Les derniers mouvements au sein de l’administration de l’appareil d’Etat en Mauritanie continuent de susciter l’indignation. Et cette fois, les protestations ne sont pas à prendre à la légère.
Elles émanent d’un Collectif composé de cadres Mauritaniens exerçant les plus hautes responsabilités dans la haute administration internationale, auprès de structures privées de dimension internationale ou dans des universités à l’étranger. De leur « exil », ils portent un regard sans complaisance sur le présent et l’avenir de la Mauritanie, notamment dans le domaine sensible du partage des responsabilités entre les différentes communautés du pays.
A l’origine de cette prise de position singulière, le vaste mouvement d’affectation parmi les hauts cadres de la Direction Générale de la Sureté Nationale qui se distinguait par son caractère « mono ethnique ». Pour ces cadres nourris au biberon des critères drastiques et transparents du recrutement à l’international, « l’équivalence de traitement des citoyens, à elle seule, cimente et raffermit la solidarité, donc détermine l’intensité de l’engagement pour les autres ».
Dans un pays où la cohésion nationale a été malmenée par des décennies de discours haineux et d’instrumentalisations de la part de nationalistes tous bords confondus, l’appel du Collectif attire l’attention sur les menaces qui se dressent sur le chemin de la construction d’un destin commun. Sans les nommer, le CCME fait une allusion à peine voilée aux événements qui ont secoué le continent africain dans un passé récent (Somalie, Côte d’Ivoire, Mali…) et souligne qu’ « Ici comme ailleurs, l’histoire comme l’actualité récente nous rappelle à chaque instant qu’aucun Etat, aucune nation n’est à l’abri des déchirures les plus extrêmes, si le vivre ensemble n’est pas bâti sur les fondamentaux que sont la justice sociale, l’équité et l’égalité des chances entre tous les citoyens ».
Le difficile cheminement (à cause de son extranéité) de l’idée de l’Etat (une norme transférée) n’est pas sans jeter l’hypothèque sur les fondements mêmes du système politique d’un pays habitué aux changements non constitutionnels. D’où la sonnette d’alarme tirée par le Collectif : « Tous les périls à l’œuvre avant le coup d’Etat du 3 août 2005, peuvent se dresser à nouveau, et de l’intérieur, en travers du chantier de régénération d’une identité nationale ».
La mosaïque de peuplements qui occupe cette contrée entre le Sahel et le Sahara n’a pu se constituer en Etat « moderne » qu’au terme de compromis entre groupes tribaux, ethniques et raciaux. D’où, l’opportunité d’ « une gouvernance plus inclusive et plus participative », la remise en cause du compromis pouvant être source de déstabilisation. « En deçà de ce minimum fondateur de toute civilisation, la déception et le désarroi font le lit de l’acrimonie, et le ressentiment accouche de la révolte » prévient l’appel ; parce que « La frustration tue, sans égard aux frontières ».
La chance de ce Collectif, c’est qu’il ne laisse pas de prise aux soupçons de partialité ethnique, raciale ou politique : il regroupe des Mauritaniens toutes tendances confondues et il échappe aux querelles partisanes et aux joutes politiciennes. La Mauritanie en miniature telle que beaucoup la rêvent.
Abdoulaye Diagana
Source: kassataya
Elles émanent d’un Collectif composé de cadres Mauritaniens exerçant les plus hautes responsabilités dans la haute administration internationale, auprès de structures privées de dimension internationale ou dans des universités à l’étranger. De leur « exil », ils portent un regard sans complaisance sur le présent et l’avenir de la Mauritanie, notamment dans le domaine sensible du partage des responsabilités entre les différentes communautés du pays.
A l’origine de cette prise de position singulière, le vaste mouvement d’affectation parmi les hauts cadres de la Direction Générale de la Sureté Nationale qui se distinguait par son caractère « mono ethnique ». Pour ces cadres nourris au biberon des critères drastiques et transparents du recrutement à l’international, « l’équivalence de traitement des citoyens, à elle seule, cimente et raffermit la solidarité, donc détermine l’intensité de l’engagement pour les autres ».
Dans un pays où la cohésion nationale a été malmenée par des décennies de discours haineux et d’instrumentalisations de la part de nationalistes tous bords confondus, l’appel du Collectif attire l’attention sur les menaces qui se dressent sur le chemin de la construction d’un destin commun. Sans les nommer, le CCME fait une allusion à peine voilée aux événements qui ont secoué le continent africain dans un passé récent (Somalie, Côte d’Ivoire, Mali…) et souligne qu’ « Ici comme ailleurs, l’histoire comme l’actualité récente nous rappelle à chaque instant qu’aucun Etat, aucune nation n’est à l’abri des déchirures les plus extrêmes, si le vivre ensemble n’est pas bâti sur les fondamentaux que sont la justice sociale, l’équité et l’égalité des chances entre tous les citoyens ».
Le difficile cheminement (à cause de son extranéité) de l’idée de l’Etat (une norme transférée) n’est pas sans jeter l’hypothèque sur les fondements mêmes du système politique d’un pays habitué aux changements non constitutionnels. D’où la sonnette d’alarme tirée par le Collectif : « Tous les périls à l’œuvre avant le coup d’Etat du 3 août 2005, peuvent se dresser à nouveau, et de l’intérieur, en travers du chantier de régénération d’une identité nationale ».
La mosaïque de peuplements qui occupe cette contrée entre le Sahel et le Sahara n’a pu se constituer en Etat « moderne » qu’au terme de compromis entre groupes tribaux, ethniques et raciaux. D’où, l’opportunité d’ « une gouvernance plus inclusive et plus participative », la remise en cause du compromis pouvant être source de déstabilisation. « En deçà de ce minimum fondateur de toute civilisation, la déception et le désarroi font le lit de l’acrimonie, et le ressentiment accouche de la révolte » prévient l’appel ; parce que « La frustration tue, sans égard aux frontières ».
La chance de ce Collectif, c’est qu’il ne laisse pas de prise aux soupçons de partialité ethnique, raciale ou politique : il regroupe des Mauritaniens toutes tendances confondues et il échappe aux querelles partisanes et aux joutes politiciennes. La Mauritanie en miniature telle que beaucoup la rêvent.
Abdoulaye Diagana
Source: kassataya