Le président de la République a appelle depuis Nouadhibou toutes les forces politiques du pays à être réalistes et justes dans leurs jugements de l'action du gouvernement. Il a ainsi déclaré :
« J'ai suivi au cours des derniers mois beaucoup de critiques adressées au gouvernement. J'en fait deux remarques principales là-dessus: d'une part, la majeure partie de ces critiques n'est pas fondée sur la réalité des choses et n'est pas objective, et d'autre part, je n'ai jamais eu l'occasion d'entendre ou de lire dans les journaux un seul article sur le devoir du citoyen ».
Voici le texte complet de l'allocution prononcée par le chef de l'Etat :
" Je voudrais tout d'abord vous remercier pour votre présence avec nous cette nuit. Tout comme je voudrais vous dire que j'attends de cette réunion que nous évoquions avec sincérité et franchise complète les problèmes qui vous intéressent au niveau de la nation et au niveau de la ville de Nouadhibou.
Comme l'a affirmé le wali, vous ne pouvez pas tous intervenir, mais je suis certain que les interventions programmées couvriront toutes les questions à travers lesquelles j'écouterai vos propositions tout comme je répondrai avec sincérité à vos questions.
Je voudrais commencer par la ville de Nouadhibou en disant que nous avons décidé de tenir aujourd'hui (NDLR- mercredi) le conseil des ministres dans cette ville et je suis persuadé que c'est la première fois dans l'histoire de la Mauritanie en tant qu'Etat indépendant qu'un conseil des ministres est tenu hors de la capitale.
Le but de cette visite n'est pas de faire le tourisme à Nouadhibou, ce beau lieu que nous voulons visiter, mais plutôt d'exprimer l'intérêt que nous portons au développement de la zone, car nous considérons qu'elle possède des potentialités faisant d'elle un grand pôle de développement dans ce pays, ce qui se répercutera positivement sur les populations de la ville, sur celles de la zone et sur les mauritaniens, d'une manière générale.
Nous espérons aussi, dans le cas où cette ville se développe, qu'elle serve d'exemple de développement et de progrès pour les autres zones du pays.
Le conseil des ministres a examiné les questions intéressant cette ville, en commençant par la mise sur pied d'une conception de l'avenir de la ville et ce que doit être cet avenir pour servir d'éclairage à l'orientation de notre action.
Le conseil a aussi pris, selon les possibilités humaines et matérielles disponibles, un certain nombre de mesures que je ne citerai pas, car vous pourrez avoir déjà pris connaissance ou dont vous prendrez connaissance incessamment à travers la radio et la télévision.Néanmoins, je citerai parmi ces mesures, notre volonté de faire de Nouadhibou un modèle en ce qui concerne l'administration.
Nous avons demandé à tous les ministères représentés ici de choisir des fonctionnaires compétents pour servir dans la ville pour que nous disposions d'une administration capable d'accompagner le développement auquel nous aspirons pour Nouadhibou et qui se concrétisera, inchallah, dans un proche avenir à travers certains grands projets qui ne pourront se réaliser sans la présence d'une administration soutenant leur fonctionnement.
Nous avons également pris d'autres mesures, dans tous les secteurs, de nature à améliorer les moyens dons nous disposons. C'est ce que j'ai voulu dire en bref sur le but de notre visite aujourd'hui, dans le cadre de la tenue du conseil des ministres à Nouadhibou.
Avant de vous donner la parole pour exprimer vos remarques que je commenterai, j'aimerai donner quelques éclaircissements.
Notre pays a connu au cours des 7 ou 8 mois derniers mois des élections présidentielles libres. Les mauritaniens ont fait preuve de sagesse et de responsabilité. Ces élections se sont déroulées sans que des problèmes n'aient lieu entre les citoyens.
Ce que le peuple accompli a fait l'objet d'admiration et de considération de la part du monde entier. Ces différents scrutins (présidentiel, législatif et municipal) ont donné naissance à des institutions élues démocratiquement et qui fonctionnent depuis 6 mois. Je ne serai pas long, ce soir en présentant les réalisations du gouvernement.
J'aimerai que l'action du gouvernement depuis ces élections soit l'objet de notre rencontre ce soir. Vos remarques et opinions doivent porter essentiellement sur cette action, afin de pouvoir les discuter et débattre.
