L'industrie textile ouest-africaine est sinistrée. Fermetures d'usines, licenciements et des pertes énormes de parts de marchés se multiplient pour un secteur clé qui représente encore entre 30 et 50% des recettes d'exportation des Etats de l'Union économique et monétaire ouest africain, UEMOA.
Importations massives
L'histoire de l'industriel sénégalais Chawki Haïdouss résume à elle seule l'effondrement de l'industrie textile en Afrique de l'Ouest. Ce capitaine d'industrie, présent déjà dans la filière laitière, a investi quelque 4 millions d'euros pour monter une usine textile Cosetex. Moins de deux ans après, elle a dû mettre, l'an dernier, la clé sous le paillasson victime des importations massives de produits textiles "made in Asia", de l'invasion de la friperie et de la fraude. Comme Cosetex, d'autres unités textiles sénégalaises ont subi le même sort.
C'est le cas d'Icotaf mais aussi et surtout de la Nouvelle société textile sénégalaise (NSTS). Naguère un des fleurons du textile sénégalais, a elle vu son parc industriel passer de quatre unités à une seule, celle de Louga à 200 km de Dakar, qui tourne d'ailleurs au ralenti. La NSTS qui fait de la filature, du tissage, de l'anoblissement et de confection n'a même plus de siège social. A son quartier général situé au cœur de la capitale sénégalaise, le téléphone ne répond même plus. Au Sénégal, seule la Sotiba, l'une des plus anciennes unités textiles d'Afrique de l'Ouest, essaie de se maintenir en vie. Mais, de 2000 agents du temps de sa splendeur à la fin des années 90, l'entreprise n'emploie plus que quelque 250 personnes.
La situation est presque identique en Côte d'ivoire où une des entreprises phares, Uniwax Abidjan en l'occurrence, ne fait plus travailler qu'une petite équipe et ce, pendant cinq jours sur 7. Le chiffre d'affaires de la société est passé de 45 millions d'euros il y a moins de 10 ans à 15 millions d'euros de nos jours. Une autre, Utex, a tout simplement fermé boutique tandis que Cotivo et Challenger ont fortement réduit leur personnel. Au total, dans ce pays, la filière a perdu environ 6000 emplois directs.
Les industriels ont réagi en créant l’Organisation professionnelle des industries cotonnières et textiles d'Afrique de l'ouest (OPICT) qui a porté le débat au niveau communautaire. L’OPICT sensibilise les gouvernements pour obtenir une protection contre la friperie les importations massives d’Asie, mais les frontières sont poreuses et les produits entrent toujours par des moyens détournés. Les industries ont également essayé de se moderniser pour être plus compétitives mais le pagne wax ivoirien est cédé à 110 euros l'unité contre 55 euros pour le concurrent asiatique.
Exception malienne
Le Mali fait un peu meilleure figure. Après 10 ans d'inactivité, les industries textiles du Mali (ITEMA) ont rouvert grâce à un opérateur malien vivant en Côte d'Ivoire qui a investi 6 millions d'euros. La Compagnie malienne des textiles (COMATEX) a aussi repris ses activités avec des privés chinois. Le cabinet suisse Gherzi qui a récemment fait une étude sur le textile sénégalais recommande aux entreprises de se positionner sur l’export, en particulier en direction des Etats-Unis. Il leur conseille de se mettre aux normes internationales pour profiter de l’AGOA, la loi américaine sur la croissance et les opportunités économiques en Afrique qui leur permet d'exporter en franchise de douane.
Mamadou Lamine Diatta
Source: grioo.com
(M)
Importations massives
L'histoire de l'industriel sénégalais Chawki Haïdouss résume à elle seule l'effondrement de l'industrie textile en Afrique de l'Ouest. Ce capitaine d'industrie, présent déjà dans la filière laitière, a investi quelque 4 millions d'euros pour monter une usine textile Cosetex. Moins de deux ans après, elle a dû mettre, l'an dernier, la clé sous le paillasson victime des importations massives de produits textiles "made in Asia", de l'invasion de la friperie et de la fraude. Comme Cosetex, d'autres unités textiles sénégalaises ont subi le même sort.
C'est le cas d'Icotaf mais aussi et surtout de la Nouvelle société textile sénégalaise (NSTS). Naguère un des fleurons du textile sénégalais, a elle vu son parc industriel passer de quatre unités à une seule, celle de Louga à 200 km de Dakar, qui tourne d'ailleurs au ralenti. La NSTS qui fait de la filature, du tissage, de l'anoblissement et de confection n'a même plus de siège social. A son quartier général situé au cœur de la capitale sénégalaise, le téléphone ne répond même plus. Au Sénégal, seule la Sotiba, l'une des plus anciennes unités textiles d'Afrique de l'Ouest, essaie de se maintenir en vie. Mais, de 2000 agents du temps de sa splendeur à la fin des années 90, l'entreprise n'emploie plus que quelque 250 personnes.
La situation est presque identique en Côte d'ivoire où une des entreprises phares, Uniwax Abidjan en l'occurrence, ne fait plus travailler qu'une petite équipe et ce, pendant cinq jours sur 7. Le chiffre d'affaires de la société est passé de 45 millions d'euros il y a moins de 10 ans à 15 millions d'euros de nos jours. Une autre, Utex, a tout simplement fermé boutique tandis que Cotivo et Challenger ont fortement réduit leur personnel. Au total, dans ce pays, la filière a perdu environ 6000 emplois directs.
Les industriels ont réagi en créant l’Organisation professionnelle des industries cotonnières et textiles d'Afrique de l'ouest (OPICT) qui a porté le débat au niveau communautaire. L’OPICT sensibilise les gouvernements pour obtenir une protection contre la friperie les importations massives d’Asie, mais les frontières sont poreuses et les produits entrent toujours par des moyens détournés. Les industries ont également essayé de se moderniser pour être plus compétitives mais le pagne wax ivoirien est cédé à 110 euros l'unité contre 55 euros pour le concurrent asiatique.
Exception malienne
Le Mali fait un peu meilleure figure. Après 10 ans d'inactivité, les industries textiles du Mali (ITEMA) ont rouvert grâce à un opérateur malien vivant en Côte d'Ivoire qui a investi 6 millions d'euros. La Compagnie malienne des textiles (COMATEX) a aussi repris ses activités avec des privés chinois. Le cabinet suisse Gherzi qui a récemment fait une étude sur le textile sénégalais recommande aux entreprises de se positionner sur l’export, en particulier en direction des Etats-Unis. Il leur conseille de se mettre aux normes internationales pour profiter de l’AGOA, la loi américaine sur la croissance et les opportunités économiques en Afrique qui leur permet d'exporter en franchise de douane.
Mamadou Lamine Diatta
Source: grioo.com
(M)