Rupture ou mise en scène?
La Mauritanie est dans une situation financière critique. Les produits alimentaires sont chers et les prix grimpent, mais pas de solution magique pour en arriver à bout. Nouakchott a soif et la solution définitive n’est pas à envisager avant au moins trois ans. L’enquête sur la drogue implique plusieurs facteurs et risque d’être longue. Et pour que le ciel daigne pleuvoir, il faut organiser des prières. Le tout agrémenté d’un pouvoir qui déclare ne pas avoir les moyens de venir en aide aux populations démunies, notamment celles du milieu rural. Situation tragique que celle du pays dont le président, Sidi Ould Cheikh Abdallahi, a pris les commandes depuis déjà un trimestre.
Devant l’ampleur de la crise, le président fait prévaloir l’unique carte à sa disposition : la sagesse dans l’approche et le réalisme dans les solutions. Une rupture avec le mutisme et la langue de bois qu’ont adoptée depuis toujours nos dirigeants, et qui est appréciée différemment selon les milieux politiques et les cercles de discussions.
Tentative de lecture dans un discours qui suscite une grande controverse entre détracteurs et partisans (ou obligés- nés) du pouvoir. Il y a un mois jour pour jour, le 29 juin 2007, le président de la République s’adressait directement aux citoyens à propos de la résolution nécessaire du problème des réfugiés et de ses modalités. Le voilà qui «récidive» ce 29 juillet à la faveur, cette fois, d’un exercice questions- réponses sur le petit écran à propos de la réalité socioéconomique du pays et des perspectives à court terme en matière de gestion de la crise. Deux interventions en un mois sur des questions cruciales et des dossiers brûlants, qui écartent quasiment de la scène le gouvernement et son chef. Et qui tranchent, dans la forme comme dans le fond, avec la tradition assise depuis toujours du chef qui ne parle que quand il veut annoncer des mesures jugées exceptionnelles (augmentation de salaires, amnistie…), généralement de la poudre aux yeux et du baume sur les souffrances profondes d’une population dont la vie est rythmée par les vicissitudes de la nature et la précarité de la condition.
D’emblée, le président de la République a opté pour la sincérité dans sa description de la situation du pays, et pour le réalisme dans les mesures que son pouvoir entend prendre pour faire face aux multiples défis qu’il doit affronter. Il reconnaît à cet effet que les prix des denrées alimentaires sont élevés, mais que les autorités n’ont pas encore la possibilité de les faire baisser (pas d’argent pour les subventionner et pas moyen d’agir sur les importations). Il affirme que le problème de l’alimentation en eau de la capitale ne peut trouver de solution définitive avant 2010, le reste ne serait que rabibochage et solutions ponctuelles.
Ici apparaît le premier dilemme. Pour les uns, le président est alarmiste et n’a fait, dans sa sortie, qu’ajouter aux inquiétudes des populations en manifestant l’incapacité du pouvoir à leur venir en assistance. Pour les autres, il faut appeler les choses par leur nom. Il n’y a pas de mal à reconnaître les difficultés du pays dès lors qu’elles ne sont un secret pour personne, puisque chaque citoyen les vit au quotidien.
La culture du mensonge
L’habitude qu’a le pouvoir de mentir sur la réalité de la situation du pays, de laquelle s’accommode parfaitement le peuple, est héritée de la toute puissance de l’État providence, source de revenu et unique pourvoyeur de fonds, idée renforcée et bien établie à travers le clientélisme et le système de prébendes mis en œuvre depuis une trentaine d’années.
Les Mauritaniens sont si enclins à vivre dans l’illusion du tout merveilleux qu’ils rechignent à accepter toute vérité sur la réalité de leur vécu quotidien, tout comme sur celle se rapportant à l’éventualité d’un pouvoir qui serait dans l’incapacité de satisfaire, même en promesses, leurs besoins. Aussi, auraient- ils aimé que le chef de l’État leur dise que le pays va très bien dans le meilleur des mondes, que ses caisses sont remplies de devises (avec en prime des bailleurs de fonds qui vont verser des montants hallucinants et réinjecter des millions de dollars dans le trésor public…). Ils auraient préféré qu’il leur affirme l’eau potable coulera à flots dans tous les ménages dans un délai des plus brefs. La culture du mensonge est si bien entretenue (par les dirigeants) depuis toujours que la vérité est devenue suspecte et relève de la mauvaise foi de celui qui la profère. C’est ainsi que depuis que le Président a parlé, ils sont nombreux à dire qu’il a été induit en erreur par des conseillers véreux qui le prennent en otage.