Je pense que ce qui a été fait n'est pas peu et il vise à faire de ce pays un Etat de droit et de démocratie, un Etat oeuvrant au renforcement de son unité nationale, doté d'une bonne gouvernance et prônant, à travers les meilleurs voies, le développement harmonieux sur la base des moyens dont il dispose. Certes, les attentes des citoyens étaient plus grandes à la suite des précédentes élections. Ils sont conscients qu'ils vivent sous un régime démocratique. Les besoins en éducation, en nourriture et autres sont nécessaires. Et il est naturel d'y aspirer.
Si nous pouvons demander à certains citoyens renseignés que peut réaliser un gouvernement pendant 6 mois, la question ne saurait être posée à beaucoup d'autres. Nous sommes conscients également qu'ils sont dans le besoin et qu'ils veulent s'exprimer en jetant la responsabilité sur le gouvernement. J'aimerai dire qu'il est injuste de prendre le gouvernement pour seul responsable du développement et de la prospérité du peuple, tout comme il est incorrect que le citoyen, une fois dans le besoin, dise que le gouvernement est fautif ou incapable d'accomplir son devoir.
J'ai suivi au cours des derniers mois beaucoup de critiques adressées au gouvernement. J'en fait deux remarques principales là-dessus: d'une part, la majeure partie de ces critiques n'est pas fondée sur la réalité des choses et n'est pas objective, et d'autre part, je n'ai jamais eu l'occasion d'entendre ou de lire dans les journaux un seul article sur le devoir du citoyen.
Cette dernière question me semble la plus importante si toutefois nous voulons développer notre pays. La critique du gouvernement et l'insatisfaction sur ce qu'il réalise ne doivent pas nous faire oublier qui sommes nous ? Quels sont nos moyens ? Et que peut faire le citoyen.
Si l'on regarde autour de nous, nous verrons que nos mentalités actuelles contredisent, dans beaucoup de cas, le changement et l'amélioration qui ont lieu de le pays. J'ai entendu récemment la ministre de l'éducation dire que si un notable lui demande de muter un enseignant de Bassiknou à Nouakchott, il ne réalisera jamais qu'elle est incapable de satisfaire sa demande, négligeant le fait qu'une telle mesure n'apporte aucun rendement au niveau de Nouakchott et signifie la fermeture d'une classe à Bassiknou. Si ce genre de pratiques se répète et si notre travail quotidien se transforme en recherche d'intérêts étroits, nous aurons alors claqué la porte au véritable changement.
Nous admettons tous que l'enseignement se trouve dans un état déplorable mais aucun parmi nous n'est disposé à accepter les exigences de sa réforme. Ceci veut dire qu'associées les unes aux autres, les pratiques individuelles de chacun d'entre nous ne conduiront à aucun progrès. Et là, nous avons recours aux plaintes et nous rejetons la responsabilité sur la personne de notre choix.
Voilà notre réalité, et le fait que nous ne la reconnaissons pas entrave notre évolution qui est l'unique espoir pour nous tous. Je voudrais donc personnellement dire que ces questions ont été fréquemment posées au cours des derniers mois. Et à mon sujet personnel, je pense que certains, voire même beaucoup, de ceux qui m'ont soutenu, et qui s'attendaient à un devoir précis de ma part à leur égard, considèrent aujourd'hui que j'ai failli à ce devoir pour la simple raison que des faveurs n'ont pas été consenties à leur région au dépend des autres.
Il m'est également demandé d'intervenir à tous les niveaux, même pour l'accord d'une promotion au sein de la SNIM, alors que je suis appelé à contribuer à l'édification d'un véritable Etat civilisé. Lorsque je nomme un ministre à la tête d'un département donné et que je le mets devant ses responsabilités, je trouve alors illogique qu'il me demande de lui désigner ses collaborateurs afin qu'ils se sentent rassurés. Lorsqu'on cherche à tenir nos engagements de choisir des cadres compétents et des bons gestionnaires, cela limite la possibilité de nommer tout le monde.
Et si on dit que nous sommes dans un pays droit, appartenant à tous les mauritaniens, nous ne devons pas licencier un citoyen d'une fonction donnée pour la simple volonté de placer quelqu'un à sa place et sans qu'il lui soit reproché une faute dans la gestion.
En effet, ceci réduit la marge dont dispose le président de la république au regard de l'offre importante dans ce domaine, vu que la question des nominations domine désormais le vécu des mauritaniens et les empêche de réfléchir à leur avenir.
Nous devons donc tous comprendre qu'il nous faut limiter un peu l'importance que nous accordons aux nominations si nous voulons construire un Etat où règnent la justice et la démocratie, un Etat réceptif à la démocratie, qui encourage le développement à l'aide d'une administration efficace et sur la base de lois bien définies.
