Je salue cette initiative du comité ministériel chargé des réfugiés et du "passif humanitaire" de discuter avec les élus pour une meilleure organisation du retour des réfugiés négromauritaniens
vivants depuis plus de 18 ans au Sénégal et au Mali.C'est la continuation du processus enclenché depuis l'élection du nouveau président qui veut en faire un gage d'une stabilité future de la nation...... ..
J'insiste à préciser que le règlement global des problèmes raciaux dans le pays dans leur totalité reste l'unique solution pour une Mauritanie unie dans la cohésion, l'égalité et la justice. Et cette condition le comité, à travers lui le gouvernement actuel, est loin
de jeter les bases de sa réalisation. Tout cela pour dire que le comité doit aller au fond du problème avec le courage qu'il faut.
Le passif humanitaire ne se limite pas seulement à identifier les victimes et à racheter les larmes de souffrance par des indemnités pécunières qui reviennent de droit à leur famille, il doit aussi se concentrer sur la recherche des responsables de ces atrocités et plus tard à leur jugement.
Certes, ce dernier point n'est pas un préalable au retour des réfugiés mais il doit être énoncé clairement pour qu'il n'y ait pas de parodie d'amnistie sans jugement préalable. Il est important pour ce ciment de la nation que le comité évoque de faire en sorte que
les victimes ne sentent jamais à l'abri d'une répétition de l'histoire en toute gratuité et de l'autre côté que les tortionnaires et génocidaires ne se sentent pas au dessus de la loi
avec un statut de race supérieure avec droit de vie et de mort sur tout nègre sans risque d'être inquiété.
Dans cette logique, une évocation du jugement futur de tous les meurtriers reste un point incontournable dans l'instauration d'une cohésion sociale, d'une nation mauritanienne tout simplement.
C'est pourquoi je suis indigné de voir ces élus se focaliser sur le fait que le comité doit veiller " à ce que seuls les mauritaniens rentrent au pays" comme si ils s'attendent à un rush incontrôlé des réfugiés dès le debut du retour. Ils se trompent lourdement
d'indication et de contribution car les réfugiés ont résisté à toute sorte de contraintes et de chantages dans le but de les conduire à un retour "spontané", ils ont préférés l'exclusion sociale du pays d'accueil et la privation paradoxalement imposée par le HCR sensé les protéger...
Leurs soucis étaient simplement de trouver suffisamment de garantie pour eux et pour leurs enfants dans leur propre pays et éviter une deuxième déportation si toute fois ils survivent de nouveaux.
Dans les camps de réfugiés, leur tenacité a fini par triompher puisque le HCR et le Sénégal, toute honte bue, sont en train d'organiser des recensements au galop, sous la pluie alors qu'ils avaient eu 18 ans pour le faire.
La dignité et l'honneur qu'ils ont refusés aux réfugiés mauritaniens en leur accordant leur statut, préférant limiter le recensement de 1998 à Dakar seulement aux ressortissants des pays anglophones (Libéria et Sierra Léone) et à quelques leaders des mouvements de
défense des réfugiés pour les réinstaller loin de leur pays,n'a abouti à rien.
C'est pourquoi je demande à nos parlementaires de reformuler leurs inquiétudes en demandant au comité de tout faire pour que tous les réfugiés rentrent au pays sans contrainte aucune tout simplement motivés par les garanties suffisantes d'un vrai départ sur de nouvelles bases. Si un seul réfugié mauritanien estime que son pays n'est pas fiable pour lui garantir toute la sécurité, la justice et l'équité dont il aura besoin, tout ce travail sera nul, et les germes d'un désir de se faire justice resteront toujours dans sôn
coeur.
je comprends que le gouvernement actuel, prolongement des responsables de cette barbarie en quête de légimité et d'éffacement de la mémoire collective, ne puisse être à l'aise devant un tel sujet, il y va de sa survie peut-être, mais il doit prendre son
courage et établir les bases d'une vraie justice sociale. le Rwanda a réussi a pardonner mais seulement après avoir jugé.
le premier acte courageux sera nécessaire de permettre tout citoyen de pouvoir porter plainte librement contre les assasins devant une juridiction du pays au lieu de forcer les regards des citoyens vers des promesses d'indemnisation et de réhabilitation qui surviendront
tôt ou tard, avec ou sans eux.La seule constante pour un criminel est le jugment.
Docteur Mama Moussa Diaw
Medecin- Dakar-Sénégal.