Peut- être que la pénurie d’eau est une illusion, peut être aussi que les caisses de l’Etat ne sont pas vides et que la loi des finances rectificative n’est qu’un subterfuge monté de toutes pièces pour détourner l’opinion publique des détournements chroniques des deniers publics. Le meilleur remède contre une situation qui ne va pas, ce n’est pas tant de la reconnaître, estiment les détracteurs du pouvoir, mais plutôt de se taire. C’est ce que l’on a appelé la loi du silence, une autre «vertu» héritée de l’ancien régime et à laquelle semble mal s’accommoder le nouveau président de la République qui tente, malgré les vieux reflexes d’un certain entourage obscurantiste, d’y mettre un terme.
Le président a aussi évoqué la question de la drogue qui défraie la chronique depuis déjà plus de deux mois et dont l’enquête piétine, selon certains milieux. Il a à cet effet martelé que l’enquête suit son cours normal et a assuré que personne, aussi puissant soit-il, ne sera épargné par la justice qui a toute la latitude pour faire son travail. Le Président a souligné que ceux qui prennent à la légère ce problème ignorent les risques dangereux auxquels un tel trafic expose le pays.
Entre deux feux
L’autre point crucial abordé par le chef de l’État et qui suscite des remous au sein d’une certaine opinion, est la question du retour organisé des réfugiés. Il s’agit, selon le Président, d’un problème que la religion et l’humanisme exigent de nous de régler. Il faut que ces concitoyens reviennent au pays dans la dignité. Par ailleurs, il a adjoint à ce point un autre, celui des veuves et des orphelins. Le Président évoque cette question avec une compassion manifeste, et par deux fois, il répétera: «nous allons procéder à la remise dans leur droit des veuves et des orphelins». S’agissant du premier point, le président a tenu à lever toute équivoque tendant à faire le rapprochement entre ce dossier et celui des mauritaniens et sénégalais d’origine mauritanienne rapatriés pendant les évènements de 89 du Sénégal. Les réfugiés mauritaniens sont des citoyens chassés de leur pays et qui doivent y être ramenés, alors que les autres sont de retour dans leur pays et ont pu depuis lors s’insérer dans le tissu social, avant d’ajouter que «les droits de ceux- ci au Sénégal doivent être négociés avec l’État sénégalais, au cas où celui- ci reconnaîtrait leur existence».
Par contre, le Président s’est montré surpris par l’attitude de certains «responsables politiques» qui, soit ont mal compris son discours du 29 juin dernier au cours duquel il a réitéré son engagement à faire revenir les réfugiés mauritaniens et promis de combattre l’esclavage, soit font de la politique politicienne, en développant des discours «extrémistes» de nature à compromettre toute solution apaisée de ce dossier. La «majorité présidentielle», formée à l’école du silence et du hochement de tête, ne s’active pas pour accompagner l’action du président et distille des discours tendancieux pour saborder l’initiative du retour. Il se pose alors la question de savoir comment ces responsables politiques veulent à la fois voir réglés tous les problèmes qui se posent au pays, alors même qu’on ne doit pas en parler. Les soirées- débats pullulent depuis le discours du 29 juin dernier. Et partout, des personnalités appartenant aux cercles du pouvoir (parlementaires et autres opportunistes recyclés) dissuadent, à travers des arguments fallacieux, tout soutien à l’action du président sur le dossier du retour, en même temps qu’ils encouragent à trouver une solution au problème des rapatriés mauritaniens du Sénégal.
D’un autre côté, le Président est pris sous les feux de l’opposition qui boude (dans les salons et en aparté) son invitation à un sursaut national dans le cadre des dossiers dits de portée nationale. Aussi, le chef de l’État a-t-il marqué son incompréhension face à l’attitude des partis de l’opposition, qui ont émis des réserves sur l’approche adoptée par le pouvoir pour le règlement de cette question. Ils lui reprochent le manque de concertation, alors que non seulement tous sont d’accord sur le principe du retour, mais ils ont tous été consultés, soit individuellement, soit collectivement, sur la question. Les analystes voient dans l’attitude de l’opposition une gêne de voir le pouvoir régler un problème dont certains de ses leaders ont fait pendant des années leur cheval de bataille, lui reprochant au passage une sorte de «récupération politique» qui pourrait lui servir de caution auprès de la communauté négro- mauritanienne. Il demeure sur ce point que le président de la République avait été, bien avant son élection, le seul candidat à avoir promis, avec délai à l’appui, de trouver une solution définitive à ce dossier qui mine l’unité nationale; une unité qu’il entend consolider au cours de son mandat.