Voilà ce que j'ai trouvé opportun de dire afin d'exprimer sincèrement ce que j'ai ressenti pendant la période passée - et aujourd'hui même.
Avant de vous passer la parole, je voudrais aborder un autre sujet que vous évoquerez certainement dans vos interventions, à savoir le système démocratique que nous vivons aujourd'hui.
Je ne me rappelle pas une seule action prise par le gouvernement depuis sa prise de service pour limiter la liberté d'expression et de mouvement d'un citoyen quel qu'il soit.
A tel point que d'aucuns accusent le gouvernement de faiblesse et d'absence d'autorité suffisante. La réalité c'est que j'ai découvert que la plupart des citoyens préfèrent, si le choix leur est offert, d'obtenir une partie de ce que procure la démocratie et une autre de ce que procure le système non démocratique et d'osciller entre les deux situations.
Or nous sommes sincères dans le système démocratique que nous suivons, et ce avec les vices qu'il recèle. N'a-t-on pas dit une fois que la démocratie est le pire des systèmes, à l'exception des systèmes existants ? Ce qui veut dire que la démocratie a ses vices mais ils sont moins nombreux que ceux des autres systèmes.
Naturellement, la nouvelle liberté que nous avons connue a conduit à la liberté d'expression, ce qui a amené certains, depuis un certain temps, à considérer que ce que nous disons et pensons à ce sujet est différent de la réalité.
Je voudrais dire quelques mots sur la situation économique et financière dans le pays. Qu'est ce que notre pays possède comme ressources ? Ses ressources sont ce qu'il obtient grâce aux impôts et taxes douaniers et ce qu'il obtient de certaines sociétés sous formes d'impôts ou de bénéfices.
Notre pays est prometteur et il aura, selon les données dont nous disposons, un avenir prospère, et les richesses y seront abondantes. Mais ses moyens, dans la conjoncture actuelle, sont limités car liés à ce que nous avons déjà dit ainsi qu'à la gestion. Ils sont également encore sous forme de projets en attente de financement.
Ces ressources sont limitées et les méthodes de leur élargissement et de leur développement consistent à augmenter ces taxes et ces impôts. Si des personnes peuvent se procurer, par des moyens donnés, les ressources, l'Etat, lui, ne peut pas recourir à ces procédés. Cela veut dire que nous devons être conscients, tous, de ce qui est possible et de ce qui n'est pas possible, à une époque donnée.
Ce que nous avons innové lorsque nous sommes arrivés au pouvoir dans ce pays, c'est que nous avons dit que la croissance que nous voulons atteindre requiert deux choses: les financements que nous recevons des établissements publics et des pays qui nous accordent des aides et l'encouragement de l'investissement privé. Car ces deux choses permettent de lutter réellement contre la pauvreté.
Dans ce cadre, nous avons commencé à agir. Il y a une réunion très importante pour nous. Il s'agit de la réunion des bailleurs de fonds en décembre prochain à laquelle nous présenterons tous nos projets programmés et tout ce que nous comptons faire pour assurer le développement du pays au cours des prochaines années.
Nous avons aussi commencé à suivre une méthode visant à améliorer l'environnement du travail, en partant du fait que l'entrée de l'investissement étranger dans le pays dépend de la justice, de l'administration, d'un système fiscal stable et encourageant.
Etant donné que nous vivons aujourd'hui dans un monde que nous ne maîtrisons pas, où nous produisons peu et importons beaucoup de ce que nous consommons, la hausse des prix dans le monde que nous regrettons d'ailleurs, eu égard à ses répercussions sur nos citoyens, nous impose de voir ce que nous pouvons faire, dans la limite des moyens dont nous disposons.
Mais je crois que ce qui est de nature à faire développer ce pays, c'est de faire la distinction entre ce qui est possible et ce qui ne l'est pas, car demander l'impossible ne permet pas d'avancer. J'entends parfois des choses irréalistes et non équitables en ce qui concerne les protestations lorsque les prix montent à l'étranger, sachant que c'est là une chose indépendante de notre volonté.
