détriment du Supérieur qui, sous d’autres cieux, est passé sous la coupe du privé. Le classement des 500 grandes écoles au monde place la France à la 80ème place parce que son système se heurte encore, comme en Mauritanie, à ce problème de financements de l’enseignement supérieur qui empêche l’Etat de dégager plus de fonds pour l’enseignement à la base. Enfin, comparant l’éducation hier et aujourd’hui, une participante aux débats, Tourkiya Daddah, est arrivée à cette belle conclusion : « Les Anciens ne sont pas des gens particulièrement compétents, mais particulièrement « passionnés ». A méditer.
Sneiba Mohamed
Source: saharamedias
Ouvrant les débats de ce Think Tank mauritanien, le président de Mauritanie Perspectives, Abdel Aziz Ould Dahi, a d’abord évoqué la nécessité du débat en tant que diagnostic qui traduit le fait qu’il y a aujourd’hui « une quasi-unanimité autour du fait que notre système éducatif ne va pas au mieux ». Et de le président de MP de souligner que la mise en place récente d’une Commission nationale chargée des Etats généraux de l’Education et de la Formation « est une nouvelle tentative des autorités visant à améliorer la performance du secteur. Mais comme toujours, la question qui est posée n’est pas « quel est le problème ? » mais celle du « comment faire ? »
Plusieurs réformes ont déjà été menées en Mauritanie mais elles ne sont jamais allées à l’essentiel, c’est-à-dire à la recherche de la qualité (donc de la lutte contre la baisse des niveaux) ou à ce que le nouveau pouvoir de Mohamed Ould Abdel Aziz appelle l’adaptation de la formation aux besoins du marché. Toutes les réformes passées – et peut être celle qu’on s’apprête à lancer – se sont focalisées sur la question des langues, avec en filigrane, la prédominance de l’arabe sur le français ou la recherche d’un compromis pour leur « cohabitation ».
Une question que beaucoup des participants au débat de MP ont trouvé sans réelle importance puisque ce qui compte, après tout, c’est le résultat et ce qui va être fait dans la pratique. Surtout quand on sait que les défenseurs de l’arabisation du système sont les premiers à envoyer leurs progénitures à l’école française ou, à défaut, au Petit centre ou dans un établissement tenu par un étranger ! Une manière comme une autre de contribuer à la baisse de qualité de l’enseignement public où seuls les enfants des pauvres sont obligés d’y aller. L’ancienne ministre de l’Education nationale, Nebghouha Mint Mohamed Vall, dont l’action au cours de la Transition militaire 2005-2007 a été saluée par tous les présents, a même souligné un risque de troubles sociaux, à moyen et long termes, avec cette école à deux vitesses : le privé pour certains, et le public pour d’autres (essentiellement les Haratines).
Pour elle, tout le mal de l’éducation vient de l’éparpillement des efforts, traduit par celui de l’existence de milliers de localités qui veulent toutes avoir leurs écoles, leurs centres de santé et leurs services d’eau et d’électricité. Pour cette ancienne ministre, c’est donc un problème de mauvaise gestion des ressources financières et humaines, avec des ramifications politiques évidentes, qui explique tout le mal-être du système éducatif mauritanien.
Tenir compte de la spécificité de l’éducation
Tous les participants ont tenu également à souligner la spécificité de l’éducation par rapport aux autres secteurs. Mint Mohamed Vall dira que l’erreur du médecin, bien que pouvant entraîner la mort du patient, n’a rien à voir avec les défauts et manque de scrupules d’un enseignant qui mettent en péril l’avenir de 50 enfants.
Cette caractéristique propre, qui fait que l’éducation agit positivement ou négativement sur tous les autres secteurs, rend la responsabilité encore plus grande quant à la gestion, dans tous ses aspects, des ressources (financières et humaines), qui lui sont allouées. Surtout que l’Education accapare le presque le quart du budget de l’Etat et les deux tiers des fonctionnaires et agents de l’Etat. On se mettrait donc dans de bonnes prédispositions si on arrive, lors des prochains Etats généraux de l’éducation, à en place un projet de (bonne) gestion pour tendre vers la qualité.
Pour le Dr Hawba, ancien doyen de la faculté des Sciences et Techniques de l’Université de Nouakchott, les EGE ne doivent pas privilégier la production de documents (car le système éducatif mauritanien est déjà le mieux et le plus étudié dans le monde) mais donner une vision à long terme pour atteindre la qualité. C’est donc bien une question de pertinence des choix dans la conduite de ces programmes, donc de stabilité. Mais aussi d’adaptation de la formation aux besoins du marché.
Plus de moyens et plus d’équité
L’Etat doit mettre les moyens qu’il faut mais aussi faire preuve d’équité pour motiver les enseignants. Le parallèle a été fait, dans ce domaine, entre ce que gagne un professeur, assurant 6 heures de cours par semaine dans un établissement privé, pour 100.000 UM, et un autre trainant une ancienneté de 25 ans et ne gagnant que 120.000 UM pour 18 heures de cours assuré dans un établissement public. L’injustice des promotions au sein de l’éducation, souvent liées au clientélisme politique a aussi été vue comme l’une des causes du mal-être des enseignants. Une plus grande attention doit être accordée aux cycles primaire et secondaire, au détriment du Supérieur qui, sous d’autres cieux, est passé sous la coupe du privé. Le classement des 500 grandes écoles au monde place la France à la 80ème place parce que son système se heurte encore, comme en Mauritanie, à ce problème de financements de l’enseignement supérieur qui empêche l’Etat de dégager plus de fonds pour l’enseignement à la base. Enfin, comparant l’éducation hier et aujourd’hui, une participante aux débats, Tourkiya Daddah, est arrivée à cette belle conclusion : « Les Anciens ne sont pas des gens particulièrement compétents, mais particulièrement « passionnés ». A méditer.
Sneiba Mohamed
Source: saharamedias