Sur la bonne voie
Par ailleurs, l’indemnisation des veuves et des orphelins en même temps que s’organise le retour des réfugiés constituera une étape fondamentale dans la réconciliation nationale et, à terme, dans la recherche de solutions définitives aux problèmes de violations des droits de l’Homme dans le pays. Cette approche pourrait contribuer à concilier le nécessaire pardon, sur fond d’indemnisation, et l’impérieuse nécessité de combattre l’impunité. Une démarche que les associations des réfugiés ont soutenue jusque- là et que les FLAM semblent désormais adopter. Réunis avec le HCR ce lundi à Bokki Jawé (département de Matam- Sénégal), les chefs de sites des réfugiés ont souligné leur détermination à rentrer au pays, conformément à l’approche qui a été convenue avec le pouvoir de Nouakchott, et ont de nouveau apprécié le dernier discours du président. Ils ont surtout apprécié la détermination d’indemniser les veuves et orphelins, un engagement renouvelé par le chef de l’État.
Au sortir de l’entretien (du reste mal conduit par le journaliste), il apparait clair que la situation économique du pays n’est pas reluisante. Les Mauritaniens sont appelés à consentir des sacrifices, ce qui n’est pas chose facile pour des gens habitués à vivre soit de l’assistance de l’État, soit de l’argent facile. Le président demande au peuple de troquer le mensonge «paradisiaque», son opium, contre la vérité amère, mais qui constitue le seul moyen de sauver la Mauritanie.
Le mensonge dispose de jambes pour courir, mais pas de fesses pour s’asseoir, dit le dicton africain. Or, l’heure a sonné pour que le mensonge, rattrapé par la vérité, s’arrête…net.
Bâ Adama Moussa
Source: Le Calame
(M)
La Mauritanie est dans une situation financière critique. Les produits alimentaires sont chers et les prix grimpent, mais pas de solution magique pour en arriver à bout. Nouakchott a soif et la solution définitive n’est pas à envisager avant au moins trois ans. L’enquête sur la drogue implique plusieurs facteurs et risque d’être longue. Et pour que le ciel daigne pleuvoir, il faut organiser des prières. Le tout agrémenté d’un pouvoir qui déclare ne pas avoir les moyens de venir en aide aux populations démunies, notamment celles du milieu rural. Situation tragique que celle du pays dont le président, Sidi Ould Cheikh Abdallahi, a pris les commandes depuis déjà un trimestre.
Devant l’ampleur de la crise, le président fait prévaloir l’unique carte à sa disposition : la sagesse dans l’approche et le réalisme dans les solutions. Une rupture avec le mutisme et la langue de bois qu’ont adoptée depuis toujours nos dirigeants, et qui est appréciée différemment selon les milieux politiques et les cercles de discussions.
Tentative de lecture dans un discours qui suscite une grande controverse entre détracteurs et partisans (ou obligés- nés) du pouvoir. Il y a un mois jour pour jour, le 29 juin 2007, le président de la République s’adressait directement aux citoyens à propos de la résolution nécessaire du problème des réfugiés et de ses modalités. Le voilà qui «récidive» ce 29 juillet à la faveur, cette fois, d’un exercice questions- réponses sur le petit écran à propos de la réalité socioéconomique du pays et des perspectives à court terme en matière de gestion de la crise. Deux interventions en un mois sur des questions cruciales et des dossiers brûlants, qui écartent quasiment de la scène le gouvernement et son chef. Et qui tranchent, dans la forme comme dans le fond, avec la tradition assise depuis toujours du chef qui ne parle que quand il veut annoncer des mesures jugées exceptionnelles (augmentation de salaires, amnistie…), généralement de la poudre aux yeux et du baume sur les souffrances profondes d’une population dont la vie est rythmée par les vicissitudes de la nature et la précarité de la condition.