Je voudrais dire, pour que nos efforts conduisent à des résultats, que nous devons examiner toutes ces questions en toute liberté et objectivité pour que nous puissions réaliser ce qu'il est possible de réaliser, au lieu de chercher à faire endosser au gouvernement la responsabilité de tout ce qui arrive, ce qui ne doit pas être une finalité en soi".
source : Al-Akhbar.Info
« J'ai suivi au cours des derniers mois beaucoup de critiques adressées au gouvernement. J'en fait deux remarques principales là-dessus: d'une part, la majeure partie de ces critiques n'est pas fondée sur la réalité des choses et n'est pas objective, et d'autre part, je n'ai jamais eu l'occasion d'entendre ou de lire dans les journaux un seul article sur le devoir du citoyen ».
Voici le texte complet de l'allocution prononcée par le chef de l'Etat :
" Je voudrais tout d'abord vous remercier pour votre présence avec nous cette nuit. Tout comme je voudrais vous dire que j'attends de cette réunion que nous évoquions avec sincérité et franchise complète les problèmes qui vous intéressent au niveau de la nation et au niveau de la ville de Nouadhibou.
Comme l'a affirmé le wali, vous ne pouvez pas tous intervenir, mais je suis certain que les interventions programmées couvriront toutes les questions à travers lesquelles j'écouterai vos propositions tout comme je répondrai avec sincérité à vos questions.
Je voudrais commencer par la ville de Nouadhibou en disant que nous avons décidé de tenir aujourd'hui (NDLR- mercredi) le conseil des ministres dans cette ville et je suis persuadé que c'est la première fois dans l'histoire de la Mauritanie en tant qu'Etat indépendant qu'un conseil des ministres est tenu hors de la capitale.
Le but de cette visite n'est pas de faire le tourisme à Nouadhibou, ce beau lieu que nous voulons visiter, mais plutôt d'exprimer l'intérêt que nous portons au développement de la zone, car nous considérons qu'elle possède des potentialités faisant d'elle un grand pôle de développement dans ce pays, ce qui se répercutera positivement sur les populations de la ville, sur celles de la zone et sur les mauritaniens, d'une manière générale.
Nous espérons aussi, dans le cas où cette ville se développe, qu'elle serve d'exemple de développement et de progrès pour les autres zones du pays.
Le conseil des ministres a examiné les questions intéressant cette ville, en commençant par la mise sur pied d'une conception de l'avenir de la ville et ce que doit être cet avenir pour servir d'éclairage à l'orientation de notre action.
Le conseil a aussi pris, selon les possibilités humaines et matérielles disponibles, un certain nombre de mesures que je ne citerai pas, car vous pourrez avoir déjà pris connaissance ou dont vous prendrez connaissance incessamment à travers la radio et la télévision.Néanmoins, je citerai parmi ces mesures, notre volonté de faire de Nouadhibou un modèle en ce qui concerne l'administration.
Nous avons demandé à tous les ministères représentés ici de choisir des fonctionnaires compétents pour servir dans la ville pour que nous disposions d'une administration capable d'accompagner le développement auquel nous aspirons pour Nouadhibou et qui se concrétisera, inchallah, dans un proche avenir à travers certains grands projets qui ne pourront se réaliser sans la présence d'une administration soutenant leur fonctionnement.
Nous avons également pris d'autres mesures, dans tous les secteurs, de nature à améliorer les moyens dons nous disposons. C'est ce que j'ai voulu dire en bref sur le but de notre visite aujourd'hui, dans le cadre de la tenue du conseil des ministres à Nouadhibou.
Avant de vous donner la parole pour exprimer vos remarques que je commenterai, j'aimerai donner quelques éclaircissements.
Notre pays a connu au cours des 7 ou 8 mois derniers mois des élections présidentielles libres. Les mauritaniens ont fait preuve de sagesse et de responsabilité. Ces élections se sont déroulées sans que des problèmes n'aient lieu entre les citoyens.
Ce que le peuple accompli a fait l'objet d'admiration et de considération de la part du monde entier. Ces différents scrutins (présidentiel, législatif et municipal) ont donné naissance à des institutions élues démocratiquement et qui fonctionnent depuis 6 mois. Je ne serai pas long, ce soir en présentant les réalisations du gouvernement.
J'aimerai que l'action du gouvernement depuis ces élections soit l'objet de notre rencontre ce soir. Vos remarques et opinions doivent porter essentiellement sur cette action, afin de pouvoir les discuter et débattre.
