Le nouveau pouvoir a cent jours en cette fin de juillet 2007 et cet anniversaire n’est pas passé inaperçu pour la presse nationale et même étrangère, à l’image de Jeune Afrique qui, sous la plume de son envoyée spéciale Marianne Meunier, lui a consacré la une de sa 2428ème édition. 100 jours c’est peu dans la vie d’une nation, mais ça représente près du vingtième du mandat octroyé par les mauritaniens au premier Président démocratiquement élu sans conteste. Cela justifie donc un bilan sans complaisance, mais aussi sans velléité de critique tous azimuts.
Arrivé au pouvoir dans un contexte marqué par une scène politique peu lisible et convulsée par une demande de changement effrénée, une économie éprouvée par l’accumulation de multiples dysfonctionnements et un environnement international peu rassurant, le Président Sidi Ould Cheikh Abdallahi avait le choix entre deux manières d’exercer le pouvoir : celle de ses prédécesseurs ; unilatérale, autoritaire et précautionneusement personnalisée et celle de ses convictions et des engagements qu’il a pris vis-à-vis de ses concitoyens : démocratique, civilisée, concertée et libérée des frilosités d’antan.
La première aurait mis tout le monde en confiance, exactement comme un puissant analgésique efface la douleur. Elle aurait permis au Président de mettre l’Etat au pas et d’obtenir, entre autres succès garantis, des résultats très immédiats sur des problèmes contingents comme la crise de l’eau et de l’électricité, la hausse des prix ou encore la cohérence entre la majorité parlementaire et l’exécutif.
La seconde, elle, est comme une anesthésie du malade en prévision d’une opération délicate. Elle consiste à choisir un gouvernement technocratique là où une dose de politique était nécessaire pour faire participer l’ensemble des segments d’une majorité plurielle, à donner une feuille de route au gouvernement et au Premier Ministre des prérogatives pour la réaliser, à se hisser au-dessus des détails de gouvernance : nommer des Directeurs d’établissements dotés de budgets ou des chefs de services stratégiques dans l’action quotidienne de l’administration… Elle consiste aussi à écouter tout le monde et à chercher le consensus en tout. Le Président l’a choisie. Et l’on voit aisément combien ce choix était opportun.
Sur le plan politique
Un calme serein et une cohérence indéniable caractérisent aujourd’hui la scène politique : la majorité parlementaire s’emploie à marquer son règne par le vote de textes déterminants pour l’avenir même de la Nation : la création de la Haute Cour de Justice qui juge le Président de la République et les membres du gouvernement, l’institution d’un Conseil Economique et Social, la promulgation d’une loi sur la gestion transparente des affaires publiques, la criminalisation de l’esclavage…
Pendant ce temps, l’opposition qui dispose désormais d’un chef institutionnel a été adroitement entraînée sur la voie de l’exercice positif et constructif de son ministère. Le Président Sidi, avec patience, bonté et sens du compromis, a amené ses adversaires d’hier et sans doute d’aujourd’hui à devenir des partenaires dans une œuvre qui dépasse leurs intérêts égoïstes jusque-là proéminents dans leur action politique. Il a, comme on dit chez nous, coupé les cordes dans leurs mains ; ce qu’il se prépare d’ailleurs à faire également pour les défenseurs des thèses extrémistes de tous bords, en mettant tout son poids, tout son savoir-faire politique, les moyens de l’Etat et l’appui des partenaires au développement, au service de la solution de l’épineux problème des réfugiés. Là aussi, les résultats s’annoncent spectaculaires.
Sur le plan économique et social
Les prix n’ont certes pas beaucoup baissé, mais ils n’ont pas augmenté comme le laissait présager la fièvre de hausse enregistrée au cours des derniers jours de la transition, et qualifiée par bien des observateurs d’ «orchestrée» pour mettre les bâtons dans les roues du nouveau pouvoir. La politique du Président en la matière a été sans appel : moraliser l’Etat qui, par le passé, contribuait en protégeant certains intérêts marchands, au royaume de la spéculation. La Banque Centrale, les Douanes, et le fisc ayant complètement cessé de privilégier les gros spéculateurs, la concurrence a joué et les prix se sont relativement stabilisés, en attendant une baisse désormais inévitable.