D’emblée, le président de la République a opté pour la sincérité dans sa description de la situation du pays, et pour le réalisme dans les mesures que son pouvoir entend prendre pour faire face aux multiples défis qu’il doit affronter. Il reconnaît à cet effet que les prix des denrées alimentaires sont élevés, mais que les autorités n’ont pas encore la possibilité de les faire baisser (pas d’argent pour les subventionner et pas moyen d’agir sur les importations). Il affirme que le problème de l’alimentation en eau de la capitale ne peut trouver de solution définitive avant 2010, le reste ne serait que rabibochage et solutions ponctuelles.
Ici apparaît le premier dilemme. Pour les uns, le président est alarmiste et n’a fait, dans sa sortie, qu’ajouter aux inquiétudes des populations en manifestant l’incapacité du pouvoir à leur venir en assistance. Pour les autres, il faut appeler les choses par leur nom. Il n’y a pas de mal à reconnaître les difficultés du pays dès lors qu’elles ne sont un secret pour personne, puisque chaque citoyen les vit au quotidien.
La culture du mensonge
L’habitude qu’a le pouvoir de mentir sur la réalité de la situation du pays, de laquelle s’accommode parfaitement le peuple, est héritée de la toute puissance de l’État providence, source de revenu et unique pourvoyeur de fonds, idée renforcée et bien établie à travers le clientélisme et le système de prébendes mis en œuvre depuis une trentaine d’années.
Les Mauritaniens sont si enclins à vivre dans l’illusion du tout merveilleux qu’ils rechignent à accepter toute vérité sur la réalité de leur vécu quotidien, tout comme sur celle se rapportant à l’éventualité d’un pouvoir qui serait dans l’incapacité de satisfaire, même en promesses, leurs besoins. Aussi, auraient- ils aimé que le chef de l’État leur dise que le pays va très bien dans le meilleur des mondes, que ses caisses sont remplies de devises (avec en prime des bailleurs de fonds qui vont verser des montants hallucinants et réinjecter des millions de dollars dans le trésor public…). Ils auraient préféré qu’il leur affirme l’eau potable coulera à flots dans tous les ménages dans un délai des plus brefs. La culture du mensonge est si bien entretenue (par les dirigeants) depuis toujours que la vérité est devenue suspecte et relève de la mauvaise foi de celui qui la profère. C’est ainsi que depuis que le Président a parlé, ils sont nombreux à dire qu’il a été induit en erreur par des conseillers véreux qui le prennent en otage.
Peut- être que la pénurie d’eau est une illusion, peut être aussi que les caisses de l’Etat ne sont pas vides et que la loi des finances rectificative n’est qu’un subterfuge monté de toutes pièces pour détourner l’opinion publique des détournements chroniques des deniers publics. Le meilleur remède contre une situation qui ne va pas, ce n’est pas tant de la reconnaître, estiment les détracteurs du pouvoir, mais plutôt de se taire. C’est ce que l’on a appelé la loi du silence, une autre «vertu» héritée de l’ancien régime et à laquelle semble mal s’accommoder le nouveau président de la République qui tente, malgré les vieux reflexes d’un certain entourage obscurantiste, d’y mettre un terme.
Le président a aussi évoqué la question de la drogue qui défraie la chronique depuis déjà plus de deux mois et dont l’enquête piétine, selon certains milieux. Il a à cet effet martelé que l’enquête suit son cours normal et a assuré que personne, aussi puissant soit-il, ne sera épargné par la justice qui a toute la latitude pour faire son travail. Le Président a souligné que ceux qui prennent à la légère ce problème ignorent les risques dangereux auxquels un tel trafic expose le pays.
Entre deux feux
L’autre point crucial abordé par le chef de l’État et qui suscite des remous au sein d’une certaine opinion, est la question du retour organisé des réfugiés. Il s’agit, selon le Président, d’un problème que la religion et l’humanisme exigent de nous de régler. Il faut que ces concitoyens reviennent au pays dans la dignité. Par ailleurs, il a adjoint à ce point un autre, celui des veuves et des orphelins. Le Président évoque cette question avec une compassion manifeste, et par deux fois, il répétera: «nous allons procéder à la remise dans leur droit des veuves et des orphelins». S’agissant du premier point, le président a tenu à lever toute équivoque tendant à faire le rapprochement entre ce dossier et celui des mauritaniens et sénégalais d’origine mauritanienne rapatriés pendant les évènements de 89 du Sénégal. Les réfugiés mauritaniens sont des citoyens chassés de leur pays et qui doivent y être ramenés, alors que les autres sont de retour dans leur pays et ont pu depuis lors s’insérer dans le tissu social, avant d’ajouter que «les droits de ceux- ci au Sénégal doivent être négociés avec l’État sénégalais, au cas où celui- ci reconnaîtrait leur existence».