Je pense que ce qui a été fait n'est pas peu et il vise à faire de ce pays un Etat de droit et de démocratie, un Etat oeuvrant au renforcement de son unité nationale, doté d'une bonne gouvernance et prônant, à travers les meilleurs voies, le développement harmonieux sur la base des moyens dont il dispose. Certes, les attentes des citoyens étaient plus grandes à la suite des précédentes élections. Ils sont conscients qu'ils vivent sous un régime démocratique. Les besoins en éducation, en nourriture et autres sont nécessaires. Et il est naturel d'y aspirer.
Si nous pouvons demander à certains citoyens renseignés que peut réaliser un gouvernement pendant 6 mois, la question ne saurait être posée à beaucoup d'autres. Nous sommes conscients également qu'ils sont dans le besoin et qu'ils veulent s'exprimer en jetant la responsabilité sur le gouvernement. J'aimerai dire qu'il est injuste de prendre le gouvernement pour seul responsable du développement et de la prospérité du peuple, tout comme il est incorrect que le citoyen, une fois dans le besoin, dise que le gouvernement est fautif ou incapable d'accomplir son devoir.
J'ai suivi au cours des derniers mois beaucoup de critiques adressées au gouvernement. J'en fait deux remarques principales là-dessus: d'une part, la majeure partie de ces critiques n'est pas fondée sur la réalité des choses et n'est pas objective, et d'autre part, je n'ai jamais eu l'occasion d'entendre ou de lire dans les journaux un seul article sur le devoir du citoyen.
Cette dernière question me semble la plus importante si toutefois nous voulons développer notre pays. La critique du gouvernement et l'insatisfaction sur ce qu'il réalise ne doivent pas nous faire oublier qui sommes nous ? Quels sont nos moyens ? Et que peut faire le citoyen.
Si l'on regarde autour de nous, nous verrons que nos mentalités actuelles contredisent, dans beaucoup de cas, le changement et l'amélioration qui ont lieu de le pays. J'ai entendu récemment la ministre de l'éducation dire que si un notable lui demande de muter un enseignant de Bassiknou à Nouakchott, il ne réalisera jamais qu'elle est incapable de satisfaire sa demande, négligeant le fait qu'une telle mesure n'apporte aucun rendement au niveau de Nouakchott et signifie la fermeture d'une classe à Bassiknou. Si ce genre de pratiques se répète et si notre travail quotidien se transforme en recherche d'intérêts étroits, nous aurons alors claqué la porte au véritable changement.
Nous admettons tous que l'enseignement se trouve dans un état déplorable mais aucun parmi nous n'est disposé à accepter les exigences de sa réforme. Ceci veut dire qu'associées les unes aux autres, les pratiques individuelles de chacun d'entre nous ne conduiront à aucun progrès. Et là, nous avons recours aux plaintes et nous rejetons la responsabilité sur la personne de notre choix.
Voilà notre réalité, et le fait que nous ne la reconnaissons pas entrave notre évolution qui est l'unique espoir pour nous tous. Je voudrais donc personnellement dire que ces questions ont été fréquemment posées au cours des derniers mois. Et à mon sujet personnel, je pense que certains, voire même beaucoup, de ceux qui m'ont soutenu, et qui s'attendaient à un devoir précis de ma part à leur égard, considèrent aujourd'hui que j'ai failli à ce devoir pour la simple raison que des faveurs n'ont pas été consenties à leur région au dépend des autres.
Il m'est également demandé d'intervenir à tous les niveaux, même pour l'accord d'une promotion au sein de la SNIM, alors que je suis appelé à contribuer à l'édification d'un véritable Etat civilisé. Lorsque je nomme un ministre à la tête d'un département donné et que je le mets devant ses responsabilités, je trouve alors illogique qu'il me demande de lui désigner ses collaborateurs afin qu'ils se sentent rassurés. Lorsqu'on cherche à tenir nos engagements de choisir des cadres compétents et des bons gestionnaires, cela limite la possibilité de nommer tout le monde.
Et si on dit que nous sommes dans un pays droit, appartenant à tous les mauritaniens, nous ne devons pas licencier un citoyen d'une fonction donnée pour la simple volonté de placer quelqu'un à sa place et sans qu'il lui soit reproché une faute dans la gestion.
En effet, ceci réduit la marge dont dispose le président de la république au regard de l'offre importante dans ce domaine, vu que la question des nominations domine désormais le vécu des mauritaniens et les empêche de réfléchir à leur avenir.
Nous devons donc tous comprendre qu'il nous faut limiter un peu l'importance que nous accordons aux nominations si nous voulons construire un Etat où règnent la justice et la démocratie, un Etat réceptif à la démocratie, qui encourage le développement à l'aide d'une administration efficace et sur la base de lois bien définies.