Il est aussi à mettre au crédit de la méthode de gouvernement du Président qu’aucune pénurie d’une denrée quelconque n’a été enregistrée, preuve que seul le renoncement de l’Etat à jouer son rôle ou, à fortiori, le fait qu’il joue ce rôle de manière tendancieuse, provoquaient la hausse des prix et les pénuries à répétition.
C’est donc dans l’espérance et l’attente de mieux que nos populations voient passer la dure période de soudure. A la même période jadis, elles essuyaient des pénuries particulièrement graves de nombreuses denrées de première nécessité.
Des griefs, tout de même
On peut certes reprocher au pouvoir actuel une certaine lenteur dans le démarrage des activités du gouvernement et quelque improvisation dans l’action de certains départements ministériels, tout comme on peut observer des réserves sur le flou qui règne dans les rapports au plus haut sommet de l’Etat, notamment dans l’exercice par chacun des acteurs de ses responsabilité s.
Bien des observateurs voient en Zeine Ould Zeidane un Président bis, là où il devait impérativement exécuter les instructions et les politiques de celui qui l’a nommé à son poste. Mais là aussi, la méthode d’exercice du pouvoir du Président Sidi a de l’effet : chaque membre du gouvernement, le Premier Ministre en tête, se sait désormais comptable de son action et soumis à une obligation de résultats. Alors les ministres se démènent, posent des stratégies, présentent des plans d’action à la presse, font des déclarations d’intentions. Il y aura bientôt – nous n’en doutons pas- quelques bonnes actions de faites dans tous ces «nous allons faire» qui nous exaspèrent aujourd’hui chez nos ministres. Le cas échéant, les mois voire les semaines qui viennent verront les premiers recalés du gouvernement de Ould Zeidane ! On sent cependant, et à plus d’une occasion, que le vrai pilote de l’avion reste le Président, et si certains le pensent autrement, c’est bien aux dépens d’une clairvoyance de la situation !
Le secret ?
Le secret du Président Sidi Ould Cheikh Abdallahi ? La patience, une redoutable force d’écoute et une sincérité qui ne laisse aucune place à la compromission. Cherchant visiblement à marquer durablement l’avenir du pays, l’homme s’attaque au fond des problèmes et ne s’embarrasse pas des détails ; il s’emploie à déraciner le mal par l’ablation chirurgicale et ne se contente pas seulement d’administrer des calmants à la manière d’un médecin généraliste.
La méthode du Président peut dérouter certains esprits impatients de résultats immédiats. On sent même, à lire la presse qu’elle ne fait pas que des émules. Il n’en demeure pas moins qu’elle est la meilleure voie de salut pour un pays qui n’a que trop essayé les solutions calmantes.
De ce point de vue, le bilan du Président Sidi est positif ; voire excellent et les critiques qu’on lui adresse ça et là ne portent que sur des contingences. Mais nul n’est parfait. N’est-ce pas ?
Le Président Sidi Ould Cheikh Abdallahi :
« La Mauritanie a besoin de la conjugaison des efforts de tous… »
Dans ce qui constitue une première chez nos gouvernants, le Président Sidi Ould Cheikh Abdallahi a accordé dimanche 29 juillet 2007 une interview à la Télévision de Mauritanie, rompant ainsi, d’une nouvelle manière, le silence que certains observateurs reprochaient souvent à la Présidence.
Le Président a abordé, dans un hassaniya limpide l’ensemble des sujets de l’heure, de la question du retour des réfugiés au problème de la drogue.
Le Chef de l’Etat a beaucoup insisté sur la nécessité de retrouver la cohésion nationale, invitant tout le monde à dépolitiser cette affaire, afin de tourner cette page à jamais.
Il a rappelé que le pays a besoin de la conjugaison des efforts de tous pour sortir de la situation difficile où il se trouve, précisant que le vrai changement est dans les mentalités et dans certaines pratiques qui nous empêchent d’avancer.
Nous voulons tous la justice a-t-il dit, mais lorsqu’il s’agit de la pratique, chacun d’entre nous veut être privilégié même au détriment de l’équité. Cela doit changer a conclu Sidi Ould Cheikh Abdallahi, souhaitant toute la prospérité et tout le progrès à la Mauritanie.
Ezzedine A.
Source: Tahlil Hebdo