Par contre, le Président s’est montré surpris par l’attitude de certains «responsables politiques» qui, soit ont mal compris son discours du 29 juin dernier au cours duquel il a réitéré son engagement à faire revenir les réfugiés mauritaniens et promis de combattre l’esclavage, soit font de la politique politicienne, en développant des discours «extrémistes» de nature à compromettre toute solution apaisée de ce dossier. La «majorité présidentielle», formée à l’école du silence et du hochement de tête, ne s’active pas pour accompagner l’action du président et distille des discours tendancieux pour saborder l’initiative du retour. Il se pose alors la question de savoir comment ces responsables politiques veulent à la fois voir réglés tous les problèmes qui se posent au pays, alors même qu’on ne doit pas en parler. Les soirées- débats pullulent depuis le discours du 29 juin dernier. Et partout, des personnalités appartenant aux cercles du pouvoir (parlementaires et autres opportunistes recyclés) dissuadent, à travers des arguments fallacieux, tout soutien à l’action du président sur le dossier du retour, en même temps qu’ils encouragent à trouver une solution au problème des rapatriés mauritaniens du Sénégal.
D’un autre côté, le Président est pris sous les feux de l’opposition qui boude (dans les salons et en aparté) son invitation à un sursaut national dans le cadre des dossiers dits de portée nationale. Aussi, le chef de l’État a-t-il marqué son incompréhension face à l’attitude des partis de l’opposition, qui ont émis des réserves sur l’approche adoptée par le pouvoir pour le règlement de cette question. Ils lui reprochent le manque de concertation, alors que non seulement tous sont d’accord sur le principe du retour, mais ils ont tous été consultés, soit individuellement, soit collectivement, sur la question. Les analystes voient dans l’attitude de l’opposition une gêne de voir le pouvoir régler un problème dont certains de ses leaders ont fait pendant des années leur cheval de bataille, lui reprochant au passage une sorte de «récupération politique» qui pourrait lui servir de caution auprès de la communauté négro- mauritanienne. Il demeure sur ce point que le président de la République avait été, bien avant son élection, le seul candidat à avoir promis, avec délai à l’appui, de trouver une solution définitive à ce dossier qui mine l’unité nationale; une unité qu’il entend consolider au cours de son mandat.
Sur la bonne voie
Par ailleurs, l’indemnisation des veuves et des orphelins en même temps que s’organise le retour des réfugiés constituera une étape fondamentale dans la réconciliation nationale et, à terme, dans la recherche de solutions définitives aux problèmes de violations des droits de l’Homme dans le pays. Cette approche pourrait contribuer à concilier le nécessaire pardon, sur fond d’indemnisation, et l’impérieuse nécessité de combattre l’impunité. Une démarche que les associations des réfugiés ont soutenue jusque- là et que les FLAM semblent désormais adopter. Réunis avec le HCR ce lundi à Bokki Jawé (département de Matam- Sénégal), les chefs de sites des réfugiés ont souligné leur détermination à rentrer au pays, conformément à l’approche qui a été convenue avec le pouvoir de Nouakchott, et ont de nouveau apprécié le dernier discours du président. Ils ont surtout apprécié la détermination d’indemniser les veuves et orphelins, un engagement renouvelé par le chef de l’État.
Au sortir de l’entretien (du reste mal conduit par le journaliste), il apparait clair que la situation économique du pays n’est pas reluisante. Les Mauritaniens sont appelés à consentir des sacrifices, ce qui n’est pas chose facile pour des gens habitués à vivre soit de l’assistance de l’État, soit de l’argent facile. Le président demande au peuple de troquer le mensonge «paradisiaque», son opium, contre la vérité amère, mais qui constitue le seul moyen de sauver la Mauritanie.
Le mensonge dispose de jambes pour courir, mais pas de fesses pour s’asseoir, dit le dicton africain. Or, l’heure a sonné pour que le mensonge, rattrapé par la vérité, s’arrête…net.
Bâ Adama Moussa
Source: Le Calame
(M)