Voilà ce que j'ai trouvé opportun de dire afin d'exprimer sincèrement ce que j'ai ressenti pendant la période passée - et aujourd'hui même.
Avant de vous passer la parole, je voudrais aborder un autre sujet que vous évoquerez certainement dans vos interventions, à savoir le système démocratique que nous vivons aujourd'hui.
Je ne me rappelle pas une seule action prise par le gouvernement depuis sa prise de service pour limiter la liberté d'expression et de mouvement d'un citoyen quel qu'il soit.
A tel point que d'aucuns accusent le gouvernement de faiblesse et d'absence d'autorité suffisante. La réalité c'est que j'ai découvert que la plupart des citoyens préfèrent, si le choix leur est offert, d'obtenir une partie de ce que procure la démocratie et une autre de ce que procure le système non démocratique et d'osciller entre les deux situations.
Or nous sommes sincères dans le système démocratique que nous suivons, et ce avec les vices qu'il recèle. N'a-t-on pas dit une fois que la démocratie est le pire des systèmes, à l'exception des systèmes existants ? Ce qui veut dire que la démocratie a ses vices mais ils sont moins nombreux que ceux des autres systèmes.
Naturellement, la nouvelle liberté que nous avons connue a conduit à la liberté d'expression, ce qui a amené certains, depuis un certain temps, à considérer que ce que nous disons et pensons à ce sujet est différent de la réalité.
Je voudrais dire quelques mots sur la situation économique et financière dans le pays. Qu'est ce que notre pays possède comme ressources ? Ses ressources sont ce qu'il obtient grâce aux impôts et taxes douaniers et ce qu'il obtient de certaines sociétés sous formes d'impôts ou de bénéfices.
Notre pays est prometteur et il aura, selon les données dont nous disposons, un avenir prospère, et les richesses y seront abondantes. Mais ses moyens, dans la conjoncture actuelle, sont limités car liés à ce que nous avons déjà dit ainsi qu'à la gestion. Ils sont également encore sous forme de projets en attente de financement.
Ces ressources sont limitées et les méthodes de leur élargissement et de leur développement consistent à augmenter ces taxes et ces impôts. Si des personnes peuvent se procurer, par des moyens donnés, les ressources, l'Etat, lui, ne peut pas recourir à ces procédés. Cela veut dire que nous devons être conscients, tous, de ce qui est possible et de ce qui n'est pas possible, à une époque donnée.
Ce que nous avons innové lorsque nous sommes arrivés au pouvoir dans ce pays, c'est que nous avons dit que la croissance que nous voulons atteindre requiert deux choses: les financements que nous recevons des établissements publics et des pays qui nous accordent des aides et l'encouragement de l'investissement privé. Car ces deux choses permettent de lutter réellement contre la pauvreté.
Dans ce cadre, nous avons commencé à agir. Il y a une réunion très importante pour nous. Il s'agit de la réunion des bailleurs de fonds en décembre prochain à laquelle nous présenterons tous nos projets programmés et tout ce que nous comptons faire pour assurer le développement du pays au cours des prochaines années.
Nous avons aussi commencé à suivre une méthode visant à améliorer l'environnement du travail, en partant du fait que l'entrée de l'investissement étranger dans le pays dépend de la justice, de l'administration, d'un système fiscal stable et encourageant.
Etant donné que nous vivons aujourd'hui dans un monde que nous ne maîtrisons pas, où nous produisons peu et importons beaucoup de ce que nous consommons, la hausse des prix dans le monde que nous regrettons d'ailleurs, eu égard à ses répercussions sur nos citoyens, nous impose de voir ce que nous pouvons faire, dans la limite des moyens dont nous disposons.
Mais je crois que ce qui est de nature à faire développer ce pays, c'est de faire la distinction entre ce qui est possible et ce qui ne l'est pas, car demander l'impossible ne permet pas d'avancer. J'entends parfois des choses irréalistes et non équitables en ce qui concerne les protestations lorsque les prix montent à l'étranger, sachant que c'est là une chose indépendante de notre volonté.
Je voudrais dire, pour que nos efforts conduisent à des résultats, que nous devons examiner toutes ces questions en toute liberté et objectivité pour que nous puissions réaliser ce qu'il est possible de réaliser, au lieu de chercher à faire endosser au gouvernement la responsabilité de tout ce qui arrive, ce qui ne doit pas être une finalité en soi".
source : Al-Akhbar.Info